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nies françaises de l'Algérie et du Sénégal dans ses rapports avec les parties intérieures du nord-ouest de l'Afrique. M. Barth s'occupe surtout des deux voyages d'exploration de l'enseigne de vaisseau Mage au mois de décembre 1859, et du capitaine Vincent au commencement de 1860, faits par ordre du gouverneur Faidherbe, dans les oasis du Sahara occidental situées au nord du bas Sénégal, et il en fait ressortir les résultats politiques et géographiques. Les habitudes domestiques des Samoïèdes des toundra de la Mézèn, leur élève des rennes et leur industrie, par M. Woldemar Islavin. Traduit du russe. On sait qu'on désigne sous le nom de toundra, dans le nord de la Russie et de la Sibérie, les vastes plaines basses, marécageuses, et gelées en hiver, qui en forment la zone maritime. Le bassin de la Mézèn appartient au gouvernement d'Arkhanghelsk, c'est l'extrémité nord-est de la Russie européenne. Déterminations astronomiques et observations magnétiques faites dans l'Inde et dans la haute Asie, par MM. Hermann, Adolphe et Robert de Schlagintweit. A. Bastian. SainteHélène et l'Ascension. Extrait d'une lettre de M. le baron C. de Decken à sa mère la princesse Adélaïde de Pless, datée de Kiloa, 7 octobre 1860, et de plusieurs lettres du même voyageur au docteur Barth, datées de Zanzibar jusqu'au 26 octobre. On sait par nos extraits précédents que M. de Decken était parti pour l'Afrique, bien pourvu d'instruments et de moyens de toute espèce, dans l'intention de rejoindre son compatriote le docteur Roscher, dont on a, sur ces entrefaites, appris la fin tragique dans l'intérieur de l'Afrique australe. Cette triste nouvelle ne paraît pas avoir changé les intentions du nouvel explorateur. Il avait éprouvé à Zanzibar beaucoup de contrariétés et de désappointements, par suite de l'avidité toujours croissante du sultan et de ses gens, dont les prodigalités anglaises avaient élevé démesurément les prétentions. M. de Decken était cependant parvenu à tout arranger, et des nouvelles indirectes reçues de Kiloa à la date du 6 décembre annoncent qu'il s'était mis en route la veille pour l'intérieur, avec une nombreuse escorte. Extrait d'une lettre de M. Koenig (Koenig-Bey) au consul général de Prusse à Alexandrie, datée du 19 février 1861. Cette lettre se rapporte à la mort du docteur Cuny, gendre de Linant-Bey, mort l'an dernier dans le Dârfour, d'où il se proposait de pénétrer plus avant dans l'intérieur. Elle rapporte aussi, ce que l'on savait déjà, que le docteur Vogel, d'après le bruit commun de ces cantons de l'Afrique, a été mis à mort par ordre du sultan du Ouadai. Les lavages d'or de Cruces, dans l'isthme de Panama (extrait du Nautical Magazine, d'après le Journal de Panama). Voyage de Will. Downie de Port-Essington à Saint-James-Fort (Colombie anglaise). Morceau traduit de la troisième partie des Papers relating to British Columbia. Le voyage entrepris par ordre de sir Douglas, gouverneur de la colonie, dans le but de reconnaître l'étendue et la direction des gisements d'or des îles Charlotte, a eu lieu du 27 juillet au 9 octobre 1859. Ersablement croissant du Volga, extrait d'un mémoire de M. Wangenheim de Qualen, inséré au Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou. Population européenne de l'Algérie (d'après la Revue algérienne et coloniale). Au 30 juin 1860, l'Algérie comptait une population européenne de 208,476 âmes, dont 70,315 hommes, 51,087 femmes et 37,074 enfants. De cette population, 124,728 habitaient les villes, et 83,748 la campagne. En classant les colons par nationalités, on trouve 121,409 Français (les trois cinquièmes environ), 54,124 Espagnols, 12,755 Italiens, 8,767 Maltais, 6,645 Allemands; le reste, en nombres insignifiants, pro

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vient de tous les pays de l'Europe. Régularisation de la frontière russochinoise par le traité de Péking du 14 novembre 1860. Pour les territoires de l'Amour, la ligne frontière suit le cours du fleuve depuis le confluent de la Chilka et de l'Argoun jusqu'au confluent de l'Oussouri, puis le cours de l'Oussouri et de la Soungadja jusqu'au lac Hinkaï. La frontière, à partir de ce point, tourne à l'est, et gagne la côte orientale en suivant différents cours d'eau ou des chaînes de hauteurs. Cette délimitation donne à la Russie à peu près toute la côte asiatique de la Manche de Tartarie. De Fonblanque. Ascension du Fousi-Yama, au Japon.

V. S. M.

COURRIER POLITIQUE,

LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE.

