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1128. Au contraire, le jugement qui, statuant sur des titres, les déclare insuffisants et admet la partie qui les produit à faire la preuve de son droit par témoins, n'est pas un jugement définilif quant aux titres, mais interlocutoire quant au tout, si le tribunal ne rejette pas formellement les titres et s'il a statué ayant faire droit et sans préjudice de tous moyens, fins, exceptions et droits des parties qui leur demeurent réservés. L'appel de ce jugement peut donc être interjeté conjointement avec l'appel du jugement définitif même après le délai de trois mois; les titres peuvent de nouveau être soumis à l'appréciation des juges d'appel,

de ce dernier jugement, que l'appel en est non recevable, pour n'avoir pas été émis dans les trois mois." Les héritiers répondent que ce jugement n'est qu'interlocutoire, et qu'il a pu être attaqué par appel avec le jugement définitif. — Arrêt.

LA COUR;

Considérant que le tribunal était saisi de deux questions, P'une de savoir si le curateur à l'absence avait qualité pour recevoir un compte de tutelle, l'autre de l'examen et du règlement de ce compte; que, par son jugement du 5 août 1819, il a reconnu que le curateur avait qualité, et que cette décision était définitive à cet égard; — Qu'en effet, les juges, qui ne peuvent être liés par un jugement interlocutoire, ne pouyaient plus ôter à ce curateur la qualité qu'ils avaient reconnue en lui; qu'ainsi l'appel aurait dû en être interjeté dans les trois mois de la signification, et qu'il ne l'a été que plus de trois ans après; Déclare nul l'appel du jugement du 5 août 1819.

Du 50 nov. 1825.-G. de Bourges, 1r ch.-M. Sallé, 1er pr.

(1) Espèce: - (De Kermillien C. commune de Meulion.) — Une instance était engagée devant le tribunal de Châtillon, entre le sieur de Kermillien et la commune de Meulion, relativement à un droit de champoy et de vaine pâture que la commune prétendait avoir sur un terrain appelé le Champ-Combert, en vertu des titres des 26 juill., 6 août et 18 déc. 1520.

Le 11 déc. 1821, jugement qui déclare les titres insuffisants, mais qui admet la commune à prouver, par la possession immémoriale, le droit qu'elle prétend.Le 29 juin 1822, jugement définitif qui, sans s'arrêter aux titres, lesquels sont regardés comme incomplets et insuffisants, sans s'arrêter pareillement à l'enquête, laquelle est déclarée non concluante, déclare la commune mal fondée dans sa prétention.

Appel des deux jugements par la commune.

Le sieur de Kermillien soutient que l'appel n'est pas recevable contre le jugement du 11 déc. 1821, parce qu'il a statué définitivement sur l'insuffisance des titres, et que l'appel n'en a été interjeté qu'après le délai accordé pour appeler d'un jugement définitif.

Le 13 mars 1824, arrêt de la cour de Dijon en ces termes : « Considérant que le jugement du 11 déc. 1821 est un jugement purement interlocutoire; qu'il ne décide point, ainsi que le prétend M. de Kermillien, que les trois titres produits par la commune fussent rejetés, puisqu'il prononce avant faire droit, et en réservant aux parties tous moyens et exceptions de fait et de droit pour être statué à la vue de l'enquête et des titres qui pourraient être présentes, dès lors l'appel de ce jugement pouvait être interjeté en même temps que celui définitif, dès lors la commune est recevable.

>> Considérant qu'il résulte des titres produits par la commune que les habitants de Meulion ont, en 1519 et 1520, été maintenus dans la possession du droit de vaine pâture dans le bois de Champ-Combert, et que, quoique la preuve qu'ils avaient été autorisés à faire, qu'ils avaient conservé ce droit, ne puisse pas paraître suffisante, soit parce que la plupart des témoins ont été reprochés, soit parce que les autres ne pouvaient pas, à cause de leur âge, parler d'une possession immémoriale, cependant elle tend à corroborer leurs titres. Comme rien n'établit qu'ils aient perdu cette possession, que le sieur de Kermillien a renoncé à faire la preuve de ce fait, et qu'il parait qu'il l'aurait vainement tenté, car les rapports qu'il a quelque fois faits contre eux prouvent au contraire qu'ils usaient de ce droit ; Maintient et garde les habitants de Meulion dans le droit de faire påturer leurs bestiaux dans le bois de Champ-Combert, lorsqu'il est défensable. »

Pouryoi du sieur de Kermillien, 1° pour violation de l'art. 1551 c. civ. sur la chose jugée; 2° fausse application de l'art. 5, ch. 13 de la coutume de Bourgogne. Arrêt.

LA COUR; Sur le premier moyen :- Considérant que la partie dispositive du jugement de 1821 n'avait pas rejeté définitivement les titres produits par la commune de Meulion; et qu'en admettant la preuve offerte par cette dernière, le tribunal déclarait qu'il ne statuait qu'avant faire droit, et sans préjudice de tous moyens, fins et exceptions et des droits des parties, qui leur demeurent expressément réservés;

Attendu que c'était là un jugement purement interlocutoire, duquel, aux termes des dispositions du code de procédure civile, il était facultatif à la commune, ou d'en appeler immédiatement, ou d'attendre, ainsi qu'elle l'a fait, le résultat du jugement définitif; Sur le deuxième moyen; Considérant que les titres invoqués par le demandeur ne sont pas produits; mais attendu que la cour de Dijon, qui les a cus sous les yeux, et à qui

et ceux-ci ne violent pas la chose jugée en y statuant (Req. 26 janv. 1826) (1).

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1129. Il en est de même de l'appel d'un jugement qui ordonne la mise en cause des enfants d'une femme dont l'état est contesté; l'appel est recevable, même avant le jugement définitif, si, d'après les circonstances, cette mise en cause peut être considérée comme une disposition préjudicielle (Req., 8 déc. 1813) (2).

1130. Il en est ainsi du jugement qui prononce l'admission d'une inscription en faux incident (Colmar, 27 janv. 1832) (3), et de celui qui ordonne une vérification d'écriture (Bruxelles,

appartenait le droit de les apprécier, reconnaît en termes formels que dès 1519 et 1520 les habitants de Meulion avaient été maintenus dans la possession du droit qu'ils réclamaient, et qu'ils avaient conservé celto possession; Attendu que, d'après ces faits ainsi constatés, l'arrêt attaqué, en maintenant les habitants dans le droit et la possession de faire pâturer leurs bestiaux dans le bois de Champ-Combert, a fait une juste application à l'espèce de l'article de la coutume de Bourgogne cité par le demandeur; Rejette.

