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BULLETIN CRITIQUE.

Publications de l'Ecole française est en préparation une Bibliothèque

d'Extrême-Orient.

L'Ecole française d'ExtrêmeOrient fondée à Saigon par M. Paul Doumer, Gouverneur-Général de l'Indo-Chine française et dirigée par M. Louis Finot, manifeste la plus louable activité. Outre son Bulletin, elle a entrepris une double série de Publications; l'une, grand

in-8, du format des Publications de l'Ecole des Langues Orientales, de Paris, qui comprend déjà trois ouvrages: Numismatique annamite par le Capitaine Désiré LACROIX; Nouvelles Etudes sur les Chams par M. A. CABATON et Phonétique annamite par M. CADIÈRE; l'autre, in-folio, débute par un Atlas archéologique de l'Indo-Chine dû au Capitaine de LAJONQUIÈRE. Enfin

de l'Ecole Française d'ExtrêmeOrient dont le premier volume Éléments de Sanscrit classique par Victor HENRY, Professeur à l'Université de Paris, est sous presse. Nous allons passer en revue les volumes de cette collection qui fait le plus grand honneur à la science et à l'esprit d'entreprise de la jeune Ecole.

I. Numismatique Annamite par Désiré LACROIX Capitaine d'Artillerie de Marine. Saigon, Imp. Ménard et Legros, gr. in-8, et Atlas de 40 pl.

D'excellents comptes-rendus de cet ouvrage ont été publiés dans le Jour. Roy. As. Soc., le Journal

Asiatique et la Revue Critique par

MM. le Dr. S. W. Bushell, Ed. Xme siècle, il n'est plus question de monnaies annamites, et le Koutsiuen-hoei, traité chinois des anciennes monnaies de cuivre, qui donne le dessin de quelques pièces annamites, présente, comme plus ancien chiffre, celui de Thái-Bình, du règne de Tiên-Hoang (968– 980). A partir de cette époque, et jusqu'en 1428, plusieurs souverains se sont abstenus d'émettre des monnaies pour des raisons diverses dont il sera parlé dans le cours de cette étude. Ces rois acceptèrent dans ce cas la circulation des monnaies chinoises de l'époque, fondues dans les provinces de Quang-Si, Quang-Tong et Fou-Kien, et importées par des navires chinois. Ces monnaies étaient plus petites que celles en usage en Chine, et portaient le chiffre de règne des empereurs qui régnaient alors sur le Céleste Empire. Les rois de la dynastie Lé ont émis des monnaies, ainsi que les nombreux usurpateurs qui ont occupé le trône pendant cette période si troublée de 1428 à 1800; ces pièces sont, d'une manière générale, en tous points semblables à celles en usage en Chine.

Chavannes et Maurice Courant. J'y renvoie le lecteur. La base même de la Numismatique de M. Lacroix est l'excellent travail de M. J. Silvestre imprimé à Saigon en 1883: Notes pour servir à la recherche et au classement des Monnaies et Médailles de l'Annam et de la Cochinchine française; M. Lacroix a d'ailleurs dédié son livre à M. Silvestre. «Il faut remonter jusqu'au VIème siècle de notre ère, écrit M. Lacroix, pour entendre parler pour la première fois de monnaies purement annamites. Jusqu'à cette époque, celles dont les populations ont fait usage ont été importées par les Chinois. Les premières monnaies annamites, qui sont très rares, sinon introuvables, portent le chiffre de Thiên- D'ue et furent émises par Ly-Nam-Dê en 541. Le peu de durée du règne de ce monarque n'a sans doute pas permis d'en fabriquer de grandes quantités, et il est probable que l'usage de cette monnaie fut proscrit dès que les gouverneurs chinois eurent rétabli, dans le pays, l'autorité impériale (603). Jusqu'au

Les empereurs de la dynastie des Nguyên, dont Gia-Long a été le fondateur, ont essayé d'apporter quelques changements au système monétaire du Céleste Empire suivi par leurs prédécesseurs, principalement en ce qui concerne les monnaies en argent, mais ces modifications n'ont été que passagères et, de nos jours, les habitants du pays d'Annam font encore usage de monnaies semblables à celles que leurs ancêtres employaient il y a plus de 1300 ans». M. Lacroix étudie les Monnaies dans la première partie de son ouvrage; dans la deuxième, il décrit successivement les médailles 1) royales, 2) amulettes, 3) honorifiques et les décorations; une troisième partie est consacrée aux Monnaies de l'Indo-Chine française et au Papiermonnaie; à la fin se trouve une table chronologique des souverains de l'Annam.

