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A.D. 1748. place, ayant trouvé le moyen de se saisir de fa perfonne, l'envoyèrent chargés de chaînes à la cour de Chahrokh.

Cependant la perfonne que le jeune roi avoit nommée pour conduire ce prifonnier, le tua dans le chemin, & n'en fit porter que le cadavre à fon maître; Ali Chah fut auffi mis à mort par repréfaille pour le meurtre des jeunes princes.

Ce fut alors que Chahrokh Chah parut entièrement fixé dans la poffeffion de l'empire; toute la province de Khoraffan fe foumit à lui: mais les Kiurdes de Khabouchan, & plufieurs tribus Arabes, n'eurent que l'apparence de la fidélité, & entretinrent les étincelles de la trahison dans leurs cœurs.

Mirza Seid Mohammed, fils de Mirza Daoüd, dont la mère étoit fille de Chah Soliman d'heureuse mémoire, avoit été élevé au gouvernement de Khoraffan sous le règne de Nader, & avoit été intéreffé dans les affaires d'état fous Ali & Ibrahim Chahs. Ce fut lui qui forma le plus cruel deffein contre le jeune roi Chahrokh, feul joyau de deux nobles mers; jardin dont l'existence étoit arrofée de l'eau du bofquet de roses de Nader, & du berceau de fleurs de Sefi; lui à qui, par conféquent, appartenoit fi juftement l'augufte empire.

Cet homme barbare fit arracher au jeune A.D. 1718. prince fes yeux qui fiégeoient dans l'empire de fon corps comme deux monarques fur leurs trônes de cristal.

Une telle méchanceté ne demeura pas impunie; deux mois après, furent justifiées les paroles du poëte, qui dit:

Celui qui fait le mal, doit s'attendre au retour,
Et dans fon propre piége, il eft pris à fon tour.

Mirza Seid Mohammed fut pris en effet, & fubit le châtiment qu'il méritoit; car Youffef Ali Khan Gelaïr le priva de la vue, & le fit fervir d'exemple à ceux qui voient. Alors Chahrokh Chah fut replacé fur le trône: mais, il n'eut que le nom d'empereur, fon aveuglement le rendant incapable de gouverneur.

Depuis ce temps la Providence a voulu que les chefs de plufieurs provinces ayent élevé les étendards de l'indépendance; qu'étant enivrés du vin de l'arrogance & de leurs propres projets, ils ayent laiffé échapper de leurs mains le bouton d'appui du bon fens & de la prudence; qu'ils ayent continué à se haraffer les uns les autres, opprimant le foible & le malheureux, & excitant d'innombrables commotions; de manière que la partie affligée

A.D. 1748 n'a pas joui d'un moment de tranquillité, n'a pas été affranchié un feul inftant de la calamité & de l'oppreffion.

A préfent, gloire foit rendue à Dieu qui préfide fur tous les fiècles, cet ouvrage eft fini, dans le temps que la voix de la bonne fortune & la trompette de la profpérité font retentir l'univers des louanges du grand & puiffant feigneur, doué des forces d'Alexandre, de la valeur de Feridoun, du pouvoir de Gemchid, des manières de Gara & de Soliman, le héros victorieux, auffi ferme que le ciel, le centre du cercle de la foi & de la fureté, le jardin printanier de la douceur & de la libéralité, Mohammed Hufn Khan. Puiffent fes bannières être exaltées au deffus des étoiles auffi long-temps que les cieux dureront tous les hommes font obligés de faire des vœux pour la continuation de fa vie & de fa félicité; tous lui doivent un tribut de reconnoiffance pour fa bienfaisance & fa générosité. A fon approche, la frayeur & la crainte s'emparent de l'ame de fes compétiteurs, l'efpérance ranime fes amis, afin que les clefs de la victoire foient délivrées en fes heureufes mains. Si, par les bontés du Tréshaut, l'aube de la tranquillité brille dans le ciel de la fortune, & me laiffe jouir de quel

que repos, les actions des chefs de tribus & A.D. 1748. les événemens depuis la mort de Nader Chah en 1160 jusqu'à cette année 1171, feront A.D. 1747. décrits par la plume de la narration dans un

fecond volume.

Paix & profpérité au lecteur!

A.D. 1737.

TRADUCTION LITTÉRALE

DES

VERS CONTENUS DANS LA SECONDE PARTIE

DE

L'HISTOIRE DE NADER CHAH.

LIVRE IV. CHAPITRE I.

*Vol. IX. Page 358. Voici le temps où il me convient de placer mes effets dans la maifon des banquets, & de m'y repofer en jouiffant de la tranquillité & des plaisirs.

* Page 359.

Tandis qu'on acquiert l'honneur & la renommée du vin & de la falle des banquets, nous laifferons tomber nos têtes dans la pouffière fur le marchepied du maître de Mogan.

* Page 359. Pourquoi abandonnerions-nous la demeure du Seigneur des banquets? La fortune y réfide; la tranquillité y fait fon féjour.

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