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Du 26 janv. 1826.-C. C., sect. req.-MM. Henrion, pr.-Bollon, rap. (2) Espèce: - (Nitot C. Bolmain.) Le dame Nitot s'est pourvue contre un arrêt de la cour de Grenoble, du 17 juin 1809, qui avait déclaré qu'elle n'était pas épouse légitime du sieur Bolmain, bien que par une cohabitation de douze ans et que par la reconnaissance d'un enfant qu'elle avait eu, elle avait la possession d'état ; elle objectait: 1° que quatre avocats avaient, sans nécessité et sans prêter serment, concouru à l'arrêt, contrairement aux art. 2 de la loi du 29 août 1792; 27 de la loi du 27 vent. an 8 et 1 de la loi du 21 niv. an 8; 2° Que cet arrêt avait reçu l'appel d'un jugement préparatoire qui se bornait à ordonner la mise en cause de ses enfants contrairement à l'art. 451 c. pr.;- 3° Que la cour avait évoqué le fond, avant que la matière ful disposée à recevoir un jugement définitif, malgré l'art. 473 c. pr. qui le défend. Arrêt. LA COUR; Attendu que le procès soumis par appel à la cour impériale de Grenoble, était de nature à être jugé en audience solennelle; · Que, pour tenir cette audience, deux sections ont dû se réunir; que, dans l'espèce plusieurs des magistrats s'étant abstenus, la cour a eu le droit d'appeler des avocats pour remplacer les magistrats absents et se compléter; Attendu que les avocats avaient prêté serment, el pouvaient concourir aux fonctions de juge sans en prêter un nouveau;- Attendu que la mise en cause des enfants de la reclamante ordonnée par le jugement dont l'appel a été reçu, a pu, d'après les circonstances, être considérée comme une disposition préjudicielle; Attendu que l'arrêt déclare que la remise des pièces respectives des parties a eu lieu, et que par la vérification exacte qu'en a faite la cour, elle a jugé que la matière était prêto à recevoir jugement; D'où il suit que l'arrêt attaqué, loin d'avoir faussement appliqué l'art. 473 c. pr., s'y est exactement conformé; Rejette.

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Du 8 déc. 1813.-C. C., sect. req.-MM. Lasaudade, pr.-Lefessier, rap. (3) (Hér. Meyer C. Ott.)—LA COUR (après délib.);-Considérant que le jugement qui prononce l'admission d'une inscription en faux incident a une grande influence, en ce qu'il autorise une procédure qui peut avoir les plus graves conséquences, et qu'il emporte une sorte de préjugé au fond; que, dès lors, il ne peut être considéré comme un jugement préparatoire et de pure instruction, mais comme un jugement interlocutoire; Considérant que l'on est non recevable à interjeter appel d'un jugement interlocutoire que l'on a exécuté volontairement sans protestation ni réserve; que, dans l'espèce, les héritiers Meyer, défendeurs en faux incident, ont non-seulement levé et fait signifier le jugement d'admission, mais qu'ils ont fait tous les actes subséquents nécessaires pour parvenir à son entière exécution, et que, loin de protester dans ces actes contre ledit jugement, ils ont formellement déclaré vouloir s'y conformer; qu'ils sont encore non recevables sous un autre rapport; qu'en effet, ils ont interjeté appel principal du jugement qui déclare les moyens de faux pertinents; que s'ils avaient aussi voulu attaquer le jugement d'admission, ils auraient dû pareillement, si toutefois leurs droits à cet égard eussent été entiers, en appeler principalement par exploit signifié à personne ou domicile; que, néanmoins, ils ont formé leur appel contre ce dernier jugement par acte d'avoué à avoué, forme qui n'est usitée que pour les appels incidents; que de ces considérations il résulte que les héritiers Meyer ne peuvent être reçus à proposer devant la cour des exceptions qui porteraient atteinte au jugement d'admission dont il s'agit; Considérant, au fond, que le premier fait consiste à dire que la femme Ott n'était pas présente en l'étude du notaire lors de la passation de l'acte d'accession argué de faux; que, par le second fait, on dénie la signature de cette femme, apposée au bas dudit acte; que ces deux faits sont correlatifs et se fortifient mutuellement; que la circonstance ajoutée au premier fait, qu'une femme étrangère s'est présentée en l'étude du notaire sous le nom de la femme Ott, convertit co fait en un fait positif, susceptible de preuve; qu'à la vérité, les premiers juges n'ont pas retenu cette circonstance dans leur jugement, mais que rien ne prouve qu'ils aient voulu en faire le retranchement; qu'il faut sup

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23 mai 1807, aff. Vanbuchen, V. no 182). — Au surplus, V., pour les caractères du jugement interlocutoire, notre traité des Jugements.

1131. Celui qui veut user de la faculté accordée par l'art. 451 ne peut l'exercer qu'autant que l'appel du jugement définitif est encore recevable; car l'appel du jugement interlocutoire pouvant être interjeté avant le jugement définitif, si on laisse s'établir une fin de non-recevoir contre ce dernier, l'appel de l'autre en est atteint. En d'autres termes, la fin de non-recevoir qui s'élève contre l'appel d'un jugement qui a prononcé sur le fond, rend également non recevable l'appel des jugements interlocutoires qui l'ont précédé (Pau, 22 flor. an 11 (1); Conf. Grenoble, 19 mars 1823, aff. Reynier, no 1071).

1132. Et il avait été jugé en ce sens, sous l'ancienne jurisprudence, que la déchéance de l'appel d'un jugement définitif résultant de ce qu'il avait été interjeté le lendemain de la prononciation, d'après l'art. 14 du tit. 5 de la loi du 16 août 1790,

poser, au contraire, qu'ils n'ont rapporté le fait principal qu'en le résumant, et en se référant à l'acte où il avait été développé ;- Par ces moifs, sans s'arrêter à l'appel du jugement rendu entre les parties au tribunal d'Altkirch, le 17 fév. 1829, lequel appel est déclaré non recevable; statuant sur l'appel du jugement rendu par le même tribunal le 17 juin de la même année; — A mis et met l'appellation au néant; — Ordonne que ce dont est appel sortira son effet, etc.

Du 27 jan. 1832.-C. de Colmar.-M. Poujol, pr.

(1) (Lamaison C. Camahort.)- LA COUR;- Considérant que l'appel, étendu par l'appelant sur les jugements des 16 mess. an 5 et 6 germ., an 6, n'est point recevable, vu que la loi du 3 brum. an 2 suspend bien l'exercice de cette voie à l'égard des jugements interlocutoires jusqu'au jugement définitif, mais qu'alors les choses rentrent dans les termes du droit commun relativement aux jugements contradictoires dont l'appel doit être interjeté dans le délai de trois mois, en sorte que, l'appel dont s'agit étant postérieur de plus de trois mois, la loi qui prononce la déchéance est applicable à l'appelant.

