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gers, n'a eu ses premières foires qu'au courant du XVIe siècle. Elles se tenaient le 21 juillet, le 13 août, le 1er septembre, le 5 novembre et le 23 novembre, dans les faux-bourgs de Saint-Pierre de Chemillé. Ces foires étaient féodales, et les droits de prévôté qu'on y prélevait appartenaient au prieur de l'abbaye de Fontevrault.

Pendant la Révolution, les foires et les marchés de Chemillé continuèrent d'avoir lieu, quand ils ne furent pas troublés par les émeutes. Une tentative de cette nature se produisit le jour de la foire de la Madeleine. Elle est relatée dans les Affiches de Maine-et-Loire sous forme d'avis:

« Chemillé, 10 août 1792.

« Le jour de la foire de la Madeleine dernière, un sieur Thion, fabricant et habitant du pays, garçon, neveu a d'un chanoine, et qui par cela seul a toujours conservé a dans le cœur une haine contre la constitution, et affecté « de se promener au milieu du peuple arborant à son cha« peau une cocarde noire; ce signe de rebellion, digne du « dernier châtiment, avait de quoi perdre ce particulier; « la municipalité, après bien des prévenances, a cru de a son devoir de dénoncer le sieur Thion devant le juge de << paix du canton. »>

Signé

BAILLARGEAU, maire de Chemillé '.

La ville de Chemillé possède aujourd'hui des foires qui se tiennent les premiers jeudis de janvier, février, mars, juin, juillet, septembre, novembre, le premier jeudi de carême et le premier jeudi après Pâques. Elle a encore des marchés le jeudi de chaque semaine.

1 Bibliothèque de la Société industrielle et agricole d'Angers

Les foires et les marchés de Chemillé donnent lieu à de nombreux rendez-vous d'affaires. Les marchands de bœufs de l'Angleterre, de la Hollande, de la Belgique, de Paris viennent s'y approvisionner d'animaux gras. Les Normands y trouvent des bœufs maigres qu'ils emmènent dans leurs gras pâturages pour les livrer à l'engraissement; les animaux qu'ils préfèrent sont ceux qui sont doués d'un poil fin, long et frisé; ceux-là prennent plus facilement l'herbe des prés et s'engraissent rapidement.

En dehors du commerce qui se fait sur les animaux de l'espèce bovine, les porcs, les moutons, les céréales sont également l'objet d'importantes transactions.

IV

Le Marillais.

Le Marillais est situé non loin de la Loire, à l'extrémité du département de Maine-et-Loire. Cette petite bourgade, a conservé une foire d'origine essentiellement religieuse. C'était autrefois, comme nous l'a appris Bruneau de Tartifume, la plus belle foire de l'Anjou, après celle de la Saint-Jouin de Vihiers.

Elle se tenait jadis autour d'une chapelle bâtie au IXe siècle, détruite par les barbares et reconstruite en 1041. Cette chapelle était le rendez-vous d'une foule de pèlerins qui venaient de l'Anjou et de la Bretagne pour y faire leurs dévotions.

La foire de la Notre-Dame Angevine du Marillais avait et a encore lieu le 8 septembre; elle était un lieu de réunion pour les chapeliers, les teinturiers, qui venaient

de Nantes, de Saumur et d'Angers, et campaient sous les saules de la vallée avec leurs marchandises.

Le Marillais avait en outre deux autres foires, l'une à la Saint-Jean, l'autre à la Notre-Dame de mars.

L'assemblée de la Notre-Dame Angevine du Marillais est toujours fréquentée par les populations agricoles du Bas-Anjou. Naguère encore, elle était le rendez-vous de nombreux trafiquants dont l'industrie spéciale était de faire tomber sous le ciseau l'abondante et soyeuse chevelure des jeunes filles de la contrée, qui échangeaient cette précieuse toison contre un objet de toilette aux couleurs voyantes. Elles aimaient à se parer de ces colifichets, bien propres à attirer vers elles les regards des jeunes hommes en quête de fiancées.

Cette coutume, que l'on ne saurait craindre de qualifier d'immorale, tend aujourd'hui à disparaître, mais il n'y a pas encore bien longtemps, il était rare qu'une jeune fille se mariât sans avoir laissé au moins une fois sa chevelure aux mains de ces singuliers négociants qui fré quentaient assidument les foires de la Notre-Dame Angevine du Marillais, et s'entendaient merveilleusement à exploiter chez les jeunes filles l'envie bien naturelle qu'elles avaient de plaire.