MONSIEUR,

Munich, 8 mai,

Un savant prêtre catholique, M. Döllinger, docteur en théologie et professeur d'histoire ecclésiastique à l'université de Munich, vient de prononcer deux discours dans cette ville, qui ont causé une vive émotion et ont eu du retentissement dans toute l'Allemagne. L'orateur, au moment d'ouvrir six conférences publiques sur l'Histoire de l'humanité dans les religions, avait annoncé qu'il commencerait son cours par l'examen de la situation actuelle du saint-siége. L'intérêt qui s'attache à cette question et le talent bien connu du professeur avaient attiré un grand nombre d'auditeurs à cette première conférence. Tout le monde s'attendait à ce que M. Döllinger envisageât son sujet au point de vue de la cour de Rome: ses relations avec le parti ultramontain, dont il a toujours été l'un des défenseurs les plus éloquents, la tendance de ses écrits et de son enseignement universitaire, marqués au coin de la plus sévère orthodoxie, enfin la présence du nonce du pape qui assistait à cette séance d'ouverture, tout autorisait cette supposition. Mais quel ne fut pas l'étonnement de l'auditoire lorsqu'il entendit le savant professeur déclarer que le pouvoir temporel des papes est d'institution moderne, qu'il est odieux aux populations des États de l'Église, maudit de l'Italie entière, condamné en principe par l'opinion publique de l'Europe, et qu'il n'est nécessaire ni à la dignité ni à l'indépendance de l'autorité spirituelle du saint-père! Ces déclarations, appuyées sur des documents dignes de foi, et exposées avec talent et conviction, produisirent une immense sensation. Lè nonce du pape, dit-on, n'en revenait pas. Il fut sur le point de quitter la salle, et les journaux du lendemain annonçaient déjà qu'il s'était retiré au milieu du discours. Cependant il sut réprimer son indignation, en se promettant bien toutefois de ne plus assister à un pareil scandale. Il tint parole; mais de nouveaux auditeurs, moins susceptibles sans doute, accoururent en foule à la seconde conférence, et la salle se trouva trop petite pour les contenir tous. L'orateur justifia leur attente: il parla avec la même liberté et la même franchise que dans la première séance. Il commença par mettre son auditoire en garde contre les fausses interprétations qu'on pourrait faire de ses paroles, en déclarant qu'il exposait des faits, et non des vues personnelles; puis, après avoir résumé la leçon précédente, il reprit la question de l'état actuel du saint-siége, pour reconnaître qu'il est navrant et qu'il doit cesser le plus tôt possible. Il examina alors quelles sont les transformations qu'il peut subir, et après les avoir énumérées et développécs, il s'arrêta à celle de la sécularisation du pouvoir temporel, comme étant la plus naturelle et la plus heureuse. Cette conclusion n'a étonné personne; elle se trouvait déjà implicitement renfermée dans les savantes considérations de la première conférence. Mais, vu

les circonstances, elle est de la plus haute gravité, et mérite de fixer l'attention des catholiques sérieux. Je crois donc que les deux discours dans lesquels elle est logiquement amenée et nettement formulée sont destinés à un grand succès. M. Döllinger en prépare l'impression, et dès qu'ils auront paru, je ne doute pas que vous ne vous empressiez de les traduire pour les lecteurs de la Revue. En attendant, je crois leur être agréable en leur en donnant un rapide résumé, dans lequel je reproduirai les idées principales et les sentiments catholiques de l'orateur.

La question qu'il s'agit d'examiner est celle de savoir si le pouvoir temporel est absolument nécessaire à l'existence du saint-siége. L'histoire nous répond d'abord que le saint-siége a existé 700 ans sans posséder un seul village et qu'il n'en était pas plus faible pour cela. Elle nous apprend ensuite qu'après être entré en possession du Patrimoine de Saint-Pierre, il a été 700 ans sans pouvoir en jouir en paix. En effet, pendant tout le moyen âge, Rome n'a offert qu'un séjour très-peu sûr aux papes; deux des plus pnissants, Grégoire VII et Urbain II, sont morts sur une terre étrangère, et un troisième nous apprend qu'au treizième siècle il n'y avait que Viterbe et Avignon où le saint-siége pût résider en toute sécurité. Ce n'est donc que depuis 300 ans qu'il jouit de la possession tranquille et assurée de ses États. Mais qu'est-ce que 300 ans en présence de dix-huit siècles? Si l'on quitte l'histoire, et qu'on aborde l'examen de la constitution politique des États de l'Église, on en comprend encore mieux le faible et l'imperfection. D'abord le pape est un prince électif. Son élévation au siége pontifical est aussi admirable au point de vue religieux que défectueuse au point de vue politique. Tout pouvoir issu du suffrage porte dans son sein un germe de mort; tout empire électif est de courte durée. L'histoire est là pour le prouver. En outre, le pape nouvellement élu est presque toujours un vieillard, étranger au pays ou inconnu de ses sujets. Il n'éveille ainsi ni sympathie ni confiance. L'administration intérieure n'est pas moins vicieuse. Autrefois l'action du gouvernement était presque nulle; il s'immisçait à peine dans les affaires publiques et ne froissait jamais personne. Le peuple, divisé en corporations, s'administrait lui-même, et ne s'en prenait qu'à lui de l'inexécution ou de la sévérité de ses règlements. Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi une nouvelle organisation politique, introduite par Napoléon Ier, a substitué la centralisation à la corporation. C'est le gouvernement qui règle et détermine tout, depuis les lois de sûreté générale, jusqu'aux simples mesures de police. Les fonctionnaires, il est vrai, sont pris parmi le clergé et parmi les laïques. Ces derniers même sont de beaucoup les plus nombreux : ainsi, en 1848, ils étaient de 5,059, tandis qu'il n'y avait dans toute l'administration que 109 prêtres. Mais ils sont chargés des emplois inférieurs, et ne peuvent jamais s'élever aux hautes charges. Ce refus d'avancement leur ôte toute considération et tout dévouement, et fait d'eux des gens ignorants et incapables. Les prêtres tiennent donc dans leur main les rènes de cette autorité absolue. Ils administrent aussi la justice, et cette seconde prérogative n'entraîne pas moins d'inconvénients et d'abus. Tous les jurisconsultes sont unanimes à blâmer cette disposition. Un prêtre, disent-ils, ne peut jamais être un bon juge ou il manque de sévérité et n'en impose pas assez aux coupables, ou il exerce rigoureusement ses fonctions, et les arrêts semblent dictés par des motifs personnels.

