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Adam, regarda et il vit l'arche flotter sur l'amas des eaux qui maintenant s'abaissoit, car les nuages avoient fui, chassés par un vent aigu du nord qui, soufflant sec, ridoit la face du déluge à mesure qu'il se desséchoit. Le soleil clair, sur son miroir liquide, dardoit ses chauds regards et buvoit largement la fraîche vague, comme ayant soif: ce qui fit que d'un lac immobile, les eaux, en rétrécissant leur inondation, devinrent un ebbe agile, qui se déroba d'un pas léger vers l'abîme, lequel avoit maintenant baissé ses eciuses, comme le ciel fermé ses cataractes.

L'arche ne flotte plus; mais elle paroît atterrie et fixée fortement au sommet de quelque haute montagne. A présent les cimes des collines apparoissent comme des rochers; les courants rapides conduisent à grand bruit leur furieuse marée dans la mer, qui se retire. Aussitôt s'envole de l'arche un corbeau et après lui une colombe, plus sûre messagère, envoyée une fois et derechef pour découvrir quelque arbre verdoyant, ou quelque terre sur laquelle elle pût poser son pied : revenue la seconde fois, elle rapporte dans son bec un rameau d'olivier, signe pacifique. Bientôt la terre paroît sèche, et l'antique père descend de son arche avec toute sa suite. Alors, plein de gratitude, levant ses mains et ses pieux regards vers le ciel, il vit sur sa tête un nuage de rosée, et dans ce nuage un arc remarquable par trois bandes de brillantes couleurs, annonçant la paix de Dieu et une alliance nouvelle. A cette vue, le cœur d'Adam, auparavant si triste, grandement se réjouit, et il éclate ainsi dans sa joie: <O toi, qui peux offrir les choses futures comme étant présentes, instructeur céleste, je renais à cette dernière vision, assuré que l'homme vivra avec toutes les créatures, et que leur race sera conservée. Je gémis beaucoup moins à présent de la destruction d'un monde entier d'enfants coupables, que je me réjouis de trouver un homme si parfait et si juste, que Dieu ait daigné faire sortir un autre monde de cet homme, et oublier sa colère. Mais dis-moi ce que signifient ces bandes colorées dans le ciel, dessinées comme le sourcil de Dieu apaisé? Servent-elles comme une hart fleurie à lier les fluides bords de cette même nuée d'eau, de peur qu'elle ne se dissolve encore, et n'inonde la terre ? »

L'archange :

<Ingénieusement tu as conjecturé : oui, Dieu a bien voulu calmer sa colère, quoiqu'il se soit dernièrement repenti d'avoir créé l'homme dépravé; il s'étoit affligé dans son cœur, lorsque abaissant ses regards il avoit vu la terre entière remplie de violence, et toute chair corrompant ses voies. Cependant, les méchants écartés, un homme juste

Corrupting each their way; yet, those removed,
Such grace shall one just man find in his sight,
That he relents, not to blot out mankind;
And makes a covenant never to destroy
The earth again by flood; nor let the sea

Surpass his bounds; nor rain to drown the world,
With man therein or beast; but, when he brings
Over the earth a cloud, will therein set
His triple-colour'd bow, whereon to look,
And call to mind his covenant day and night,
Seed time and harvest, heat and hoary frost,

Shall hold their course; till fire purge all things new
Both heaven and earth, wherein the just shall dwell.

END OF BOOK XI.

trouve tellement grâce à ses yeux qu'il s'apaise et n'efface pas du monde le genre humain; il fait la promesse de ne jamais détruire encore la terre par un déluge, de ne laisser jamais l'Océan franchir ses bornes, ni la pluie noyer le monde avec l'homme et les animaux dedans; mais quand il ramènera un nuage sur la terre, il y placera son arc de triple couleur, afin qu'on le regarde et qu'il rappelle son alliance à l'esprit. Le jour et la nuit, le temps de la semaille et de la moisson, la chaleur et la blanche gelée, suivront leurs cours, jusqu'à ce que le feu purifie toutes les choses nouvelles, avec le Ciel et la Terre où le juste habitera. »

FIN DU LIVRE XI.

BOOK XII.

THE ARGUMENT.

The angel Michael continues, from the flood, to relate what shall succeed: then, in the mention of Abraham, comes by degrees to explain who that seed of the woman shall be, which was promised Adam and Eve in the Fall; his incarnation, death, resurrection, and ascension; the state of the church till his second coming. Adam, greatly satisfied and recomforted by these relations and promises, descends the hill with Michael; wakens Eve, who all this while had slept, but with gentle dreams composed to quietness of mind and submission. Michael in either hand leads them out of Paradise, the fiery sword waving behind them, and the cherubim taking their stations to guard the place.

As one who in his journey bates at noon,

Though bent on speed; so here the archangel paused
Betwixt the world destroy'd and world restored,

If Adam aught perhaps might interpose;

Then, with transition sweet, new speech resumes : —

"Thus thou hast seen one world begin, and end;

And man, as from a second stock, proceed.
Much thou hast yet to see; but I perceive

Thy mortal sight to fail; objects divine
Must needs impair and weary human sense:
Henceforth what is to come I will relate;
Thou therefore give due audience, and attend.

"This second source of men, while yet but few,
And while the dread of judgment past remains
Fresh in their minds, fearing the Deity,
With some regard to what is just and right
Shall lead their lives, and multiply apace;
Labouring the soil, and reaping plenteous crop,
Corn, wine, and oil; and from the herd or flock,
Oft sacrificing bullock, lamb, or kid,

With large wine-offerings pour'd, and sacred feast,

LIVRE XII.

ARGUMENT.

L'ange Michel continue de raconter ce qui arrivera depuis le déluge. Quand il est question d'Abraham, il en vient à expliquer par degrés quel sera celui de la race de la femme promis à Adam et à Ève dans leur chute son incarnation, sa mort, sa résurrection et son ascension. État de l'Église jusqu'à son second avénement. Adam, grandement satisfait et rassuré par ces récits et ces promesses, descend de la montagne avec Michel. Il éveille Ève, qui avoit dormi pendant tout ce temps-là, mais que des songes paisibles avoient disposée à la tranquillité d'esprit et à la soumission. Michel les conduit tous deux par la main hors du Paradis, l'épée flamboyante s'agitant derrière eux, et les chérubins prenant leur station pour garder le lieu.

Comme un voyageur qui, dans sa route, s'arrête à midi, quoique pressé d'arriver, ainsi l'archange fit une pause entre le monde détruit et le monde réparé, dans la supposition qu'Adam avoit peut-être quelque chose à exprimer. Il reprit ensuite son discours par une douce transition :

« Ainsi tu as vu un monde commencer et finir, et l'homme sortir comme d'une seconde souche. Tu as encore beaucoup à voir; mais je m'aperçois que ta vue mortelle défaille. Les objets divins doivent nécessairement affoiblir et fatiguer les sens humains. Dorénavant je te raconterai ce qui doit advenir; écoute donc avec une application convenable, et sois attentif.

<< Tant que cette seconde race des hommes sera peu nombreuse et tant que la crainte du jugement passé demeurera fraîche dans leur esprit, craignant la divinité, ayant quelque égard à ce qui est juste et droit, ils régleront leur vie et multiplieront rapidement. Ils laboureront la terre, recueilleront d'abondantes récoltes de blé, de vin, d'huile, et sacrifiant souvent de leurs troupeaux un taureau, un agneau, un chevreau avec de larges libations de vin, et des fêtes sacrées, ils

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