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commandement. Ces sept archanges sont les yeux de l'Éternel; ils parcourent tous les cieux, ou en bas à ce globe ils portent ses prompts messages sur l'humide et le sec, sur la terre et sur la mer. Satan aborde Uriel, et lui dit :

« Uriel, toi qui des sept esprits glorieusement brillants qui se tiennent debout devant le trône élevé de Dieu es accoutumé, interprète de sa grande volonté, à la transmettre le premier au plus haut Ciel, où tous ses fils attendent ton ambassade, ici sans doute, par décret suprême, tu obtiens le même honneur, et comme un des yeux de l'Éternel tu visites souvent cette nouvelle création. Un désir indicible de voir et de connoître les étonnants ouvrages de Dieu, mais particulièrement l'homme, objet principal de ses délices et de sa faveur, l'homme pour qui il a ordonné tous ces ouvrages si merveilleux, ce désir m'a fait quitter les chœurs de chérubins, errant seul ici. O le plus brillant des séraphins! dis dans lequel de ces orbes éclatants l'homme a sa résidence fixée, ou si, n'ayant aucune demeure fixe, il peut habiter à son choix tous ces orbes éclatants? Dis-moi où je puis trouver, où je puis contempler avec un secret étonnement, ou avec une admiration ouverte, celui à qui le Créateur a prodigué des mondes et sur qui il a répandu toutes ses grâces? Tous deux ensuite, et dans l'homme et dans toutes choses, nous pourrons, comme il convient. louer le Créateur universel, qui a justement précipité au plus profond de l'Enfer ses ennemis rebelles, et qui pour réparer cette perte à créé cette nouvelle et heureuse race d'hommes pour le mieux servir: sages sont toutes ses voies! >>

Ainsi parla le faux dissimulateur sans être reconnu, car ni l'homme ni l'ange ne peuvent discerner l'hypocrisie : c'est le seul mal qui dans le Ciel et sur la terre marche invisible, excepté à Dieu, et par la permission de Dieu. Souvent, quoique la Sagesse veille, le Soupçon dort à la porte de la Sagesse, et résigne sa charge à la Simplicité : la Bonté ne pense point au mal, là où il ne semble pas y avoir de mal. Ce fut cela qui cette fois trompa Uriel, bien que régent du soleil, et regardé comme l'esprit des cieux dont la vue est la plus perçante. A l'impur et perfide imposteur il répondit dans sa sincérité :

« Bel ange, ton désir qui tend à connoître les œuvres de Dieu, afin de glorifier par là le grand ouvrier, ne conduit a aucun excès qui encoure le blåme; au contraire, plus ce désir paroît excessif, plus il mérite de louanges, puisqu'il t'amène seul ici de ta demeure empyrée, pour t'assurer

To witness with thine eyes what some perhaps,
Contented with report, hear only in heaven:
For wonderful indeed are all his works,
Pleasant to know, and worthiest to be all
Had in remembrance always with delight.
But what created mind can comprehend
Their number; or the wisdom infinite

That brought them forth, but hid their causes deep!
"I saw, when at his word the formless mass,
This world's material mould, came to a heap :
Confusion heard his voice; and wild uproar
Stood ruled; stood vast infinitude confined;
Till at his second bidding darkness fled,
Light shone, and order from disorder sprung.
Swift to their several quarters hasted then
The cumbrous elements, earth, flood, air, fire;
And this ethereal quintessence of heaven
Flew upward, spirited with various forms,
That roll'd orbicular, and turn'd to stars
Numberless, as thou seest, and how they move;
Each had his place appointed, each his course;
The rest in circuit walls this universe.

