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des Typographical Antiquities, donnée par M. Dibdin, et quelquefois même au Dictionnaire de M. la Serna Santander (1).

D'après les recherches que j'ai faites sur cette importante partie de la Bibliographie, j'ai lieu d'espérer que mon ouvrage pourra, à cet égard, être regardé comme un supplément nécessaire de la Bibliographie instructive, et même des Annales de Panzer.

Quoique les éditions du quinzième siècle m'aient paru mériter un soin particulier, je n'ai pas négligé les livres plus modernes ; les auteurs classiques grecs et latins, les ouvrages qui servent à leur intelligence, l'ancienne littérature française, les sciences et l'histoire ont aussi partagé mon attention, et ont été tour à tour l'objet de mes recherches. J'ai donné une étendue raisonnable à ce qui concerne la littérature italienne, espagnole et anglaise; et l'on verra que j'ai eu, pour cette dernière, des secours qu'aucun bibliographe français n'avait eus avant moi, mais dont je n'ai usé qu'avec la mesure qui convenait au plan et à la nature de mon ouvrage. Bien que la littérature allemande soit en général trop négligée en France, elle y trouve cependant encore assez de partisans, pour que j'aie dû lui consacrer une place, soit dans mon Dictionnaire, soit dans le Catalogue qui l'accompagne.

La littérature orientale n'a pas non plus été oubliée; mais sachant que M. Langlès s'occupait d'un travail étendu sur cette partie, je n'ai pas cru devoir en faire un des objets essentiels de mes recherches.

Pour les éditions sorties des presses des Alde, je m'en suis presque toujours rapporté à l'ouvrage de M. Renouard, dont j'ai reconnu, par expérience, toute l'exactitude. L'ouvrage d'Angelo-Maria Bandini m'a été également utile pour les éditions des Junte.

J'ai puisé de bons renseignemens dans la Bibliothèque de D. Clément; dans la Bibliothèque de la France, du P. le Long; dans la Bibliographie de de Bure; dans les Catalogues du duc de la Vallière, par MM. de Bure et Nyon; de Crévenna; de Pinelli, par M. Morelli; de M. Bancks;

(1) En faisant usage de ces ouvrages, j'ai eu grand soin de ne m'y arrêter qu'à des éditions bien avérées, et de rejeter celles dont l'existence n'est pas confirmée par de bonnes autorités; cette défiance était d'autant plus essentielle, que, si l'on adoptait sans examen toutes les notes qui se trouvent dans les ouvrages de Bibliographie, même dans ceux qui sont justement estimés, on serait souvent induit en erreur. Par exemple, je trouve dans le Catalogue de Crévenna, éditión de 1775, tome 3, prem. partie, page 246, l'indication bien circonstanciée d'une édition du Commentaire de Caldérin sur Juvénal, Roma, kal. septembris 1474, pet. in-fol.; qui ne croirait, d'après cela, que cette édition a été véritablement imprimée à Rome en 1474? cependant le P. Audiffredi (Catalogus Romanarum edit. sæculi xv, pages 157 et 158) a prouvé que cette édition, publiée par Calphurnius Brixiensis, avait été imprimée à Venise, postérieurement au Commentaire de Caldérin sur Martial, sorti des presses de Jac. de Rubeis, Idib. sept. 1474, et que la date kal. septembris, 1474, était relative à la composition de l'ouvrage, et non pas à son impression. Convaincu par le raisonnement du savant bibliographe romain, le rédacteur du second Catalogue de Crévenna, tome 3, n° 4055, a terminé le titre qu'il donne de cette édition, de la manière suivante: Editi Romæ, kal. septembris 1474, sine anno et loco typogr. (sed Venetiis, per Antonium Moretum, circa 1490); et d'après cette an nonce, ce volume n'a été vendu qu'un florin (2 liv. 4 s.), ainsi qu'on peut le voir dans la liste imprimée des prix de la vente de Crévenna.