Du 22 flor. an 11.-Trib. d'ap. de Pau.

(2) Lecoq, etc., C. Labé.) LE TRIBUNAL; - Attendu que peu importe que le jugement du 5 floréal fût, comme le disent les demandeurs, rendu en exécution des deux précédents des 12 nivóse et 21 ventôse, et que pour écarter le moyen pris de ce que la déchéance de l'appel à l'égard de ce jugement a été prononcée, il suflit de savoir que l'appel en fut émis le lendemain de sa date, ce qui devait en faire prononcer la déchéance aux termes de l'art. 14 du tit. 5 du décret du 16 août 1790;—Qu'à l'égard de la déchéance prononcée de l'appel des deux jugements des 12 nivôse et 21 ventôse, il y a, à la vérité, erreur dans la supputation faite au tribunal d'Avranches des trois mois que la loi accorde pour appeler, lesquels n'expiraient, même à l'égard du premier de ces jugements, que le 9 floréal pour quelques-uns des appelants, puisque la première signification est, comme le disent les juges d'Avranches, du 9 pluviose, et que le 15 floréal pour d'autres, tandis que tous avaient émis l'appel le 6 dudit mois de floréal ; mais comme la déchéance se trouve acquise à l'égard de l'appel du jugement du 5 floréal, et que ce dernier jugement se trouve par là inattaquable, les demandeurs ne peuvent avoir aucun intérêt à faire disparaitre les jugements antérieurs dont les dispositions n'étaient que préparatoires relativement à la prononciation définitive contenue dans le jugement du 5 floréal, lequel porte sur toutes les branches de contestation qui étaient l'objet des jugements antérieurs ; - Rejette.

Du 1er brum. an 3.-C. C., sect. req.-MM. Rouget, pr.-Miquel, rap. (3) Espèce : — (Ve Bailly C. Bailly.) - Le 14 fructidor an 11, un jugement du tribunal de Saint-Claude ordonna l'exécution, moyennant caution, jusqu'à concurrence de 1,200 fr., d'une saisie pratiquée par la veuve Bailly sur les frères Bailly, ses débiteurs. Cette somme fut payée. - Le 14 juillet 1807, jugement qui appointe les frères Bailly à prouver qu'ils avaient fait différentes livraisons de denrées à la veuve Bailly, en déduction de sa créance. Elle n'a point paru à l'enquête; et, par jugement définitif du 25 février 1808, sa créance a été déclarée éteinte. Appel des jugements des 14 juillet 1807 et 25 février 1808. Les frères Bailly ont prétendu que l'appel n'était pas recevable, en ce qui concernait le jugement interlocutoire, attendu qu'il n'avait été interjeté qu'après le jugement définitif et plus de trois mois après la signification à avoué. Arrêt.

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emporte celle des jugements d'avant faire droit, encore bien qu'à l'égard de ceux-ci le délai pour appeler ne fût pas expiré (Req., 1er brum. an 3) (2).

1133. Mais la faculté d'appeler d'un jugement interlocutoire, avant le jugement définitif, n'est pas un obstacle à ce que l'appel soit interjeté seulement après ce dernier jugement, sur. tout si l'appelant n'a point paru lors de l'interlocutoire, et n'a point assisté aux opérations qui avaient été ordonnées (Besançon, 10 févr. 1809) (3).,

1134. Il a été décidé même que l'on peut appeler d'un jugement interlocutoire que l'on a volontairement exécuté, et que l'appel peut être émis en même temps que celui du jugement définitif (Colmar, 6 av. 1811; Trèves, 21 juill. 1813 (4); Conf. Bourges, 7 fév. 1827, aff. Fournier, V. Expropriation publique.

Mais voyez sur ce point notre traité de l'Acquiescement, nos 663 et suiv.).—Le contraire résulte d'un arrêt de la chambre des requêtes (Req., 22 fév. 1825) (5).

comme la reconnaissance et l'approbation de cet interlocutoire; enfin, qu'elle est encore dans le délai de trois mois accordé par le code pour émettre appel du jugement qui ne lui a point été signifié à personne ou domicile; Par ces motifs, rejette la fin de non-recevoir. Du 10 fév. 1809.-C. de Besançon.-M. Louvot, pr. (4) 1re Espèce -(Schwartz C. Marcel.)- Le tribunal de Strasbourg avait rendu, le 4 déc. 1810, entre les sieurs Marcel frères et les sieurs Schwartz, un jugement interlocutoire qui avait été exécuté volontairement par toutes les parties. - Jugement définitif dont les sieurs Marcel appelèrent, et appel de l'interlocutoire de la part des sieurs Schwartz; on opposa à ces derniers leur acquiescement. Arrêt.

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LA COUR; Attendu, quant à la fin de non-recevoir opposée par les frères Marcel à l'appel émis par les sieurs Schwartz, du jugement du 4 déc. 1810, fondée sur l'acquiescement et l'exécution donnés par ces derniers auxdits jugements, qu'elle ne saurait être accueillie; en effet, l'art. 451 c. pr. porte qu'il pourra être appelé de l'interlocutoire, avant le jugement définitif: cet appel est donc facultatif; s'il n'a pas été émis avant le jugement définitif, il peut l'être en même temps que ce jugement; dès lors il devient indifférent, dans l'espèce, que les sieurs Schwartz aient concouru ou non à l'exécution de l'interlocutoire du 4 déc., puisque cet acquiescement, qui ne serait que tacite, ne saurait fonder une fin de non-recevoir l'appel de ce jugement, émis d'ailleurs en temps utile; c'est donc le cas d'écarter la fin de non-recevoir et de vérifier le mérite dudit appel; — Rejette, etc.

Du 6 avril 1811.-C. de Colmar.

·

2o Espèce: (Leyen C. Overich.)—La cour; — Attendu en co qui touche les fins de non-recevoir opposées à l'appel du jugement interlocutoire du 11 avril 1810 et du jugement d'instruction du 13 juin suivant, que si l'appelant a déjà été déclaré non recevable en un premier appel des mémes jugements, ce n'est, relativement au premier, que parce que l'appelant, par son acquiescement à ce jugement, avait préjudicié à la faculté qu'accorde la seconde disposition de l'art. 451 c. pr. civ., d'interjeter appel d'un jugement interlocutoire avant le jugement définitif, et que le second jugement du 15 juin, n'étant que d'instruction, ne pouvait être attaqué par la voie d'appel qu'après aussi le jugement définitif; Que la circonstance que l'on a été déclaré non recevable dans un appel no s'oppose pas à ce que l'on puisse en interjeter un nouveau, lorsque le délai fatal n'est pas expiré, ce qui n'a lieu à l'égard d'un jugement interlocutoire que lorsqu'il l'est contre le jugement définitif; d'où il suit que, dans l'espèce de la cause, on ne peut inférer aucune fin de non-recevoir contre l'appel desdits jugements des 11 avril et 13 juin interjeté depuis le jugement définitif; et que maintenant cet appel, en ce qui a rapport auxdits jugements, doit être reçu avec celui qui frappe directement lo jugement définitif du 10 juillet 1812; - Par ces motifs, sans s'arrêtes aux fins de non-recevoir opposées par l'intimé, et dont il est débouté;Ordonne que les parties plaideront au fond, tant sur l'appel desdits jugements des 11 avril et 13 juin 1810, que de celui du 10 juillet 1812, et qu'à cet effet elles en viendront à la première audience, etc.

