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Nad. 58.

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A.D. 1745. Qu'il s'eftimoit heureux d'apprendre les "fuccès & la profpérité de fa Majefté, & 66 que, défirant de faire une ferme alliance avec elle, il lui envoyoit trois ambaffadeurs, 66 pour lui offrir autant d'hommes de fes tri"bus qu'il y en avoit de capables de porter "les armes ; qu'au furplus, il la prioit d'envoyer des officiers pour établir les limites "entre les deux royaumes de Khoten & de “Touran, afin qu'il n'y eût à ce sujet ni difputes, ni diffentions.'

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Sa Majefté confentit à cette demande, & promit d'envoyer des commiffaires à cet effet à fon retour du Khoraffan; elle fit de plus une réponse remplie d'amitié au roi de Khoten, lui envoya neuf chevaux, un cimeterre garni d'or & de pierreries, & d'autres dons précieux enfin elle congédia ces ambassadeurs : avec toutes les marques de bienveillance.

Il a été dit plus haut, qu'Ali Khan étoit parti pour réduire à l'obéiffance la tribu d'Yemout en Kharezme: voici quels furent fes fuccès.

Quand il fut arrivé, Aboul Gagi Khan, & les chefs de plufieurs tribus, lui offrirent leurs fervices; tandis que ceux de la tribu d'Yemout, s'affociant à une bande de Turcmans, s'affemblèrent près d'Orcange, & attaquèrent les Perfans; mais ces rebelles furent défaits

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honteufement, plufieurs tués, ou faits pri-A.D. 1745. fonniers le refte de cette tribu ne pouvant plus demeurer dans ce territoire, & voyant fes habitations faccagées, fe retira au mont Balkhan dans le voifinage d'Afterabad.

Ali Kuli Khan, ayant réglé les affaires de ce district, & donné un gouverneur au Kharezme, retourna en Khoraffan, dans le temps. que les troupes impériales étoient poftées en Saoukhbelague.

Après cet événement fa Majefté donna ordre aux chefs de la tribu d'Yemout de lui envoyer mille jeunes gens d'entre eux capables de fervir l'état, & leur fit dire, que s'ils refufoient d'obéir, ils euffent à s'attendre à un prompt & févère châtiment.

Des territoires de Tchoures & de Mahmoudi les victorieufes bannières prirent la voie d'Hamadan, & furent déployées à Ferahan; de là le prince Nafralla Mirza fe rendit en Khoraffan par le chemin de Mazenderan & d'Afterabad; & l'armée royale, tournant fes pas du côté d'Isfahan, arriva à cette im- 28 Décem mortelle cité le quatorzième de Zou'lheggé.

Quand le prince paffoit fur les confins d'Afterabad, la tribu d'Yemout, en obéiffance au fuprême commandement, envoya les troupes qui lui avoient été demandées pour le fervice de l'empire.

bre.

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14 Janvier,

1746.

A.D. 1746. Le dixième de Moharrem 1159, les étendards conquérans, étant de nouveau déployés, quittèrent Isfahan, &, paffant par la voie d'Ardelan & du défert de Tabas, tournèrent vers Mechehed, où ils parvinrent le vingttrois du mois Sefer.

CHAPITRE XVII.

Relation des Événemens de l'An fortuné de l'Hégire 1159.

20 Mars. La nuit du Lundi vingt-huitième du mois de Sefer, quand les miniftres des étoiles avec leurs manteaux dorés dansoient nu-pieds dans le firmament (felon le livre facré, "Otez vos "fandales, car vous êtes dans la vallée sainte”), afin de recueillir l'affemblée célefte, & rangeoient en ordre les vaiffeaux d'or & d'argent des cieux; quand les ferviteurs de la nature couvroient le magnifique palais de la voûte azurée avec des tapis couleur de rofe, alors le grand monarque du monde, le foleil, cinq minutes après la cinquième heure, monta fur le trône du Belier. Les puiffans & illuftres

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tréforiers de la citadelle du monde ouvrirent A.D. 1746. les portes du printemps fleuri, & de la jeune verdure. Les larges pierres précieufes que formoient les gouttes de rofée, les rayonnantes perles qui tomboient des nuées, étoient fufpendues, ainfi que des chaînes de joyaux & de bracelets artiftement travaillés, fur la furface des vallées. Les gardiens des tréfors de la nature parfemoient le jardin de roses, de cornalines, du rubis des tulipes & des anemones, des émeraudes de l'herbe, & des turquoifes du trèfle, richeffes qui avoient été long-temps recélées dans leurs magafins cachés. Les rayons que dardoient les couches de roses, faifoient briller la terre, comme un paradis délicieux. Le foleil, ce glorieux roi de l'orient, répandcit fa vivifiante chaleur en tous lieux, & chaffoit les triftes frimats. Les planes, miniftres aux mains agiles, écrivoient avec les plumes de leurs branches un traité de paix fur le livre des plaines, & fur les feuilles des berceaux. Les ondoyans nuages, ces légers ambaffadeurs du ciel, verfoient leurs douces ondées pour éteindre le feu de la contention.

Quand la fête du Neurouz fut finie dans le fiége de l'empire de Perfe; quand l'agréable féjour de Kélat, & les appartemens, femblables au paradis, de ce charmant château, furent ornés pour la réception de fa Majefté,

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1 Avril.

A.D. 1746. elle fe prépara à s'y rendre. Le vingt-un de Rabiu❜lavel elle quitta le glorieux fiége de fa domination pour s'acheminer vers cette place, où elle passa plufieurs jours dans l'allégreffe, les fêtes, les divertiffemens, & la gaieté, jouiffant des beautés du lieu, & arrangeant les affaires relatives à ces cantons.

Elle y raffembla d'immenfes richeffes & des chofes précieuses fans nombre, productions des mers, & des mines, & ramaffées de toutes les parties du monde.

Après avoir confié ce tréfor aux foins de fes plus fages & plus fidelles miniftres, Nader Chah partit de Kélat, pour se rendre dans l'Irak.

Il a déjà été dit qu'après l'élevation de fa Majefté au trône dans les plaines de Mogan, le puiffant empereur Ottoman avoit défiré d'amener les choses à des voies d'accommodement; mais comme cette affaire resta plufieurs années fans en venir à une conclufion, les ambaffadeurs des deux monarques n'avoient pu, fans la hache d'un traité de paix, abattre l'arbre de la contention; ainfi, après la mort de Mohammed Yeken Pacha, le grand conquérant dépêcha un envoyé à la cour Ottomane pour déclarer fes amicales intentions.

Bientôt après l'empereur des Turcs faififfant une fi favorable occafion, envoya Netif

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