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moyen d'utiliser les propriétés spéciales du sulfure de carbone comme destructeur du redoutable ennemi des vignes.

Le sulfure de carbone employé à la dose variable de 2 à 300 kilos par hectare, donne des résultats assurés dans un terrain meuble et perméable, mais assez longs à s'affirmer.

Le prix du traitement revient de 110 à 150 fr. par hectare.

Le sulfure de carbone, combiné au carbonate de potasse, donne aux vignerons des résultats plus apparents et plus rapidement satisfaisants.

Dans l'arrondissement d'Angers, l'application du sulfo-carbonate de potassium ressort à 315 fr. 70 par hectare, et dans l'arrondissement de Saumur à 319 fr. 80.

Mais il convient de dire que la potasse du sulfo-carbonate étant dans la combinaison à l'état de carbonate, c'est-à-dire présentée à la vigne sous la forme qui lui est la plus favorable, constitue dans ce cas un engrais très assimilable représenté par une valeur argent estimée à 50 fr., dont bénéficie dans l'année mème le propriétaire par une plus-value de récolte. Cette valeur engrais vient naturellement en décompte des frais du traitement.

L'application du sulfo-carbonate de potassium peut être faite dans tous les sols. Elle donne de bons résultats dans le département de Maine-et-Loire, mais elle nécessite l'apport de 20 litres d'eau par chaque cep de vigne, soit 120 mètres cubes d'eau pour un hectare.

Dans ce procédé il n'y a pas évaporation du sulfure de carbone, tandis que dans la distribution du sulfure de carbone pur, il y a évaporation chaque fois que l'appareil distributeur est mal dirigé.

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M. Feuillerat, propriétaire du Château Richeterre,

à Margaux, et régisseur des célèbres clos du Château Lagrange, a eu l'idée de se servir du savon mou pour émulsionner le sulfure de carbone dans une certaine quantité d'eau.

On m'a déjà demandé ce que l'on entend par savon

mou.

L'industrie fabrique deux sortes de savons: Le savon dur qui est à base de soude et le savon mou qui est à base de potasse; le savon mou est tantôt noir, tantôt vert, selon qu'il a été coloré avec du bois de campèche ou du sulfate d'indigo.

Les huiles qui servent à sa fabrication sont les huiles de chénevis, de lin ou de colza.

J'arrive à la composition du sulfo-potassium de M. Feuillerat et en même temps au prix de revient qu'il indique :

Savon mou, 17 kilog. à 45 fr. les 100 kilog.
Eau pour dissoudre le savon,
Sulfure de carbone, 50 kilog.

7 f. 65

33 kilog.

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18

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Mais ces 100 kilos coûtant à M. Feuillerat 26 fr., représentent LE QUART de la quantité nécessaire pour le traitement d'un hectare de vigne, car il ne faut pas perdre de vue que DEUX CENTS KILOS au moins de sulfure de carbone sont indispensablement nécessaires pour obtenir dans un traitement de défense, l'effet asphyxiant cherché pour que la vigne puisse continuer de vivre en présence du phylloxera. Or, les 400 kilos de sulfo-potassium reviendraient donc à 26 X 4 = 104 fr., sans compter les frais de main-d'œuvre, qui ne figurent pas dans la note de M. Feuillerat communiquée par M. L.-A. Leroy.

Ces chiffres sont certainement exacts pour les vignes du Château Lagrange, dans lesquelles l'inventeur du procédé l'a appliqué, sans quoi il ne les eût pas indiqués.

Mais pour nous qui habitons en Anjou, nous devons

examiner quel sera le prix de revient de ce traitement nouveau dans nos vignobles. Or, le sulfure de carbone coûtera bien 36 fr. les 100 kilos, mais son prix sera majoré des frais de port et du retour des fûts vides; nous paierons le savon mou 45 fr. les 100 kilos et il faudra y ajouter le prix du port et celui du droit de douane.

Nous aurons donc :

Sulfure de carbone, 200 kilos à 36 francs les 100 kilos.

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Pour port de 100 kilos, 5 50

Pour retour de fùts, 2 50

Savon mou, 68 kilos, à 45 fr. les 100 kilos.

