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Harvard College Library

NOV 14 1312
Gift of
Prof. A. C. Coolidge

SÉANCE PUBLIQUE

DU 11 OCTOBRE 1864.

PRÉSIDENCE DE M. L. BLIN.

La séance est ouverte à deux heures et demie, en présence de M. de Sorbier de Pougnadoresse, sous-préfet, de M. Hippolyte Foulon, premier adjoint, et des principaux fonctionnaires de la ville.

Un grand nombre de membres associés et de membres correspondants assistent à cette réunion. M. le docteur L. Blin, président, prononce le discours suivant :

MESSIEURS

Nous célébrons aujourd'hui le 38° anniversaire de la Société académique. Le 20 octobre 1825, quelques Saint-Quentinois, amis des lettres et des sciences, se réunissaient chez l'un d'eux et

fondaient sans bruit une Société dont les événements ont prouvé la vitalité. Malgré le peu d'éléments que renfermait alors notre ville essentiellement industrielle, malgré les vicissitudes qui ont compromis son existence, la Société académique a persévéré dans ses travaux et dans ses nobles aspirations. Si l'on parcourt la série des publications auxquelles elle a donné le jour, si l'on cherche les résultats obtenus, on acquiert bientôt la conviction que ces travaux n'ont pas été stériles, et qu'ils ont exercé une influence notable nonseulement sur les intérêts matériels, mais aussi sur les intérêts moraux et intellectuels de notre contrée. Tout se tient dans notre organisation sociale, et, quoi qu'on en dise, le cuite des sciences et des lettres, en nous élevant au-dessus des préoccupations vulgaires, devient pour le pays une condition de prospérité tout à la fois morale et matérielle.

La Société académique, dès sa fondation, s'est tracé un large programme; elle a compris qu'elle ne pouvait pas se renfermer dans des études purement scientifiques et littéraires. Placée dans un centre industriel et agricole, elle devait donner à ses travaux un caractère local; dans les sciences elle a cherché particulièrement les applications pratiques à l'agriculture et à l'industrie; dans la littérature, elle a envisagé surtout le point de vue humanitaire et moralisateur.

En 1826, sur l'invitation de M. de Floirac, préfet

de l'Aisne, la Société prit en mains le développement du progrès agricole dans le département. Elle devint le centre des relations qu'entretenaient les cultivateurs intelligents et ennemis de la routine; elle fut bientôt reconnue comme Société départementale d'agriculture. Ses archives attestent l'activité de ses travaux dans cette direction, et l'importance des services rendus pendant de longues années à l'économie rurale. La fondation des Comices dans le département de l'Aisne a diminué sous certains rapports la tâche de la Société, mais elle n'a pas moins continué à s'intéresser aux progrès de l'agriculture; elle est restée fidèle à ses traditions, en publiant des mémoires conçus dans un esprit tout à la fois scientifique et pratique, en fondant des concours d'horticulture, et, dernièrement encore, en ouvrant, sous le patronage de M. le Prélet, une souscription pour un cours d'arboriculture.

Le jardin botanique, entretenu par les soins de la Société, a reçu, cette année, quelques améliorations. Nous espérons que l'utilité en sera de plus en plus reconnue, et qu'une subvention plus importante nous fournira les ressources nécessaires pour son bon entretien. Si ce jardin n'est pour beaucoup de personnes qu'un lieu de promenade agréable, pour d'autres il offre les éléments d'études intéressantes. En outre, il sert de jardin d'expé– riences; chaque année, sous l'habile direction de M. Th. Midy, des plantes nouvelles y sont cultivées;

il n'est pas douteux que ces essais réitérés ne puissent rendre à l'agriculture et à l'horticulture de notre contrée de notables services.

Un empereur de Chine, Kang-Hi, dans des instructions familières adressées à ses fils, a écrit la phrase suivante: « J'aime mieux procurer une >> nouvelle espèce d'animal, de fruit ou de graine » à mes sujets, que de bâtir cent tours de porce» laine (1). » Qu'y a-t-il, en effet, de plus intéressant pour la prospérité d'un pays, que de rechercher, dans l'acclimatation et la culture de végétaux inconnus jusqu'ici parmi nous, de nouvelles ressources pour l'alimentation, pour la médecine et pour l'industrie ?

Si la Société académique a rendu et peut rendre encore à l'agriculture quelques services, à l'égard de l'industrie, son rôle et les obligations qu'elle s'est imposées ne sont pas de moindre importance. Au moment où la concurrence étrangère nous pousse à mettre en œuvre toutes les forces vives du pays, l'industrie ne doit-elle pas de plus en plus emprunter à la science de nouvelles applications, de nouveaux procédés? Le sort des ouvriers ne doit-il pas aussi nous préoccuper? L'ouvrier français ne doit-il pas trouver dans une meilleure instruction, dans de meilleures conditions d'existence, la force nécessaire pour ne craindre aucune

(1) La Vie à bon marché, par le capitaine Dobry, dans les bulletins de la Société d'acclimatation. Août 1862.

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