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même livre figure dans les inventaires successifs (pour celui de Bruxelles, 1487, voy. Barrois, no 1692), jusqu'à celui de Viglius (1577): « Autre livre en parchemin escript a la main, bien illuminé, couvert de cuyr noir à dix << clous et deux clouans de leton, intitulé La vije et la passion et la resurrection « de Jhesus Christ nostre Sr, commenchant au second feuillet: De luy soingneuse« ment.» (Bibl. roy. de Belg., 11675-6, fol. 163). Depuis lors, on en avait perdu la trace. Il a atteint le prix de 10.150 francs. — P. M.

Livres adressés à la Romania :

Le Mystère des trois doms, joué à Romans en MDIX, publié d'après le manuscrit original, avec le compte de sa composition, mise en scène et représentation, et des documents relatifs aux réprésentations théâtrales en Dauphiné du XIVe au XVIe siècle, par feu P.-E. GIRAUD et A. CHEVALIER. Lyon, A. Brun, 1877. In-4o, CXLviij-921 pages.- En 1848, M. Giraud, ancien député, fit imprimer, chez L. Perrin, à Lyon, un opuscule intitulé: Composition, mise en scène et représentation du mystère des trois Doms..... d'après un manuscrit du temps. Ce manuscrit était le compte, fort curieux à divers égards, des dépenses faites pour la mise en scène et la représentation d'un mystère sur lequel on possédait d'ailleurs divers témoignages, dont le dernier était une courte analyse publiée dans les Affiches du Dauphiné, en 1787. Mais, depuis cette époque, le sort du ms. du mystère était resté ignoré. L'exemplaire qui avait servi au rédacteur des Affiches du Dauphiné fut retrouvé à Romans, dans un grenier. M. Giraud, alors très âgé (il est mort depuis), en entreprit, à ses frais, la publication, de concert avec M. l'abbé Chevalier, qui, en fait, a dirigé et exécuté, à peu près seul, le travail. Ce mystère fut composé, en quelques mois, à la demande du chapitre de Saint-Barnard de Romans et de la ville de Romans, par un certain chanoine Pra, de Grenoble, qui reçut pour ses honoraires une somme de 150 florins outre 12 florins par mois pour sa dépense personnelle et pour celle de son clerc ou secrétaire. Il se compose de 12289 vers, de différentes mesures, mais uniformément médiocres. Notons cependant, p. 81, le refrain populaire : Au boys, au boys, au boys, | Au joli bois madame, | Au boys, au boys, au boys, | Au joly boys m'en voys. On savait depuis longtemps que le drame religieux avait été florissant en Dauphiné: la présente publication apporte, à l'appui de cette opinion, de nouvelles et nombreuses preuves. M. l'abbé Ch. a réuni, dans un chapitre de son introduction, un grand nombre de témoignages sur des représentations de mystères à Die, Grenoble, Montélimar, Nyons, Romans, Vaulignan, Valence, Vienne, de 1400 à 1541. Nous ne pouvons indiquer en détail toutes les matières que contient cette introduction si nourrie et si bien documentée. Notons, comme une curiosité, qu'on y trouvera (p. CXXIX et suiv.) un itinéraire très complet de l'empereur Sigismond en Dauphiné (1415-6). A la suite du Mystère, M. Ch. a donné une nouvelle édition, plus correcte que la première, du compte de dépenses déjà publié par M. Giraud, et imprimé, en appendice, une quantité de documents, qui

ne se réfèrent pas tous aux représentations dramatiques, mais dont aucun n'est dénué d'intérêt. Plusieurs sont rédigés dans l'idiome vulgaire du pays. En somme, cette publication fait grand honneur à son auteur et sera utilement consultée à des points de vue très divers.

