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produit net peu élevé. Mais en Anjou, ces conditions sont relativement rares.

La plupart de nos vignobles sont installés sur des fonds où tout autre culture, en période normale, n'est pas susceptible de fournir le même produit net. Examinons donc quels peuvent être les moyens susceptibles de nous éviter les mauvais effets des crises de mévente.

Sur nos côteaux, les cépages fins, et spécialement le Chenin blanc, fournissent les excellents vins qui font une belle et juste réputation à la viticulture angevine. Vendus à des prix élevés, ces vins rendent rémunératrice l'exploitation du sol. Aussi, sur ce point, il semble bien qu'il y ait lieu de ne rien modifier, et, en particulier, sur l'encépagement et les méthodes culturales.

A plusieurs reprises, nous avons réagi contre la tendance de certains viticulteurs d'accroître, à l'aide de taille longue, leur production de vin, de quelques barriques à l'hectare, au préjudice de la qualité du produit. Qu'on le sache bien entre rendement et qualité, dans chaque situation et pour chaque cépage, il existe une relation, un état d'équilibre qui ne se rompt pas impunément. L'allongement de la taille, s'il n'a pas toujours pour résultat d'accroître le rendement, a souvent celui d'abaisser la qualité du vin obtenu. Sur ce point, la plus grande circonspection doit s'imposer.

Une alimentation abondante et bien étudiée, dont nous avons indiqué, dans un travail antérieur, les bases et même le détail, sur plusieurs points, nous semble mieux adaptée à de telles fins, et, tout en permettant d'obtenir le volume maximum compatible avec chaque situation, même avec une taille relativement réduite, nous met en mesure de réaliser la qualité la meilleure.

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Les goûts de la clientèle, en cette après-guerre, font qu'elle recherche de plus en plus les vins riches. Ceux-ci, bien préparés, convenablement présentés, rétribuent et continueront vraisemblablement à bien rémunérer le producteur. A l'aide de soins de mieux en mieux compris, non seulement dans la production, mais surtout dans la préparation et la conservation du produit, on arrivera à satisfaire le consommateur, et, en définitive, à bien vendre, ce qui importe.

Bien que l'on s'ingénie à améliorer constamment la qualité de nos vins, à l'aide de pratiques aussi hygiéniques que légales, il n'en est pas moins exact que nous récoltons un important volume de produits moyens, et qui resteront tels, quoi que l'on fasse. Ils sont très agréables, au reste, et s'écoulent bien, pour la consommation courante, et, parfois, pour la bouteille.

Les producteurs gagneront à employer, pour la vigne et le vin, les moyens pratiques et économiques déjà recommandés amélioration de l'aliment, pour l'arbuste, correction et enrichissement des moûts, purification complète, emploi du gaz sulfureux, conservation à température aussi basse que possible. La valeur du produit y gagnera, de même que le prix, et, en définitive, on aura rendu plus lucrative l'exploitation de nos vignobles à vins de qualité moyenne.

Nous en dirons autant de ceux qui fournissent les rougets, vins de qualité courante. Sur ce point, l'avenir nous semble dans la mise en œuvre des moyens qui nous permettent d'en accroître la qualité.

Il est à craindre que la production de vins faibles, déjà abondante, ne se développe au détriment du prix. En dehors des régions où la vigne fournit de bons vins, on tend à produire la boisson nécessaire à la consommation de la famille et du personnel. Les cépages producteurs directs y aident de plus en plus.

Cette production supplémentaire réduit l'acquisition des vins de qualité ordinaire, dont le prix ne peut que s'abaisser de ce fait.

On a constaté, ces dernières années, particulièrement, que les vins rosés, les rougets améliorés, ont trouvé preneur sans difficulté. Ils sont servis couramment, comme vins de table, à Paris et ailleurs. Bien présentés, ils plaisent autant à la vue qu'au goût. Aussi, sur ce point encore, notre viticulture ne nous semble-t-elle devoir être rémunératrice qu'autant que nous aurons économiquement accru la qualité de ces produits. Les procédés indiqués plus haut nous en fournissent les moyens. Par le sacrifice de quelques hectolitres, on doit relever le degré alcoolique, accroître la proportion des autres principes, qui contribuent à donner au vin sa qualité, et en définitive, le rendre de vente plus facile et plus rémunératrice.

