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Nad. 56.

"clufion ; mais que néanmoins fi Nader A.D. 1743. “vouloit se défifter de fa proposition sur la "cinquième fecte, dont l'octroi feroit préjudiciable à l'empire Ottoman, il donneroit . "pleins pouvoirs à Ahmed Pacha pour con"clure une paix."

Sur cette réponse, le fecond de Ramazan, 100tobre. l'armée fe mit en marche pour Kercouk; mais comme la Majefté vouloit vifiter les lieux facrés de ces quartiers, elle quitta le camp, lorfqu'on eut atteint Karapeté; & le laiffant dans un lieu nommé Khankin, elle partit dans ce pieux deffein, accompagné feulement d'une compagnie de cavalerie.

Soliman Pacha & Mohammed Aga, fidelles ferviteurs d'Ahmed, vinrent trouver Nader Chah à Chehervar, lui offrirent des préfens confidérables, & furent honorés par lui de ceinturons garnis de perles, de fplendides robes, & d'autres magnifiques marques de distinction. En quittant la préfence facrée, Mohammed Aga retourna à la Porte pour rendre compte de fa commiffion, de l'acceptation d'Ahmed Pacha des pleins pouvoirs, & du départ de l'armée Perfane.

Après que fa Majefté eut vifité les tombes des faints hommes (auxquels Dieu faffe paix!) elle s'embarqua fur le Tigre dans une barque, qu'Ahmed avoit rendue auffi magnifique &

A.D. 1743. auffi commode qu'il étoit poffible, &, ayant

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vifité le tombeau de l'Iman Abou Hanifé (fur lui foit la grâce du Très-haut!) elle retourna le même jour à fa glorieufe tente, & le jour d'après se rendit à Negef Egeref par la route d'Hillé.

Comme il y avoit dans la fuite royale, des hommes favans de l'Iran, du pays des Afgans, de Balkhe, de Bokhara, & d'autres provinces du Touran, & qu'ils avoient unanimement le défir d'éteindre toute animofité parmi les fidelles croyans, fa Majefté fit appeler ceux qui, foit dans les faints lieux d'Hillé, foit dans la contrée de Bagdad, égaloient en favoir ceuxci & les raffembla dans la maison sacrée.

Après une longue difcuffion, il fut convenu qu'on couperoit la corde de la diffention, & qu'on nettoieroit la claire fontaine du Mohamétifine du limon des doutes, & des controverfes fur le fujet en question.

En effet, après que les articles de cette convention curent été rédigés, toutes les illuftres perfonnes qui en étoient témoins y apposèrent leurs fceaux; on la dépofa dans le tréfor facré, & on en difperfa des copies dans tout l'empire. Voici en fubftance ce qu'elle contenoit, & par où elle commençoit:

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Quand la miffion du glorieux prophète " (fur lequel & fur fa famille foit la grâce de

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"Dieu!) fut finie, chacun de fes vertueux A.D. 1745. 66 compagnons hazarda fa vie & fa fortune

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pour étendre la véritable réligion; & leur "eftimable conftance leur mérita l'honneur de ❝ce verfet de l'Alcoran :

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"Les plus excellens en vertus furent ceux qui s'enfuirent avec le prophète & qui “l'affistèrent."

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Après le départ du prophète pour un "meilleur féjour, le droit de fucceffion & le

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gouvernement tomba à ces grands affociés, "qui conduifoient l'inftruction des peuples. "Le premier Calife fut, Ahmed Mokhtar "Aboubecr, le vrai témoin; le fecond fut, "l'ornement de la mofquée, Omar Ben Kho"tab; le troifième, Ofman Ebn Affan ; & le

quatrième, le victorieux lion de Dieu, Ali "Ebn Abi Talib; ces quatres Califes mar"chèrent dans le fentier de l'unanimité pen"dant le cours de leurs règnes, loin de toutes

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disputes & contentions, préfervant la vérité "intacte, & détournant toute héréfie de la "fecte de Mahomet.

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"Les Ommiades & enfuite les Abbaffides, A.D. 1500.

qui régnèrent après ces grands hommes, fui"virent leurs traces: mais, enfin, en 906, "Chah Ifmail monta fur le trône de Perfe; "& par les infinuations des gens de lettres "de l'Azarbigian, du Ghilan & d'Ardebil,

A.D. 1743.
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commença

à

attaquer les droits de ces glo

"rieux Califes, & à éloigner les cœurs du

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peuple des honneurs qui leur étoient dus. "Il fit annoncer dans les mofquées & dans "les chaires cette hérétique doctrine, que la plume fe refuse de tracer, & fur laquelle la langue voudroit garder le filence.

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Quand les Sunnites refusèrent d'embraffer "ces opinions, il permit aux Schütes de les

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tuer, de les perfécuter, & de les faire captifs, “de manière qu'on vit des efclaves Maho"métans vendus, & achetés en Europe, & "dans les pays les plus éloignés.

"Cette calamité dura jufqu'au règne de Chah "Huffein: alors par degrés les Turcmans "du défert, enfuite les Afgans de Kandehar, " & même les Turcs & les Ruffiens, ébran"lèrent de tous côtés les fondemens de l'em"pire de l'Iran; fur lequel ils s'arrogèrent des "droits, & dont ils ravagèrent les provinces.

"Mais la volonté du Roi des rois mit dans "toute leur fplendeur les événemens, qui "étoient cachés fous le voile de l'obfcurité ; "le très-glorieux & le très fortuné Monarque,

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qui, avec le pouvoir du Deftin, la dignité "de Saturne, la furie de Mars, confondit l'ex"iftence de ces rebelles, & rendit aux rois "des Indes & de Touran leurs diadèmes.

"Il eft l'ombre du Très-haut, l'afile de

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"tous les rois de la terre, le grand Nader A.D. 1743. "Chah; que le Tout-puiffant préferve fon "règne il diffipa les ténèbres qui environ"noient l'Iran, reftaura l'empire que les in"vasions étrangères avoient démembré, &,

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avec les ferres de la profpérité, mit en pièces

"les auteurs des rebellions & des troubles.

"En l'année 1148, ayant raffemblé les peu- A.D. 1735.

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ples d'Iran dans les plaines de Mogan, il "leur ordonna de fe choifir un roi.

Alors "les Perfans le fupplièrent d'accepter l'em" pire; difant, Ce royaume appartient de "droit à fa Hauteffe qui nous a préfervés, &

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qui à délivré nos vies des griffes de nos en"nemis, nous protégeant même contre leurs outrages.'

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"A ces acclamations fa Hauteffe répondit; Puifque les Perfans me veulent pour leur "fouverain, j'accepte leur offre, à condition

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qu'ils quittent leurs héréfies, & recon"noiffent la légitime fucceffion des illuftres "Califes." Cette jufte demande fut accordée, "& la convention qui fut faite demeura dans "le tréfor royal; fa Majefté envoya auffitôt "un ambassadeur à l'empereur des Turcs, "doué du pouvoir de Saloman, qui étend le tapis de la fureté, qui vérifie ce facré verset, Dieu veut agir avec juftice & libéralité," feigneur des deux continens & des deux

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