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FIG. 6. 1. Éclat finement retouché; 2. Couteau.
Route de Saveuse (Carrière Muchembled), 2/3 gr. nat.

apportés par les crues anciennes du fleuve et datées par les industries moustériennes et aurignaciennes qu'ils renferment.

3° Au-dessous se trouve un faible cailloutis de silex C qui remonte vers le S et affleure. C'est le cailloutis que nous avons observé à l'alt. 53, point 9. Il est composé de silex non roulés, de galets tertiaires empâtés dans un sable terreux grisâtre. Nous y avons récolté, dans le haut de la briqueterie, des éclats de silex travaillés, à patine marbrée bleuâtre, pointes, racloirs et nuclei discoïdes de l'époque du Moustiers (V. fig. 5 et 6).

4° Limon rouge sableux D, utilisé également pour la fabrication des briques dans le haut de la carrière. Ce dépôt d'argile rouge sableuse est traversé par un cailloutis de silex et galets noirs vers la base. Il a fourni des instruments taillés sur les deux faces à patine blanche lustrée de l'acheuléen supérieur dont nous figurons un type (fig. 7), ayant la plus grande analogie avec ceux trouvés plus haut à la sablière

Debary. M. Delambre y a récolté, il y a quelques années, un très grand instrument très plat, taillé sur les deux faces, semblable à celui que nous avons figuré précédemment (Ind. des graviers supérieurs de Saint-Acheul (1).

La présence de cailloutis. de silex dans la masse de ce dépôt, prouve le rôle important du ruissellement dans cette formation que nous considérons comme due en grande partie au lavage de l'argile à silex. Mais il est non moins évident que des altérations chimiques (décalcification et suroxydation de la couche calcaire E sousjacente), ont contribué également à la formation du limon rouge D.

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En ce point du versant de Montières, c'est le ruissellement qui paraît avoir créé le rôle le plus important, mais il n'en est pas partout de même. En certains points des FIG. 7. Coup de poing lancéolé du plateaux: Havrincourt, Marlimon rouge. Route de Saveuse, lers, Long, etc., le limon Carrière Muchembled à Montières, rouge D recouvre un dépôt 2/3 gr. nat. jaunâtre, doux au toucher, avec points noirs dans la masse qui est le limon doux à points noirs de Ladrière F que nous avons également observé à la sablière Debary.

Alors on peut remarquer qu'à sa partie inférieure le limon

(1) Bulletin de la Société Linnéenne 1907.

rouge D passe insensiblement au limon jaunâtre F. Dans ce cas le limon rouge peut être considéré comme résultant de l'altération sur place de la couche sous-jacente. C'est en quelque sorte le lehm d'altération d'un löss ancien auquel s'appliquent les considérations (1) que nous avons formulées relativement au limon supérieur.

A Montières, le limon rouge D est descendu anciennement assez bas vers la vallée; Buteux l'a signalé dans les carrières exploitées autrefois au p' 5. (alt. 28m) et nous même l'avons observé et signalé plus bas encore à la Carrière Tattegrain (p' 7. alt. 25). Mais l'important charriage qui s'est effectué à l'époque moustérienne l'a fait disparaître presque complètement sur la partie inférieure du versant de la vallée.

5o Limon gris-jaunâtre E, grossier, calcareux; ce dépôt prend naissance, à quelques mètres en arrière de la coupe. visible, au contact de la craie, il est alors composé presque exclusivement de craie désagrégée (presle). C'est une sorte de marne argileuse dans laquelle se trouvent incorporés des silex de la craie. En descendant, des lits sableux s'intercalent. dans sa masse. Ce sable grossier est parfois concrétionné en plaquettes gréseuses assez dures. La base de cette couche présente un petit cailloutis formé de fragments de silex et de petits galets noirs.

Ce dépôt, ressemblant à un ergeron grossier, que nous avons noté à la Carrière Tellier à Saint-Acheul, est également très peu étendu à Montières et se perd à 50TM de son lieu d'origine (2).