Du 21 juill. 1813.-C. de Trèves.-M. Lelièvre, av. gén., c. conf.

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1135. On a demandé si l'appel du jugement interlocutoire est encore recevable après celui qui a été interjeté contre le jugement définitif seul. La négative a été décidée par deux arrêts de la cour de Bruxelles, des 17 fév. 1819 et 20 mai 1826, cités par M. Merlin. Mais cet auteur, Quest. de dr., v° Appel, § 6, n° ¤, soutient, avec raison, l'opinion contraire. En effet, l'art. 451 ne dit, ni expressément, ni virtuellement, que si on commence par appeler du jugement définitif, on ne pourra plus appeler de l'interlocutoire ce dernier jugement reste donc soumis à la règle qui permet l'appel tant qu'on n'en est pas déchu par un acquiescement ou par l'expiration du délai. Les termes, d'ailleurs, susceptibles d'interprétations diverses, qu'emploie l'art. 451 à l'égard des jugements préparatoires dont il veut que l'appel soit reçu conjointement avec celui du jugement définitif, ne s'appliquent pas aux jugements interlocutoires, et les déchéances ne s'étendent jamais aux cas non spécialement prévus.

le fond, laisser de côté le résultat de la preuve précédemment ordonnée, et s'il prend cette détermination, il importe peu que l'interlocutoire soit devenu irrévocable par acquiescement ou par laps de temps; mais comment la partie intéressée à ce qu'il prenne cette détermination pourra-t-elle le mettre dans la nécessité de la prendre en effet? Comment, s'il ne la prend pas, pourra-t-elle faire juger par le tribunal supérieur que c'est à tort qu'il s'y est refusé? Elle ne peut obtenir la première de ces fins qu'en appelant du jugement interlocutoire et en le faisant réformer avant le jugement définitif; ce n'est également que par un appel interjeté du jugement interlocutoire en même temps que du jugement définitif qu'elle pourra obtenir la seconde. Or, dans l'un et l'autre cas, point d'appel du jugement interlocutoire, si préalablement il y a eu acquiescement de sa part, ou s'il a laissé s'écouler le terme fatal.

1137. L'opinion contraire, qui est plus généralement suivie, nous semble préférable. En effet, l'art. 451 accorde la fa

interlocutoire avant le jugement définitif. Or, permettre à la partie qui a obtenu un interlocutoire de faire courir le délai par une signification, ne serait-ce pas contraindre l'autre partie à interjeter appel avant le jugement définitif, si ce jugement ne devait être rendu que plus de trois mois après cette signification? Il est vrai que l'art. 443, qui ne donne pour appeler qu'un délai de trois mois, ne distingue pas entre les jugements interlocutoires et les autres jugements; mais l'exception résulte d'une manière implicite et nécessaire de la faculté accordée par l'art. 451 d'appeler avant le jugement définitif.—Tel est le sentiment de M. Carré, Analyse raisonnée, t. 2, quest. 1484, et Lois de la proc., quest. 1629; il se fonde sur le texte de l'art. 451, et sur ses motifs, qui ont été d'accorder à la partie qui se croirait lésée par un interlocutoire le moyen d'empêcher l'effet que cet interlocutoire pourrait produire sur le jugement définitif, faculté dont elle peut s'abstenir de faire usage, sans s'exposer à aucune déchéance. C'est aussi l'opinion de MM. Poncet, Traité des jugements, t. 1, p. 154 et suiv., nos 101 et 103; Coffinières, Encycl. du droit, vo Appel, no 60; Thomine-Desmazures, t. 1, p. 689; Talandier, de l'Appel, no 148; Rivoire, eod., no 199; Chauveau sur Carré, quest. 1616, § 4; Bioche, Dict., v° Appel, no 374; Souquet, Dict. des temps légaux, no 213; Rodière, t. 2, no 348.

1136. Si l'appel de l'interlocutoire peut être interjeté après le jugement définitif, et même après l'appel de ce dernier juge-culté, mais il n'impose pas l'obligation d'appeler du jugement ment, quel est l'acte qui fait courir le délai de cet appel? Est-ce la signification du jugement interlocutoire, ou celle du jugement sur le fond? MM. Pigeau, t. 1er, p. 594, 3o édit.; Berriat, p. 371, 3e édit.; Hautefeuille, p. 255; Boitard, t. 3, p. 87, pensent que l'art. 451 du c. de pr. civ., en permettant d'appeler du juge- | ment interlocutoire avant le jugement définitif, a nécessairement soumis cet appel, à partir de la signification du jugement, au même délai que s'il s'agissait d'un jugement définitif. M. Merlin, Répert., vo Interlocutoire, no 2, se prononce aussi dans ce sens avec d'autant plus de vivacité, que ce savant magistrat voyait la tendance des cours à embrasser le système contraire au sien, et dans lequel il paraît avoir persisté avec une entière confiance. On ne peut, dit-il, concevoir l'idée d'un droit d'appel actuellement ouvert contre un jugement quelconque, sans y rattacher des conditions nécessaires à son exercice; or, ces conditions sont de n'avoir pas préalablement acquiescé au jugement que l'on attaque et d'appeler dans les trois mois de la signification de ce jugement; pour qu'il y eùt une exception à l'égard des jugements interlocutoires, il faudrait qu'elle fût expressément écrite dans la loi, ce qui n'est pas. On invoque à tort le mot pourra, employé par l'art. 451; il résulte bien de cette expression que l'appel des jugements interlocutoires avant celui du fond est facultatif; mais il est facultatif comme l'appel des jugements du fond, c'est-à-dire qu'il ne peut être interjeté qu'avant tout acquiescement et avant le laps des trois mois depuis la signification. Cela ne saurait être douteux à l'égard des jugements accordant une provision, que l'art. 451 place exactement sur la même ligne que les jugements interlocutoires. Le sens qu'on prétend attacher au mot d'appel facultatif ne résulte point de la maxime que l'interlocutoire ne lie pas le juge. Sans doute, le juge peut, quand il prononce sur

LA COUR; Attendu que l'arrêt déclare que non-seulement le sieur Périer a acquiescé au jugement du 27 février 1820, mais que même il n'en a interjeté appel qu'après l'expiration des trois mois qui ont suivi la signification personnelle qui lui en avait été faite;- Rejette.