Dino Compagni e la sua cronaca, per Isidoro DEL LUNGO. Vol. terzo, contenente gli indici storico e filologico a tutta l'opera e il testo della cronaca secondo il codice Laurenziano Ashburnhamiano. Firenze, successori Le Monnier, 1886. In-8o, XIX-219 pages.- Ce troisième volume, beaucoup plus mince que les deux précédents, est le complément bien venu de la publication monumentale que M. del Lungo a consacrée a Dino Compagni. Il y a, soit dans le commentaire sur la chronique, soit dans le livre qui forme les prolégomènes, une masse si énorme de faits concernant Dino, les évènements politiques et littéraires de son temps, la biographie des personnages, l'histoire de l'érudition en Italie, la philologie toscane, etc., qu'il n'était pas facile de retrouver tout ce qui se rapporte à un sujet déterminé. Les deux index, très détaillés et bien conçus, seront donc fort utiles. La publication du ms. Libri-Ashburnham répondra à un désir plus d'une fois exprimé depuis que l'existence de ce ms. a été révélée. Elle n'apportera au texte constitué par M. del Lungo aucune modification bien importante, mais elle enlève toute échappatoire à ceux qui, ayant soutenu avec l'énergie qu'on sait que la chronique était une fabrication ou un remaniement relativement moderne, ont été désagréablement surpris d'apprendre qu'il en existait un ms. du xve siècle, c'est-à-dire d'une époque où personne ne pouvait songer à fabriquer ou à remanier un ouvrage de ce genre. Les auteurs de ces hypothèses malheureuses, désireux de reculer le moment où la ruine de leurs systèmes apparaîtrait avec évidence, s'empressèrent de déclarer que la preuve n'était pas faite, tant que le texte Ashburnham ne serait pas publié. La preuve est faite maintenant. Il est de toute évidence: 1o que le mis. Libri est la copie littérale, quoique non toujours correcte, d'un ms. plus ancien; 2o qu'il est la source de tous les autres mss., y compris le ms. de la Magliabechiana, daté de 1514, que M. del Lungo avait d'abord cru appartenir à une famille différente. Il est bien certain que ce ms. archétype, ayant seul autorité, aurait dû fournir le texte de l'édition, ce qui aurait permis à l'éditeur de débarrasser son commentaire de bien des variantes sans portée. Mais on sait que lorsque M. del Lungo a été renseigné sur ce ms., son édition était déjà imprimée, et qu'elle était publiée depuis quelque temps lorsque les mss. Libri ont été vendus au gouvernement italien par lord Ashburnham. Il ne restait plus d'autre parti à prendre que d'imprimer comme appendice le texte Libri, et c'est ce que M. del L. vient de faire, notant au bas des pages les différences qui existent entre ce texte et sa propre édition. La concordance entre les deux textes est indiquée par des renvois continus placés en titre courant. Dans son avant-propos, M. del L. présente diverses observations sur le ms. Libri; il signale notamment, d'après une communication de M. Novati, quatre mss. de la Laurentienne qui sont

évidemment de la même main. Il répond à un article peu bienveillant de M. Breslau, qui a reconnu le premier (c'était facile!) ou du moins publié le premier que le ms. Libri était la source de tous les autres. Au sujet du récent article de M. Scheffer-Boichorst, dans la Zeitschr. f. rom. Phil., M. del Lungo se refuse, comme nous l'avons fait nous-même (ci-dessus, p. 152), à entrer en discussion. La nouvelle hypothèse de ce critique ne vaut guère mieux que celle qu'il a été obligé d'abandonner après l'avoir soutenue avec tant d'assurance, et c'est perdre son temps que discuter avec des gens dont l'opinion ne compte plus. — P. M.

Le Catholicon de Lille, glossaire latin-français publié en extrait et annoté par Aug. SCHELER. Bruxelles, 1885. In-8°. Extrait du t. XXXVII des Mémoires couronnés et autres mémoires publiés par l'Académie royale de Belgique. La matière de cette publication a été fournie par le ms. 369 de la bibliothèque municipale de Lille, d'après lequel avait déjà été publié par Gachet (1857) et par M. Scheler (1865) un glossaire roman-latin en forme de nominale. Le Catholicon aujourd'hui publié (ainsi appelé parce qu'il a pour base le célèbre dictionnaire de ce nom) n'a pas une grande importance, et M. Sch. a bien fait de se borner à un choix des mots qu'il renferme. On y trouve cependant quelques formes intéressantes. Le texte, tant latin que vulgaire, est souvent corrompu. M. Sch., également familier avec la lexicographie latine et avec la française, a eu occasion de faire de nombreuses notes critiques où il indique la faute, s'il ne réussit pas toujours à la corriger. «< Attollere, estever », faute d'impression pour eslever; «< caco, quier »; c'est en vain que M. Sch. conteste l'étymologie cacare; ès, sous cinifex, doit être écrit avec accent aigu et non avec accent grave; « mima, jongleresse », n'y a-t-il pas plutôt jougleresse? La disposition matérielle laisse à désirer. Les courtes annotations ou explications placées dans le texte entre parenthèses ou entre crochets causent de la confusion, et auraient dû être fondues dans le commentaire placé au bas des pages. En outre, on regrette que M. Scheler n'ait pas complété sa publication par un index des mots français du glossaire, qui en aurait rendu l'utilisation plus facile.