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du lord Spencer, etc. J'ai aussi fréquemment consulté les Bibliothèques italiennes de Fontanini et d'Haym, la Serie de' testi de M. GambaTM, le Répertoire de M. Schoel, le Journal des Savans, l'Esprit des Journaux, le Magasin encyclopédique, le Journal de la Littérature étrangère, et plusieurs autres journaux littéraires; je ne dois pas oublier non plus, parmi les ouvrages qui m'ont été utiles, ceux d'Harwood, de M. Dibdin (1), et le Bibliographical Dictionary de M. Clarcke, récemment publié en Angleterre; enfin je n'ai fait usage que des ouvrages de Bibliographie les plus accrédités, et je me suis toujours tenu en garde contre ces compilations faites sans soin, dans lesquelles je n'aurais pu trouver que des renseignemens inexacts.

Pour me conformer au goût des amateurs et des libraires, j'ai apprécié les livres que j'indique; mais ces appréciations sont basées différemment, selon le genre de livre auquel elles ont rapport. Ainsi, comme il eût été ridicule de vouloir assigner une valeur fixe à des livres qui ne passent que très-rarement dans le commerce, et dont le prix dépend entièrement de la volonté des vendeurs ou de celle des acquéreurs, j'ai cru plus raisonnable d'indiquer les prix auxquels les livres de ce genre ont été portés dans les ventes les plus connues, faites depuis 50 ans, tant en France qu'en Angleterre et en Hollande; par ce moyen, non-seulement je fais voir la variation que ces sortes d'objets peuvent éprouver dans leur prix, mais encore, en citant les catalogues où ils sont indiqués, je donne une garantie de leur existence. Il est certain que si tous ceux qui ont publié des Dictionnaires bibliographiques avec des prix, avaient suivi cette méthode, ils n'auraient pas apprécié des livres qui n'existent pas, ou qui ne se sont jamais présentés dans le

commerce.

Quant aux livres qui, sans être communs, se rencontrent assez fréquemment pour qu'une longue expérience du commerce et l'habitude des ventes puissent en faire connaître la valeur, je les ai appréciés d'après un terme moyen qui, toutefois, ne peut être regardé que comme approximatif. En faisant cette appréciation, j'ai supposé les livres en bon état, mais sans reliure de luxe, et j'ai dû citer (pour faire voir combien la belle conservation et l'élégance de la reliure d'un livre en augmentent la valeur) quelques exemples de prix excessifs auxquels certains exemplaires, d'une condition extraordinaire, ont quelquefois été portés (2).

Les livres nouvellement publiés ne peuvent point être appréciés de la même manière que les autres ; car n'ayant point encore subi l'épreuve

(1) Je dois à la complaisance de ce dernier l'avantage d'avoir eu la communication des deux premiers volumes de son magnifique Catalogue du lord Spencer, quelques mois avant qu'ils fussent publiés.

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(2) D'après cela, il n'y aura pas de ma faute, si l'on prétend s'autoriser du prix excessif auquel aura été porté un très-bel exemplaire d'un livre rare, pour apprécier tout autre exemplaire ordinaire du même livre: où si, au contraire, on ne veut attacher à un exemplaire très-bien conservé et magnifiquement relié, d'autre prix que celui d'au exemplaire commun.

du temps, ils sont censés n'avoir d'autre prix que celui qui leur a été assigné par leurs éditeurs, bien qu'il soit possible de se procurer, audessous des prix fixés, une grande partie de ces livres de luxe modernes si peu utiles, et si ridiculement magnifiques, ou quelques ouvrages qui n'ont pas eu de succès, ou même des ouvrages estimés dont un trop grand nombre d'exemplaires se sera trouvé tout à coup jeté dans le

commerce.

Dans un ouvrage destiné particulièrement aux amateurs, je ne devais pas oublier d'indiquer les exemplaires des éditions des auteurs classiques grecs et latins, et de quelques autres ouvrages qui ont été tirés en Grand Papier: aussi ai-je fait des recherches particulières sur cet objet, ainsi que sur les livres imprimés sur VÉLIN; toutefois, pour ne point trop multiplier les indications de ces derniers, je n'ai pas voulu en citer un trop grand nombre, et je me suis presque uniquement borné à ceux qui ont été exposés en vente publique, et sur le prix desquels je pouvais avoir quelques notions.