Du 22 fev. 1825.-C. C., ch. req.-MM. Henrion, pr.-De Ménerville, rap.

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(1) 1 Espèce:-( Comet C. Trescazes.) — LA COUR;— Attendu que, d'après l'art. 443 c. pr., le délai pour interjeter appel n'est que de trois mois; qu'il n'a pas été dérogé à cette disposition, en faveur des jugements interlocutoires, par l'art. 450, § 2, même code, parce que cet article bermet seulement d'appeler séparément des jugements interlocutoires, ans attendre le jugement définitif, mais toujours dans les délais ordinaires; d'où suit que le sieur Trescazes ne peut être admis à étendre son appel aux deux jugements interlocutoires qui ont précédé le jugement dénitif, etc. Du 22 mai 1817.-C. de Toulouse, ch. cor.-MM. Pinel de Truilhas, pr.-Vialas, cons. aud., rap.-Desquerre et Mallafosse, av.

2o Espèce: -(Veuve Gautard C. Rouanet.)- LA COUR; Attendu que le jugement contradictoire du 13 août 1811 a été signifié à la dame et aux enfants Gautard le 5 oct. suivant, et qu'il n'en a été relevé appel que le 17 janv. 1815;— Attendu qu'aux termes de l'art. 445 c. pr., le délai your interjeter appel d'un jugement contradictoire est de trois mois à dater du jour de la signification du jugement à personne ou domicile;-Attendu que l'art. 441 même code, en donnant la faculté d'appeler d'un jugement interlocutoire avant le jugement définitif, n'a rien changé au délai fixé par l'art, 445; qu'il n'introduit d'exception que pour les jugements prépa- | TOME IV.

1138. Quant à la jurisprudence, elle semble aussi fixée dans ce sens. Quelques arrêts décident à la vérité que la nécessité de la signification pour faire courir le délai de l'appel ne reçoit d'exception que pour les simples préparatoires, mais que les interlocutoires doivent rentrer dans le principe commun (Toulouse, 22 mai 1817 et 2 fév. 1819; Montpellier, 5 déc. 1821; Rennes, 30 mars 1824; Limoges, 18 mars 1835 (1); V. aussi notre traité de l'Acquiescement, loc. cit., et les décisions qui y sont recueillies).

ratoires, pour lesquels il dispose que les délais de l'appel ne commence-
ront à courir que du jour de la signification du jugement définitif; - Dé-
clare la dame veuve Gautard non recevable, etc.

Du 2 fév. 1819.-C. de Toulouse, ch. cor.-M. d'Aygues vives, pr.
3 Espèce: -(Coffinières C. Ferrand.)- LA COUR; - Attendu que

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c'était un véritable jugement interlocutoire tel qu'il est défini par l'art. 452 c. pr.;- Attendu que l'appel de ce jugement n'a pas été interjeté dans les trois mois de la signification, et que le jugement a d'ailleurs été acquiescé par le concours de l'avoué du sieur Ferrand, à la nomination de nouveaux experts, en remplacement de ceux déjà nommés; - Attendu que, d'après les dispositions bien entendues de l'art. 451 c. pr. civ., et la jurisprudence des arrêts, le défaut d'appel dans les trois mois, ainsi que l'acquiescement, devaient faire encourir, à l'égard des jugements définitifs, la déchéance de l'appel; - Déclare non recevable l'appel du jugement du 20 nov. 1818, etc.

Du 5 déc. 1821.-C. de Montpellier.

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(Nicolle C. Pedrouno.)

LA COUR; Considérant,

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4 Espèce: sur la fin de non-recevoir, que le jugement du 11 mai est définitif quant au chef qui décide que l'affaire doit être instruite comme en matière sommaire; - Que d'ailleurs l'art. 443 c. pr. civ., qui oblige de relever appel dans les trois mois, ne porte aucune exception pour les jugements interlocutoires;- Déclare l'appel non recevable, etc.

Du 30 mars 1824.-C. de Rennes, 2a ch.-M. Boulay-Paty, pr.

5 Espèce (Chevalier C. Mergoux et Sementery.)-LA COUR (après délibération en la chambre du conseil ); — Attendu que le jugement du 8

25

La même solution a été appliqué au délai du pourvoi en cassation (Rej., 25 nov. 1817, aff. Cathala, V. Jugement).

1139. Mais la cour de cassation elle-même, et un grand nombre de cours royales, ont décidé que le délai de l'appel d'un jugement interlocutoire court, non pas à partir de sa signification, mais à partir de celle du jugement définitif; qu'ainsi on peut appeler de l'interlocutoire plus de trois mois après la signification, et tant que l'appel du jugement définitif est lui-même recevable (Req., 22 mai 1822; Paris, 16 mai 1809, N... C. N...; Agen, 6 mars, 1812, aff. Gary; Douai, 15 déc. 1819, aff. Wasservas ;

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déc. 1850 a été signifié le 27 du même mois, et que l'acte d'appel n'a eu lieu que le 16 mai 1851;- - Attendu que l'art. 443 c. pr. limite d'une manière absolue, pour les jugements contradictoires, à trois mois à dater du jour de leur signification, le dévai pour en interjeter appel; que les jugements interlocutoires ne sont point exceptés de cette disposition; qu'au contraire, l'art. 451 même code, qui autorise à ne relever appel des jugements préparatoires qu'en même temps que des jugements définitifs, porte expressément que « l'appel des jugements interlocutoires peut, ainsi que celui des jugements qui accordent une provision, être interjeté avant le jugement définitif; » que le législateur à par là averti les justiciables que la faveur qu'il accorde aux jugements préparatoires ne s'étendait pas aux jugements interlocutoires, et qu'a ceux-ci, qu'il assimilait aux jugements accordant une provision, s'appliquait le principe général posé par l'art. 445;- Qu'il suit de là que l'appel du jugement du 8 déc. 1830 a été tardif et non recevable; Déclare, etc.

Du 18 mars 1855.-C. de Limoges, 1re ch.-M. de Gaujal, 1er pr.

