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l'une, celle de Montpellier, a été récemment éditée par M. Chabaneau. Toutes ces copies offrent un prologue (inc. Qui Dieu aime parfitement | Et sa douce mere ensement) entièrement différent de celui qu'on trouve dans le ms. de l'Arsenal 5201. Ordinairement le poème fait suite à la légende de saint Fanuel. C'est le cas du ms. de Montpellier publié par M. Chabaneau. La légende de saint Fanuel occupe les vers 1 à 850 de l'édition, et le poème sur Jésus-Christ les vers 851 à 28642. Même disposition dans le ms. de Grenoble et dans les mss. de Paris 1533, 1768, 2815, tandis que, dans le ms. de Rennes, le poème vient après l'Image du monde, ouvrage auquel il ne se rattache en aucune façon.

Le texte du ms. de l'Arsenal commence ainsi :

Ci comance li romanz de l'annunciacion Et si orrez per verité Nostre Dame Virge Marie, et de la Conmant Dex prist carnalité naissance Nostre Seignor Jesu Crist. En la Virge sainte Marie (p. 87b). Por nos geter de maule vie. La Virge estoit a icest tans

r escoutez, por Deu amour,
La parole nostre Seignour;

Et icil qui bien l'entendra
La beneïçon Deu avra.
Seignor, il fait bon arester
La ou on ot de Deu perler,
Que sa parole est pasture
De l'arme que tot adès dure,
Que, se li chars ai ses deliz,
Don n'est a l'arme nuns profiz.
r vos dirai selon l'escrit

O

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De Deu lo pere Jhesu Crist, 12

Li ciel partit; li ciel ovrit,

Sainz Gabriel en descendit.

20

24

Marie,

Ou Temple grant clarté geta
Et cest salut li aporta;
Se li dist: «< Deu te saut,
<< De la Deu grace raemplie,
«E tu soies bien aürée,

<< Sor totes fomes honorée,

28

extraits des mss. de la Bibliothèque publique de Rennes (Rennes, 1837, in-8o), P. 122.

Il est à noter aussi que le Mariage Notre-Dame, copié au commencement du ms. de la Bibl. nat. fr. 409, a emprunté des morceaux considérables à notre poème. C'est ce dont on pourra se convaincre, pour peu qu'on rapproche les morceaux du Mariage publiés par M. Reinsch, pp. 83, 84, 85 de l'opuscule précité, avec les extraits de la vie de J.-C. (ms. 1553), ibid. pp. 46 et 47. 1. Revue des langues romanes, 3, XIV, 178 et suiv.

2. En réalité, dans ce ms. il se poursuit bien plus loin voir ci-après p. 48, mais, en certains mss. le poème s'arrête à cet endroit et est suivi d'un poème originairement distinct, sur la passion.

«Et li tiens fruz soit benoïz; »
<< Ensemble toi est Jhesu Criz. »
La Virge ot mout grant paor
Quant ele vit la grant luor

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Que li sainz anges li geta

Qui lo salut li aporta

Que onques mais fait ne li fu;

Notre ms. rejoint les autres textes à partir du v. 19, qui correspond au v. 875 de l'édition de M. Chabaneau (ms. de Montpellier). L'accord se poursuit, sauf de nombreuses variantes, jusqu'à la naissance de Jésus. Dès lors (v. 1397 de l'édition) les deux textes divergent :

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De temps à autre cependant les deux textes ont quelques vers en commun. L'ouvrage s'arrête à l'entrée de Jésus dans Jérusalem. Voici les derniers vers:

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Et comant en croiz lo pandarent

A grant tort et a grant meschief

Et tot ce fut por nos pechief1.

Après orrez la grant dolor
Que il firent au Creator,

Et comant il lo traïssarent

2.

La Passion. Ce poème se rencontre encore dans les mss. ci-après indiqués, qui offrent des différences très considérables.

CAMBRIDGE, Tr. coll., O, 2, 14, fol. 13.

GRENOBLE, 1137, fol. 73.

LYON, Bibl. municip., no 6452, fol. 1.

PARIS, Arsenal 3527 (anc. B. L. fr. 325), fol. 182.

ainsi :

5204 (anc. B. L. fr. 288), fol. 17 vo b.

Bibl. nat. fr. 1526, fol. 84b3.

Bibl. nat. fr. 1822, fol. 185. Cette leçon se termine

Or s'en vont le chemin errant
Et Dameldeu molt reclamant,
Qu'il ait de lor pechiés merci
Issi com il est surrexi. Amen.

Dans le ms. 24301, où le récit de la passion occupe les pages 265 à 298, ces vers se trouvent à la p. 293 b.

