Page images
PDF
EPUB

Berlin, 24 septembre. - On télégraphie de Pe-king, le 23 septembre: «Le contre-amiral Geissler, commandant de l'escadre de croisière allemande, et le baron Von der Goltz, chargé d'affaires d'Allemagne, ont été reçus aujourd'hui au Palais d'Été par l'empereur et l'impératrice régente. L'audience a eu un caractère très satisfaisant. Au cours de l'entretien, qui a été assez long, l'impératrice régente a exprimé le désir d'entretenir de bonnes relations avec l'empereur d'Allemagne».

M. W. H. PETHICK, de Tien-tsin, mort cette année, avait écrit une biographie de Li Houng-tchang dont il fut un des conseillers les plus intimes. Son manuscrit a disparu.

FRANCE.

Le ministre des affaires étrangères vient de décider la création de nouveaux postes diplomatiques et consulaires en Extrême-Orient, en Asie-Mineure et en Ethiopie. De plus les modifications récentes apportées au régime politique de l'île de Cuba ont nécessité l'installation d'une légation près la République cubaine. Voici le détail des nouveaux postes dont le ministre estime la création nécessaire en Chine pour la surveillance de nos intérêts.

En Chine, un vice-consulat serait créé à Swatow.

Déjà en 1900, le consul de France à Canton recommandait l'établissement d'un poste consulaire à Swatow. L'éloignement de cette ville de la capitale du Kouang-Toung rend en effet difficiles les relations, au point que notre consul à Canton s'est vu à plusieurs reprises dans l'obligation de confier des missions auprès du taotaï de Tchao-Tchéou à des Français qui ne pouvaient, d'ailleurs, assumer la responsabilité d'une représentation permanente. D'autre part, le port de Swatow est devenu en ces dernières années un des plus importants de la Chine; l'Angleterre, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège y ont créé des consulats et la France est plus intéressée encore que ces puissances en raison des rapports constants existant entre Swatow et l'Indo-Chine.

D'autre part, le nombre des élèves interprêtes en Chine serait notablement augmenté.

Cette mesure, dont la nécessité a été signalée par notre ministre à Pe-king, ne répondrait pas seulement aux besoins immédiats de notre légation dans la capitale de l'empire chinois; elle permettrait en outre au ministère des affaires. étrangères de trouver sur place un personnel pouvant, en cas de vacances de certains postes d'Extrême-Orient, remplacer les titulaires absents, tout en économisant des déplacements onéreux. D'ailleurs, l'application des derniers accords avec la Chine entraîne pour nos agents dans ce pays, et surtout pour le corps des interprètes, des travaux plus considérables que par le passé. Enfin, il est prudent d'assurer le recrutement des interprètes-chanceliers et des vice-consuls en Chine dont le nombre a été augmenté dans ces dernières années.

Le Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts a nommé Correspondants du Ministère, en Chine: M. Joseph BEAUVAIS, interprète de 1re classe, à Yun-Nan Sen; le Rév. P. Henri BOUCHER, recteur de l'Etablissement de Zika-wei, près Chang-Haï; en Indo-Chine, en plus de M. DUMOUTier, M. Louis FINOT, Directeur de l'Ecole d'Extrême-Orient.

A la séance de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres du 19 septembre 1902, M. H. Dufour, architecte diplomé par le gouvernement, a rendu compte des éléments qui lui ont servi pour faire une étude précise des bas-reliefs du Bayon, dans l'ancienne ville khmère d'Angkor-Thôm, dont l'avait chargé le directeur de l'Ecole française d'Extrême-Orient. M. Dufour a fait circuler un album de photographies reproduisant la suite des bas-reliefs qui se développent sur la face Est de la deuxième enceinte du monument, et un plan permettant de se rendre compte de leurs emplacements. Ces photographies ont pu être prises par M. Carpeaux, compagnon de M. Dufour, après des travaux assez considérables de défrichement et de déblaiement nécessités par la végétation envahissante et par l'obstruction des matériaux provenant de l'écroulement des voûtes en différents endroits. Jusqu'à présent on ne connaissait de ces bas-reliefs qu'une description assez sommaire publiée dans la relation de la mission Delaporte, en 1894. L'école française d'Extrême-Orient est maintenant en possession de la documentation photographique complète de ces bas-reliefs de la deuxième enceinte. Dans la partie où la muraille qui les porte est entièrement écroulée, particulièrement dans la galerie nord face ouest, tous les fragments sculptés ont été retrouvés dans les décombres et estampés; les scènes qu'ils représentent seront rétablies et ainsi conservées au patrimoine archéologique.

