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par jour, ce mélange est des plus favorable à la production du lait, il peut également être donné avec profit aux animaux à l'engrais; dans ces deux cas, il est bon de relever la valeur nutritive de la ration par l'addition de tourteau d'arachide.

Soumises à la cuisson, les betteraves peuvent aussi servir à l'engraissement des porcs en mélange avec de la farine d'orge.

De plus la betterave constitue un excellent précédent pour le blé. Après cette plante le sol qui doit avoir été labouré profondément, largement fumé et constamment maintenu propre par des binages opportuns se trouve dans les meilleures conditions pour porter une culture de blé.

Après l'arrachage, un labour moyen mettra le sol en état de recevoir la semence de blé si on sème à la volée. Pour des semis en lignes, un seul hersage suffit généralement après le labour pour que le semoir fonctionne dans de bonnes conditions.

Quelles variétés de betteraves

doit-on cultiver ?

Les betteraves destinées à l'alimentation du bétail se partagent en deux grands groupes les betteraves fourragères proprement dites et les demi-sucrières.

Les premières ont été longtemps seules employées et l'on recherchait surtout les variétés capables de donner des racines volumineuses. L'analyse de ces phénomènes révéla qu'ils étaient très pauvres en matière sèche et en sucre et qu'ils renfermaient beaucoup trop d'eau. Or ce qui fait la valeur nutritive de la betterave, c'est sa teneur en matière sèche et en sucre et ce que l'on doit rechercher, c'est non pas de grosses betteraves, mais des racines ayant une grande valeur alimentaire. En s'orientant dans cette voie on s'est adressé aux variétés de betteraves demi-sucrières

dont les rendements en matières utiles à l'hectare sont toujours plus élevés.

Des expériences faites à différentes reprises à la Ferme Expérimentale d'Avrillé, il ressort que la puissance alimentaire de 4 hectares de betteraves demi-sucrières à collet rose, équivaut à celle de 5 hectares de betteraves ovoïdes des Barres, cette dernière variété étant cependant parmi les betteraves fourragères une des plus nutritives.

D'une façon générale dans les terres riches et profondes nous conseillons la betterave « blanche demisucrière à collet rose » qui est une des variétés les plus riches. Dans les terres moins fertiles on pourrait la mettre en comparaison avec la variété « blanche demisucrière à collet vert » un peu moins riche mais plus rustique que la précédente.

Cette dernière variété peut réussir dans toutes les situations où l'on cultive avec succès les betteraves fourragères proprement dites, qui n'ont plus dès lors aucune raison de subsister. Cependant, si quelques cultivateurs s'obstinaient à vouloir cultiver des variétés fourragères, ils devraient s'adresser à la jaune ovoïde des Barres dont le rendement en poids à l'hectare est en général satisfaisant tout en étant d'une valeur alimentaire assez bonne..

La « Jaune géante de Vauriac » qui dérive de la précédente et souvent désignée sous le nom de « Jaune demi longue » est parfois recherchée à cause de son volume, elle est cependant moins intéressante par ce que moins nutritive.

Pour les sols manquant de profondeur, la jaune Globe, qui doit son nom à la forme de son pivot, est la variété la mieux indiquée, à moins qu'on ne cultive en billons, ce qui permet d'employer avec succès les variétés demi-sucrières.

La betterave doit-elle être semée

ou repiquée ?

On peut cultiver la betterave de deux façons par semis ou par repiquage.

Le semis direct consiste à semer directement la betterave sur le champ qui doit la porter. Si l'on se sert d'un semoir en lignes, on sème généralement la graine en lignes continues, parallèles, distantes de o m. 50 à o m. 60, suivant les terrains. Lorsqu'on sème à la main, on se sert du cordeau et l'on dispose sur la ligne, à intervalles réguliers (généralement 25 à 30 centimètres) quatre ou cinq graines que l'on enterre très légèrement, c'est le semis en poquets. Le semis direct se pratique du 10 avril au 10 mai, dans la région.

