77. ROMANS, NOUVELLES, CONTES.-La littérature du dixneuvième siècle est aussi remarquable par un immense développement du genre romanesque. Le nombre des romanciers, des nouvellistes et des conteurs est légion; les noms d'Alexandre DUMAS père et fils, de BALZAC, d'Edmond ABOUT, d'Octave FEUILLET, de Théophile GAUTIER, de Jules JANIN, de MÉRIMÉE, de MURGER, de Charles NODIER, de SAINTINE, de Georges SAND (madame du DEVANT), de Frédéric SOULIÉ, d'Émile SOUVESTRE, d'Eugène SUE, de Rodolphe TŒPFER, de Jules VERNE, d'Alphonse DAUDET, de Gustave DROZ, de Émile ZOLA courent dans toutes les bouches. La critique, ahurie devant la quantité et la variété de leurs œuvres, ne saurait encore discerner l'or du clinquant, le vrai du faux. L'opinion publique a cependant déjà condamné celles qui, sous prétexte d'études de mœurs et de caractères, corrompent l'imagination et le cœur en cherchant à rendre le vice plus attrayant que la vertu, ou la vertu responsable des écarts du vice.

78. Pour terminer ce rapide aperçu de la littérature contemporaine, citons le jugement que Sainte-Beuve a porté sur la poésie du siècle et qui pourrait bien s'appliquer en même temps aux genres romanesque et dramatique. "Ce qu'on peut dire sans se hasarder, c'est qu'il est résulté de ce concours de talent, pendant plusieurs saisons, une très riche poésie lyrique, plus riche que la France n'en avait soupconné jusqu'alors, mais une poésie inégale et très mêlée. La plupart des poètes se sont livrés sans contrôle et sans frein à tous les instincts de leur nature, et aussi à toutes les prétentions de leur orgueil, ou même aux sottises de leur vanité. Les défauts et les qualités sont sortis en toute licence, et la postérité aura à faire leur part. Rien ne subsistera de complet des poètes de ce temps."