PARIS, Bibl. nat. fr. 20040, fol. 105. Ce ms. et le suivant, bien que n'étant pas copiés l'un sur l'autre ni d'après le même original, car ils diffèrent souvent, offrent une particularité notable: c'est que notre poème y est précédé du prologue qu'on trouve en tête des Quinze signes dans plusieurs mss. : Oès trestuit communement | Dont nostre sire nous reprent 4. Puis, à la suite du poème de la passion, vient le texte des Quinze signes commençant, comme beau

1. Il est superflu de faire remarquer que ces quatre derniers vers sont l'œuvre d'un copiste qui ne savait guère le français.

2. C'est le no du catalogue Delandine, qui a été repris récemment; ce ms. portait naguère le no 584; voy. ce que j'en dis. Romania, IX, 162.

3. Ce ms..contient la compilation en sept livres de Geoffroi de Paris intitulée «< Bible des .vij. estaz du monde. » La Passion fait partie du second livre. Par une erreur de reliure le cahier vij (ff. 94 à 101) a été placé entre les cahiers xiij et xiiij. Par suite il faut passer du fol. 45 au fol. 94, du fol. 101 au fol. 46 et du fol. 93 au fol. 102.

4. J'ai indiqué les mss. qui ont ce prologue dans la Romania, VI, 24-5.

coup d'exemplaires de cet opuscule, au vers Se ne vous cuidasse

anuier.

PARIS, Bibl. nat. fr., 24301, p. 265.

VIENNE, Bibl. imp. et roy. 3430, fol. 112.

Ce poème de la passion est à première vue distinct du récit qui, dans le ms. de Montpellier publié par M. Chabaneau, occupe les vers 2865 à 3867. Toutefois, ce dernier texte a un certain nombre de vers en commun avec le nôtre et pourrait bien en être une sorte de remaniement.

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1. Voy. Romania, l. c. et VIII, 313.

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2. Il devait y avoir dans l'original ci comance li passions. Le rubricateur cherche à faire des vers.

10 Que conta li evangelistes ms. 20040. 15 Il faut corriger aprismot, qui est la leçon la plus ordinaire; aprechot dans le ms. de Grenoble. 29-30 Il faut.... traïroient | P. 1. t. que il cremoient. 38 Sic pour Betaigne, Bethanie.

La ou il de pitié plorai
Quant Lazaron resuscitai,
A l'ostel Symon lo leprous.
Saichiez qu'il ne fu mie sous :
Des desiples i ot essez;
Judas n'i fu pas obliez.

Illuc firent mout grant maingier.
Martre fu a l'aparoillier,
Lazaron et sa suer Marie; (b)
Molt i ot bele compaignie,
Quant a la cene sont essis.
Judas i fut, li henemis;
Et Damedex trestoz nu piez;
A Marie am prit grant pidiez,
Car mout les avoit descrevez;
Mais ce façoit humilitez;
Ainsi nos voloit il mostrer
Con nos davons a lui aler.

En Jherusalem, ce dist l'escriz,
Ot adonc une pecheriz,

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Le ms. de l'Arsenal indique la fin du poème au crucifiement, à un passage dans lequel l'auteur fait usage du traité apocryphe sur le bois de la croix1. Mais bien que le récit du crucifiement qui suit commence par une grande capitale historiée, je suis persuadé que cette division est due au copiste, et que le poème de la Passion se poursuit jusqu'à l'Ascension. Je vais donner le passage où le copiste a marqué la division dont je conteste l'opportunité. Il se trouve que les vers que je vais transcrire ont été publiés par M. Mussafia 2, d'après le ms. de Vienne,

57-60 Ces quatre vers se retrouvent dans le ms. de Montpellier, éd. Chabaneau, vv. 2865-8. — 65 Mieux dans Grenoble : Si que puist avoir alejance. 70-3 Cf. Montpellier, 2879-82:

Or oez de la pecherise

Comme ele s'est très bien porquise :

Ele acheta un oignement

Qui miex valoit c'or ne argent.

74 Les autres mss. ont t. egalment ou t. ovelment.

1. Voyez sur cette légende Romania, XV, 326.

2. Comptes rendus de l'Académie de Vienne, classe de philosophie et d'histoire, LXIII, 212-3. Ce sont les vers 1307-40 du morceau ci-après transcrit. Même rédaction dans B. N. 1526, fol. 104 a; 1822, fol. 191 b; 20040, fol. 189 b; 5204, fol, 22 ro, col. 3;

113 h; 24301, p. 282 c; Ars. 3527, fol. Grenoble, fol. 97 vo.

Romania, XVI.

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