Quand on multiplie la betterave par repiquage, on sème la graine en pépinière, fin mars, début d'avril, et lorsque les plants ont atteint la grosseur d'un crayon, on les repique sur les pièces de terre qui leur ont été réservées. Cette opération se fait ordinairement à la fin de mai ou au début de juin, par temps couvert ou pluvieux.

Quelle méthode doit-on choisir ?

On ne peut donner de réponse absolue, car chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Théoriquement, le semis direct est préférable au repiquage, car, dans ce dernier procédé, il se produit, entre l'enlèvement du plant, à la pépinière et le départ de la végétation, après la mise en place, un temps d'arrêt dans le développement normal de la plante. Or, quelques jours perdus pendant le mois de juin, correspondent, sous le rapport de la chaleur et de la lumière, à près d'un mois en fin de saison.

II y a donc des chances pour que la betterave repiquée soit moins productive que la betterave semée directement sur place.

D'autre part, en supprimant la partie inférieure de la racine, au moment de la mise en place, la plante ne se trouve plus dans des conditions aussi favorables pour puiser dans les profondeurs du sol l'eau qui fait défaut à la surface pendant la période des grandes chaleurs. Les feuilles ne recevant pas en quantité suffisante l'eau nécessaire à leur transpiration se flétrissent, la végétation languit. Cet état se traduit par un ralentissement dans les fonctions vitales de la plante; sa croissance, par conséquent son rendement en poids. et en matière nutritive est par là même plus ou moins réduit.

De plus, bien que le démariage que nécessite la betterave semée sur place demande plus de main-d'œuvre que le repiquage, il dérange moins la marche d'une exploitation car il est exécuté à la fin de mai, à une époque où le personnel peut ordinairement trouver facilement le temps d'accomplir ce travail; tandis que le repiquage arrive en pleine période de fenaison et dans les fermes qui possèdent une forte proportion de prairies fauchables, le repiquage de la betterave entrave fortement les travaux de la fenaison et, comme ceux-ci sont d'une urgence extrême, on reporte le repiquage à une époque trop tardive pour obtenir une bonne récolte.

Malgré les avantages du semis direct le repiquage a sa raison d'être dans diverses circonstances :

1° Lorqu'on a affaire à une terre plus ou moins argileuse, pauvre en chaux qui sous l'action des pluies suivies de soleil, durcit fortement à la surface.

2o Dans les terres qui renferment beaucoup de graines de mauvaises herbes parce qu'on leur laisse le temps de lever pour les détruire ensuite avant la mise en place de la betterave.

3° Lorsque la betterave suit une plante fourragère de printemps (colza, chou fourrager, seigle ou orge

coupés en vert, etc.). Dans ce cas il serait impossible de préparer convenablement le terrain assez tôt pour avoir recours au semis direct.

4o Le repiquage fait réaliser une économie de semence de 3 à 10 kg. par hectare.

5° I demande moins de main-d'oeuvre que la betterave semée sur place.

6o Dans les situations où les mois d'août et de septembre sont généralement très secs, la betterave semée sur place est trop déprimée pour bénéficier des premières pluies automnales; la betterave repiquée, moins avancée dans son évolution, en raison du retard dû au repiquage peut au contraire en profiter largement.

A titre d'exemple pratique nous allons maintenant indiquer comment nous avons préparé et fumé le terrain qui a porté des betteraves l'an dernier à la Ferme Expérimentale de la Pommeraye et voir ensuite si dans la situation où se trouve cette exploitation il est plus avantageux de repiquer la betterave que de la semer directement sur place.

La Ferme Expérimentale de la Pommeraye se trouve sur une hauteur (84 m. au-dessus du niveau de la mer) et la plupart des pièces de terre sont par-ticulièrement exposées aux vents desséchants venant des régions Nord et Est, vents qui soufflent souvent avec force l'été.

Le sol provient de la décomposition de schistes gris, il est de nature silico-argileuse, mais sa faible teneur en chaux fait qu'il se comporte comme une terre forte. Jusqu'en 1922, les labours ne dépassaient guère 14 à 15 centimètres, ils étaient exécutés en planches pour permettre un meilleur écoulement de l'eau l'hiver,

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