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venir au secours de la chasteté prise dans un piége. Belle princesse, levez les yeux sur moi. Ainsi je répands sur votre sein des gouttes d'une vertu merveilleuse que j'ai puisées dans ma fontaine limpide; j'en arrose trois fois vos belles mains et trois fois vos lèvres vermeilles; je touche d'une main pure votre siége enchanté: maintenant le charme a perdu sa force, levez-vous. Pour moi je pars avant l'aurore, pour me rendre à la cour d'Amphitrite. »

Elle sort; la princesse se lève. Le génie remercie la nymphe absente en ces termes :

<< Vierge, fille de Locrina, issue de l'ancienne lignée d'Anchise, puissent mille petites sources qui tombent des montagnes couvertes de neige t'apporter leur tribut! Que l'air brûlant de l'été ne flétrisse jamais ta belle chevelure blonde, et que les torrents de l'hiver ne souillent jamais de limon ton cristal limpide. Puissent le béryl et l'or rouler dans tes vagues, et tes bords être toujours ornés de bosquets de myrrhe et de cinnamome! >>

Tous ces passages rappellent la manière antique, et me paraissent dignes de l'auteur du Paradis perdu.

Le génie invite la princesse à quitter ce lieu funeste, pour éviter de nouvelles embûches; il lui propose de la guider au palais de son père.

La scène change, et représente la ville et le château de Ludlow. On voit entrer des danseurs villageois. Le génie, les deux frères et la princesse arrivent un instant après. Leurs parents sont au comble de la joie; on s'embrasse, et chacun se livre à des transports d'allégresse. Le ballet commence, et, lorsqu'il est fini, le génie récite l'épilogue suivant, qui termine la pièce. J'ai traduit cet épilogue en entier, avec toute l'attention dont je suis capable, pour donner au lecteur une légère idée du style lyrique et de la belle imagination du poète anglais.

ÉPILOGUE.

Le génie.

« Je vais diriger ma course vers l'Océan, vers ces heureux climats, régions célestes et brillantes d'une éternelle lumière. Là, je me nourris d'ambroisie, au milieu des beaux jardins d'Hespérus, dont les trois filles élèvent leurs voix mélodieuses auprès de l'arbre d'or. Là résident et le joyeux Printemps, ami des ombrages frais, des bosquets fleuris, et les Gràces et les Heures au sein de roses, dont les présents se renouvellent sans cesse. Dans ces fortunés climats, les vents apportent sur leurs ailes odoriférantes les doux parfums de l'Arabie; et la jeune Iris, à l'arc humide, se plaît à répandre sa rosée sur mille fleurs, dont les nuances variées surpassent celles qui brillent sur son écharpe. C'est là que le bel Adonis se rétablit de sa profonde blessure dans un sommeil paisible, tandis que Vénus, assise à ses pieds, se livre à sa douleur, et que, planant dans une région plus élevée, l'Amour tient

dans ses bras Psyché, sa bien-aimée, qui, de l'aveu des immortels, doit devenir son épouse, et lui donner deux filles célestes, la Jeunesse et la Joie. Ainsi l'a juré le maître des dieux.

>> Maintenant ma tâche est finie. Je puis déployer mes ailes, et, d'un vol aussi rapide que la pensée, arriver aux bornes de la terre, la voûte du ciel s'incline lentement, et de là franchir l'espace jusqu'à la planète de Phoebé.

>> Mortels qui voudriez me suivre, aimez la vertu, divinité puissante qui peut seule vous guider vers les demeures célestes: car, si les forces pouvaient manquer à la vertu, le ciel lui-même s'inclinerait pour la recevoir.»

NOUVELLE LITTÉRAIRE.

COMPLOT

D'ARNOLD ET DE SIR HENRY CLINTON CONTRE LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE ET CONTRE LE GÉNÉRAL WASHINGTON, PAR M. BARBÉ-MARBOIS, PAIR DE FRANCE.

Rien de plus frappant, rien de plus instructif dans l'histoire moderne, que cette révolution américaine qui fit sortir un peuple, jeune encore, du rang des nations obscures, pour l'élever à l'indépendance et à la gloire. Jamais événement ne produisit une sensation plus vive, ne réveilla plus de craintes, d'esnérances, de voeux contraires. Les amis de la

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