Il semble donc que dans la majorité des situations, nous devions laisser aux régions favorisées par le sol et par le climat, la production des grands rendements de vins communs et porter notre attention et nos soins sur les produits riches, fruités et bouquetés. Ceux-ci, récoltés, préparés et conservés en bonnes conditions, sont susceptibles de maintenir le renom de la viticulture angevine, tout en la rendant rémunératrice.

MÉTAYER,

Directeur des Services Agricoles de Maine-et-Loire.

Les silos verticaux américains pour la conservation des fourrages

L'ensilage est une méthode de conservation des fourrages basée sur le développement de fermentations dans la masse; ensiler autrefois c'était enfermer dans une fosse.

Les anciens ensilaient leurs grains, et l'on trouve à peu près dans toutes les régions, des silos creusés dans le sol qui datent de la conquête des Gaules par des Romains et de l'occupation qui a suivi. Aux ÉtatsUnis les grandes réserves de blé sont conservées dans des silos bâtis en élévation.

Les premiers essais d'ensilage des fourrages furent faits en France par Goffart vers 1853. Plus tard Rieilhen de Stuttgart a continué ces recherches et la méthode s'est propagée en Allemagne. En 1884 Lecouteux, mon maître, préconisa l'ensilage qu'il pratiquait dans sa propriété Cerçay en Sologne; Cormouls-Houlès, à la même époque, fut aussi un ardent partisan de l'ensilage, il montra même la possibilité de faire de l'ensilage en meules, au-dessus du sol. Le terme dans ce cas prenait une extension en dehors de son sens étymologique, puisqu'il n'y avait plus de silo.

Je n'insiste pas sur ces anciens procédés d'ensilage en fosse et en meule, on ne doit Ꭹ recourir que dans le cas où tout autre moyen de conservation est impossible, à cause des pertes importantes de matières nutrilives.

Ce même procédé français nous revient actuellement, quelque peu modifié, avec l'auréole dont nous décorons souvent les méthodes transatlantiques. Son expansion est stimulée par une forte réclame des constructeurs, aussi n'est-il pas inutile, je pense, de tempérer l'engouement qui pourrait éclore, par un

examen consciencieux du système en pesant froidement ses avantages et ses inconvénients.

Les Américains ont supprimé certaines difficultés en n'hésitant pas à engager des dépenses très élevées pour la construction et l'acquisition d'un matériel spécial. Cette immobilisation de capitaux est beaucoup plus facile à réaliser chez eux que chez nous, et c'est certainement ce qui arrêtera le développement du système.

Au lieu de ces fosses longues creusées dans le sol, ils construisent des tours en bois, en maçonnerie, en ciment armé, en tôle rivée de 6 à 14 m. de hauteur et de 2 m. 50 à 6 m. de diamètre, absolument étanches, munis d'un siphon à la partie inférieure pour permettre l'écoulement des liquides en excès. En évitant toute rentrée d'air, ils peuvent diriger les fermentations. Par les anciens procédés, les ferments acétiques et butyriques étaient dominants, la température n'atteignait pas 50°, le tassage s'obtenait en chargeant la surface de matériaux. Le produit ensilé acquiérait une couleur plus ou moins brune, était très acide, et dégageait une odeur fétide.

Dans les silos tours on conseille de faire l'ensilage doux; pour cela, après avoir déposé une première couche de fourrage on attend quelques jours pour que la tempéture s'élève au-dessus de 50°. On continue ensuite le remplissage par étapes pour ne pas refroidir la masse; dans ces conditions c'est la fermentation lactique qui domine, l'ensilage a une couleur blonde, son acidité est moindre, il a une odeur mielleuse plutôt agréable, mais il doit être consommé aussitôt sorti car il ne se conserve pas à l'air libre.

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Le mode de remplissage est très simple. Aussitôt fauchés les fourrages sont amenés à pied d'œuvre, passés au hache-fourrage, soufflés par un ventilateur puissant juqu'au sommet de la tour dans un conduit

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