A.D. 1741. ❝ paffa fous la domination des empereurs de Nad. 54. 66 l'indoftan; Diarbecr & une partie de l'Azarbigian obéirent à la Porte; les limites "entre Timour & les anciens empereurs "furent reconnues & rétablies. Quand, par la "faveur de la Providence, nous fûmes élevés "au trône de Perfe, notre deffein fut, avec "l'aide du ciel, de réunir à l'empire toutes 66 ces provinces qui en avoient été démem"brées; excepté celles qui étoient poffédées par les Turcs. Nous défirâmes que fa Ma"jefté l'empereur Ottoman acceptât d'abord "notre propofition relative à la cinquième "fecte, comptant de refferrer par là les nœuds "de l'amitié qui uniffoient les deux empires, "de manière que tout fujet de diffention fût "anéanti entre nous, & que les poffeffions "des deux fouverains demeuraffent inalté"rables. Comme notre jufte demande ne fut pas acceptée, & que nous perfiftons à croire que l'établissement de la cinquième secte af"furera la paix entre les vrais croyans, & comme l'empereur des Turcs eft le Calife "de la vraie religion, nous fommes bien aises "de manifefter à tous nos fecrètes intentions; " & nous déclarons, qu'avec une inclination "amicale & fraternelle, nous fommes réfolus “d'aller nous-mêmes en Turquie, espérant t Nad. 54. que dans une conférence entre nous & l'em- A.D. 1741. “pereur Ottoman nous conclurons cette grande "affaire à notre mutuelle fatisfaction." Pendant que tout ceci fe paffoit, Ofmeï, qui tâchoit d'obtenir grâce pour fa trahison, envoya fon fils & deux de fes filles en otage à la cour, fous la conduite de plufieurs de fes chefs. Enfin les affaires du Daghestan étant prefque terminées, Nader Chah congédia les Effendis chargés de fa lettre. Cependant, dans les faveurs que le roi des rois conféroit à fa Majefté, celle de la préfervation de fon armée fut toujours marquée vifiblement. Au plus fort de l'hiver, lorsque la neige & les pluies ne ceffoient avec leurs longs fils d'ourdir un blanc manteau pour couvrir les plaines, des provisions étoient apportées de toutes les contrées de l'empire, & rempliffoient le camp d'une telle abondance, que l'armée auffi nombreuse que les étoiles eut tout à fouhait, malgré l'âpreté du froid, & la ftérilité du pays. Quoique dans les plaines de Mogan (comme il a été déjà raconté) la fecte erronée, qui avoit autrefois prévalu, eût été expulfée de l'Iran, toutefois pour confirmer ce changement de religion, fa Majesté trouva bon de faire publier depuis Derbend jufqu'aux extrémites des pro Nad. 54. A.D. 1741. vinces de Cabul & de Peichaver, une ordon~nance royale dans ces termes : 66 Que tous les gouverneurs, chefs, & savans " auffi nombreux que les Cherubins, que tous "les explicateurs des lois, les magiftrats des "cités, les pères de familles, les commandans, ❝ainfi que tous les habitans de l'empire facré, "enfin tous ceux qui, fe repofant fous l'ombre "du palais éternel de notre empire, espèrent "en notre protection, fachent, que, dans l'anA.D. 1500.“ née 906, Chah Ifmaïl Sefevi, ayant entraîné "les peuples comme des troupeaux à suivre ❝fes innovations, pofa parmi eux les fonde"mens de l'héréfie, que par là il ralluma la "haine parmi les vrais croyans, & éleva "l'étendard de la diffention, de manière que "le fang des fidelles fut répandu de tous "côtés ; que pour ces raifons, lorfque dans la 66 grande affemblée des plaines de Mogan, "les peuples de l'Iran nous fupplièrent d'ac 66 cepter l'empire, nous ne condefcendîmes à "leurs défirs, que fous la condition que ces "deftructives erreurs de Chah Ismail fuffent "abolies, & que la domination des Juftes Ca"lifes (auxquels Dieu faffe paix!) fût recon' nue, comme elle l'étoit du temps de nos il"luftres aïeux; qu'en conféquence nous con"fultâmes les gens de notre cour, doués de Nad. 54. "favoir & d'intelligence, les éclairant par le A.D. 1741. "foleil de notre préfence royale ; qu'ils nous "informèrent, qu'après la miffion du meilleur "des prophètes (fur qui & fes compagnons "foit éternellement la grâce du Très-haut) tous fes fucceffeurs dépensèrent leurs vies & leurs fortunes pour établir la véritable croy"ance; qu'ils abandonnèrent à cet effet amis & parens, & fupportèrent conftamment toutes "fortes de rebuts & de blâme, tant des grands que des petits; que par cette conduite ils "obtinrent les plus fignalées faveurs du pro-. 'phète, & furent honorés de ce verfet de "l'Alcoran, defcendu exprèspour eux; "Les plus excellens des hommes font ceux qui "fuirent avec le prophète, qui l'affiftèrent, & "tous ceux qui leur font généreux;" qu'après "la mort du grand prophète, le Califat fut st l'héritage de fes illuftres compagnons, de"venus guides de la religion, & directeurs de "fes rites & ordonnances; que le premier fut "un des deux élus, qui avoient été enfermés avec lui dans la cave, le glorieux Ahmed "Mokhtar Abou Becr le Vrai (fur qui foit la "paix de Dieu !) que le fecond fut le grand ornement de la chaire & de l'autel, Omar "Ben Elkhotab; qu'à celui-ci fuccéda l'éclairé "Ofman Ben Afan, après lequel régna le "victorieux lion du Trés-haut, le merveilleux A.D. 1741. Ali Ebn Abi Talib (à qui Dieu faffe paix !); Nad. 54. 66 que chacun de ces califes préferva la plus "stricte unanimité pendant fon règne, & fut "affranchi de diffentions & de difputes; qu'ils "confervèrent l'amitié fraternelle, & expul"sèrent l'héréfie & l'infidélité; qu'après la "mort de ces quatre califes, les croyans con"tinuèrent dans la concorde fur les points effentiels, bien que les mois & les années "euffent amené quelque changement, & pro"duit quelques diffèrences au sujet des jeûnes, "des prières, & des pélerinages, le fond de la "religion étant toujours le même ; qu'enfin il 66 n'y eut ni discontinuité ni défaut dans le pur amour envers le prophète, fes compagnons, & fes enfans, jufqu'au temps qu'Ifmaïl Chah répandit fes erreurs: qu'en conféquence de ces inftructions parvenues aux Perfans par nos ordres, ceux-ci ayant abjuré leurs héréfies, & s'étant faifis des "bords de la robe de la révérence pour les 66 66 quatre pilliers supportant l'édifice de la religion, nous acceptâmes l'Empire en "cette confidération, & réfolûmes d'établir la "cinquième fecte de Giafar; que nous en" voyâmes déclarer notre deffein, dans l'espoir qu'il feroit approuvé de fa haute Majefté "exaltée au deffus des étoiles, feigneur des "deux continens, & des deux mers, ferviteur |