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PÉRIODIQUES.

I. - REVUE DES LANGUES ROMANES. 3e série, XVI; août-novembre 1886. -P. 61. Castets, Recherches sur les rapports des chansons de geste et de l'épopée chevaleresque italienne (fin). Ce travail, maintenant terminé, justifie assez peu son titre. La question compliquée des rapports entre les chansons de geste et les anciens poèmes chevaleresques de l'Italie n'est pas traitée. Tout ce qui se rapporte à ce sujet consiste en quelques observations sur certaines questions examinées jadis par M. Rajna, et en un chapitre final, qui se relie mal au reste, sur l'Entrée de Spagne. Nous n'avons point là une dissertation poursuivant un but déterminé, mais une suite de considérations, sans enchaînement régulier, sur quelques points de l'histoire de notre ancienne épopée et plus particulièrement de la geste de Doon de Mayence, étudiée dans le ms. 247 de la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier. De tout cela, il ne ressort rien de bien précis. Dans le présent article, M. C. traite de Renaut de Montauban', continue l'analyse de Maugis d'après le ms. de Montpellier, dont le texte est d'une valeur douteuse (voy. Romania, XV, 626), et publie le poème de Vivien l'amachour de Monbrane, dont la seule copie connue se trouve dans ce ms. Le texte en est fort incorrect, et beaucoup de fautes ont passé inaperçues. — P. 238-41. Texte d'une requête (rédigée en langue

1. A ce propos, je dois faire remarquer qu'il est impossible de rien dire de précis sur les diverses rédactions de ce poème tant qu'on n'aura pas fait sur les nombreux mss. qu'on en possède un travail analogue à celui que j'ai publié ici même sur les mss. du roman d'Alexandre. L'édition de M. Michelant (Stuttgart, 1862) ne peut servir de base à l'étude, d'abord parce qu'il y est fort peu question des leçons très divergentes que présentent les mss., ensuite parce qu'elle reproduit, non pas un seul ms. et par conséquent une seule rédaction, mais la plus grande partie d'un ms. et la fin d'un autre. A la p. 410, v. 1, M. Michelant abandonne le ms. La Vallière pour suivre le ms. fr. 775. Or ces deux mss. présentent des variantes considérables. Je possède depuis longtemps tous les éléments d'une notice des mss. de Renaut de Montauban; je la rédigerai peut-être quelque jour.

2. Par exemple ce vers (139) que j'ai eu tort de citer comme correct dans une note d'Aye d'Avignon (p. 129): Ses armes a demandées et on li aporta; corr. S'a demandé ses armes ?

vulgaire) présentée aux consuls de Montpellier, le 13 juin 1455, au sujet de la construction d'une fontaine à Montpellier, et réponse des consuls (communiqué par M. A. Ricard).

Décembre 1886. — P. 257. P. Vidal. Documents sur la langue catalane des anciens comtés de Roussillon et de Cerdagne (suite). P. 216. Tamizey de Larroque, Notice sur Robert de Balsac, sénéchal d'Agenais et de Gascogne. Biographie très exacte et très documentée d'un personnage jusqu'ici peu connu, qui fut gouverneur de Pise pour Charles VIII et mourut en 1503. Il appartient à l'histoire de notre littérature par deux opuscules français, dont l'un, le Chemin de l'ospital et ceulx qui en sont possesseurs, est ici réimprimé d'après une rare plaquette faisant partie de la bibliothèque du baron J. de Rothschild (no 137 du catalogue imprimé). Parmi les personnes qui prennent le chemin de l'hôpital figure, à la fin, « Rogier Bontemps qui ne pense a tomber es inconveniens et necessités du temps advenir. »P. 309-11. Puispelu, AMBAISSI, AMBIORSES, en lyonnais. L'auteur, revenant sur une explication qu'il avait donnée précédemment, conjecture, avec assez de vraisemblance, que ce mot, qui désigne l'appareil par lequel on maintient un faix sur une bête de somme, (c'est le prov. embaisso), se rattache au mot bát, avec le préfixe in. P. M.

