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siptéridées, parasites des fougères arborescentes, en particulier des Balantium, présentent, au contraire, des feuilles développées, pourvues d'un faisceau, d'ailleurs fort réduit. Ces plantes ne possèdent pas de racine. Ce rôle est rempli par des ramifications de stipe pourvues de poils. Les branches les plus simples du stipe ne contiennent qu'un unique faisceau bipolaire. Les rameaux les plus gros sont formés en réalité par plusieurs stipes simples réunis dans une même masse de parenchyme et constituent par conséquent un cladode. Tantôt les faisceaux des unités élémentaires de ces organes complexes restent distincts, tantôt ils s'anastomosent en une masse unique. Dans cette masse anastomotique les pointements trachéens sont inégaux, le liber tapisse extérieurement la zone ligneuse. Les différents éléments de ce clado de peuvent être d'âge différent. Pour C.-E. Bertrand, la simplicité des Tmésiptéridées n'est pas une simplification due à la dégradation, mais un caractère primitif lié à bien d'autres.

En ce qui concerne les Sélaginelles, C.-E. Bertrand a étudié dans la Théorie du faisceau, les variations qu'elles peuvent présenter, telles que la dispersion des éléments de leur système vasculaire, où les modifications qu'il subit sous l'influence de l'insertion du porte-racine. Dans l'esquisse de classification des Lycopodiales qu'il donne dans ses Recherches sur les Tmésiptéridées, il combat l'opinion des botanistes qui voient dans ces plantes des types de transition avec les Gymnospermes, il insiste sur le fait qu'elles sont trop évoluées dans un sens spécial pour avoir donné naissance à d'autres types. Nos connaissances sur ces formes ont été complétées par la découverte qu'il fit d'une sélaginelle, Miadesmia, dans les terrains houillers. Les affinités de cette plante ressortent nettement de la forme des frondes, de l'existence d'une ligule et de sa structure anatomique.

A côté du genre Lycopodium, dont les quatre pointements trachéens caractéristiques sont signalés dans ses Définitions des membres des plantes vasculaires, C.-E. Bertrand place le genre Phylloglossum dont il a fait une monographie détaillée. Cette plante, à faciès bizarre, présente, comme nos Orchidées indigènes, deux tubercules; l'un d'eux, flétri, est le tubercule de l'année précédente, l'autre est destiné à assurer la vie de la plante pendant la prochaine période d'hibernation. Les organes aériens se réduisent à un pédoncule spicifère et à quelques frondes qui se détachent à sa base. Dans ce pédoncule, C.-E. Bertrand a mis en évidence une organisation de l'appareil conducteur qui ne diffère de celle des Lycopodes que par le nombre des pointements trachéens qui est de six. Contrairement à Van Tieghem, il éloigne nettement cette plante des Ophioglossées avec lesquelles elle ne présente que des faits de convergence purement accidentels.

C.-E. Bertrand a complété l'étude des Lycopodiales actuelles par celles de leurs formes aujourd'hui disparues. Son travail sur le Lepidodendron Harcourtii de Witham restera un modèle de monographie anatomique de plantes fossiles. N'ayant à sa disposition que trois préparations prélevées dans le même échantillon, il tire de l'étude habilement conduite des différentes traces foliaires, atteintes par une même section en des points plus ou moins éloignés de leur sortie, les mêmes enseignements qu'aurait pu fournir l'étude suivie d'une série de coupes successives. Il ajoute à cette étude. celle des tissus superficiels du coussinet losangique qui caractérise les empreintes; il en décrit le tissu subéreux, l'appareil sécréteur et l'appareil aérifère dont il montre les relations avec les cicatrices latérales que l'on relève sur le coussinet foliaire, expliquant ainsi par l'Anatomie les caractères fournis par l'étude des empreintes.

Ce travail fut complété et confirmé par le mémoire de

son élève Maurice Hovelacque sur le Lepidodendron selaginoïdes. Alors que le L. Harcourtii présente une couronne de bois annulaire et ne possède pas ou peu de productions secondaires, le L. selaginoïdes est caractérisé par une masse de bois pleine et des productions secondaires bien. caractérisées. L'existence d'une masse de bois pleine dans le L. selaginoïdes vient confirmer l'opinion de C.-E. Bertrand, que la portion de tissu située à l'intérieur de l'anneau ligneux du L. Harcourtii ne correspond pas à une moelle, mais est de même origine que les autres parties du faisceau.

La découverte de la ligule des Lépidodendrons est la conséquence immédiate de ces derniers travaux.