J'ai rarement déterminé d'une manière positive le nombre d'exemplaires auquel certains livres rares ont été tirés, car il est difficile d'avoir des renseignemens bien exacts à ce sujet ; et il ne serait point raisonnable de s'en rapporter à ce qu'en ont dit plusieurs personnes intéressées ou mal informées, puisqu'il n'est pas impossible de se procurer 100 exemplaires de tel ouvrage dont on prétend qu'il n'y a eu que 50, ou même 25 exemplaires d'imprimés. Si j'ai quelquefois donné de ces sortes d'indications, j'ai cité, lorsque je n'étais pas assuré de leur exactitude, les sources où je les avais puisées.

Je ne m'étendrai pas davantage sur ce Dictionnaire ; ce que j'en ai dit suffit pour en faire connaître l'utilité, et démontrer qu'il est au moins le plus complet qu'on ait encore publié.

Le quatrième volume contient une Table méthodique en forme de Catalogue raisonné, dans laquelle tous les ouvrages indiqués dans le Dictionnaire, et de plus, 5 à 6000 ouvrages utiles, mais d'un prix ordinaire, et qui n'ont pas dû faire partie du Dictionnaire, sont classés selon l'ordre adopté dans le système bibliographique le plus généralement suivi en France ; système qui, quoiqu'imparfait, est encore le plus raisonnable que nous ayons: il a d'ailleurs l'avantage d'être connu de tout le monde; je ne me suis permis d'y faire quelques légers changemens que dans les sous-divisions.

Cette Table, dont l'usage doit être d'une grande utilité, réunit, dans le moindre espace possible, l'indication de la plupart des bons ouvrages et d'un certain nombre de livres précieux; elle présente, pour ainsi dire, l'ensemble d'une grande bibliothèque bien composée, et elle peut tenir lieu d'un grand nombre de catalogues. Dans la vue de n'y rien mettre d'inutile, j'ai cru ne devoir y faire entrer, ni plusieurs éditions d'un même ouvrage, ni les traductions qui en ont été faites, puisque cela se trouve détaillé dans le Dictionnaire, auquel cette Table renvoie (1).

(1) Le nombre des articles compris dans ce Catalogue est de plus de 16000, en y com

Comme j'ai placé, à la fin de chaque article du Dictionnaire, le numéro sous lequel le même article est rangé dans la Table méthodique, on pourra facilement voir quelle place tel ou tel ouvrage occupe dans le système bibliographique; et, par ce moyen, il suffira d'avoir présent à la mémoire le nom d'un auteur célèbre dans une des branches des sciences ou de la littérature, pour pouvoir trouver en même temps les autres productions les plus estimables qui existent sur le même sujet. Enfin, quoique je sois bien loin de donner cette Table comme un modèle de classification, les libraires qui auront des bibliothèques à ranger ou des catalogues à classer, ne la consulteront peut-être pas sans fruit. A cette espèce de Catalogue, j'ai joint une Table des auteurs qui y sont cités, et dont il n'a pas été fait mention dans le Dictionnaire (1).

Cette seconde Table est suivie de la notice des éditions in-12, imprimées par les Elzevier; du relevé des éditions qui font partie des collections dites ad Usum Delphini et cum notis Variorum; du détail des collections de Barbou, de MM. Didot, etc.

Comme j'ai lieu de croire que l'on n'a pas désapprouvé le plan que j'ai suivi dans mon ouvrage, je ne l'ai changé en rien dans l'édition que je donne aujourd'hui. Cependant, malgré la bienveillance avec laquelle le public a reçu ce premier travail, je n'ai pu me dissimuler qu'il ne présentat bien des imperfections; je me suis donc attaché, dans l'intervalle qui s'est écoulé entre ces deux éditions, à faire disparaître les fautes que j'ai pu y apercevoir, soit à l'aide de mes faibles lumières, soit d'après les observations de personnes également versées dans les lettres et dans la bibliographie, telles que MM. Chardon de la Rochette, Boissonade, Van Praet, Vanderbourg, Barbier, Renouard, de Bure frères, Beuchot, et plusieurs autres non moins instruites qui ont pris la peine de m'écrire. Je pourrais encore citer les amateurs les plus distingués de la capitale, dans les bibliothèques desquels j'ai eu l'accès le plus libre.

Tous ces secours, qui, je dois le dire, m'ont été prodigués si géné– reusement, doivent convaincre que la Bibliographie peut trouver en France plus d'encouragement qu'on ne le croit en général.