V

Les foires de Brissac.

Bien que le chartrier du château de Brissac ne possède aucun document permettant d'assigner une date certaine aux foires primitives de la petite ville de Broichessac, il n'est guère permis de supposer que le comte d'Anjou, en

bâtissant, au x' siècle, le château fort de Broichessac, eut négligé ce moyen de se créer des ressources personnelles en attirant auprès de lui, à des époques déterminées, ses nombreux vassaux. Et cela est d'antant mieux permis que le seigneur et maître de Broichessac avait bien su frapper d'un droit de péage tous les passagers qui se rendaient du Poitou en Anjou en passant par Broichessac. Cet impôt était proportionnel à la valeur du fond que possédaient les voyageurs '.

Le château fort de Brissac commandait le passage qui mettait en communication l'Anjou avec le Poitou, et l'une des grandes voies de communication qui reliait le pays des Mauges avec la population riveraine de la Loire.

Nous avons la date certaine qu'une foire existait à Brissac en 1402; elle se tenait le jour de la Saint-Vincent. Un titre du chartrier nous apprend qu'en 1413, le seigneur de Brissac était maître des Halles de cette ville. A cette époque, il est dressé un inventaire des Halles, et le texte en est conservé au château de Brissac.

En 1453, deux foires viennent s'ajouter à la foire de la Saint-Vincent. Elles avaient lieu, l'une le 22 juillet, jour de la fête de la Madeleine, l'autre le 22 septembre, jour de la Saint-Maurice.

Au XVe siècle, Brissac avait en outre trois marchés par semaine, le mardi, le jeudi et le samedi. L'enquête à mémoire perpétuel, faite en 1451, relativement aux droits du seigneur de Brissac sur les moulins de la rivière de l'Aubance, nous en fournit la preuve et nous montre en même temps que, dès cette époque éloignée de nous, Brissac était déjà un centre très fréquenté par les commerçants de l'Anjou.

Chaque meunier de la rivière de l'Aubance était tenu de faire, entre les mains du garde de la justice de la seigneurie de Brissac, le serment de meunerie. Dans la formule du serment, il est dit que les maîtres meuniers

1 Note communiquée par M. Louis Raimbault et empruntée aux titres du château de Brissac.

maintiendront le droit du seigneur de Brissac sur la rivière de l'Aubance, qu'ils garderont en son pouvoir biains et haiz, ce qui veut dire qu'ils ne s'approvisionneront de blé pour leurs moulins « qu'aux marchés et biains « de Brissac qui se tiennent trois fois la semaine. »

Le serment de meunerie était prononcé à l'église SaintVincent de Brissac, devant l'autel de Notre-Dame, sur le livre des Évangiles, présenté par le garde de la justice de la seigneurie de Brissac, et en présence des autres meuniers jurés. Le nouveau meunier devait, avant de jurer, payer un dîner aux officiers du seigneur de Brissac et aux meuniers jurés. Ce repas était évalué à la somme de cinquante sols et devait se faire entre les quatre portes de la ville.

Les marchands de blé, appelés blattiers dans les titres de l'époque, fréquentaient les marchés de Brissac '. Les blattiers faisaient serment de ne point vendre de blés vieux, de ne tenir aucun propos au préjudice du peuple, de ne pas vendre leurs blés hors la place accoutumée les jours de foires et de marchés.

Au milieu du xve siècle, les marchés de Brissac avaient une si grande importance que le droit du langueyage y était affermé 1,260 livres, et que les divers corps de métiers avaient leurs étaux sur la place du Minage, avec le privilège de s'opposer à laisser étaler les marchands forains devant eux.

En 1508, le sénéchal de Brissac est contraint de rendre une ordonnance de police afin de protéger l'approvisionnement des foires et des marchés de cette ville.

Il est enjoint, dans cette ordonnance, à toute personne de quelque état et condition que ce soit, sous peine de prison et d'amende arbitraire, aux jours des foires et marchés, d'aller au devant des denrées et marchandises qu'on apporte au marché hors les marques et bornes anciennes et de non regratter, vendre ou acheter à regrat

1 On appelle encore ainsi les commissionnaires en blé qui courent les marchés et les communes du département de Maine-et-Loire.

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