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même, & envoya un corps de troupes pour le A.D. 1742. combattre. Le prétendu Derviche fut victorieux, le gouverneur battu, le lieutenant de Balkhe, & plufieurs officiers tués, & les Ouzbegs, rendant la fédition générale, tant au dehors qu'au dedans de la ville, maffacrèrent tous les Khoraffaniens qu'ils rencontrèrent; enfin Neïaz Khan fut obligé de se fortifier dans la citadelle en attendant du fecours.

bre.

Nader Chah, aux premières nouvelles de ces troubles, envoya, pour les appaifer & pour en punir les autres, plufieurs compagnies de foldats du Khoraffan, dont il donna le commandement à Mohammed Huffein Khan, à Alla Virdi Beg, & à Mohammed Kaffem Beg: ces troupes étant parties avec de l'artillerie & des munitions, le douzième du mois Zou'l- 18 Décem heggé, fa Majefté reçut avis qu'elles avoient vaincu les rebelles; que, dans le combat, Ifmitalla protégé du Derviche & par lui nommé à l'empire du Turqueftan, avoit été bleffé d'un coup de moufquet, ce qui avoit jeté les troupes révoltées dans un grand défordre; que l'impofteur s'étoit fortifié dans le château de Chahmerdan, qu'enfin deux jours après Ifmitalla ayant été conduit par fa bleffure dans la maison du châtiment, le château avoit été pris par les Perfans, le Derviche, lié & chargé de chaînes, amené au gouverneur, fes fectateurs difperfés,

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A.D. 1742. plufieurs des féditieux faits prifonniers & punis. L'Empereur manda alors à fes officiers de continuer malgré ces fuccès d'exécuter fes ordres, ne laiffant point relâcher le lien de leur entreprise, & de s'unir au gouverneur pour extirper toute femence de troubles, en détruifant entièrement ceux qui les caufoient.

Cependant, après qu'Ofmeï eut porté fes pas errans du côté d'Oar, & que fes châteaux eurent été démolis; après que, par les courfiers des conquérans, tous les diftricts du Dagheftan eurent été foulés & châtiés par la valeur des héros; après que Chemkhal & Serkhaï fe furent enrôlés dans le fervice impérial, & qu'avec les chefs de Koban, de Nogaï & de Circaffie, ils eurent été forcés de porter le collier de l'obéiffance, auquel ils n'avoient été accoutumés: alors tous ces pays renpas trèrent dans le devoir & la tranquillité.

En ce même temps arriva une lettre de Mahmoud Khan, Empereur des Turcs, par laquelle il s'excufoit de ratifier l'établiffement de la fecte de Giafar, & d'élever un nouveau pillier dans le temple de la Mecque, protestant qu'au lieu de ces deux articles il foufcriroit à tous les autres défirs de fa Majefté.

Comme, l'année d'auparavant, les deux Effendis étoient venus de la Porte chargés du

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même message, & que fa Majesté avoit fait A. D. 1742 notifier par eux à l'empereur des Turcs fon deffein d'aller en Turquie après la réduction du Daghestan; elle ne fit que lui renouveler la même déclaration, lui annonçant clairement la marche qu'elle alloit faire prendre à fon armée.

En effet, après avoir donné le gouvernement de Derbend à Mohammed Ali Khan, & lui avoir laiffé des troupes pour s'y foutenir, Nader fit déployer fes étendards pour quitter le Dagheftan.

bre.

Le Lundi, quinzième de Zou'lheggé, l'ar- 31 Décemmée royale prit la route de Mogan; ce même jour, le beau temps changea tout à coup; la neige & la pluie tombèrent fans relâche du grand paffoir du firmament fur la plaine obfcurcie les groffes gouttes que verfoient les nuées ne rompoient pas dans leur chute le cordon de leur effufion continuelle; mais plutôt defcendoient comme des torrens : les ruiffeaux, qui couloient des montagnes, rappeloient aux fpectateurs le fouvenir de la voie lactée, & la face de la terre enflée par les eaux alloit toucher les étoiles. Quantité de befliaux périrent par l'excès du froid, & par profondeur de la neige; une grande partie des munitions furent perdues dans les boues. & dans les ornières; on demeura quarante

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A.D. 1743. jours à faire les cinq ftations qu'il y avoit depuis Derbend jufqu'à la rivière Ker, fur les bords de laquelle l'armée arriva enfin, lorfque le foleil étoit dans le dernier degré du signe des Poiffons.

CHAPITRE VIII.

Événemens de l'Année du Pourceau & de celle de l'Hégire 1156.

Le vingt-quatrième de Moharrem, un Jeudi, quarante minutes avant la première heure, la nuit couvrit fon fein d'une robe couleur de mufc, & orna fon front des deux étoiles brillantes de la jeune Ourfe. Mais lorsque le Sultan du jour, que la froide saison avoit confiné dans fa demeure fecrète des Poiffons, eut paffé dans fa maifon de plaifance du Belier, le léger meffager Zéphyr, envoyé par le printemps victorieux monarque, arriva dans le palais du jardin de roses, & étala le riche préfent de fes doux parfums; les miniftres de la nature couvrirent les parterres de guirlandes de fleurs. L'armée d'Ardibehechet, s'avan

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Mars en

çant, mit le fiége devant les fortereffes des A.D. 1743. bocages & des collines; les Pachas fouverains du nouvel an envoyèrent, comme ambassadeurs, les vents frais pour appaiser la dispute commencée avec le puiffant monarque Chebat Février & & le Sultan Azar. Les Effendis des cyprès Syrien. & des pins vinrent abattre les arbres des querelles & des diffentions: les feigneurs des buis & des ormeaux, les Kazis des boutons d'églantine, qui tiennent la première place dans les jardins, répandirent leur lumière de tous côtés, & écrivirent le diplome public de joie & d'allégreffe; enfin les brillantes rofes avec les javelines de leurs épines acérées percèrent les froides troupes de l'hiver, qui avoient fi long-temps infefté leurs bofquets.

Après que la fête du Neurouz eut été célébrée par toutes fortes de divertissemens, l'armée royale paffa le pont de Giovad, & campa dans les plaines de Mogan, où elle fe reposa pendant vingt jours. Enfuite elle fe mit en marche par la voie de Karatchemen, & paffa à quatre parafanges de Tauris. Sa Majefté donna le gouvernement de cette dernière ville, ainfi que le commandement des forces de l'Azarbigian, à Achour Khan Papalou, choififfant fix mille hommes dans fon armée fortunée pour le foutenir; elle ordonna aux gouverneurs de Derbend, de Chir

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