II. - ROMANISCHE FORSCHUNGEN, II (1885-1886). - P. 1. W. Foerster, Li Sermon saint Bernart; inutile de signaler l'importance de cette publication, répandue depuis deux ans sous la forme de tirage à part. - P. 211. J. Huemer, Arnulfi Deliciae Cleri; réédition critique d'un poème du xre siècle, assez intéressant pour l'histoire de la littérature latine au Moyen Age. P. 247. C. Fritzsche, Die lateinischen Visionen des Mittelalters bis zur Mitte des 12. Jahrhunderts (première partie). - P. 280, 451, H. Rönsch, diverses notices lexicographiques sur des ouvrages latins peu connus; ces notices n'intéressent que rarement la philologie romane; les remarques étymologiques sur guêtre, soin, baroque, barruntar, coitar, déchirer, écraser sont sans valeur. — P. 321, 543, Th. Pohl, Untersuchung der Reime in Maistre Wace's Roman de Rou. Travail important et consciencieux d'un élève de M. Förster. On peut y relever quelque inexpérience et certaines erreurs (sur juner, p. 334, cf. Rom., VIII, 96; le Brut est sûrement non plus récent, mais plus ancien que le Rou, p. 583; vitaille, p. 484, est victualia et non vitalia, etc.); mais l'ensemble est très satisfaisant. L'auteur ne prouve pas, comme il le croit (p. 556 ss.), que Wace ait réduit, à la française, è + à i (il relève d'ailleurs, avec raison, une inadvertance à ce sujet dans l'introduction du S. Gilles): le produit d'e +1 ne rime qu'avec lui-même (la finale de Toeni, Toiri est le latin ia cum qui équivaut à iei; bire dans Cantorbire bèria; eglise est en dehors), et si Wace avait dit mi, despit, desconfit, lire, etc., on trouverait ces mots en rime avec l'i ordinaire (cf. Rom., IX, 342). Pour ui = ò +1 (p. 607), la question est plus compliquée et demanderait une étude spéciale (notons seulement que

=

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le norm. quier doit avoir pour origine une forme de cogitare déjà modifiée en latin vulgaire, et que cogitare a un o long et non bref). La remarque qui termine le travail de M. P. m'est inintelligible. P. 351. K. Hofmann, Zu den Cidquellen; corrections diverses (celles qui portent sur le fameux passage de la Chronique d'Alfonse VII ont été faites depuis longtemps, Hist. poet. de Charl., p. 491, et contestées à tort par Dozy). — P. 354. K. Hofmann, San Millan 103, lire menge pour monge. P. 355. K. Hofmann, Mélanges, I. Explication détaillée (cf. d'ailleurs Brachet, s. v.) du mot quintaine, à propos de la romance Quant vient en mai (en passant l'auteur dit bien à tort que samedi septimum diem et non sa [m]bati diem). II. Sur Floovent; la correction Legnon Lignonem (aujourd'hui la rivière de l'Oignon) pour Ienor au v. 3 de la p. 21 est excellente. III. Remarques sur la Chrestomathie de Bartsch (espaciun dans Gormond est bon, comme le fait observer en note M. Vollmæller; vouge est rattaché bien à tort à vanga, voy. Rom. XVI, 154). IV. Hypothèse peu probable sur l'existence d'avá en roman. V. Explication inadmissible du nom Durendal. - P. 363. F. Mann, Eine altfranzœsische Prosaversion des Lapidarius Marbod's; abrégé en prose, sans grand intérêt, publié d'après le ms. du British Museum Reg. 12. F. XIII. - P. 375. F. Mann, Kritische Bemerkungen zu Godefroy's Dictionnaire (M. Godefroy a admis des mots imaginaires d'après l'édition de Philippe de Thaon donnée par Wright; sur le premier passage, M. M. s'était singulièrement mépris luimême, comme il l'a reconnu p. 639). — P. 380. G. Baist, corrections sur la version espagnole de Crescentia et le Principe Constante. P. 391. C. von Paucker, Die Latinitæt des Joannes Castianus. Travail dont le nom de l'auteur suffit à indiquer la bonne exécution. P. 473. H. Rönsch, Etymologies. L'auteur propose de tirer le mot fr. trousse, qui signifierait «< croupe » du cheval, d'un prétendu latin torosa; M. Seelmann, p. 539, justifie gravement cette étymologie. Mais, sans parler d'autre chose, trousse n'a jamais signifié «< croupe »; porter en trousse est « porter comme on porte la trousse, le paquet que le cavalier place derrière lui ». Sur l'étymologie de trousse, voy. Rom., IX, 333. It. covone de cavum, confirmation matérielle de l'étymologie admise; ne pourrait-on rattacher à ce mot cavum, puisqu'il avait en latin le sens de javelle, le mot javelle et ses congénères romans? It. brocco, fr. broche, sont rapportés peu vraisemblablement au grec ßpóyos, « crochet » et « lacs ». P. 477. H. Andresen, Ueber die von Benoit in seiner normannischen Chronik benutzten Quellen (fin du travail commencé au tome I). Dans cette étude consciencieuse, l'auteur fait surtout voir, par des citations parallèles, le rapport de Benoit avec Dudon, Guillaume de Jumièges et Wace. Il constate en outre que certains passages remontent à d'autres sources, que nous n'avons pas, et signale les omissions, additions et modifications de Benoit. — P. 632. K. Vollmöller, Zur Geschichte des spanischen Theaters; notice de deux précieux recueils de la bibliothèque de Göttingen.