Nous le retrouvons en même situation, toujours au contact de la craie à Bourdon et nous aurons l'occasion d'en parler à nouveau.

(1) Comme le dépôt A (altération de l'ergeron B), le dépôt D, (altération de la couche F), peut avoir été délavé par le ruissellement et transporté plus bas. Dans certains cas (pentes), il a disparu complètement.

(2) V. D'ACY. Limon des plateaux.

6° Un épais dépôt de graviers L (5 à 6m), comprenant des silex de toutes dimensions, aux angles émoussés, des morceaux de craie, des galets, le tout cimenté par un fin gravier blanc formé par l'association de petits silex à de menus fragments de craie aux angles arrondis.

Dans ces graviers, des strates de sable grossier et de marne sableuse ravinent les parties inférieures. A la base ces graviers sont parfois agglomérés en une sorte de poudingue très dur. On y remarque aussi une zone noire et rousse (manganèse et fer).

Ce dépôt anciennement exploité a donné des coups de poing de type chelléen aux arêtes usées. Cette nappe de graviers s'étend au nord et se raccorde sans interruption avec les graviers des bas niveaux de Montières (1).

(A suivre).

V. COMMONT.

Etude des Formations récentes de la Vallée de la Somme et du Littoral avoisinant:

(Suite).
3) Tuf (2).

Je rappelle qu'on nomme tuf calcaire un sédiment de carbonate de calcium très léger, caverneux, facile à se pulvériser, et qui se forme de la façon suivante : des eaux d'infiltration chargées de bicarbonate dissout s'évaporent lentement de sorte que le gaz carbonique se dégage peu à peu pour laisser déposer le calcaire. Ce dégagement gazeux est activé par la présence de végétaux sur lesquels coule l'eau, en couche très mince d'ailleurs, végétaux qui aug

(1) V. Excursion de la S. G. N. F. à Amiens: Bull. S. L. N. F. 1908 et Mémoires S. G. N. F. 1909.

(2) Consulter pour l'historique de l'étude du tuf de la Vallée de la Somme, la note de N. de Mercey sur les Croupes de la Somme. (Bulletin de la Soc. Geol. 3 série. Tome V, 5 mars 1877, page 337).

mentent la surface d'évaporation et qui déterminent la précipitation par le fait qu'ils sont eux-mêmes avides de gaz carbonique. Aussi sont-ils moulés par le dépôt, et celui-ci peut être épais lorsque les plantes périssent par leur base tout en continuant de vivre par leur partie supérieure comme c'est le cas pour beaucoup de végétaux inférieurs.

Contrairement aux travertins, les tufs sont des produits de suintement.

D'ailleurs toutes les conditions favorables, dont trois nécessaires, à la formation d'un tel tuf sont parfaitement réalisées dans la région.

1o La roche mère est la craie, roche d'autant plus facile à se dissoudre dans les eaux d'infiltration qu'elle est très fendillée et que celles-ci n'y percent jamais de grands couloirs souterrains comme dans les calcaires durs, mais imprègnent en quelque sorte toute la masse, si bien qu'étant plus intimement en contact avec le calcaire, elles en dissolvent d'autant plus.

2o L'eau ne ressort pas dans les vallées par des sources à grand débit, mais la roche laisse pour ainsi dire exsuder son trop plein, comme une éponge saturée, et il se produit, comme l'on dit, des suintements. Il en résulte que l'eau, en quittant la craie, s'étale sur une grande surface et arrive ainsi au jour en une multitude de points disséminés, au lieu de s'écouler brusquement par un seul grand déversoir. Son débit est lent, faible et la vitesse fort petite, d'autant que la vallée a peu de pente. L'eau pourra donc facilement déposer le calcaire qu'elle a dissout.

3o Enfin, une grande partie de l'étendue des vallées de la région est constituée d'argile ou de tourbe gorgée d'eau, sédiments imperméables. L'eau restera donc à la surface au lieu de rentrer sous terre. Or, les terrains humides portent naturellement une végétation très vigoureuse, et en particulier beaucoup d'algues et de mousses. La tourbe du

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