(1) 1 Espèce: (Berruyer C. Françon.)- Au mois de janvier 1816, le sieur Françon a fait assigner le sieur Berruyer en payement de 550 fr., montant des intérêts échus de 6,600 fr., prix pour lequel Françon avait remplacé Berruyer au service militaire. Celui-ci a répondu que Francon était déserteur ou moment où il avait obtenu son congé de réforme; qu'ainsi, ayant manqué aux engagements qu'il avait pris dans l'acte de remplacement, il ne pouvait réclamer l'exécution de cet acte en sa faveur. - Le 25 avril 1816, jugement du tribunal civil de Valence, qui ordonne, avant dire droit, que Françon rapportera un certificat constatant qu'il a fait un service actif dans le 42 régiment de ligne, et qu'il n'a pas déserté. Signification de ce jugement à Françon le 16 juillet suivant; et, le 5 décembre de la même année, jugement par défaut contre ce dernier, qui renvoie Berrayer de la demande formée contre lui. Le 20 fév. 4817,

Françón a interjeté appel de ces deux jugements. Berruyer a soutenu cet appel non recevable, par le motif que plus de trois mois s'étaient écoulés depuis la signification du jugement interlocutoire. Mais cette fin de nonrecevoir a été écarté par arrêt de la cour royale de Grenoble, du 22 août 1817, qui a considéré : 1° qu'il résultait des dispositions de l'art. 451 c. pr. civ. qu'il était facultatif à la partie qui se prétendait lésée par un jugement interlocutoire d'en appeler avant le jugement définitif; mais qu'aucun délai ne pouvait courir utilement ni aucune forclusion s'accomplir, malgré la signification du jugement interlocutoire, tant qu'il n'était point intervenu de jugement définitif, et tant que ce dernier jugement n'avait pas été signifié; 2° qu'il pouvait d'autant moins s'élever de difliculté à cet égard, qu'il est de principe que les jugements ou arrêts interlocutoires ne lient pas les juges et peuvent être réparés en définitive.

Pourvoi par Berruyer, pour violation des art. 4550 et 1551 c. civ. sur F'autorité de la chose jugée, et fausse interprétation de l'art. 451 c. pr., en ce que la cour royale de Grenoble avait admis l'appel interjeté par Françon. Arrêt.

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LA COUR; Attendu que l'art. 451 c. pr., après avoir posé la règle que l'appel des jugements préparatoires ne pourra être interjeté qu'après le jugement définitif et conjointement avec l'appel de ce jugement, dispose, quant aux jugements interlocutoires, que l'appel pourra en être interjeté avant le jugement définitif; — Qu'il resulte de cette disposition purement facultative qu'il est libre à la partie, qui se prétend lésée par un jugement interlocutoire, d'en appeler avant le jugement définitif; mais que néanmoins aucun délai ne doit courir utilement, aucune forclusion ne peut s'acquérir, malgré la signification du jugement interlocutoire, tant qu'il n'est point intervenu de jugement définitif, et tant que ce dernier jugement n'a pas été notifié ; Attendu, d'ailleurs, que les jugements et arrêts interlocutoires ne lient pas les juges, et qu'ils peuvent être réparés en définitive, suivant cette règle de l'ancien droit toujours en vigueur, judici ab interlocutorio discedere licet; Rejette.

Du 22 mai 1822.-C. C., sect. req.-MM. Botton de Castellamonte, pr.Liger de Verdigny, rap.-Lebeau, av. gen., c. conf.-Nicod, av.

Espèce (Comm. de Thizay C. Lonaut.) En 1818, la dame Louaut a demandé, contre la commune de Thizay, à être maintenue dans la propriété d'un droit de paccage. Le 4 juillet 1820, jugement interlocutoire du tribunal d'Issoudun, qui donne acte à la dame Lonaut de ce qu'elle offre de prouver, tant par titres que par témoins, que, pendant plus de quarante ans avant l'action, elle a joui, soit par elle, soit par ses auteurs, du droit de mer er journellement baître ses bestiaux à Villaine,

Poitiers, 5 déc. 1823, aff. Réau; Bourges, 23 juil. 1825; Caen, 2 août 1826, aff. Corblin; Toulouse, 10 juil. 1827 (1). Conf. Trèves, 1er aout 1810, aff. Heinrich, V. Acquiesc., no 666; Nancy, 28 juill. 1817, aff. Boeck, V. Disposit. entre-vifs et testament. Metz, 3 janvier 1812, ass. Pillart, vo Descente; Bourges, 2 fév. 1824, aff. Détrée, V. Acquiescem., no 666).

1140. Par suite de ces principes, le délai rigoureux de l'ap pel d'un jugement interlocutoire ordonnant une estimation de biens ne commence qu'à dater de la signification du jugement définitif (Cass., 26 juin 1826) (2).

avec ceux de Thizay, comme copropriétaire, dans le marais litigieux. Le 20 juillet, ce jugement est signifié. Une enquête a lieu. - Le 27 mars 1821, jugement définitif qui maintient la dame Louaut dans la copropriété du marais. - Le 17 juillet 1821, la commune de Thizay appelle, tant de ce jugement que de celui du 4 juillet 1820. - La dame Louaut oppose une fin de non-recevoir contre l'appel de ce dernier jugement, en ce qu'il s'est écoulé plus de trois mois depuis qu'il a été signifié; elle prétend que la maxime que l'interlocutoire ne lie pas les juges est vraie, en ce sens seulement qu'ils peuvent, malgré la preuve, s'attacher à d'autres circonstances; mais que, quant la preuve qu'ils ordonnent, ces jugements sont définitifs, et qu'ils doivent être attaqués dans les délais. Arrêt.

