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opinion dût être l'opinion générale; je savois même que le plus grand nombre des savans qui se sont occupés de ces recherches, sont d'un avis contraire; mais je n'en tiens pas moins à l'opinion que je vous énonçai, la dernière fois que j'eus l'honneur de vous écrire.

pour

"Les passages de la Bible ne me semblent d'aucune valeur décider la question de l'antiquité des monnoies. On parle dans la Genèse (c. xxiii.) de sicles, c'est-àdire de certain poids (shequel) d'argent; on les pèse (shaqual), mais le terme monnoie ne se trouve pas dans le texte où il n'existe d'autre phrase que celle-ci: "argent qui a cours chez les marchands," expression qui se rapporte évidemment au titre. Ainsi le mot pièces n'existe pas non plus dans l'endroit où l'on parle de la vente de Joseph (Genèse, c. xxxvii.). Trente sicles d'argent, c'est comme si l'on disoit trente onces d'argent ou autre poids déterminé. Ailleurs l'auteur sacré emploie le mot quesita (c. xxxii.), mot si sujet à la dispute que la plupart des interprêtes Orientaux

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pour agneau.

l'ont traduit Betsah (Exodus, c. xxxviii.), désigne un morceau. Ce motest tiré du verbe Batsah, rompre, déchirer; et dans ces phrases il signifie moitié; c'est-àdire la moitié de ce poids déterminé d'argent qu'on désigne par le mot schequel ou sicle, et qui étoit fixé par un patron que l'on gardoit dans le tabernacle.

"Les métaux précieux ont servi aux échanges dans l'Orient depuis des siècles très reculés. On les raffinoit, pour cet usage, jusqu'à un certain point. Pour la commodité du commerce de détail, on morceloit les lingots en petites pièces, qui étoient à peu-près d'un poids déterminé, sauf à le vérifier dans les occasions. On subdivisoit ces morceaux par moitiés, et de-là le shequel et le Betsah. Tout celà n'étoit pas encore la monnoie. Cette invention suppose que le métal précieux soit marqué d'une empreinte par une autorité compétente qui puisse garantir le titre et même le poids de la pièce. Les simples morceaux d'argent usités dans le commerce depuis un tems immémorial, ont été dé

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signés par des savans sous la dénomination de Nummi non cusi, et ont fait le sujet d'un bel ouvrage de Otho Sperlingius, De Nummis non cusis, imprimé à Amsterdam l'an 1700, in 4to, ouvrage où cette matière a été savamment traitée et éclaircie. L'Egypte, l'Assyrie, la Perse et l'Inde, n'ont point connu d'autre monnoie, avant que les Grecs n'eussent inventé la véritable. Je ne déciderai pas si les premiers inventeurs des monnoies ont été les Lydiens, comme le veut Hérodote (lib. i. c. 94.), ou les Argiens, comme l'assurent les marbres d'Oxford (Epoque, xxxi.), Strabon, et d'autres.

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Quant au passage de Diodore, où cet historien parle du châtiment que les loix de l'Egypte infligeoient aux faux-monnoieurs, on doit l'expliquer par rapport à l'altération des Nummi non cusi, ou à celle des monnoies Aryandiques, qu'Aryandes, gouverneur de l'Egypte sous Darius d'Hystaspe, fut le premier à faire frapper dans cette contrée. Les conjectures de Winkelmann sur une monnoie qui ressemble aux feuilles de bruyère, et qu'on a cru avoir été

frappées en Egypte, sont très-foibles; elles ne sont pas avouées par la plus saine critique.

"Hérodote avoit voyagé en Egypte et dans la haute Asie: il auroit dû connoître les monnoies anciennes de ces peuples, si elles avoient existé. Un antiquaire ne peut avoir d'autre opinion que celle des Grecs. Il voit sur les monnoies Grecques, les tentatives, les premiers essais, les pas ultérieurs et le perfectionnement graduel du monnoyage. Si cet art eut été une invention étrangère, les Grecs l'auroient adopté dans cet état de perfectionnement qu'une longue suite de siècles auroit dû lui donner. Mais je n'ai pas le tems de traiter comme il faut cette belle question. J'ajouterai seulement que les plus anciennes monnoies qui existent aujourd'hui sont sans aucune contestation l'ouvrage des Grecs.'

But after all that has been here stated, it must be allowed that the subject still lies open to discussion.*

* The reader may consult on ancient coins and weights, Bernard, de Mensuris et Ponderibus Antiquis. Brerewood,

It is evident that the Hindūs, in the remotest times of which we have account, not only knew the art of refining metals, but had many able and ingenious artisans, who afterwards fashioned them into works of utility or ornament. In the Ayeen Akbery they are said to have been greatly superior in the art of refining and working them to the people of any other country. The prodigious wealth of India, in jewels, gold, and silver, is celebrated by numerous writers. Alexander in the speech to his troops after his victory over Porus, tells them that they were now going to enter those famous countries so abundant

Brerewood, de Ponderibus et Pretiis Veterum Nummorum. Arbuthnot, Tabulæ Antiquorum Nummorum. Rechenberg, Hist. Rei. Num. Veteris, particularly the part by Gulielmus Budæus. Gronovius, de Pecunia Vetere. Kircher, Edipus Egyptiacus, &c. Otho Sperlingius, Ugolino, Thesaurus Antiquitatum. Paucton, Métrologie. Science Numismatique, œuvres diverses de l'Abbé Barthelemy, tom ii. together with his different Essays on the same subject in the Mémoires de l'Académie des Inscriptions. Doctrina Nummorum Veterum, by l'Abbé Eckhel of Vienna.

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