Excerpta Colombiniana. Bibliographie de quatre cents pièces gothiques, françaises, italiennes et latines, du commencement du xvIe siècle, non décrites jusqu'ici, précédée d'une histoire de la bibliothèque Colombine et de son fondateur, par Henry HARRISSE. Paris, H. Welter. 1887. In-8° LXXV, 315 p. Cet ouvrage se rattache à des études d'histoire et de bibliographie que M. Harrisse a commencées il y a bien des années, et d'où sont sorties plusieurs publications remarquées sur Christophe Colomb et sa famille, et sur les anciens livres concernant l'Amérique. Il a pour cause immédiate les lamentables dilapidations dont la Colombine a été l'objet dans ces dernières années, et que M. H. a dévoilées dans son opuscule intitulé Grandeur et décadence de la Colombine (1885, in-8o). On sait que Fernand Colomb, fils de Christophe, fut un bibliophile éminent. Voyageant beaucoup, il forma

facilement une bibliothèque magnifique, riche non seulement en imprimés, mais aussi en manuscrits (le nombre des volumes s'élevait à 15370). A la suite de diverses vicissitudes racontées par M. H., le Chapitre de Séville entra en possession (1551) de cette riche collection. M. H. expose en détail l'histoire de la Bibliothèque Colombine et des pertes qu'elle subit à diverses époques, et particulièrement en 1884. A cette date, des caisses de livres imprimés et manuscrits ont été subrepticement enlevées et vendues à des prix assez bas, partie en Italie, partie à Paris. Le voleur n'a pas été découvert ou dévoilé, mais la responsabilité du Chapitre de Séville, chargé de la garde du dépôt, reste gravement engagée dans cette malheureuse affaire. M. H. a eu connaissance à Paris d'un certain nombre de livres volés. Il a de plus eu communication de fiches rédigées à Séville, en 1841, par un savant bibliographe espagnol, D. B.-J. Gallardo. Ces éléments ont fourni la matière principale des Excerpta Colombiniana. Et ce sont des éléments singulièrement précieux, car plusieurs des livres réunis par F. Colomb sont des exemplaires uniques, et ce qui en augmente le prix, c'est que Colomb avait soin de marquer sur chacun de ses livres le prix qu'il l'avait payé, le lieu et la date du jour où il l'avait acheté. On a là un indice chronologique souvent fort utile, lorsqu'il se trouve placé sur des imprimés non datés. Il est triste de penser que ces notes de Colomb ont été impitoyablement grattées par les voleurs sur les exemplaires récemment vendus, mais cependant, en plusieurs cas, on a pu, à l'aide de réactifs, faire reparaître plus ou moins complètement l'autographe de Colomb. Étendant le cercle de ses recherches, M. H. a joint aux livres de la Colombine un assez grand nombre de livres ou opuscules rares du même temps, que lui a fournis la réserve du département des imprimés de notre Bibliothèque nationale. Le choix a naturellement été arbitraire. M. H. s'est attaché principalement aux livres rares non encore décrits. Les descriptions sont d'une parfaite exactitude; les informations sont très sûres et révèlent un certain nombre de faits qui intéressent l'histoire de l'imprimerie, particulièrement à Paris (voir notamment les pp. v à LXXV de l'avant-propos), et l'histoire de notre littérature du xve et du xvie siècle, beaucoup des livres décrits étant en français. Assurément, dans un ouvrage qui traite avec détail une quantité de questions, on pourrait çà et là trouver à rectifier ou à compléter, mais il n'en est pas moins vrai que ces Excerpta Colombiniana constituent une importante contribution à la bibliographie des xve et XVIe siècles. Légende de saint Grégoire, rédaction du XIVe siècle, publiée d'après le ms. de la Bibliothèque nationale de Paris, par Carl FANT. Upsala, 1887, in-8°, 44 p.Travail rempli de bonnes intentions, et même fait avec soin, mais qui dénote à chaque page une grande inexpérience de la langue, de la paléographie, de la critique. Le poème publié est en quatrains. L'éditeur suppose qu'il est le remaniement de l'ancien poème en vers octosyllabiques publié par Luzarche, mais il ne se met point en peine de le prouver, et cependant c'est une supposition qui n'est rien moins qu'évidente, car, à première vue, ces deux