Pour port et droit de douane

Eau, 132 litres, manutention

Total, 400 kilos, coûtant.

72 f. >>

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C'est donc, d'une part, à 129 fr. 60 que nous reviendra le prix brut des 400 kilos de sulfo-potassium nécessaires au traitement d'un hectare de vigne, c'est-à-dire à 25 fr. 60 plus cher qu'au Château Lagrange.

Ce n'est pas tout, à cette somme, il faut ajouter le prix de la main-d'oeuvre pour l'application du sulfopotassium à raison de 60 grammes dilués dans 20 litres d'eau par chaque cep de vigne absolument comme dans le procédé au sulfo-carbonate de potasse.

Il faut en moyenne cinquante journées d'hommes à 3 fr. 50 l'une pour traiter un hectare de vigne, lorsqu'on emploie 20 litres d'eau par chaque cep, cela nous donne pour la main-d'œuvre 50 journées × 3 fr. 50 = 175 fr., mais comme on emploiera une équipe de cinq ouvriers à transporter le liquide dans la vigne, le travail se fera en dix jours. Il faut remarquer qu'un sixième ouvrier sera exclusivement employé à brasser le mélange de sulfo-potassium pour que le sulfure de carbone ne se sépare pas de la solution du savon. J'ai en effet vérifié que d'après le procédé de manipulation de M. Feuil

lerat, le sulfure de carbone n'était pas entièrement dissous dans la liqueur de savon, et qu'il est indispensable d'agiter continuellement le mélange pour maintenir le sulfure de carbone dans un état de division suffisant.

Les frais du traitement avec le sulfo-potassium doivent s'établir de la façon suivante :

Salaire de l'ouvrier occupé à la préparation et au dosage du sulfo-potassium, 10 journées à

3 fr. 50. .

Salaire d'une équipe de cinq ouvriers travaillant pendant dix jours à raison de 3 f. 50, soit 50 3 f. 50.

400 kilos de sulfo-potassium à 32 f. 40 les 100 kilos

35 f. >>

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Le traitement d'un hectare de vigne, par le procédé Feuillerat, reviendra, en Maine-et-Loire, à 339 fr. 60, alors que le traitement d'un même hectare de vigne, par le procédé administratif du sulfo-carbonate de potassium, revient à 319 fr. 80.

Au point de vue économique, l'avantage reste donc au traitement administratif.

Envisagé au point de vue curatif de la vigne, je crois et je le dis en toute sincérité que le sulfo potassium Feuillerat, tuera autant de phylloxeras que le sulfocarbonate de potassium, parce que dans le premier comme dans le second cas, c'est le sulfure de carbone qui agit. Or comme, en raison de la division du sulfure de carbone dans la solution de savon il n'y aura qu'une déperdition de vapeurs fort peu appréciable, l'effet asphyxiant sera suffisant.

Mais je fais toutes mes réserves sur le bénéfice que la végétation de la vigne peut tirer de la potasse en combinaison dans le savon, et j'espère que M. L.-A. Leroy qui a eu toute raison de faire connaitre le procédé

Fenillerat, voudra bien en faire l'application dans son vignoble de La Veronnière, afin que les vignerons et lui-même puissent juger de son efficacité.

LA DESTRUCTION DE LA PYRALE

AU MOYEN DU PROCÉDÉ GAILLOT
Viticulteur et Constructeur à Beaune (Côte-d'Or)

Communication de M. A. BOUCHARD, secrétaire.

En 1888, la pyrale a fait des ravages partiels, non seulement dans les vignes des fins crus de la Côte-d'Or, mais encore dans diverses contrées de la France et de l'étranger.

Il en est résulté des pertes considérables, des récoltes ont été à peu près perdues, les ceps ont été (en juin) dépouillés de feuilles et de fruits, il est donc fort à craindre que les vignes ayant beaucoup souffert l'été dernier, la récolte future soit compromise.

Que fallait-il faire lors de l'apparition de ce parasite? Chercher résolument le meilleur moyen de le détruire, sans nuire au végétal.

Après avoir essayé diverses solutions, j'ai trouvé un moyen simple, économique, complet et obtenu des résultats constatés.

Les pyrales ont été détruites deux à trois heures après

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