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A.D. 1747. due imprenable, & faifoient regarder comme une des merveilles du monde.

Nad. 60.

Nafralla Mirza, Inam Kuli Mirza, & l'excellent prince Chahrokh Mirza, montèrent auffitôt à cheval, & s'enfuirent du côté de Mérou. Cazem Beg, frère d'Ali Kuli Khan, étoit alors auffi à Kélat; il fe mit à la pourfuite des princes, mais n'ayant pu les atteindre, il revint, & envoya après eux Doft Mohammed Tchétché, le fauconnier de Nafralla.

Imam Kuli & Chahrokh Mirza furent pris à neuf parafanges de Kélat. Un nommé Corban Kuli fut mis fur les traces de Nafralla, & l'atteignit à Houzifenk; mais ce jeune prince, lui ayant porté un coup furieux avec fon cimeterre, le fit tomber de cheval, & eut le temps de fe fauver jufqu'auprès de Mérou ; là, ayant malheureusement rencontré quelques foldats de la garnifon de cette ville, il fut faifi & reconduit à Kélat.

Bientôt après Riza Kuli Mirza fut mis à mort, ainfi que feize autres princes du fang royal; on n'épargna ni l'inhabilité à fuccéder dans les uns, ni l'age dans les autres. trois princes dont nous venons de parler furent conduits en Khoraffan, où l'on maffacra Imam Kuli & Nafralla.

Les

Chahrokh, qui n'avoit que quatorze ans, n'cut pas le même fort; on l'enferma fecré

Nad. 60.

tement dans le château de Mechehed, & on A.D. 1747. répandit le bruit qu'il avoit péri avec fes frères. Le deffein d'Ali Kuli Khan étoit de fe défaire du jeune prince, s'il voyoit jour de pouvoir garder l'empire pour lui-même; mais, au cas que les Perfans ne s'accommodaffent pas de fon règne, & demandaffent un fils de Nader Chah, il comptoit leur préfenter Chahrokh Mirza, l'élever fur le trône, & gouverner pour lui.

CHAPITRE XX.

Règnes d'Ali Chah & d'Ibrahim Chab: Mort de ces deux Princes.

1747.

QUAND les yeux & le cœur d'Ali Kuli Khan furent fatisfaits par la mort des princes, il fut inftallé fur le trône en Khoraffan fous le nom d'Ali Chah, le vingt-feptième du Giumadi'- 25 Juin, lakhri de la même année. Auffitôt on battit monnoie à fon coin, & les prières publiques furent faites en fon nom. En conféquence quinze crores d'argent (chaque crore valant cinq cents mille tomans) furent tirées du châ

A.D. 1748. teau de Kélat. Le refte de chofes précieuses

que ce tréfor contenoit, étoit au delà de toute conception, tant en garde-robes qu'en meubles & joyaux.

Ces richeffes immenfes, dignes du grand Nader, furent transportées de Kélat à Mechehed, où Ali Chah les prodigua à grands & petits avec une profufion fans bornes; il difperfoit l'argent le plus pur comme de vils grains, & les plus précieuses pierreries comme des cailloux & du verre.

Il nomma Hufn Ali Khan & Sohrab pour principaux infpecteurs de fes tréfors & de fes revenus, tandis qu'il jouiffoit de toutes fortes de plaifirs, & fe plongeoit dans les délices. Il établit Ibrahim Khan, fon frère, général & gouverneur d'Isfahan, & l'envoya réfider dans cette ville.

Cependant plufieurs tribus d'Afchars, un grand nombre de familles de l'Irak & de l'Azarbigian, ainfi qu'une compagnie de Bakhtiaris que Nader Chahi avoit tranfplantée en Khoraffan, faifirent cette occafion pour retourner dans leur pays refpectifs. Les Kiurdes de Khabouchan, après avoir reçu de magnifiques récompenfes, fe révoltèrent; mais ils furent réduits par Ali Chah qui marcha en perfonne contre eux.

Ceprince, enfuite, voyant que les pro

vifions devenoient très-rares dans le Khoraf- A.D. 1748. fan, le quitta pour le Mazenderan, où il féjourna fept mois. Pendant ce temps Allayar Khan, commandant d'une compagnie d'Afgans, & Otalla Khan, général des Ouzbegs, qui tous deux étoient dans Chehrzour avec leurs troupes, fe rendirent à Isfahan, d'où ils vinrent offrir leurs fervices à Ali Chah.

La vie efféminée de ce prince avoit rendu fes miniftres abfolus; Sohrab Khan dirigeoit toutes les affaires de l'empire; Hufn Ali Khan, trouvant que ce jeune homme étoit un obftacle à fes propres deffeins, réfolut de le perdre; à cet effet il l'envoya fous quelque prétexte plaufible à Ibrahim Khan, qui le fit

mettre à mort.

Bientôt après Ibrahim, pourfuivant fes trames fecrètes, entreprit de mettre dans fes intérêts les Afgans, les Ouzbegs, & tous les chefs qui étoient auprès de lui, prenant leurs cœurs dans les filets de l'amitié avec l'amorce des préfens & de la munificence. Alors il

étendit dans les airs les ailes de fes hauts deffeins, & prétendit à une indépendance entière. Il nomma pour fon premier ministre Selim Khan l'Afchar; il fut auffi gagner par fa bonté & fa bienveillance Emiraflan Khan, que le feu roi avoit fait gouverneur de l'Azar

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A.D. 1748.bigian, & qui commençoit à devenir suspect à Ali Chah.

Quand toutes fes mesures furent prises, Ibrahim, écartant le voile qui couvroit fes actions, envoya un corps de troupes compofé d'Afgans & d'Ouzbegs contre la ville de Kermanchah.

Emir Khan, fils de Yar Beg Khan, maître d'artillerie, étoit alors gouverneur de cette ville, & s'étant oppofé à Ibrahim, il fut vaincu & fait prifonnier: l'armée conquérante pilla la cité, ainsi que les marchands & les étrangers qui y réfidoient, & prit une entière poffeffion de ces quartiers.

Ibrahim ayant quitté Isfahan & dirigé fa marche vers l'Azarbigian, Ali Chah s'avança pour le châtier de fa rebellion; de fon côté Ibrahim mit fes forces dans un ordre complet. Les deux armées fe rencontrèrent entre Zengian & Sultania; mais plufieurs foldats d'Ali Chah défertèrent, &, dans la chaleur du combat, paffèrent du côté d'Ibrahim.

Les autres troupes d'Ali Chah furent défaites, & s'enfuirent par diverses voies. Ali Chah, avec trois de fes frères & un grand nombre de nobles, tâchèrent de gagner Tehiran; mais Ibrahim envoya après 'eux un parti, qui les atteignit, & l'infortuné Ali Chah fut condamné à perdre les yeux.

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