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Nad. 54.

"des deux cités facrées, un fecond Ifcander A.D. 1741. "Zoulcarnein, le protecteur de la religion "avec la dignité de Dara, l'empereur des "Turcs, dont le confentement auroit produit une paix & un bonheur durable: que depuis

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que les plaines de Derbend font éclairées

par nos fortunées bannières, & ornées par "nos glorieufes troupes, nous avons confulté "fur les moyens d'achever cette grande en"treprise, & d'en rendre le fuccès inaltérable;

ayant entendu en pleine affemblée les opi"nions des chefs de notre religion, & celles "de tous les hommes favans qui étoient avec

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nous; qu'ils ont éclairci tous nos doutes, "entièrement écarté le voile de l'incertitude, " & ôté tout fujet d'héfitation, en nous con"vainquant plus que jamais, que toutes ces "héréfies & difputes ne viennent que de Chah Ifmaïl, & que fans lui tous les fidelles au"roient été unis de croyance dans les points. "fondamentaux de la religion.

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"A ces causes, par l'affiftance du Très-haut, nous faifons publier cette très-noble & très"facrée déclaration, ordonnant que tous nos fujets reconnoiffent que la légitime dignité des quatre califes n'a jamais été difputée que depuis l'héréfie de Chah Ifmaïl, & qu'ils y ont "des droits établis dès le commencement de "la religion Musulmane; nous enjoignons à

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A.D. 1742" nos dits fujets de renoncer à toute erreur

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contraire, & aux prédicateurs de ne nom

mer en chaire ces quatre califes qu'avec les "titres qui leur font dûs; & d'accompagner "toujours leurs noms du fouhait de la paix "du feigneur fur eux. En outre nous vou"lons, que le très-excellent & très-illuftre "Mirza Mohammed Ali foit le miniftre de "notre volonté, & rende publique cette or"donnance dans toute l'étendue de notre do"mination, afin que tous & un chacun s'y "foumettent, & foient affurés que, par la "moindre oppofition à notre décret, ils en"courroient la colère du ciel, & notre re"doutable reffentiment."

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Événemens de l'Année du Chien & de l'Hégire, 1155.

La nuit du Mercredi quatorzième du mois facré de Moharrem, le rayonnant foleil entra dans fon palais du Belier. L'Ofmei de l'hiver, qui avoit opprimé les troupes. de plufieurs"

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plantes colorées, & dépouillé de leurs orne A.D. 1742. mens les berceaux de rofes, s'enfuit, ainsi que les Lekzies des frimats & des glaçons; ils quittèrent les montagnes du Daghestan à l'approche des troupes printanières. Le vil impofteur Bahman, qui, fortant des régions du Touran, & voyant les jardins dépourvus des Kizlebaches des rofes flamboyantes, avoit élevé l'étendard de l'indépendance, fut détruit par l'impétuofité de l'armée du printemps.

Ce même Mercredi la fête du nouvel an fut célébrée avec pompe, allégreffe & profpérité.

Nadah Chah avoit réfolu de ne point perdre de temps pour terminer avec le Turc fa grande entreprise fur l'établissement de la cinquième fecte. Son intention étant de mettre, enfuite, ordre aux affaires de fes états, de réfigner l'empire à un des princes fes fils, &, fe retirant à Kélat fon ancien domicile, de donner ainfi un fameux exemple de la brieveté des règnes de ce monde.

Dans ce deffein, il ordonna à d'ingénieux architectes, à d'habiles géomètres, à de laborieux artistes, de fe raffembler à Kélat, d'y élever de fuperbes édifices, & de magnifiques palais, dont les faîtes puffent atteindre la voutè de la feptième fphère; d'y bâtir des maifons, des bains, des boutiques, des caravanferaïs;

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19 Mai.

d'y conftruire des aqueducs, où ils conduiroient des eaux femblables aux fources de Couffer, d'auffi beaux lacs que le puits de Zemzem, & clairs comme la fontaine de Selfebil. Il fit auffi apporter, dans cette place la mieux fortifiée de l'univers, ce qu'il y avoit dans fon royaume de plus précieux en meubles, robes, ornemens, néceffaires pour fon palais & pour fa glorieuse garderobe; enfin il renferma toutes ses richeffes dans ce féjour auffi délicieux que le paradis & que les jardins éternels.

Le Mardi, vingt-cinquième de Rabiu❜lavel, lorfque le foleil étoit au milieu des Jumeaux, & que l'air étoit tempéré, l'armée royale se mit en marche pour punir les révoltés de Tabrifran: elle quitta le défert de Caferi ; &, ayant faccagé, ruiné, & brûlé les maisons des rebelles, elle détruifit leurs champs, & ne laiffa aucune trace d'eux. De là les héros se répandirent dans les autres districts du Daghestan, ravageant les villages, les châteaux, les habitations, comme le feu au milieu de coton, les loups parmi les troupeaux, un torrent à travers les ruines.

Le Chemkhal ou prince de Daghestan & Serkhaï furent pendant ce temps prefque toujours dans les troupes royales, & se montrèrent très-ardens à faire le fervice; mais Ahmed

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Ofmei, craignant le châtiment dû à fa trahifon, A.D. 1742. fe fortifia dans le château de Kereiche, fur le fommet d'un mont très-élevé, dont les défilés étoient de difficile accès, les côtés entourés de forêts & de bois, & qui avoit un feul sentier, fi étroit qu'à peine on pouvoit s'y tenir.

Après que les rebelles du Dagheftan furent réduits, les affaires de ce pays & de celui d'Oar réglées, fa Majefté s'avança elle-même vers ce fort inacceffible d'Ofmeï. Pendant trois jours les champions courageux comme des éléphans, & furieux comme des lions, continuèrent l'attaque, & après de violens affauts & de terribles fecouffes, ils prirent poffeffion de la montagne & du château reffemblant au fir

mament.

Ofmeï, fe voyant dans cette extrémité, s'enfuit du côté d'Oar, laiffant derrière lui fa famille, & plaçant fon pied fur les plaines du péril. La garnifon & les habitans de Kierakeitaf tournèrent vers le grand conquérant le visage de la fupplication, & touchèrent de leur front la terre qui étoit fous fes pas. Sa Majefté pardonna leur offenfe, & ordonna feulement que leur fortereffe bâtie de pierres & de briques fût rafée.

On a déjà vu qu'après la conquête du Kharezme & la punition d'Ilbars, Taher Khan avoit été établi Vali de cette principauté. Il

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