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Nad. 55.

A.D. 1742. a été dit que fa Majefté, étant en Dagheftan, avoit reçu la nouvelle de la mort de ce prince, caufée par la rebellion d'Abou'l Kheir Khan, joint à Ertouk Eniak, & aux autres mécontens d'Aral, lefquels, après avoir rompu les liens de l'obéiffance, s'étoient choifis pour gouverneur le fils d'Abou'l Kheir Khan; on a raconté comment fa Majefté, irritée de voir payer fes bienfaits & fa clémence de tant d'ingratitude, avoit envoyé Nafralla Mirza son lieutenant général en Khorassan pour châtier les révoltés, lui ordonnant de conduire toutes fes forces & fon artillerie contre Kharezme, & de s'y rendre pour le jour du nouvel an.

Quand donc Ertouk Eniak, & les autres chefs d'Aral & du Kharezme, furent informés de la marche du prince, & furent revenus de leur ivreffe caufée par le vin de l'ambition, ils fe repentirent de leur folie, &, remplis de crainte, fe hâtèrent de fe rendre en Khoraffan; ils recontrèrent Nafralla Mirza près de Mérou, & lui démandèrent pardon & grâce, offrant de rendre les prifonniers & d'enrôler de nouvelle troupes dans fon armée.

Le prince s'arrêtant à Mérou, envoya demander la volonté de l'Empereur, auffi puiffant que Soliman, qui, en confidération de cinq cents fidelles Ouzbegs qu'il avoit dans fon armée, pardonna aux rebelles, & à la re

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quête de ces vaillans foldats, donna la prin- A.D. 1742. cipauté du Kharezme à Abou'l Mohammed. fils d'Ilbars, qui avoit pris refuge fous l'ombre des victorieufes bannières du prince. Sa Majefté voulut auffi qu'Ertouk Eniak remplît un pofte confidérable, & celui-ci fit paffer fon frère & plufieurs chefs dans le fervice de l'armée royale.

Les ordres que le reçut portoient en même temps de choifir un nombre confidérable de foldats d'Aral & de Kharezme, & de les envoyer au camp, de relâcher les prifonniers, & de transplanter en Khoraffan les tribus de Tekki & d'Yemout, qui fe trouvoient alors en Kharezme.

Les chefs de ces tribus, s'étant foumis au décret royal, reçurent la permiffion de fe retirer, & le prince fe mit en marche pour retourner en Khoraffan, où il arriva le vingt- 14 Juillet. deux de Giumadi'lakhri.

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CHAPITRE VII.

Un Impofteur fous l'Habit de Derviche fait foulever Balkbe; Réduction de cette Pro

vince.

A.D. 1742, LORSQUE fa Majefté s'occupoit à mettre ordre aux affaires du Daghestan, elle apprit le soulèvement de Balkhe, qui arriva de la manière fuivante.

Com

mencement

bre.

Vers le milieu du mois Chaval, un homme de Novem- d'origine inconnue, venant d'Oubé & de Chaffilan, & revêtu d'un habit de Derviche, fe rendit à Endekhod, & de là à Balkhe; &, s'arrêtant dans la fainte demeure de Chahmerdan, il prétendit être un Iman, & faire des miracles; auffitôt, Ifmitalla, Saïd Cheiourgali, & plufieurs chefs Ouzbegs, le suivirent, ainsi qu'une multitude de bas peuple; de manière qu'en peu de jours il raffembla autour de lui dix ou douze mille hommes.

Neïaz Khan, gouverneur de la province, fut d'abord infatué de cet impofteur, &, fe foumettant à lui, frotta de fes paupières les pas qu'il traçoit; mais, voyant fon pouvoir monter au plus haut degré, il craignit pour lui

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même, & envoya un corps de troupes pour le A.D. 1749. combattre. Le prétendu Derviche fut victorieux, le gouverneur battu, le lieutenant de Balkhe, & plufieurs officiers tués, & les Ouzbegs, rendant la fédition générale, tant au dehors qu'au dedans de la ville, massacrèrent tous les Khoraffaniens qu'ils rencontrèrent; enfin Neïaz Khan fut obligé de fe fortifier dans la citadelle en attendant du fecours.

bre.

Nader Chah, aux premières nouvelles de ces troubles, envoya, pour les appaifer & pour en punir les autres, plufieurs compagnies de foldats du Khoraffan, dont il donna le commandement à Mohammed Huffein Khan, à Alla Virdi Beg, & à Mohammed Kassem Beg: ces troupes étant parties avec de l'artillerie & des munitions, le douzième du mois Zou'l- 18 Décem heggé, fa Majefté reçut avis qu'elles avoient vaincu les rebelles; que, dans le combat, Ifmitalla protégé du Derviche & par lui nommé à l'empire du Turqueftan, avoit été bleffé d'un coup de moufquet, ce qui avoit jeté les troupes révoltées dans un grand défordre; que l'impofteur s'étoit fortifié dans le château de Chahmerdan, qu'enfin deux jours après Ifmitalla ayant été conduit par fa bleffure dans la maison du châtiment, le château avoit été pris par les Perfans, le Derviche, lié & chargé de chaînes, amené au gouverneur, fes fectateurs dispersés,

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A.D. 1742. plufieurs des féditieux faits prifonniers & punis. L'Empereur manda alors à fes officiers de continuer malgré ces fuccès d'exécuter fes ordres, ne laiffant point relâcher le lien de leur entreprife, & de s'unir au gouverneur pour extirper toute femence de troubles, en détruifant entièrement ceux qui les caufoient.

Cependant, après qu'Ofmeï eut porté fes pas errans du côté d'Oar, & que fes châteaux eurent été démolis; après que, par les courfiers des conquérans, tous les diftricts du Dagheftan eurent été foulés & châtiés par la valeur des héros; après que Chemkhal & Serkhaï fe furent enrôlés dans le fervice impérial, & qu'avec les chefs de Koban, de Nogaï & de Circaffie, ils eurent été forcés de porter le collier de l'obéiffance, auquel ils n'avoient été accoutumés: alors tous ces pays renpas trèrent dans le devoir & la tranquillité.

En ce même temps arriva une lettre de Mahmoud Khan, Empereur dés Turcs, par laquelle il s'excufoit de ratifier l'établissement de la fecte de Giafar, & d'élever un nouveau pillier dans le temple de la Mecque, protestant qu'au lieu de ces deux articles il fouscriroit à tous les autres désirs de sa Majesté.

Comme, l'année d'auparavant, les deux Effendis étoient venus de la Porte chargés du

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