Un Comité s'est constitué pour élever un monument à la mémoire du Prince Henri d'ORLEANS au Cap Saint-Jacques (Cochinchine). Il a pour Président d'honneur, M. Paul DOUMER, ancien Gouverneur Général de l'Indo-Chine, pour Président, le Prince Roland BONAPARTE, pour Secrétaire-Trésorier, le Comte RÉCOPÉ qui reçoit les souscriptions, 11 Avenue d'Iéna, Paris. Le monument en marbre blanc, dépassera 12 mètres et son prix atteindra 100.000 francs environ; il sera exécuté par le sculpteur Raoul Verlet, et l'architecte Deglane.

INDO-CHINE FRANÇAISE.

M. Bérard, sous-secrétaire d'Etat aux postes et télégraphes, fait étudier en ce moment la possibilité de se servir du chemin de fer transsibérien pour le transport des dépêches. Cette voie étant définitivement ouverte et parcourue par les trains réguliers lui a semblé tout indiquée pour assurer le transport du courrier vers la Chine, la Cochinchine et le Japon.

L'économie de temps que l'on pourrait ainsi réaliser sur la durée des parcours maritimes serait considérable, attendu qu'actuellement les dépêches envoyées de

Paris via Marseille à Port-Arthur, n'arrivent à destination qu'au bout de 37 jours. Si l'on se rend compte que par ce nouveau mode de transport le courrier serait distribué environ 15 jours après son expédition, il est indiscutable que le projet de M. Bérard est appelé à rendre les plus grands services.

Une trombe d'eau d'une violence presque sans précédent et provenant d'un typhon qui venait de la direction de Manille, s'est abattue sur Hanoi dans la journée du 12 juillet. La quantité d'eau tombée en vingt heures et enregistrée au pluviomètre a été de 55 centimètres, niveau qui n'avait jamais été constaté au Tong-king jusqu'à ce jour, ni probablement dans aucune contrée pour une pareille période de temps. Les principales rues de la ville ont été transformées en fleuves. Des sampans y circulaient.

Le lac ayant débordé, on pêchait couramment des poissons sur les plus fréquentés des boulevards du centre. Les dégâts ont été considérables. Un grand nombre de maisons en construction se sont écroulées. Des égouts tout récemment construits se sont effrondrés sous l'action et le poids des eaux. Devant la gare du boulevard Gambetta il y avait un mètre et demi d'eau. Les chantiers de l'Exposition ont été complètement noyés et ne sont pas encore dégagés. On a eu de fortes craintes, un instant, pour les pavillons dont quelques-uns viennent à peine d'être couverts. Mais ces constructions, d'une élégance si légère d'apparence, se sont vaillamment comportées et ont fait leurs preuves.

La ligne du chemin de fer a été coupée sur trois points, à Gia-Lam et sur le grand viaduc qui traverse la ville. La circulation est aujourd'hui rétablie. Mais la fête du 14 juillet, encore à demi noyée d'eau, s'est ressentie des désastres de la veille. Elle a été fort morose. Illuminations et drapeaux n'ont pu lutter longtemps contre les derniers souffles du typhon qui balayaient Hanoï.

M. Beau, gouverneur général de l'Indo-Chine, est arrivé à Saïgon le 15 octobre. Le nouveau chef de la colonie a été reçu par tous les chefs de service et les notabilités de la ville. Répondant aux souhaits de bienvenue qui lui étaient adressés, M. Beau a déclaré qu'il comptait sur le concours de tous pour continuer l'œuvre commencée par son éminent prédécesseur. Cette déclaration de M. Beau a été accueillie avec une grande faveur. On comprend en effet, en Indo-Chine, que l'avenir de la colonie est étroitement lié à la continuation des projets dont la réalisation a été si largement entamée déjà par M. Doumer.

JAPON.

Tokio, 17 septembre. Il résulte de la statistique officielle de l'année financière échue au 31 mars que les revenus du Japon se sont élevés à 267,100,006 yen, le montant des dépenses étant de 266,800,000 yen, dont 10,200,000 yen affectés à l'amortissement de la dette publique. Les pluies abondantes de cet

été ont endommagé les récoltes de riz, qui donneront vraisemblablement des

[ocr errors]

résultats moins satisfaisants qu'à l'ordinaire. D'autre part, le commerce de la soie est très prospère. (Times.)

Le courrier d'Haïphong, parvenu le 14 nov. au matin à Marseille, annonce que la petite île de Tori-Shima, qui fait partie d'un petit groupe d'îles s'étendant entre les îles Bonin et le Japon, a été anéantie par une éruption volcanique qui s'est produite entre le 13 et le 15 août. Il y avait 150 habitants dont on ne trouve pas la moindre trace. Il ne fait aucun doute que toute la population de l'île ait disparu. L'ile est couverte de débris volcaniques et toutes les maisons sont détruites; l'éruption continue toujours en même temps qu'une éruption sous-marine. Il est encore impossible d'aborder dans l'île et ces parages offrent les plus grands dangers pour la navigation.