G. P.

III. STUDJ DI FILOLOGIA ROMANZA, pubblicati da E. Monaci. Roma. Loescher, in-8°.-No 4, 1887 (premier fascicule du t. II1). P. 1. E. Marchesini, Note filologiche, Série d'étymologies (plusieurs bien douteuses) de mots italiens (toscans), vénitiens, espagnols, portugais. Remarques (p. 17) sur les « perfetti e participi forti italiani di formazione analogica »; sur le passage du groupe latin cl en italien; sur deux vers de la chanson de Roland (v. 2206 agrieget expliqué avec raison par aggreviat, contre M. Gautier qui l'explique par aggregat; v. 1792 Cil l'ad traït qui vus en ruovet feindre, la traduction de M. Gautier « Et quelqu'un a trahi Roland : c'est celui qui feint avec vous >> est un contre-sens complet, mais la traduction de M. Marchesini, quoique toute différente, « quegli l'ha tradito che di cio vuol fingere, » ne vaut pas mieux; se feindre signifie « être paresseux, nonchalant, » et le sens est : << Celui-là a trahi Roland qui vous dissuade de lui porter secours. » Le contexte montre qu'il n'y a pas d'autre sens possible. Discussion des vers 12, 14-5, 20, 35, 82, 93, 97, 159 du Boëce provençal. Au v. 12, Ja leçon En ivers Deu, que propose M. M., serait détestable. Je m'en tiens à la correction que j'ai proposée Ni evers. L'explication des vers. 14-5 (dis serait de ex et forfaitz un subst. plur., régime de fa) est également mauvaise. Pour le v. 20, M. M. adopte ma lecture En anz, et je ne puis l'en blâmer. Au v. 82 soli̇ est bien un imparfait, mais il faut, pour la mesure, corriger, comme je l'ai fait, dias en dis. Au v. 93 comme au v. 140, le second hémistiche est faux, et ce que dit M. M. pour établir que compenre et onraz auraient, le premier quatre et le second trois syllabes, ne soutient pas l'examen. P. 31. C. de Lollis, Cantigas de amor e de maldizer di Alfonso el sabio, re di Castiglia. M. de Lollis démontre, par une étude minutieuse et bien conduite, que le roi don Alphonse de Castille et de Leon, qui figure dans le chansonnier portugais du Vatican comme auteur de 19 cantigas, est bien Alphonse X de Castille, comme l'ont dit, sans croire qu'il y eût matière à discussion, Wolf, Milà y Fontanals et Diez, et réfute par conséquent l'opinion de M. Braga, qui a voulu identifier ce roi avec Alphonse IX de Léon. - P. 67. P. Rajna, Osservazioni sull' alba bilingue del cod. Regina 1462. On sait qu'un savant allemand, M. J. Schmidt, a trouvé dans un ms. du Vatican, fonds de la Reine Christine 1462, qui provient de l'abbaye de Fleury-sur-Loire, et publié dans la Zeitschrift für deutsche Philologie (XII, 335), une pièce contenant neuf vers latins rythmiques disposés en trois couplets dont chacun est suivi d'un refrain en langue vulgaire, probablement en provençal. La pièce latine a par le sujet du rapport avec les albas provençales. J'en transcris le premier couplet avec le refrain:

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1. Il serait à désirer que la tomaison fût placée sur la couverture de chaque numéro.

2. Toutes les traductions, y compris la plus récente, celle de M. Clédat, ont fait ici un contre-sens. Le vrai sens est indiqué dans le glossaire de G. Paris à ses Extraits de Roland et de Joinville.

3. Non pas de « Saint-Fleury », qomme dit M. Schmidt.

Phebi claro nondum orto jubare
Fert aurora lumen terris tenue,
Spiculator pigris clamat: Surgite.
Lalba par umet mar atra sol

Poypas abigil miraclar tenebras.

Le refrain reparaît deux fois, avec cette seule différence que ces deux fois le texte porte part (au premier vers) et non par. M. Rajna, dans une discussion peut-être un peu longue eu égard à l'importance des résultats obtenus, mais très concluante, montre qu'aucune des interprétations proposées par MM. Suchier, Stengel et Laistner n'est admissible. En cela il a raison, trop raison même, car il prouve l'évidence. Mais l'explication qu'il propose est-elle plus acceptable? Je n'apprendrai rien à M. R. en lui confessant que je considère comme absolument invraisemblables et sa lecture et sa traduction. Voici la lecture: L'alba part umet mar atras ol poy pasa bigil miraclar tenebras. « Tutto è piano adesso, » dit M. R., au grand ébahissemement du lecteur. Il y a bien ol qui n'est pas d'une parfaite clarté, mais tout ira bien si on y voit l'article: ol pour el; c'est tout simple. On a de même (selon M. Rajna) pampol de pampinus, en passant par pampel (quel rapprochement!). Une fois ol expliqué, tout va bien : « Non ho oramai neppur bisogno di tradurre. Si vede << bene che il ritornello significa L'alba di là dall' umido mare, dietro il « poggio, passa vigile a spiar per entro le tenebre. » Je me permets d'affirmer que cette traduction ne sera acceptée d'aucune personne ayant tant soit peu le sentiment de la langue provençale. Je confesse que je ne suis pas en état d'en proposer une meilleure; toutefois, s'il est un point qui me paraisse absolument certain, c'est que le début, l'alba par ou part, signifie « l'aube paraît ». C'est ainsi que doit débuter toute traduction. · P. 90. Luzzato, Il congiuntivo e l'indicativo italiano. - P. 93. L. Biadene, Nuove correzioni a las « Razos » e «<lo Donatz ». L'édition que M. Biadene a donnée, dans le premier cahier des Studj, des Razos e du Donat proensal, d'après le ms. Landau, contenait un assez grand nombre de petites inexactitudes qui ont été relevées par M. Casini dans la Rivista critica della letteratura italiana (voy. Rom., XIV, 616 et XV, 473); M. B. donne ici l'errata de son édition. P. M.

IV.

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FRANZŒESISCHE STUDIEN. IV (1884)1. No 1 (p. 1-68). J. Uthoff, Nivelle de la Chaussée's Leben und Werke. Ein Beitrag zur Litteraturgeschichte des achtzehnten Jahrhunderts und insbesondere zur Entwickelungsgeschichte der « Comédie larmoyante. »

No 2 (p. 69-136). J. Jäger, Die Quantität der betonten Vocale im Neufranzösischen. Ce travail est essentiellement un relevé méthodique des indications

1. Voy. Rom., XII. Il nous paraît naturel de classer parmi les Périodiques, bien que les fascicules ne paraissent pas à intervalles réguliers, l'importante collection que dirigent MM. Korting et Koschwitz.

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