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La Cour ; — Considérant que la fin de non-recevoir est tirée de ce que le jugement interlocutoire, du 4 juillet 1820, a été signifié le 20 juillet, et que l'appel n'en a été interjeté que le 17 juillet 1821, avec celui du jugement définitif; - Que la loi du 2 brum. an 4 interdisait l'appel de tous les jugements d'instruction avant celui du jugement définitif; Que, sur les difficultés élevées, à cause de certains jugements d'instruction qui semblaient offrir des décisions définitives, le code de procédure civile en a fait deux classes: l'une de ceux qui tendent simplement à l'instruction de la cause, et qu'il appelle préparatoires; l'autre de ceux qui, quoique tendant à l'instruction, préjugent le fond, et qu'il nomme interlocutoires; Qu'à l'égard des premiers, l'appel n'en est permis qu'avec celui du jugement définitif; que, pour les seconds, l'appel en peut être interjeté auparavant; mais que la loi ne dit pas s'il doit l'être dans les trois mois de leur signification; Que la règle posée dans l'art. 443 c. pr. est sans doute générale sur le délai de trois mois pour l'appel; mais que l'article 451 semble une exception pour tous les jugements qui tiennent à l'instruction; qu'il ne dit pas, en effet, que l'appel d'un jugement interlocutoire devra être interjeté dans les trois mois, mais seulement qu'il pourra l'être avant le jugement définitif; qu'ainsi ce n'est qu'une faculté dont on peut user ou ne pas user; Qu'un jugement interlocutoire n'a toujours d'autre objet que l'instruction de la cause; qu'ainsi il est, sauf la faculté d'en appeler avant le jugement définitif, dans la classe de tous les jugements qui ne terminent pas le procès, et dont l'examen peut être soumis aux juges d'appel, avec celui du jugement définitif;- Qu'une partie peut avoir l'intime conviction qu'une vérification, qu'une preuve ordonnée ne seront pas faites, ou que, quand elles le seraient, elles ne conduiraient pas au résultat que les juges semblaient en attendre ;- Qu'on sait, d'ailleurs, que les jugements interlocutoires ne lient pas les juges, parce qu'ils ne tendent qu'à les éclairer, et que, jusqu'à la fin, ils peuvent se décider par d'autres motifs ; qu'ainsi, il n'y a pas de nécessité d'en appeIer; Que, s'il en était autrement, on appellerait de tous les jugements contre le but du législateur qui n'a pas été de multiplier les procès, mais bien plutôt d'en diminuer le nombre; — Qu'à la vérité, quelques auteurs sont partagés sur cette question; mais qu'une foule de monuments judiciaires viennent à l'appui des motifs ci-dessus développés, et consacrent la règle que les jugements interlocutoires ne lient pas les juges; qu'en cette matière, le délai de trois mois n'établit aucune forclusion, et qu'il est loisible aux parties de n'en interjeter appel qn'après jugement définitif; Considérant, au fond...; Rejette la fin de non-recevoir proposée contre ledit appel; - Statuant au fond, met l'appel au néant. Du 25 juillet 1825.-C. de Bourges.-M. Sallé, pr.

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5 Espèce: (Crespon C. Blavy.) LA COUR; Attendu, sur le moyen de rejet de l'appel envers le jugement du 29 sept. 1826, que, d'après l'art. 451 c. pr., l'appel d'un jugement interlocutoire peut être interjeté avant le jugement définitif, ce qui fait entendre qu'il peut l'étré égulement après, et que les délais de l'appel ne courent pour l'interlocu toire qu'à dater de la signification du jugement définitif; que, d'autre part, il est de principe que l'interlocutoire ne lie pas le juge; que, par suite, la partie a pu espérer, jusqu'au jugement définitif, que, nonobstant l'interlocutoire rempli contre elle, ses conclusions seraient accueillies ; que jusque-là, par conséquent, elle n'avait pas un intérêt réel à appeler; Sans s'arrêter à la demande en rejet de l'appel envers le jugement du 29 sep. 1826, dont a démis et démet le sieur Blavy, etc.

Du 10 juill. 1827.-C. de Toulouse, ch. corr.-M. d'Aldeguier, pr. Nota. On se borne à ces trois textes principaux, parce que tous les autres ne font que reproduire avec moins de détail les motifs de ces décisions.

(2) Espèce: — (Bastide C. Bolze et Roussel.) - Dans une contestation

1141. L'appel contre un jugement qui, sur une action en parlage de succession, ordonne le partage et nomme des experts pour vérifier si les immeubles de la succession sont partageables en nature, peut, relativement à ce dernier chef, être interjeté après les trois mois de la signification, et en même temps que l'appel du jugement qui, sur le rapport des experts, ordonne la licitation des immeubles (Bordeaux, 50 août 1831) (1).

1142. Il est bien entendu qu'en supposant que la signification de l'interlocutoire suffise pour faire courir le délai de l'appel, il faudrait, dans tous les cas, qu'elle fût faite à personne ou domicile (Rennes, 19 mai 1813) (2). – La signification à avoué seulement ne ferait point courir les délais de l'appel (Besançon, 10 féy. 1809, aff. Bailly, V. n° 1153).

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1143. Nous n'avons parlé dans tout ce qui précède que des jugements interlocutoires.

Quant aux jugements de provision, ils ne sont ni des jugements d'instruction ni des jugements préjugeant le fond; ils prononcent définitivement. On comprend donc que l'appel en soit recevable

existante entre les sieur et dame Roussel, le sieur Bolze et le sieur Bastide, le tribunal de l'Argentière avait rendu, le 26 déc. 1819, un jugement interlocutoire ordonnant une estimation de biens, les droits des parties réservés, et ensuite plusieurs autres jugements contraires à Claude Bastide. Celui-ci interjetà appel de tous ces jugements, et même de l'interlocutoire. Le 18 mars 1822, arrêt de la cour de Nîmes, qui statue en ces termes, relativement à l'appel du jugement interlocutoire : « Considérant que ce jugement interlocutoire, appelable avant le jugement définitif, rentre dans la classe de tous les jugements, et qu'il est soumis, pour les délais d'appel, aux mémes déchéances que tout autre jugement contradictoire; qu'ainsi, le délai pour appeler, soit avant, soit après le jugement définitif, est de trois mois à dater de la signification de ce même interlocutoire; que ce délai une fois expiré, l'interlocutoire acquiert l'autorité de la chose jugée et devient inattaquable; que c'est ainsi que la loi a été interprétée par la jurisprudence, et notamment par les divers arrêts de la cour de cassation. >>

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Pourvoi de Bastide, pour violation de l'art. 453 c. pr., et fausse application des art. 443 et 444 même code. · Arrêt. LA COUR; Vu les art. 443, 444, 451 et 452 c. pr.;· Attendu que les juges du tribunal civil de l'Argentière n'étaient pas liés par le jugement interlocutoire, du 26 déc. 1819, nonobstant lequel ils pouvaient, en statuant sur le fond, juger, s'il y avait lieu, qu'il n'était pas dû de supplément de légitime; Qu'ainsi, ce jugement rendu, avant dire droit et sous la réserve des droits et exceptions des parties, ne pouvait pas être rangé, comme la cour royale l'a supposé, dans la classe des jugements définitifs, dont on est tenu d'appeler dans les trois mois de la signification à personne ou domicile; — Qu'à la vérité, le demandeur avait la faculté d'interjeter appel de ce jugement avant le jugement définitif; mais que cette faculté, dont il était maitre d'user ou de ne pas user à sa volonté, n'a pas changé la nature de ce jugement, qui n'a toujours été qu'un jugement interlocutoire dont, depuis la publication du code de procédure, de même que sous Pempire de la loi de brumaire an 2, il lui a été permis de ne pas appeler avant le jugement définitif qui pouvait en rendre l'appel inutile; D'où il suit qu'en jugeant que la faculté d'appeler du jugement interlocutoire, du 26 déc. 1819, avait cessé à l'expiration des trois mois de sa signification à personne ou à domicile, avant qu'il fût intervenu jugement définitif, et en déclarant, par ce motif, le demandeur non recevable dans son appel, la cour royale a commis un excès de pouvoirs, fait une fausse application des art. 445 et 444 c. pr., et expressément violé Is art. 451 et 452 même code;-Casse.

