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Nad. 54.

"favoir & d'intelligence, les éclairant par le A.D. 1741. "foleil de notre préfence royale ; qu'ils nous " informèrent, qu'après la miffion du meilleur "des prophètes (fur qui & fes compagnons "foit éternellement la grâce du Très-haut) "tous fes fucceffeurs dépensèrent leurs vies & "leurs fortunes pour établir la véritable croyance; qu'ils abandonnèrent à cet effet amis &

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parens, & fupportèrent conftamment toutes "fortes de rebuts & de blâme, tant des grands que des petits; que par cette conduite ils "obtinrent les plus fignalées faveurs du prophète, & furent honorés de ce verfet de "l'Alcoran, defcendu exprèspour eux ; "plus excellens des hommes font ceux qui "fuirent avec le prophète, qui l'affiftèrent, & "tous ceux qui leur font généreux;" qu'après "la mort du grand prophète, le Califat fut "l'héritage de fes illuftres compagnons, de" venus guides de la religion, & directeurs de "ses rites & ordonnances; que le premier fut "un des deux élus, qui avoient été enfermés

avec lui dans la cave, le glorieux Ahmed "Mokhtar Abou Becr le Vrai (fur qui foit la

paix de Dieu !) que le fecond fut le grand "ornement de la chaire & de l'autel, Omar "Ben Elkhotab; qu'à celui-ci fuccéda l'éclairé "Ofman Ben Afan, après lequel régna le "victorieux lion du Trés-haut, le merveilleux E

VOL. X.

A.D. 1741. Ali Ebn Abi Talib (à qui Dieu faffe paix !);

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que chacun de ces califes préferva la plus "stricte unanimité pendant fon règne, & fut "affranchi de diffentions & de difputes; qu'ils "confervèrent l'amitié fraternelle, & expul“sèrent l'héréfie & l'infidélité; qu'après la "mort de ces quatre califes, les croyans con"tinuèrent dans la concorde fur les points "effentiels, bien que les mois & les années "euffent amené quelque changement, & pro"duit quelques diffèrences au fujet des jeûnes, "des prières, & des pélerinages, le fond de la

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religion étant toujours le même ; qu'enfin il

n'y eut ni difcontinuité ni défaut dans le pur amour envers le prophète, fes compagnons, & fes enfans, jufqu'au temps qu'Ifmaïl Chah répandit fes erreurs qu'en conféquence de ces inftructions parvenues aux Perfans par nos ordres, ceux-ci ayant abjuré leurs héréfies, & s'étant faifis des "bords de la robe de la révérence pour les

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quatre pilliers fupportant l'édifice de la

religion, nous acceptâmes l'Empire en "cette confidération, & réfolûmes d'établir la cinquième fecte de Giafar; que nous envoyâmes déclarer notre deffein, dans l'espoir

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qu'il feroit approuvé de fa haute Majefté "exaltée au deffus des étoiles, feigneur des "deux continens, & des deux mers, ferviteur

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"des deux cités facrées, un fecond Ifcander A.D. 1741. "Zoulcarnein, le protecteur de la religion "avec la dignité de Dara, l'empereur des "Turcs, dont le confentement auroit produit une paix & un bonheur durable: que depuis que les plaines de Derbend font éclairées par nos fortunées bannières, & ornées par "nos glorieufes troupes, nous avons confulté "fur les moyens d'achever cette grande en"treprise, & d'en rendre le fuccès inaltérable;

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ayant entendu en pleine affemblée les opi"nions des chefs de notre religion, & celles "de tous les hommes favans qui étoient avec

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nous ; qu'ils ont éclairci tous nos doutes, "entièrement écarté le voile de l'incertitude, " & ôté tout sujet d'héfitation, en nous con

vainquant plus que jamais, que toutes ces "héréfies & disputes ne viennent que de Chah "Ifmaïl, & que fans lui tous les fidelles au"roient été unis de croyance dans les points • fondamentaux de la religion.

"A ces causes, par l'affiftance du Très-haut, "nous faifons publier cette très-noble & très"facrée déclaration, ordonnant que tous nos fujets reconnoiffent que la légitime dignité des

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quatre califes n'a jamais été difputée que de“puis l'héréfie de Chah Ifmaïl, & qu'ils y ont "des droits établis dès le commencement de "la religion Musulmane; nous enjoignons à

A. D. 1742. nos dits fujets de renoncer à toute erreur

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"contraire, & aux prédicateurs de ne nom

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mer en chaire ces quatre califes qu'avec les "titres qui leur font dûs; & d'accompagner "toujours leurs noms du fouhait de la paix "du feigneur fur eux. En outre nous vou"lons, que le très-excellent & très-illuftre "Mirza Mohammed Ali foit le miniftre de "notre volonté, & rende publique cette or"donnance dans toute l'étendue de notre do

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mination, afin que tous & un chacun s'y "foumettent, & foient affurés que, par la "moindre oppofition à notre décret, ils en"courroient la colère du ciel, & notre re"doutable reffentiment."

CHAPITRE VI.

Événemens de l'Année du Chien & de l'Hégire, 1155.

La nuit du Mercredi quatorzième du mois. facré de Moharrem, le rayonnant foleil entra dans fon palais du Belier. L'Ofmeï de l'hiver, qui avoit opprimé les troupes de plufieurs

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plantes colorées, & dépouillé de leurs orne- AD. 1742. mens les berceaux de rofes, s'enfuit, ainfi que les Lekzies des frimats & des glaçons; ils quittèrent les montagnes du Daghestan à l'approche des troupes printanières. Le vil impofteur Bahman, qui, fortant des régions du Touran, & voyant les jardins dépourvus des Kizlebaches des rofes flamboyantes, avoit élevé l'étendard de l'indépendance, fut détruit par l'impétuofité de l'armée du printemps.

Ce même Mercredi la fête du nouvel an fut célébrée avec pompe, allégreffe & profpérité.

Nadah Chah avoit réfolu de ne point perdre de temps pour terminer avec le Turc fa grande entreprise fur l'établissement de la cinquième fecte. Son intention étant de mettre, enfuite, ordre aux affaires de fes états, de réfigner l'empire à un des princes fes fils, &, fe retirant à Kélat fon ancien domicile, de donner ainfi un fameux exemple de la brieveté des règnes de ce monde.

Dans ce deffein, il ordonna à d'ingénieux architectes, à d'habiles géomètres, à de laborieux artistes, de fe raffembler à Kélat, d'y élever de fuperbes édifices, & de magnifiques palais, dont les faîtes puffent atteindre la voute de la feptième fphère; d'y bâtir des maifons, des bains, des boutiques, des caravanferaïs;

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