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PREMIÈRE SECTION.

D

FOSSA.

ANS le dernier catalogue de livres de M. Libri, le No. 331 porte: Nobile Vigonce opus incipit. Venetiis, Bernardinus Venetus de Vitalibus, 1502, die vii Menfis Madii, de 8 feuillets. Une note ajoute entr'autres informations bibliographiques : Après tout ce qui a été écrit fur les Macaronées, on ne devait guère "s'attendre à découvrir un poème "de ce genre ayant le double ca"ractère d'être à la fois très ancien "et parfaitement inconnu.

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C'eft

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pourtant ce qui arrive pour ce "volume."

Le lecteur voudra bien fe rappeler que les deux plus anciens poèmes macaroniques, celui de Baffano et celui de Tifi Odaffi, datent des dix dernières années du quinzième fiècle, or à la fin du volume dont il est question, l'auteur nous apprend que le poème fut compofé le 2 Mars, 1494

Hæc ego compofui madii mane die fecundo
Mille quater centum eft nos nonaginta quaterque.

Avant d'examiner quel fut cet auteur, donnons d'abord la description de cette œuvre dont je n'ai trouvé la mention nulle part, malgré de nombreuses recherches. La première partie, Nobile Vigonce opus, fe compofe de huit feuillets, non paginés et fans réclames, de 21 lignes à la page. Le ponctuation est presque nulle, il n'y a que les deux points (qui

remplacent fréquemment la virgule) le point de loin en loin, et quelques rares points d'interrogation.

La feconde partie, intitulée: Virgiliana, a quinze feuillets, fignatures a, b, c, d, et préfente les mêmes caractères et une ponctuation encore plus négligée que le poème précédent. Les noms propres et ceux de villes et de pays commencent très rarement par des majufcules.

C'est ici que l'auteur fe nomme plufieurs fois :

Ipfe ego fum Foffa, &c.

De Foffa compofitore qui venit Pa

tavia.

Et enfin : Finit præclariffimum opus editum per excellentem virum dominum Foffam cremonenfem.

Quel eft ce Foffa dont la macaronée a échappée jufqu'ici à toutes les recherches? M. Libri pense que c'est le même qui composa vers cette époque un poème de Chevalerie.

Mais il paraît qu'il y eut plufieurs auteurs de ce nom, d'abord celui qui compofa l'Innamorato di Galvano, né à Crémone, s'intitulant poète Lauréat, et cité dans la Bibliographia dei Romanzi, &c. de Melzi et du docteur Giulio Ferrario. Quadrio* dit que l'auteur de ce poème eft Evangelista Foffa, qui fleurit vers 1494, et qui traduifit en vers les Bucoliques de Virgile. Mais Ferrario fait obferver qu'outre Evangelifta Foffa, frère Servite (fervi di Maria) un poète du nom de Matteo Foffa, mort en 1516, pourrait bien être l'auteur du Galvano Innamorato, vu que le fujet est fort peu en harmonie avec la févérité de l'état religieux.

Quadrio cite encore Giambatifta Foffa, comme un poète qui fi dilettava affaifimo de' capitoli Bernefchi; c'était un chanoine qui de

* Della Storia e della Ragione d'ogni Poesia.

vint Nonce à Naples, fous Alexandre Farnèse, Pape fous le nom de Paul III, en 1534.

Dans La Storia literaria del principio e progreffo dell' Academia di belle lettere in Reggio, compilata per Giovanni Guafco; Reggio, 1711, in 4to, il fe trouve des vers d'un Aurelio Ruggiero Foffa qui fleurit en 1527 ; mais cette date ne peut guère concorder avec celle de la compofition de notre macaronée.

La feconda Libraria del Doni parle d'un Emilio Foffa qui compofa un belliffimo per non dir fantaftico e capricciofo difcorfo, pour démontrer que nous n'avons pas de maggior nimico che l'honore.

Parmi tous ces homonymes, il s'agit donc maintenant de trouver quel est l'auteur du Virgiliana.

Quoiqu'en difent Melzi et Ferrario, je ne vois pas pourquoi je ne choifirais pas Evangelifta Foffa.

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