Il est surtout une dette que la reconnaissance et l'amitié me font un devoir bien doux d'avouer publiquement; je veux parler du service essentiel qu'a consenti à me rendre de nouveau un littérateur aussi instruit que modeste, en se chargeant de lire une épreuve de chacune des feuilles des trois premiers volumes de cette seconde édition, de même qu'il avait déjà bien voulu le faire pour la première. On voit qu'il s'agit de M. Parison, à qui d'autres personnes que moi sont également redevables d'une complaisance aussi obligeante.

prenant les numéros répétés; il eût dépassé 27000, si j'y eusse fait entrer toutes les editions et toutes les traductions citées dans le Dictionnaire.

(1) Les auteurs qui, comme ALEXANDER (Nat.), ALGAROTTI, ALLATIUS, etc. ont un asterisque pour les distinguer, sont ceux dont il se trouve, dans le Catalogue, d'autres ouvrages que ceux mentionnés dans le Dictionnaire. Malheureusement cette distinction n'a pas été très-exactement observée.

Une circonstance qui, peut-être, plus qu'aucune autre, contribuera à donner à mon livre un nouveau degré d'intérêt, c'est la communication que j'ai eue d'un manuscrit de feu M. Magné de Marolles (1), intitulé Manuel bibliographique: cet ouvrage, écrit il y a au moins une trentaine d'années, ne pourrait guère être imprimé aujourd'hui en entier; mais il contient un assez grand nombre de notes curieuses que j'ai fait passer dans mon Dictionnaire, où elles sont distinguées par le nom de l'auteur, ou seulement par la lettre M.

Les catalogues que j'ai rédigés, soit pour des ventes publiques, soit pour l'usage de plusieurs propriétaires de bibliothèques, m'ont aussi procuré bien des renseignemens sur l'exactitude desquels il m'est permis de compter; par ce moyen, j'ai pu examiner des livres qui avaient échappé à mes recherches, en revoir d'autres que je n'avais qu'imparfaitement décrits, et enfin comparer entre elles les différentes éditions de plusieurs ouvrages, et prononcer, avec quelque connaissance de cause, sur leur mérite. L'avantage que j'ai retiré de ce dernier genre de travail, me fait vivement regretter de n'avoir pu comparer de la même manière toutes les éditions dont je parle; mais malheureusement leur réunion est impossible.

De pareils avantages, et le travail assidu auquel je me suis livré depuis ma première édition, sembleraient devoir me rassurer sur l'exactitude de celle-ci; mais tel est l'inconvénient attaché à ces sortes d'ouvrages (dont le meilleur est celui qui contient le moins de fautes), qu'il est impossible qu'il ne me soit encore échappé plusieurs omissions, ou même quelques fautes matérielles que l'indulgence seule du lecteur peut excuser. Je n'ai pas moins besoin de cette indulgence pour le style de mes notes; car, resserré comme je l'étais dans un cadre étroit, j'ai toujours sacrifié l'élégance à la clarté et à la concision.

Je continuerai à recevoir avec reconnaissance les observations que l'on voudra bien m'adresser; mais cette fois, ce ne sera pas dans une nouvelle édition que je les consignerai; car, comme il serait peu convenable de vouloir faire acheter au public si souvent le même livre, je pourrai publier, dans quelques années d'ici, un supplément dans lequel je profiterai, non-seulement des notes qui m'auront été communiquées, mais encore de tout ce que les recherches que je ne cesserai de faire pour améliorer mon livre, et le tenir au courant des productions et des découvertes nouvelles, auront pu me fournir. Je refondrai dans ce supplément général, les additions particulières que j'ai placées à la fin de mon troisième yolume, et que j'engage le lecteur à consulter.

Cet ouvrage était déjà sous presse depuis plus de six mois, lorsque le gouvernement impérial a été détruit; on s'en apercevra facilement en lisant souvent, dans le cours des deux premiers volumes, les mots Bibliothèque impériale, au lieu de Bibliothèque du roi.

(1) Auteur de la Chasse au fusil, impr. à Paris en 1788, in-8.; de Recherches sur l'origine et les premiers usages des registres, des réclames et des chiffres dans les livres imprimés, Paris, 1783, in-8. et de plusieurs autres opuscules bibliographiques qui font juger très-avantageusement de ses connaissances en ce genre.

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