Du 26 juin 1826.-C. C., ch. civ.-MM. Brisson, pr.-Poriquet, rap.mesnil, av. gén., c. conf.-Barrot et Compans, av.

(1) Espèce (Boulerme C. Elie.) Elie, créancier de Boulerme, assigne, en cette qualité, tant son débiteur que le sieur Grugier, en partage d'une succession échue à ces derniers. - Jugement qui donne défaut contre Boulerme et joint le défaut au fond. Ce jugement est signifié à Boulerme par un huissier commis, avec réassignation. 17 août 1830, second jugement par défaut contre Boulerme, qui ordonne le partage de la succession et la vérification, par experts, du point de savoir si les immeubles dépendant de cette succession sont ou non susceptibles d'être partagés en nature. - Ce jugement est signifié à Boulerme le 4 oct. 1830. 10 déc. 1830, autre jugement qui, attendu que, d'après le rapport des experts, le partage en nature n'est pas praticable, ordonne la vente sur licitation des immeubles dont il s'agit. - 11 mars 1831, appel par Boulerme des jugements des 17 août et 10 déc. 1850.- Elie soutient que l'appel du premier de ces jugements est non recevable, comme tardivement formé, et que l'appel du second est mal fondé. Quant aux moyens proposés par Boulerme, ils s'induisent suffisamment des considévations de l'arrêt suivant. Arrêt.

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Attendu, sur la fin de non-recevoir proposée dans l'intérêt

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SECT. 7. Effets de l'expiration des délais de l'appel.

1145. On a vu dans nos prolégomènes que, sous l'ancienne jurisprudence, la déclaration d'appel devait être suivie d'un acte contenant assignation, lequel formait ainsi le relief d'appel. L'ord. de 1453, art. 15, portait : « Ordonnons, déclarons et décernons que si les appellations faites et émises de nos baillifs, séné chaux, prévôts et autres juges, ne sont relevées dedans le temps de trois mois ordonnés à relever les appellations en notredite cour; notre sénéchal, baillif, prévôt ou les juges de qui aura été appelé, fera et pourra faire mettre à exécution sa sentence, jugement ou appointement, nonobstant l'appel, lequel nous déclarons

de Raymond Elie contre l'appel du jugement rendu le 17 août 1850, que ce jugement, signifié le 4 oct. 1850 à Boulerme personnellement, ne fut attaqué par la voie de l'appel que le 11 mars 1851, et par conséquent hors des délais accordés par l'art. 445 c. pr.;- Attendu que Boulerme, pour repousser la fin de non-recevoir prise de ce que l'appèl n'a pas été interjeté dans les trois mois, invoque inutilement les dispositions de l'art. 156 c. pr. civ., pour établir que la signification du 4 oct. n'ayant pas été faite par un huissier commis, il en resulte que les délais de l'appel n'ont pas couru au profit de Raymond Elie; qu'il ne faut pas, en effet, oublier qu'un premier jugement de jonction de défaut avait été rendu par le tribunal et signifié à Boulerme par un huissier commis, d'où suit que Boulerme so trouvant averti des demandes que Raymond Elie venait de former contre lui, avait pu préparer des défenses; que le second jugement du 17 août 1850, quoique qualifié de jugement par défaut, n'était pas susceptible d'opposition, d'après la disposition finale de l'art. 155 c. pr. civ., et cela parce que le législateur n'avait pas vu dans une pareille décision les véritables caractères d'un jugement par défaut; que, par conséquent, sinon la lettre, du moins l'esprit de l'art. 156 se refuse à l'interprétation que voudrait lui donner le sieur Boulerme; que, sous ce premier point de vue, la fin de non-recevoir opposée par Raymond Elie reste inébranlable;

Altendu, sur le second moyen dont se sert Boulerme pour repousser la fin de non-recevoir dont il est question, que le jugement du 17 août contient des dispositions définitives et des dispositions préparatoires; que les premières sont devenues inattaquables depuis l'expiration des délais accordés pour l'appel; que les secondes, au contraire, comme, par exemple, celle qui a nommé des experts pour décider si les biens étaient ou non partageables, ont pu valablement être attaquées en même temps que le jugement du 10 déc. 1850, qui ordonnait la licitation des immeubles; Attendu, à l'égard de ce second jugement, qu'appel en a été interjeté dans les délais de l'art. 445 c. pr. civ., et que, par conséquent, cet appel doit être reçu; Sans s'arrêter à la fin de non-recevoir proposée par Raymond Elie contre le jugement du 17 août 1830, en ce qui touche la nomination d'experts, et l'admettant au contraire à l'égard de tous les autres chefs du jugement, sur lesquels chefs l'appel de Boulerme est déclaré non recevable, ordonne qu'il sera plaidé sur le chef interlocutoire portant nomination d'experts.

Du 30 août 1831.-C. de Bordeaux, 4 ch.-M. Dégranges, pr.

(2) (Lucas C. Pouhaert.) LA COUR; Considérant, dans la forme, que l'art. 451 c. pr. donnait à l'appelant la faculté de relever appel, conjointement avec le jugement définitif, du jugement du 19 déc. 1809, envisagé comme préparatoire; que si on l'envisage comme interlocutoire, l'appel n'en serait non recevable qu'autant qu'une signification de ce jugement a partie en aurait fait courir le délai; qu'on ne prétend pas qu'une pareille signification ait fait courir la déchéance de l'appel; qu'ainsi, sous ce double rapport, la fin de non-recevoir proposée par l'intimé n'est pas fondée. 2e ch.

Du 19 mai 1815.-C. de Rennes,

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(3) (Duston C. Adrien.) - LA COUR; Considérant que la jonction du provisoire au fond, lorsqu'il s'agit d'aliments, vaut refus; Qu'elle est un modus negandi, qui constitue un véritable jugement définitif et nullement un jugement de simple instruction, puisqu'il refuse les aliments jusqu'au jugement du fond, sans qu'on puisse dire que le sauf à délier annonce que le tribunal de Limoux avait l'intention d'accorder la provision si on l'eût mis à portée d'y statuer avant le jugement du fond;Qu'il n'est pas douteux que si le jugement eût accordé la provision, il eût été définitif, et la demande n'en aurait pu arrêter l'effet que par la voie de l'appel; qu'ainsi, et par parité de raison, le tuteur a pu en appeler, et que cet appel est recevable, etc.

Du 4 therm, an 12.-C. de Montpellier.

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