Un tel gouvernement cause beaucoup plus d'embarras que de satisfaction au

saint-siége. Aussi les docteurs catholiques les plus illustres, comme Bellarmin et autres, ont-ils généralement reconnu qu'il vaudrait beaucoup mieux pour l'Église que les papes en fussent déchargés. Les populations des États romains, qui le jugent au point de vue de leurs intérêts et de leurs aspirations, portent sur lui la même condamnation. Quoiqu'il soit l'un des plus doux et des plus libéraux de l'Europe, il n'éveille aucune sympathie et n'excite partout que la méfiance et le mécontentement. Depuis quelques années, il est même devenu odieux à toute l'Italie, qui voit en lui le seul obstacle à la réalisation de ses plus chères espérances, la fondation d'un royaume italien puissant et libre. En 1856 l'ambassadeur anglais disait qu'il ne pouvait se fier à aucune classe de la population, et que le jour où il serait attaqué, personne ne lèverait la main pour le défendre. Les derniers événements ont confirmé la vérité de ce jugement. Depuis 1849, il ne se soutient plus qu'à l'aide de la France et de l'Autriche : si cet appui venait à lui manquer, il s'écroulerait aussitôt. Il ne faudrait cependant pas croire que cette aversion pour le gouvernement papal est une conséquence de l'affaiblissement du sentiment religieux; il y a aujourd'hui autant de piété qu'autrefois dans les États de l'Église. Mais les populations envisagent les questions politiques à un autre point de vue; elles distinguent le temporel du spirituel, et ne veulent pas que l'un soit dépendant de l'autre. Leur conscience ne souffre plus qu'on emploie des moyens politiques pour atteindre un but religieux, ou des moyens religieux pour atteindre un but politique. Du reste, cette manière de voir n'est pas propre à l'Italie seulement; elle est commune à toute l'Europe. Partout le pouvoir temporel est irrévocablement sécularisé. En Allemagne, par exemple, il y a eu des principautés ecclésiastiques jusqu'au commencement du siècle; mais elles ont disparu sous la condamnation de l'opinion publique, et non, comme on l'a dit, sous le souffle de la tempête politique. En 1814, alors que le calme renaissait, il eût été facile de les rétablir si elles avaient été détruites par le choc des événements; mais on sait bien que pas une voix ne se fit entendre en leur faveur. Aujourd'hui, après cinquante ans de sécularisation, personne en Allemagne ne souffrirait que les deux pouvoirs fussent de nouveau réunis dans la même main, et que l'évèque fût placé à la tête du gouvernement. L'aversion des Italiens pour le gouvernement papal est de même nature et se rattache anx mêmes besoins et aux mêmes aspirations.

Si le saint-siége veut faire droit aux vœux de son peuple, et reconquérir sur lui l'autorité qu'il a perdue depuis quelques années, il doit donc apporter d'importantes modifications à sa constitution politique. Cependant ce moyen facile de sortir de la situation la plus intolérable du monde répugne à bien des catholiques. Ils craignent que la sécularisation du pouvoir temporel ne rencontre des difficultés insurmontables, et n'amène de nouveaux troubles et de nouveaux désordres. Mais ces craintes sont chimériques. Comme on n'a pas encore essayé sérieusement d'appliquer cette réforme dans les États de l'Église, rien ne prouve qu'une telle mesure serait impossible ou préjudiciable à la papauté. L'histoire nous apprend au contraire qu'un État dont le chef appartient au clergé peut fort bien être gouverné par des fonctionnaires laïques. Les principautés ecclésiastiques d'Allemagne se trouvaient placées sous un tel régime, et le peuple a conservé dans un de ses proverbes le souvenir de la justice et de la douceur de ces gouvernements. Les adversaires de la sécularisation invoquent aussi pour la combattre le souvenir du moyen âge. Ils rappellent qu'alors l'union

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