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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY 971690

ASTOR LEN, AND TILLENr. NDALLONS

L

LA QUESTION DANOISE

AU POINT DE VUE SCANDINAVE

ᎬᎢ

AU POINT DE VUE FRANÇAIS.

ÉCLAIRCISSEMENTS ET SOLUTION.

About the Slesvig-Holstein row my notions are not clear.

I.

ALBERT SMITH.

Pourquoi la question danoise est-elle généralement si peu comprise par l'opinion publique en France?

C'est qu'il y a une certaine incompatibilité entre les éléments mêmes de cette question et le point de vue actuel de l'opinion. Le public français qui, depuis 1789, a rompu complétement avec la tradition historique, n'éprouve naturellement qu'un médiocre attrait pour ces questions dont le moyen âge et l'ancien régime font tous les frais et qui passionnent les professeurs danois et les diplomates d'outre-Rhin.

Il lui importe fort peu de savoir si, comme l'allègue le parti national en Danemark, le duché de Slesvig' a toujours appartenu à la couronne danoise, depuis les temps reculés où sur la vieille porte de Rendsburg, au pied de laquelle coule l'Eider, fut gravée l'inscription :

La population du duché est d'un peu plus de 400,000 âmes. Suivant les données officielles du gouvernement danois, récusées d'ailleurs par l'Allemagne, 135,000 parlent danois; 177,000, allemand, et 82,000 forment une population mixte entre les deux autres.

Terminus imperii romani; si l'élément allemand ne s'y est introduit que peu à peu et dans une proportion si faible que la moitié de ses habitants parlent encore la langue danoise; si enfin l'intégrité de la monarchie, y compris le duché, a été solennellement reconnue par les puissances en 1721. Son indifférence n'est pas moins grande quand il s'agit de remonter avec les Allemands jusqu'à la charte du roi Christian I (de 1460), qui promet de maintenir l'union inviolable du Slesvig avec le duché de Holstein; ou de vérifier les assertions des historiens germains, affirmant que le Jutland lui-même a été allemand; ou d'analyser avec eux, en suivant le cours des siècles, les documents législatifs et diplomatiques qui ont servi de point d'arrêt ou de point de départ dans la lutte séculaire engagée entre le Danemark et l'Allemagne. Il n'a pas lu et ne lira pas les « Fragments anti-slesvig-holsteinois de MM. Krieger, Grimur Thomsen, etc., et tout le bric-a-brac du moyen âge exhumé par leurs adversaires, qui n'ont réussi qu'à faire de cette question une énigme proverbiale.

Depuis 1789, la France ne vit que sur deux idées qui lui servent de criterium, et en dehors desquelles elle ne saisit que difficilement les questions étrangères. Ces idées sont l'idée de liberté et l'idée de nationalité. Or, dans la question danoise, le principe de la nationalité reste plus ou moins équivoque, quoiqu'il semble pencher du côté de l'Al!cmagne, si l'on veut faire de la langue l'élément national par excellence. Quant aux intérêts de la liberté, ils ne paraissent pas sérieusement engagés dans la lutte. On peut dire cependant que le progrès libéraldémocratique est du côté des Danois.

Ç'a été un malheur pour ces derniers que le parti doctrinaire, qui les a gouvernés presque sans interruption depuis 1848, ait uniquement posé la question devant l'Europe sur le terrain du droit historique et des vieux traités. Depuis l'insurrection des duchés en 1848, ce parti a essayé de conquérir l'opinion publique en faisant exhumer par ses bureaucrates les vieux titres de la monarchie, et en secouant sur l'Allemagne la poussière de ses chancelleries. La France ainsi n'a connu la question danoise que par les lambeaux de cette érudition politique; elle s'est trouvée vite fatiguée et a fini par renoncer à la comprendre. Nous n'avons pas la prétention d'élucider tous les points obscurs d'une question aussi ardue. Nous nous bornerons à dégager les éléments principaux, qui doivent guider le public français dans son ap

'La population du Holstein est de 523,000 habitants, celle de Lauenbourg, de 49,000; ces deux duchés, quoique danois, font partie de la Confédération germanique. Tous les habitants y parlent allemand.

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