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même temps qu'elle démontre la merveilleuse impressionnabilité des natures sensitives à l'égard du fluide odique.

Si on laisse pénétrer dans l'appartement un faisceau de la lumière de Vénus ou de Jupiter, et que dans ce rayon lumineux l'on introduise un fil d'acier dont l'une des deux extrémités va aboutir dans une chambre où se trouve le sensitif, celui-ci voit aussitôt une flamme rouge apparaître à l'extrémité de ce fil, et sa main gauche perçoit cette flamme comme une émanation tiède possédant toutes les propriétés caractéristiques de l'od.

Par contre, le faisceau de lumière de Sirius produit à l'extrémité du fil conducteur une flamme bleue, et occasionne de la fraîcheur odique à la main gauche.

Il paraîtrait dès lors que les planètes sont les seuls corps célestes d'où part le souffle tiède, aussi n'est-il point étonnant que l'espace étoilé produise dans son ensemble une sensation de fraîcheur odique dont l'action se fait sentir non-seulement à la surface du corps, mais jusque dans la moelle des os.

C'est à la faculté que possède le sensitif de percevoir l'action de l'od sidéral, que nous sommes tous redevables d'une des plus belles choses qu'ait enfantées le génie de Goethe. Nous voulons parler de Macarie, cette femme étrange qu'un agent mystérieux met en rapport avec les corps qui gravitent dans le ciel, et notamment avec les astres dont se compose notre système solaire.

Cette création incomparable me semble non-seulement pouvoir être proposée comme un exemple de l'influence que l'od sidéral exerce sur nous, mais je la considère encore comme le plus pur idéal auquel puisse atteindre l'homme doué de sensitivité. Qu'on veuille donc bien nous laisser exposer en quelques lignes la signification de ce type unique, lequel est resté jusqu'ici un mystère dans l'œuvre de Goethe.

Macarie sent le fluide impondérable agir en elle comme une force intérieure, qui lui permet de décrire le mouvement des astres avec une précision si grande, que l'astronome attaché à sa personne s'incline devant elle comme devant un prodige étonnant, et finit même par la considérer comme une partie intégrante du monde astral.

Je ne crois pas qu'il soit possible d'étudier ce caractère étrange et grand sans qu'il nous pénètre d'admiration et de vénération. N'est-ce pas là, en effet, une création sublime et bien digne du génie qui l'a conçue, que cette femme dont l'âme est ouverte simultanément aux influences terrestres et astrales, qui a conscience que la vie de la terre constitue un des éléments de la vie cosmique et universelle? En même

temps que Macarie se trouve en rapport avec les astres, elle sème le blé, elle cultive des plantes, elle élève des animaux. Elle fait du bien aux hommes qui l'entourent, elle dirige par ses conseils ceux qui sont éloignés, et, les faisant graviter dans sa sphère, elle devient dans le monde une force dont l'action bienfaisante rayonne au loin comme celle des étoiles.

Quelque étrange, quelque prodigieuse que soit Macarie, elle n'est point une fiction. On sait que Goethe, dans le cours de son existence si riche en observations importantes et curieuses, avait connu une personne qui possédait la faculté singulière de reconnaître les astres par les impressions qu'elle en recevait. En créant Macarie, Goethe a voulu simplement démontrer que cette faculté admirable pouvait réagir profondément sur l'âme de celui qui en est doué, et lui inspirer de grandes et fécondes pensées. Qu'est-ce que Macarie, sinon une vraie sensitive? L'appareil nerveux se trouve chez elle dans cet état de tension et d'impressionnabilité qui caractérise tous les sensitifs. Elle perçoit des sensations étranges, lesquelles, échappant à la perception des autres hommes, ne peuvent être attribuées qu'à l'od qui pénètre la sensitive. et, la mettant en contact avec les corps célestes, élève ses pensées et purifie son âme.

Le grand poëte, qui était aussi un des plus grands naturalistes des temps modernes, personnifie dans Macarie le phénomène le plus étonnant qu'il ait observé. Le fait existe, il l'a rencontré sur son chemin, et, pour mieux l'approfondir, il l'expose à sa manière, c'est-à-dire de main de maître. Ne pouvant toutefois réussir à l'expliquer par les forces naturelles que l'on connaissait, il se borne à présenter le fait, et abandonne expressément aux observateurs futurs le soin de trouver la solution vraie du problème qu'il a si magistralement développé.

Eh bien, j'ai l'intime conviction de remplir aujourd'hui cette mission en venant expliquer par le fluide odique ces phénomènes étranges qui n'avaient point échappé au génie investigateur de Goethe. C'est bien certainement l'od astral qui agissait sur cette femme mystérieuse que Goethe avait rencontrée, et qui lui a servi de modèle pour le type impérissable de Macarie.

Après avoir démontré par plus d'un fait l'influence que l'od sidéral exerce sur le sensitif, nous sera-t-il permis d'en conclure que les astres ne sont point absolument dépourvus d'une certaine action sur la marche des événements de ce monde? Si l'on veut réfléchir qu'une partie des hommes sont des êtres doués de sensitivité, des organismes sur lesquels le moindre rayon odique qui descend des étoiles, produit des

effets physiologiques très-profonds, on est presque tenté d'admettre l'influence des astres sur la vie d'une partie de l'humanité.

Cette croyance, jadis universelle, qui a fait vivre durant tant de siècles l'astrologie à côté de l'astronomie, était-elle donc basée sur un aperçu réel?