"Look downward on that globe, whose hither side With light from hence, though but reflected, shines; That place is earth, the seat of man; that light

His day, which else, as the other hemisphere,

Night would invade; but there the neighbouring moon,

So call that opposite fair star, her aid

Timely interposes; and her monthly round

Still ending, still renewing, through mid heaven,

With borrow'd light her countenance triform
Hence fills and empties to enlighten the earth;
And in her pale dominion checks the night.
That spot to which I point is Paradise,
Adam's abode; those lofty shades his bower:
Thy way thou canst not miss, me mine requires."
Thus said, he turn'd; and Satan, bowing low,
As to superior spirits is wont in heaven,
Where honour due and reverence none neglects,
Took leave; and toward the coast of earth beneath,
Down from the ecliptic, sped with hoped success,
Throws his steep flight in many an airy wheel,
Nor stay'd, till on Niphates', top he lights.

END OF BOOK III.

par le témoignage de tes yeux de ce que peut-être quelques-uns se sont contentés d'entendre seulement raconter dans le Ciel. Car merveilleux, en vérité, sont les ouvrages du Très-Haut. charmants à connoître et tous dignes d'être à jamais gardés avec délices dans la mémoire ! Quel esprit créé pourroit en calculer le nombre, ou comprendre la sagesse infinie qui les enfanta, mais qui en cacha les causes profondes ?

« Je le vis, quand à sa parole la masse informe, moule matériel de ce monde, se réunit en monceau : la confusion entendit sa voix, le farouche tumulte se soumit à des règles, le vaste infini demeura limité, A sa seconde parole les ténèbres fuirent, la lumière brilla, l'ordre naquit du désordre. Rapides à leurs différentes places, se hâtèrent les éléments grossiers, la terre, l'eau, l'air, le feu; la quintessence éthérée du Ciel s'envola en haut; animée sous différentes formes, elle roula orbiculaire et se convertit en étoiles sans nombre, comme tu le vois selon leur motion chacune eut sa place assignée, chacune sa course; le reste en circuit mure l'univers.

<< Regarde en bas ce globe dont ce côté brille de la lumière réfléchie qu'il reçoit d'ici ce lieu est la Terre, séjour de l'homme. Cette lumière est le jour de la Terre, sans quoi la nuit envahiroit cette moitié du globe terrestre, comme l'autre hémisphère. Mais la Lune voisine (ainsi est appelée cette belle planète opposée) interpose à propos son secours; elle trace son cercle d'un mois toujours finissant, toujours renouvelant au milieu du Ciel, par une lumière empruntée, sa face triforme. De cette lumière elle se remplit et elle se vide tour à tour pour éclairer la Terre, sa pâle domination arrête la nuit. Cette tache que Je te montre est le Paradis, demeure d'Adam; ce grand ombrage est son berceau tu ne peux manquer ta route; la mienne me réclame. » Il dit, et se retourna. Satan, s'inclinant profondément devant un esprit supérieur, comme c'est l'usage dans le Ciel, où personne ne néglige de rendre le respect et les honneurs qui sont dus, prend congé vers la côte de la Terre au-dessous, il se jette en bas de l'écliptique rendu plus agile par l'espoir du succès, il précipite son vol perpendiculaire en tournant comme une roue aérienne; il ne s'arrêta qu'au moment où sur le sommet du Niphates il s'abattit.

:

FIN DU LIVRE !i.

9

BOOK IV.

THE ARGUMENT.

