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tion du blé en France et montre leur marche ascendante.

Au commencement du siècle elle devait être de 7 à 8 hectolitres à l'hectare;

En 1820 elle était de 10 hectolitres 22;

De 1820 à 1852, la moyenne a été de 12 hectolitres 82;

De 1852 à 1880, cette moyenne a été de 14 hectolitres 29;

Et enfin elle est actuellement de 15 hectolitres 77.
Que prouvent ces chiffres ? dit-il.

Ils prouvent que, malgré l'insuffisance des connaissances agricoles, avec un outillage très médiocre, en l'absence à peu près complète d'emploi d'engrais complémentaires, la culture étant condamnée au fumier de ferme seul, la France, par les efforts individuels de ses cultivateurs, par le labeur de sa population agricole, est arrivée dans un demi siècle, à augmenter de plus de 50 0/0 sa récolte, qui a passé de 10 à 15 hectolitres 77 à l'hectare. Il nous en faut 17 hectolitres 10, c'est donc 1 hectolitre 33, c'est moins d'un hectolitre 1/2 qu'il nous faut conquérir, c'est, chiffre rond, 1 hectolitre 1/4 et nous serons affranchis de toute importation étrangère.

En philosophe humanitaire, M. Grandeau désire mieux, et dit que cela se peut, il affirme le chiffre de 21 hectolitres possible, ce qui assurerait l'usage du pain dans les populations de nos plus pauvres villages, au fond de la Sologne, de la Bretagne, ou de nos plus misérables massifs montagneux.

Cette augmentation nous laisserait encore, c'est triste à dire, en arrière de l'Angleterre, qui produit 28 à 29 hectolitres.

Nous sommes inférieurs à la Saxe, à l'Autriche, à la Hongrie, etc., nous ne sommes égaux ou supérieurs qu'à un très petit nombre de pays voisins. Nous pou

vons, nous devons faire mieux, et M. Grandeau arrive au vif de la question, les moyens d'atteindre les rendements qu'il indique.

En l'état présent :

7 millions d'hectares en France, sont annuellement emblavés, à la volée, très rarement au semoir en ligne.

15 millions d'hectolitres sont employés à cet usage, pour obtenir 108 à 110 millions à l'automne suivant, autrement dit, un grain de blé en rend 7 dans les conditions moyennes d'une bonne année.

Mais combien d'hectares de terre sur lesquelles nous avons jeté du blé à l'automne, méritent-ils le nom de terres emblavées? Un tiers au moins des 7 millions semés portent plus de mauvaises herbes que de blé, mauvaises herbes qui, en vertu de la loi sur la vie, se nourrissent aux dépens de notre semence.

Ceci est un fait indiscutable, inévitable peut-être dans les conditions anciennes de semaille à la volée, où moitié de notre semence devient la proie des rongeurs ou des oiseaux, pourrit et enfin disparaît.

Pour arriver à mieux faire, M. Grandeau examine les cinq conditions qu'il considère comme principales dans le développement et la nutrition du blé.

Ces conditions sont :

10 La nature et l'état du sol;
2o Le choix de la semence;
3o Le mode de semaille;
4o Le choix de la fumure;

5o Le mode de culture.

Il établit comment vit un grain de blé, depuis le moment où il est semé jusqu'à l'époque où nous récoltons.

Le grain commence par germer et développer une petite racine; s'il est entouré d'autres grains de blé très serrés, il s'étiole, la plante se développe mal; s'il est

dans les conditions meilleures il naît un petit bourgeon adventif à côté de la première tige et vous avez deux tiges de blé; si l'espace dont il dispose augmente il s'en produit trois; il est rare que dans nos cultures françaises en général nous obtenions plus de quatre tiges de blé à l'aide d'un grain. Si au contraire votre semence jouit, même dans un sol médiocre, d'un espace suffisant pour que les racines ne s'enchevêtrent pas, pour qu'elles puissent s'étendre à l'aise dans le milieu nutritif qui les porte, vous pouvez arriver jusqu'à 23 et même 37 épis pour un seul grain, et à ce résultat fabuleux de 1,800 grains de blé pour un semé; mais sans aller jusque là, il y a une marge énorme pour les améliorations à obtenir, entre les sept grains pour un qui s'obtiennent seulement malheureusement trop souvent, et ce que l'on peut normalement obtenir.