II. - Nouvelles recherches sur les Chams par Antoine CABATON. Paris, Ernest Leroux, 1901, in-8, pp. 215.

Les Tchames, ou Tjames, ou Chams, comme les appelle M. Cabaton, sont les habitants de l'ancien royaume de Tchampa que Bergaigne (Jour. As., 1888) nommait Campa. Marco Polo et Odoric de Pordenone ont parlé de ce pays auquel Sir Henry Yule a consacré une note dans son édition du récit du célèbre voyageur vénitien. M. Aymonier a fait une étude spéciale du peuple tchame et M. A. Barth s'est occupé comme Bergaigne des inscriptions. Les Chams, dit M. Cabaton, constituent une race à part, ils diffèrent beaucoup des Annamites. Alors que ces derniers sont petits (1m,59 en moyenne), les Chams atteignent parfois la taille de 1m,70, dépassant un peu celle des Cambodgiens.... La couleur de la peau des Chams varie du brun foncé au brun rouge clair.... [La langue] cham est un rameau du malais qui se distingue comme lui par l'invariabilité des mots, la présence d'affixes, de préfixes, d'infixes et de suffixes permettant de varier à volonté le sens des racines et de les transformer en substantifs, verbes actifs ou passifs.

C'est une langue mixte dont le fond surtout malais, rempli de mots qui se retrouvent dans les langues malayo-polynésiennes (javanais, sundanais, bugi, batak, balinais, awaiama, mala, murua, etc.), foisonne d'éléments communs aux langues khmère, annamite et chinoise et à celles des peuplades sauvages» de l'Indo

Chine, sans compter un fort contingent de mots sanscrits et arabes |

introduits avec le brâhmanisme et l'islamisme».

Imp. Nat. (Ernest Leroux), 1902, gr. in-8, pp. x-113.

M. Cadière entend par HautAnnam, les trois provinces septentrionales de l'Annam, à savoir: ale Thừa Thiên, le Quảng Trị et le Quảng Bính, non tout entier, non mais jusqu'au Sống Gianh; au delà de ce fleuve en effet, c'est-à-dire

dans la dans la préfecture actuelle de Quảng Trạch (ancien Bồ Chính), on trouve le peuple tonkinois avec sa physionomie distincte et déjà quelques particularités dialectales>. Le Sông Gianh, ou mieux la chaîne de collines dite de Đá Nhảy, dans

Outre des notices sur les Divinités masculines et les divinités féminines, etc., les fêtes religieuses des Chams, des notes anthropologi- le Quảng Bình, était, ainsi que le

ques, des remarques linguistiques, des principes de lecture et d'écriture chames, M. Cabaton donne des textes, avec la transcription et la traduction. Une bibliographie, un index des mots sanscrits et un index analytique terminent ce volume fort intéressant.

III. Phonétique annamite (Dialecte du Haut-Annam) par L. CADIÈRE, de la Société des Missions étrangères à Paris. Paris,

fait remarquer M. Cadière, les limites de l'Annam et du TongKing. Cette étude est purement phonétique; M. Cadière ne s'occupe pas pour le moment des expressions, des mots particuliers au dialecte, ni à plus forte raison, des formes syntaxiques. Cette étude est divisée en trois parties: 1° modifications des voyelles; 2° modifications des consonnes; 3° modifications des accents; dans un appendice sont mentionnées quelques

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M. le capitaine de Lajonquière, attaché avec l'autorisation du Général Borgnis-Desbordes pendant deux ans à l'Ecole d'Extrême-Orient, a réuni les matériaux de ce grand travail qui nous donne la liste et l'emplacement de tous les monuments importants de l'Annam et du Cambodge français. Cinq cartes dressées à l'aide de la Carte de l'Indo-Chine au '/500000 publiée par l'Etat-Major du corps d'occupation (édition de juin 1899) portent marqués par des points rouges l'emplacement des points archéologiques: 1° Annam Sud; 2° Annam Nord; 3° Cambodge Sud; 4° Cambodge Nord; 5° Carte générale de l'Indo-Chine. Ces cartes sont ac

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compagnées de deux tables; la première est un inventaire sommaire des monuments par circonscriptions administratives; la seconde est un répertoire alphabétique des points archéologiques contenus dans l'Atlas. Les antiquités d'origine chinoise ou annamite ont été provisoirement écartées de ce travail qui nous marque en réalité ce qui nous reste de la civilisation hindoue dans l'ancien royaume de Tchampa et dans la partie française du Cambodge; la partie siamoise du Cambodge sera étudiée plus tard.

M. L. Finot, Directeur de l'Ecole d'Extrême-Orient, dit avec raison dans la préface qu'il a placée en tête de cet Atlas: «On s'apercevra sans peine que cet ouvrage surpasse en exactitude et en précision tous les essais tentés jusqu'à ce jour pour la détermination cartographique des monuments de l'Indo-Chine. On appréciera peut-être moins facilement tout ce qu'il représente de labeur et de véritable dévouement».

Henri CORDIER.

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