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Nad. 54.

A.D. 1741. pays des Lekzies, à la diftance de deux ou trois parafanges l'un de l'autre, dans chacun defquels il laiffa des troupes avec ordre de se faifir de tous les territoires de ces rebelles, & de les poursuivre jufqu'à ce qu'ils fuffent

8 Novembre.

anéantis.

Le dix de Ramazan, fa Majefté retourna à l'armée; &, ayant choisi fes quartiers d'hiver en un lieu rempli d'eau & de fourrages, y établit fon camp; elle y plaça fon férail, commandant aux chefs de fon armée de fe bâtir des maifons de timbre & de canne, pour fe mettre à l'abri des rigueurs de la prochaine faifon.

Voici à préfent ce qui arriva d'heureux pendant ces temps.

On a vu que dans les forêts du Mazenderan il avoit été tiré un coup de moufquet fur la perfonne facrée de l'Empereur: la tribu de Taimni avoit été foupçonnée de cet attentat, parce qu'alors quelques-uns d'entre eux avoient pris la fuite; les fugitifs, poursuivis, avoient été pris fur les confins d'Oubé & de Chafilan, & conduits devant la préfence royale. On avoit appris d'eux qu'un ferviteur de Dilaver nommé Neikcadem avoit fait cette horrible entreprise à l'infligation d'Aka Mirza fils de Dilaver; celui-ci fut puni comme il le méri

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toit, tandis que l'affaffin Neikcadem fauva fa A.D. 1741. vie par une fincère confeffion de fon crime, & eut feulement les deux yeux arrachés.

Un ambassadeur de Mohammed Chah, puiffant empereur de l'Indoftan, arriva au camp, chargé de présenter de riches dons à sa Majefté, & pour la féliciter de fes conquêtes du Touran & du Kharezme: il fut reçu, & congédié avec de grands honneurs.

D'un autre côté, Nezif Effendi & Menif Effendi furent envoyés par la Porte, accompagnés d'Hagi Khan, ambassadeur de fa Majesté en Turquie, & ils parvinrent à la haute Cour dans le mois de Zou'lkadé.

Nader Chah avoit auparavant reçu une lettre de l'empereur Ottoman, qui refufoit l'établissement de la fecte de Giafer, & la demande d'ériger un cinquième pillier dans la mofquée de la Mecque.

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En conféquence, il fit la réponse suivante : "Avant que l'empire de l'Iran appartînt

aux Sultans Turcmans, quelques provinces "de la Natolie, des Indes, & du Turquestan, "furent annexées à cet état. Lorfque par "les décrets du fort cet empire eut été trans"féré à la race de Sefevi, Balkhe, & fes dé"pendances, tombèrent en la poffeffion des "Ouzbegs, l'Irak en celle des Arabes; Cabul

A.D. 1741. cc
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paffa fous la domination des empereurs de "l'Indoftan; Diarbecr & une partie de

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l'Azarbigian obéirent à la Porte; les limites CC entre Timour & les anciens empereurs "furent reconnues & rétablies. Quand, par la "faveur de la Providence, nous fûmes élevés au trône de Perfe, notre deffein fut, avec "l'aide du ciel, de réunir à l'empire toutes 66 ces provinces qui en avoient été démem"brées; excepté celles qui étoient poffédées

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par les Turcs. Nous défirâmes que fa Ma

jefté l'empereur Ottoman acceptât d'abord "notre propofition relative à la cinquième "fecte, comptant de refferrer par là les nœuds "de l'amitié qui uniffoient les deux empires, "de manière que tout fujet de diffention fût "anéanti entre nous, & que les poffeffions "des deux fouverains demeuraffent inalté"rables. Comme notre jufte demande ne fut pas acceptée, & que nous perfiftons à croire l'établissement de la cinquième fecte as"furera la paix entre les vrais croyans, & "comme l'empereur des Turcs eft le Calife “de la vraie religion, nous fommes bien aifes "de manifefter à tous nos fecrètes intentions;

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que

& nous déclarons, qu'avec une inclination "amicale & fraternelle, nous fommes réfolus "d'aller nous-mêmes en Turquie, espérant

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que dans une conférence entre nous & l'em- A.D. 1741. pereur Ottoman nous conclurons cette grande "affaire à notre mutuelle fatisfaction."

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Pendant que tout ceci fe paffoit, Ofmeï, qui tâchoit d'obtenir grâce pour fa trahison, envoya fon fils & deux de fes filles en otage à la cour, fous la conduite de plusieurs de fes chefs. Enfin les affaires du Daghestan étant prefque terminées, Nader Chah congédia les Effendis chargés de fa lettre.

Cependant, dans les faveurs que le roi des rois conféroit à fa Majefté, celle de la préfervation de fon armée fut toujours marquée vifiblement. Au plus fort de l'hiver, lorsque la neige & les pluies ne ceffoient avec leurs longs fils d'ourdir un blanc manteau pour couvrir les plaines, des provisions étoient apportées de toutes les contrées de l'empire, & rempliffoient le camp d'une telle abondance, que l'armée auffi nombreuse que les étoiles eut tout à fouhait, malgré l'âpreté du froid, & la ftérilité

du pays.

Quoique dans les plaines de Mogan (comme il a été déjà raconté) la fecte erronée, qui avoit autrefois prévalu, eût été expulsée de l'Iran, toutefois pour confirmer ce changement de religion, fa Majesté trouva bon de faire publier depuis Derbend jufqu'aux extrémites des pro

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A.D. 1741. vinces de Cabul & de Peichaver, une ordon

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nance royale dans ces termes :

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Que tous les gouverneurs, chefs, & savans "auffi nombreux que les Cherubins, que tous "les explicateurs des lois, les magistrats des "cités, les pères de familles, les commandans, ❝ainfi que tous les habitans de l'empire facré, "enfin tous ceux qui, fe repofant fous l'ombre "du palais éternel de notre empire, espèrent

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en notre protection, fachent, que, dans l'anA.D.1500. ❝née 906, Chah Ifmaïl Sefevi, ayant entraîné "les peuples comme des troupeaux à fuivre

fes innovations, pofa parmi eux les fondecc mens de l'héréfie, que par là il ralluma la "haine parmi les vrais croyans, & éleva "l'étendard de la diffention, de manière que "le fang des fidelles fut répandu de tous "côtés; que pour ces raifons, lorfque dans la

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grande affemblée des plaines de Mogan, "les peuples de l'Iran nous fupplièrent d'accepter l'empire, nous ne condescendîmes à "leurs défirs, que fous la condition que ces "deftructives erreurs de Chah Ifmail fuffent "abolies, & que la domination des Juftes Ca"lifes (auxquels Dieu faffe paix!) fût recon

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nue, comme elle l'étoit du temps de nos il"luftres aïeux; qu'en conféquence nous conદ "fultâmes les gens de notre cour, doués de

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