Satan, now in prospect of Eden, and nigh the place where he must attempt the bold enterprise which he undertook alone against God and man, falls into many doubts with himself, and many passions, fear, envy, and despair; but at length confirms himself in evil, journeys on to Paradise, whose outward prospect and situation is described; overleaps the bounds; sits in the shape of a cormorant on the Tree of Life, as the highest in the garden, to look about him. The garden described; Satan's first sight of Adam and Eve his wonder at their excellent form and happy state, but with resolution to work their fall: overhears their discourse; thence gathers that the Tree of Knowledge was forbidden them to eat of, under penalty of death; and thereon intends to found his temptation, by seducing them to transgress: then leaves them awhile to know farther of their state by some other means. Meanwhile, Uriel, descending on a sunbeam, warns Gabriel, who had in charge the gate of Paradise, that some evil spirit had escaped the deep, and passed at noon by his sphere in the shape of a good angel down to Paradise, discovered afterwards by his furious gestures in the mount. Gabriel promises to find him ere morning. Night coming on, Adam and Eve discourse of going to their rest: their bower described; their evening worship. Gabriel, drawing forth his bands of night-watch to walk the rounds of Paradise, appoints two strong angels to Adam's bower, lest the evil spirit should be there doing some harm to Adam or Eve sleeping; there they find him at the ear of Eve, tempting her in a dream, and bring him, though unwilling, to Gabriel; by whom questioned, he scornfully answers, prepares resistance, but, hindered by a sign from heaven, flies out of Paradise.

Oh! for that warning voice, which he, who saw
The Apocalypse, heard cry in heaven aloud,
Then when the dragon, put to second rout,
Came furious down to be revenged on men,
"Woe to the inhabitants on earth!” that now,
While time was, our лrst parents nad been warn'd

The coming of their secret foe, and 'scaped,
Haply so 'scaped his mortal snare; for now

Satan, now first inflamed with rage, came down,

LIVRE IV.

ARGUMENT.

:

Satan, à la vue d'Eden et près du lieu où il doit tenter l'entreprise hardie qu'il a seul projetée contre Dieu et contre l'homme, flotte dans le doute et est agité de plusieurs passions, la frayeur, l'envie et le désespoir. Mais enfin il se confirme dans le mal; i s'avance vers le Paradis, dont l'aspect extérieur et la situation sont décrits. Il en franchit les limites; il se repose, sous la forme d'un cormoran sur l'arbre de vie, comme le plus haut du jardin, pour regarder autour de lui. Description du jardin; première vue d'Adam et d'Ève par Satan; son étonnement à l'excellence de leur forme et à leur heureux état; sa résolution de travailler à leur chute. Il entend leurs discours; il apprend qu'il leur étoit défendu, sous peine de mort, de manger du fruit de l'arbre de science: il projette de fonder là-dessus sa tentation en leur persuadant de transgresser l'ordre il les laisse quelque temps pour en apprendre davantage sur leur état par quelque autre moyen. Cependant Uriel, descendant sur un rayon du soleil, avertit Gabriel (qui avoit sous sa garde la porte du Paradis) que quelque mauvais esprit s'est échappé de l'abime. qu'il a passé à midi par la sphère du Soleil sous la forme d'un bon ange, qu'il est descendu au Paradis et s'est trahi après par ses gestes furieux sur la montagne : Gabriel promet de le trouver avant le matin. La nuit venant, Adam et Ève parlent d'aller à leur repos. Leur bosquet décrit : leur prière du soir. Gabriel, faisant sortir ses escadrons de Veilles de nuit pour faire la ronde dans le Paradis, détache deux forts anges vers le berceau d'Adam, de peur que le malin esprit ne fût là faisant du mal à Adam et Ève endormis. Là ils trouvent Satan à l'oreille d'Ève, occupé à la tenter dans un songe, et ils l'amènent, quoiqu'il ne le voulût pas, à Gabriel. Questionné par celui-ci, il répond dédaigneusement, se prépare à la résistance; mais, empêché par un signe du Ciel, il fuit hors du Paradis.

Oh! que ne se fit-elle entendre, cette voix admonitrice dont l'apôtre qui vit l'Apocalypse fut frappé quand le dragon, mis dans une seconde déroute, accourut furieux pour se venger sur les hommes; voix qui crioit avec force dans le ciel : Malheur aux habitants de la terre! Alors, tandis qu'il en étoit temps, nos premiers parents eussent été avertis de la venue de leur secret ennemi; ils eussent peut-être ainsi échappé à son piége mortel! Car à présent Satan, à présent enflammé

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