Il est peu de voyageurs qui, passant au Japon et ayant vu Tokio, ne soient pas allés jusqu'au merveilleux site de Nikko, environ soixante milles au nord de la capitale. Nikko est renommé dans tout le Japon comme un des exemples les plus parfaits de grâce et de beauté. C'est là qu'étaient enterrés les anciens Shogouns et l'art japonais s'y était donné libre carrière au milieu d'un décor naturel en soi-même enchanteur. Un proverbe populaire dit que <<quiconque n'a pas vu Nikko n'a pas encore le droit de prononcer le mot «kekko» c'est-à-dire «beau»>. Cette féerie de montagnes, de lacs, de ruisseaux, de ponts laqués, de temples blancs, de statues, d'avenues, vient d'être ravagée par un cataclysme. Après quatre jours de pluie continuelle, la montagne Nantaïsan, qui surmontait l'un des lacs de cette Arcadie, s'est effondrée dans les eaux du lac. Celui-ci a débordé, -ransformant aussitôt la rivière qui en sort en torrent irrésistible. Toute la vallée fut balayée. Deux cents maisons sont détruites. Les délicieux ponts couverts de laque rouge, dont les photographies sont connues partout, le vieux pont Mi, conservé depuis trois cents ans et trop

sacré pour que les pas d'un mortel y puissent retentir, les énormes statues bouddhistes qui bordaient les avenues, tout cela vient de disparaître en un instant. C'est comme si Paris avait perdu Versailles. C'est pour le Japon un malheur comparable à celui de la chute du campanile pour Venise.

De la France Automobile :

La plus grande avenue du monde, c'est au Japon qu'il faut l'aller chercher. Dans l'empire du Soleil-Levant, entre les villes de Namada et de Nikko, s'étend une route parfaitement droite qui n'a pas moins de 82 kilomètres d'une extrémité à l'autre: un joli bout de chemin, comme l'on voit. Cette avenue, de 8 mètres de large, est bordée tout du long par des cryptomerias, un arbre magnifique de la famille des cyprès, dont les branches supérieures atteignent la hauteur de 40 à 45 mètres et dont le tronc mesure 4 ou 5 mètres de circonférence. Leurs rameaux inclinés vers la terre et leur feuillage, touffu, en

forme de fer de lance, répandent une ombre bienfaisante sur cette immense allée, une des curiosités du pays de Mme Chrysanthème. Quelle route à records et quelle piteuse mine feraient auprès d'elle les trois kilomètres de Dourdan!

PAYS-BAS ET COLONIES NÉERLANDAISES.

M. J. VAN DER SPEK, docteur en médecine à Amsterdam, vient de décéder à l'âge de 45 ans.

En 1880 il fut nommé Interprète pour la langue chinoise dans les Colonies néerlandaises, après avoir fait ses études, premièrement à Delft, son lieu de naissance, et ensuite à Leide, sous les auspices de M. G. Schlegel, professeur à l'Université.

Ayant donné en 1885 sa démission au Gouverneur néerlandais, pour se faire inscrire comme étudiant à l'Université d'Amsterdam, il passait en 1890 son examen comme médecin.

« Les maladies de la peau » avaient depuis lors été l'objet de ses recherches. Il se rendit à l'étranger, y visita plusieurs cliniques dermatologiques, et fut reçu docteur en médecine en 1891 sur une thèse: Pemphigus und andere bullöse Hautkrankheiten.

Plusieurs écrits scientifiques parurent ensuite de sa main. Hélas, il ne lui a pas été permis de voir paraître son dernier livre (d'après Mracék, Hautkrankheiten), qu'on publiera bientôt.

RUSSIE.

Saint-Pétersbourg, 4 novembre.

Le Novoie Vremya publie un intéressant compte rendu de la visite faite à Vladivostok il y a quinze jours par M. Witte, ministre des finances de Russie. Des représentants de la guilde des commerçants, du conseil municipal, de la Bourse, et de nombreux particuliers ont été reçus par le ministre et lui ont remis un certain nombre de plaintes et de pétitions. Le ministre a présidé ensuite une réunion qui a eu lieu dans l'hôtel du gouverneur militaire. Cette réunion avait pour but d'examiner quelles mesures devraient être prises pour le développement du commerce de Vladivostok. Le correspondant du Novoie Vremya annonce que M. Witte a donné son assentiment pour les réformes suivantes: un port libre pour les navires sera ouvert dans la baie de Vladivostok; les marchandises importées de Chine, soit par terre, soit par mer, y compris toutes les sortes de soies, ne paieront pas de droits d'entrée; une école commerciale et des cours de navigation seront ouverts à Vladivostok; la permission sera donnée de transborder les marchandises importées dans des vaisseaux étrangers sans un examen des douanes, et finalement un certain nombre de formalités des douanes, peu importantes mais très ennuyeuses, ont été supprimées. (Times.)

« PreviousContinue »