Ce grain de blé, jeté en terre, comme nous venons de le dire, et qui se comporte suivant la place que vous lui donnez, s'empare de matières nutritives empruntées au sol et à l'air, pour vivre et constituer la plante dont il est l'origine.

Les proportions de substances absorbées :
Azote,

Acide phosphorique,

Potasse,

Chaux,

Magnésie,

Principes minéraux,

Et celles constituées :

Substance organique.

Et substance sèche

dans le cours de la végétation, varient suivant l'âge de la plante. Elles ont été recherchées par la voie d'analyses, reconnues, et M. Grandeau les indique dans un tableau et un diagramme du plus haut intérêt pour la pratique de la fumure du sol.

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A. Depuis les semailles jusqu'au printemps...

B. Depuis A jusqu'au com

?

45.9 15.2 49.6 24.845.6 41.9 20.8 31.2

mencement de l'épiage.env. 27 28.0 28.0 70.0 46.3 72.1 61.2 64.8 61.0

C. Depuis B jusqu'a la sortie

des épis

D. Depuis C jusqu'à la fin de la floraisen.

E. Depuis D jusqu'au commencement de la matu

rité..

F. Depuis F jusqu'à la pleine maturité

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23 66.5 65.3 80.5 85.3 98.9 88.9 81.8 83.5

19 86.8 85.9 93.5 98.1 100.0 100.0 90.0 97.7.

43 100.0 100.0 100.0 100.0 97.3 97.3 91.4 96.5

22 99.9 108.0 93.2 97.7 75.6 85.9 100.0 100.0

Ces indications se rapportent aux époques de la vie du blé.

1er mai, époque à laquelle la végétation commence à devenir active;

28 mai, commencement de l'épiage;

20 juin, sortie des épis;

9 juillet, fin de la floraison;

22 juillet, commencement de la maturité et enfin, maturité complète.

Les chiffres qui sont inscrits sur ce tableau représentent le rapport des teneurs relatives du blé, paille et grains compris, en azote, acide phosphorique, polasse, chaux et magnésie, principes les plus importants au point de vue de la nutrition de la plante. Ce tableau indique pour cent parties d'acide phosphorique, de potasse, de chaux, de magnésie et d'azote absorbées dans tout le cours de sa végétation, les proportions

PRINCIRES

mineraux.

POTASSE

CHAUX

MAGNESIE

ACIDE

phosphorique.

fixées aux diverses époques correspondant aux dates indiquées plus haut.

Il montre également les taux centésimaux de subslance organique et de substance sèche totale fabriquées par la plante dans ces diverses périodes.

A l'aide des chiffres qu'il donne, M. Grandeau montre donc que dans l'espace des quelques mois d'hiver, la plante a besoin, pour se développer, d'environ trois fois plus de matière minérale prise au sol qu'elle n'a pu fabriquer de matière organique à l'aide des éléments puisés dans l'air. Ce qui prouve que si nous semons du blé dans un terrain trop pauvre, qui ne renferme l'azote, l'acide phosphorique, la potasse et la chaux qu'en quantité insuffisante, nous aurons beau bien. préparer le sol, semer dans de bonnes conditions un grain de choix, nous n'obtiendrons qu'une médiocre. récolte, attendu que pendant cette première période de la vie de la plante, celle-ci n'aura eu à sa disposition. qu'une alimentation minérale insuffisante.

La nécessité de fumer convenablement, avant l'hiver, le sol destiné à la culture du blé est donc établie.

Nous avons parlé des cinq conditions que M. Grandean considère comme principales dans le développement et la nutrition du blé. Nous allons examiner avec lui ces cor:ditions:

1° La nature et l'état du sol.

Quelles sont les conditions que la terre doit présenter pour assurer le succès de la récolte ?

Il faut que la terre soit suffisamment meuble, pourvue en aliments pour la plante et propre, c'est-à-dire débarrassée de tous germes de plantes étrangères.

M. Grandeau présente alors à la réunion un certain. nombre de spécimens de blés enracinés, ayant été cultivés dans différents sols. Tous ont obéi à la loi de nature, cherchant à manger pour vivre et prospérer dans le milieu qui leur était donné.

Le premier, sorti d'une terre argilo-calcaire, la reine

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