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Nad. 60.

A.D. 1747. qué de fidélité, ni porté la tache de la trahifon, ne put d'abord s'empêcher de s'unir à Ali Kuli Khan; mais bientôt fa confcience alarmée fit taire tout autre motif; il tâcha de diffuader fon confédéré, qui, irrité de fa défection, le fit empoisonner.

• Juin.

Alors, déployant les bannières de l'indépendance, Ali Kuli Khan fe fit proclamer fouverain dans plufieurs provinces, & attira à lui ceux qui s'étoient retirés & cachés dans la crainte d'éprouver la rage de Nader Chah. De ce nombre furent les Kiurdes de Khabouchan, qui, fecouant entièrement le joug de l'obéiffance, pillèrent plufieurs diftricts. Nader Chah partit auffitôt pour les châtier, &, un Dimanche au foir, onzième de Giumadi'lakhri, campa à la station de Fathabad à deux parafanges de Khabouchan.

Ce fut en ce lieu que, par le confentement d'Ali Kuli Khan, avec l'affiftance de Mohammed Saleh Khan & de Mohammed Kuli Khan l'Afchar, capitaine des gardes, le fort fatal de ce héros fut décidé. Trois officiers confidérables nommés Mohammed Khan Erivani, Mouffi Beg Taremi, Koutché Beg Gondozlaï, entrèrent dans la tente royale à minuit, tuèrent ce grand roi, & firent une balle de paume de cette tête que l'univers, peu auparavant, étoit à peine capable de contenir.

Nad, 60.

Quand, au matin, la nouvelle de cette ac-A.D. 1747. tion fut répandue au dehors, & que les chefs de l'état furent affemblés, Ahmed Khan Abdalis qui avoit été fort attaché à Nader Chah, engagea une troupe d'Afgans & d'Ouzbegs affaillir les Afchars & les foldats du camp; mais ils furent repouffés & appaifés après un court engagement; enfin, Ahmed, voyant l'inutilité de fes efforts, après avoir rassemblé quelques Afgans, marcha vers Kandehar.

Les Afchars envoyèrent auffitôt un détail circonftancié de cet événement à Ali Kuli Khan. Ce prince, ravi de voir un tel fuccès à fon deffein, fe rendit en hâte en Khoraffan, laiffant fon fils Sohreb avec une tribu de Bakh

tiaris, & envoyant d'autres troupes pour in

veftir Kélat.

Ces troupes étoient à peine arrivées devant ce château, confidérant entre elles les viciffitudes de la fortune, qu'un accident imprévu leur donna lieu d'éprouver fa faveur. Le garde d'une des tours de Kélat, ayant besoin de faire fa provision d'eau, defcendit par une échelle, qu'il laiffa imprudemment dans le lieu dont

ennemi venoit de s'approcher. Cette occafion inefpérée fut dans l'inftant faifie; le détachement d'Ali Kuli Khan monta au comble de fes défirs, entra dans le château, s'empara d'une place que fes fortifications auroient ren

A.D. 1747. due imprenable, & faifoient regarder comme une des merveilles du monde.

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Nafralla Mirza, Imam Kuli Mirza, & l'excellent prince Chahrokh Mirza, montèrent auffitôt à cheval, & s'enfuirent du côté de Mérou. Cazem Beg, frère d'Ali Kuli Khan, étoit alors auffi à Kélat; il fe mit à la fuite des princes, mais n'ayant pu les atteindre, il revint, & envoya après eux Dost Mohammed Tchétché, le fauconnier de Nafralla.

pour

Imam Kuli & Chahrokh Mirza furent pris à neuf parafanges de Kélat. Un nommé Corban Kuli fut mis fur les traces de Nafralla, & l'atteignit à Houzisenk; mais ce jeune prince, lui ayant porté un coup furieux avec fon cimeterre, le fit tomber de cheval, & eut le temps de fe fauver jusqu'auprès de Mérou ; là, ayant malheureusement rencontré quelques foldats de la garnison de cette ville, il fut saisi & reconduit à Kélat.

Bientôt après Riza Kuli Mirza fut mis à mort, ainsi que seize autres princes du sang royal; on n'épargna ni l'inhabilité à fuccéder dans les uns, nì l'âge dans les autres. Les trois princes dont nous venons de parler furent conduits en Khoraffan, où l'on maffacra Imam Kuli & Nafralla.

Chahrokh, qui n'avoit que quatorze ans, n'cut pas le même fort; on l'enferma fecré

vifions devenoient très-rares dans le Khoraf- A.D. 1748. fan, le quitta pour le Mazenderan, où il féjourna fept mois. Pendant ce temps Allayar Khan, commandant d'une compagnie d'Afgans, & Otalla Khan, général des Ouzbegs, qui tous deux étoient dans Chehrzour avec leurs troupes, fe rendirent à Isfahan, d'où ils vinrent offrir leurs fervices à Ali Chah.

La vie efféminée de ce prince avoit rendu fes miniftres abfolus; Sohrab Khan dirigeoit toutes les affaires de l'empire; Hufn Ali Khan, trouvant que ce jeune homme étoit un obftacle à fes propres deffeins, réfolut de le perdre; à cet effet il l'envoya fous quelque prétexte plaufible à Ibrahim Khan, qui le fit

mettre à mort.

Bientôt après Ibrahim, pourfuivant ses trames fecrètes, entreprit de mettre dans fes intérêts les Afgans, les Ouzbegs, & tous les chefs qui étoient auprès de lui, prenant leurs cœurs dans les filets de l'amitié avec l'amorce. des préfens & de la munificence. Alors il étendit dans les airs les ailes de fes hauts deffeins, & prétendit à une indépendance entière. Il nomma pour fon premier ministre Selim Khan l'Afchar; il fut auffi gagner par fa bonté & fa bienveillance Emiraflan Khan, que le feu roi avoit fait gouverneur de l'Azar

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A.D. 1748. teau de Kélat. Le refte de chofes précieuses que ce tréfor contenoit, étoit au delà de toute conception, tant en garde-robes qu'en meubles & joyaux.

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Ces richeffes immenfes, dignes du grand Nader, furent transportées de Kélat à Mechehed, où Ali Chah les prodigua à grands & petits avec une profufion fans bornes ; il difperfoit l'argent le plus pur comme de vils grains, & les plus précieuses pierreries comme des cailloux & du verre.

Il nomma Hufn Ali Khan & Sohrab pour principaux inspecteurs de fes tréfors & de fes revenus, tandis qu'il jouiffoit de toutes fortes de plaisirs, & fe plongeoit dans les délices. Il établit Ibrahim Khan, fon frère, général & gouverneur d'Isfahan, & l'envoya réfider dans cette ville.

Cependant plufieurs tribus d'Afchars, un grand nombre de familles de l'Irak & de l'Azarbigian, ainfi qu'une compagnie de Bakhtiaris que Nader Chah avoit tranfplantée en Khoraffan, faifirent cette occafion pour retourner dans leur pays refpectifs. Les Kiurdes de Khabouchan, après avoir reçu de magnifiques récompenfes, fe révoltèrent; mais ils furent réduits par Ali Chah qui marcha en perfonne contre eux.

Ceprince, enfuite, voyant que les pro

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