Un autre résultat de ces recherches a été de donner une explication rationnelle de la structure d'une plante actuelle l'Isoeles. Cette petite plante herbacée, qui pousse dans les marais, présente des éléments de bois secondaire - fait dont les Cryptogames vasculaires actuelles ne nous donnent pas d'autres exemples et un liège très développé avec lequel le genre de vie et le faciès de cette plante ne semblent pas être en rapport. Ces particuliarités s'expliquent logiquement comme les derniers vestiges de types d'organisation analogues aux Lépidodendrons. L'existence d'une ligule chez les Isoétès et chez les Lépidodendrons confirme ce rapprochement.

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Chez les Fougères, C.-E. Bertrand, en collaboration avec M F. Cornaille, a mis en évidence une unité libéroligneuse très simple et très souple, le divergeant, qui s'applique aussi bien aux frondes qu'aux stipes.

Le divergeant est caractérisé par deux lames ligneuses qui partent d'un groupe trachéen dont elles s'écartent tangentiellement; elles sont tapissées de liber sur leurs deux

faces. Théoriquement, cette unité est composée de deux demi-faisceaux bipolaires soudés pôle à pôle sur une arête de rebroussement. Elle peut être isolée ou soudée à ses voisines (chaînes dialydivergeantes ou gamodivergeantes). Par rabattement des deux lames ligneuses en avant de la région trachéenne et par jonction de leurs extrémités libres, elle peut se constituer en divergeant fermé. Ce divergeant fermé par réduction, puis par disparition du liber intérieur et du groupe de trachées peut se transformer en une pièce de bois pleine complètement entourée de liber (masse apolaire).

Bertrand et Cornaille ont étudié d'abord la trace foliaire des Filicinées actuelles, dont la compréhension devait faciliter celle du stipe. La région la plus favorable pour l'étude du système vasculaire est, en effet, le pétiole, dans lequel <«la trace foliaire moyennement étalée présente son maximum de caractérisation. » Plus haut, dans les ramifications d'ordre de plus en plus élevé, elle se présente sous des aspects de moins en moins caractéristiques; plus bas, dans le stipe, elle subit des réductions, d'un autre ordre, qui résultent de la condensation de plus en plus grande des éléments en divergeants fermés puis en pièces apolaires.

Dans les traces foliaires des différentes fougères, les auleurs ont mis en évidence l'existence de régions homologues. ils ont montré que, sous sa forme la plus simple, la trace foliaire présente un arc dont la concavité est tournée vers le stipe et dont les extrémités se replient en crosse vers l'intérieur de la trace foliaire. Les sorties dans les rachis où les folioles latérales se font latéralement en deux points symétriques (marges). Beaucoup de fougères présentent une trace foliaire plissée. De chaque côté, la trace foliaire. présente alors à droite et à gauche, dans sa région postérieure, une saillie assez forte vers l'extérieur (pli direct) séparée de la région marginale par une région plus intérieure (pli inverse)

Les différentes traces foliaires des Filicinées ont pu être réparties en un petit nombre de types qui coïncident avec les divisions basées sur l'appareil fructifère :

1o) la trace osmondéenne, dont l'arc postérieur ne présente pas de plissements ou présente des plissements à peine indiqués et qui se rencontre chez les genres Todea, Osmunda, c'est-à-dire chez les Fougères en anneau de déhiscence transversal incomplet; elle se retrouve un peu modifiée chez les Gleichéniées (anneau de déhissement transversal complet).

2°) la trace cyathéenne, caractérisée par des plissements bien marqués et portant sur un certain nombre d'unités libéroligneuses, qui se rencontre chez les Dicksonia, les Cyathea, les Alsophila, c'est-à-dire les Fougères à anneau de déhiscence oblique.

3°) la trace onocléenne, caractérisée par le fait que la double série des plis direct et inverse ne porte, de chaque côté de la trace, que sur un unique faisceau bipolaire. [Elle se rencontre chez les types à anneau de déhiscence méridien et donne lieu à un certain nombre de variantes. La région comprise en arrière des deux plis directs peut être très développée et jalonnée par un grand nombre de divergeants (Blechnum); elle peut être, au contraire, très réduite et les deux plis directs symétriques être très voisins (Onoclea), les deux plis inverses symétriques peuvent se souder, la trace foliaire affectant alors la forme d'un X (pièce quadrule des Aspleniées). La trace foliaire peut être entourée d'un réseau périphérique supplémentaire (type polybotrien).]

4°) la trace marallienne caractérisée par plusieurs arcs concentriques, analogues à ceux de l'Osmonde, qui se trouve chez les Marattiées si distincte des autres Fougères par leurs sporanges composés.

5°) la trace ophiogloséenne comparable à une trace marattienne réduite à son arc externe mais présentant par

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