formes de la légende semblent indépendantes l'une de l'autre. Le système de publication adopté par M. F. est déplorable. Le poème est en quatrains; or il néglige de distinguer les quatrains les uns des autres. Il a cru utile de conserver les signes d'abréviations du ms., quoique, dans l'espèce, ces abréviations n'aient aucun intérêt, et bien qu'il n'eût à sa disposition aucun des signes typographiques nécessaires. Ainsi, faute d'un signe pour le p barré, il imprimera psonne (personne). Un lecteur ayant eu l'idée, il y a un siècle ou deux, de souligner certains mots ou certains vers, M. F. croit utile de placer dans son édition des lignes au dessous des mêmes mots. On n'est pas plus naïf. D'ailleurs, bien que le ms. soit très lisiblement écrit, il y a dans cette édition de graves fautes; ainsi, v. 37 Xge pour Verge; M. F. a pris le V pourvu d'un signe d'abréviation pour un X; v. 184, Quant il revit estables, quand le ms. porte Quant il veoit es tables, etc. On ne devrait pas se hasarder à faire des publications quand on a encore tant à apprendre. P. M.

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Notice sur le manuscrit II, 6, 24 de la Bibliothèque de l'Université de Cambridge, par M. Paul Meyer, in-4o, paginė 37-61 (Extrait des Notices et Extraits des manuscrits, t. XXXII, 2e partie). C'est la notice annoncée ci-dessus, XV, 352. Le ms. de Cambridge, exécuté peu après le milieu du xe siècle et très probablement à Caen, renferme : I. Des annales latines. — II. Une chronique de Normandie, s'étendant depuis Hasting jusqu'à l'expédition de Louis, fils de Philippe-Auguste, en Angleterre. C'est un texte à peu près semblable, jusqu'à la mort de Henri Ier d'Angleterre, à celui que M. Fr. Michel a publié d'après le ms. fr. 24431, dans ses Chroniques de Normandie (Rouen, 1839, petit in-4°), pp. 4-73. - III. Une chronique des rois de France, dont on possède d'autres copies, s'étendant de l'origine troyenne des Francs à l'an 1215 environ. IV. La version française du PseudoTurpin que M. Wulff a publiée en 1881 d'après un ms. supposé unique (Bibl. Nat. fr. 1850); voy. Komania, X, 317. M. Meyer signale un troisième ms. de cette version dans le ms. B. N. fr. 24431. — V. Une chronique des rois d'Angleterre, de Guillaume le bâtard à la croisade de Richard Coeurde-Lion. Cette courte chronique, qui paraît être l'une des sources de Philippe Mousket, est ici publiée en entier. VI. Le Lucidaire, traduit par Gillebert de Cambres; bonne copie, a laquelle manque malheureusement la dernière page où se trouvait le nom de l'auteur, qu'on a du reste en d'autres copies. M. Meyer montre que c'est à tort que, dans deux dissertations allemandes (Rom. XIV, 315), Gillebert a été surnommé « de Cambrai ». Ce poète était normand, et originaire de Cambres près Rouen. Gramatica historica de las lenguas castellana y catalana. Estudio hecho por D. Ignacio FARRÉ Y CARRIO. Barcelona, Verdaguer, 1884. In-8°, 175 pages.

Nous ne mentionnons cet ouvrage, dont l'auteur s'intitule « Profesor de gramática y Filologia catalana », que pour mettre en garde ceux de nos lecteurs qui seraient tentés de l'acheter. Nous avons rarement rencontré, même en Espagne, un livre aussi prétentieux et aussi vide.

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