Nous nous abstenons de décider la question, mais nous ne saurions nous dispenser de rapporter un fait qui se rattache également à l'od cosmique. Des observations faites en différents pays et à l'aide de nombreux sensitifs, nous ont laissé la conviction que le sensitif reçoit des impressions odiques différentes et bien distinctes selon le côté de l'horizon qu'il regarde. Pour s'en assurer, il suffit de se transporter quelques heures après le coucher du soleil en un lieu ouvert, sur une colline, par exemple, qui domine la campagne environnante. Le sensitif, après s'être retourné lentement vers les quatre points cardinaux, tout en observant attentivement les effets odiques qu'il éprouve, désignera toujours le même point de l'horizon comme celui d'où vient la plus grande fraîcheur, et le point diamétralement opposé comme celui d'où part le souffle tiède. Si maintenant vous vous orientez à l'aide d'une boussole, vous reconnaissez que les deux points indiqués correspondent aux deux pôles magnétiques de la terre, et que celui d'où vient la fraîcheur odique est le pôle boréal.

Nous croyons que les impressions différentes perçues par le sensitif sont dues d'une part à l'od terrestre qui descend des deux pôles vers l'équateur du globe, d'autre part à l'od sidéral, lequel, nous l'avons déjà constaté, nous arrive en grande abondance de la constellation de la Petite-Ourse qui brille près du pôle horéal du monde.

L'expérience que nous venons de rapporter nous rappelle le fait suivant qui avait vivement impressionné Henri Zschokke, ainsi que plusieurs savants, qui ne savaient comment expliquer le phénomène extraordinaire qu'ils avaient sous les yeux.

Après avoir fait mention du don que possédait Catherine Beutler, cette jeune fille dont nous avons parlé et qui découvrait des minéraux agglomérés dans les entrailles de la terre, Zschokke continue ainsi : « Par une nuit obscure et brumeuse, nous fùmes accueillis dans le » presbytère du village de Birminsdorf en Argovie. L'idée me vint de > mettre à l'épreuve une faculté bien singulière que possédait, disait-on, » ma compagne de voyage. Nous ne connaissions ni l'un ni l'autre la » contrée où nous nous trouvions. Cependant je lui bandai les yeux, et la > prenant par la main, je la conduisis dehors. Après l'avoir fait marcher » dans toutes les directions afin de la désorienter complétement, je lui

>> dis de m'indiquer la région du ciel où se trouvait l'étoile polaire. » Or, la nuit n'étant pas étoilée, je ne pouvais savoir moi-même qu'au » moyen d'une boussole, la place que l'astre devait occuper dans le » ciel. Le bras étendu, les doigts écartés, la jeune fille cherche dans » l'espace pendant quelques instants; puis elle indique de la main » non-seulement la région, mais encore la place même où l'astre se » trouvait. Elle a souvent répété cette expérience chez moi et dans la » ville d'Aarau, en présence de plusieurs savants, et toujours avec le » même succès. Je ne saurais rapporter toutes les expériences auxquelles » donna lieu la faculté merveilleuse de cette jeune fille, et si j'ai men» tionné celle qui précède, c'est uniquement dans le but de faire com» prendre comment je suis arrivé à me former de Dieu et de la nature » une idée qui n'est pas précisément celle que professent tous les » hommes. »

Grâce aux recherches de M. de Reichenbach, nous connaissons aujourd'hui la cause des faits extraordinaires qui avaient tant impressionné Zschokke, et nous pensons avec celui-ci que l'étude de ces phénomènes, en laissant pénétrer nos regards plus avant dans la nature, ne peut qu'élever et rendre meilleurs les esprits qui voudront s'y livrer.

ARNOLD BOSCOWITZ.

(La fin à une prochaine livraison.)

TROIS COEURS DE FEMME'.

X.

La soirée était déjà assez avancée quand Dora arriva à l'hôtel de l'Ange; madame Rauschenbach la reçut avec une cordialité inaccoutumée et renvoya au lendemain le compte rendu de ses occupations agricoles, à la grande joie de Marie, qui s'empara de son amie afin d'en jouir sans partage; elles montèrent bientôt dans leur chambre; Marie, après avoir regardé un moment Dora, lui dit : « Jamais encore je ne t'ai vue aussi jolie qu'aujourd'hui; on dirait que tu as reçu une joyeuse nouvelle ou que tu as été surprise par un grand bonheur. »

Un tendre baiser fut toute la réponse qu'elle obtint. «Me suis-je trompée? poursuivit-elle.

- Je vais tout te raconter », dit Dora, et lorsque toutes deux furent au lit, elle lui fit le récit de son entrevue avec Joseph sous les bosquets de Laubenheim. Elle continua longtemps, sans s'apercevoir du silence de sa compagne, qui fit enfin un effort pour lui dire : « Mais jamais tu ne m'avais parlé de ton amour pour Joseph!

Je ne puis pas dire que je l'aimais, quoiqu'il faille avouer qu'il ne m'était pas indifférent; j'ai toujours repoussé son image, et j'ai essayé de le décourager quand il a involontairement trahi son inclination pour moi.

- Et pourquoi agissais-tu ainsi?

Comment peux-tu faire une semblable question? Puis-je jamais oublier que je suis sans famille, que je ne sais même pas d'où je sors? Voilà pourquoi je ne lui ai pas donné de réponse positive.

1 Voir la livraison du 31 mai 1861.

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