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tions, et ce sont celles qui s'appliquent à la plus grande partie du vignoble angevin, reposent sur l'introduction des cépages américains, et, par les raisons que j'ai eu l'honneur de vous exposer au début de ce travail, je ne vois vraiment pas d'après quelle raison bien sérieuse on pourrait continuer à interdire la libre circulation de ces cépages dans un département dont tous les points sont plus ou moins envahis par le phylloxéra.

Je demande donc qu'après discussion, la Société adopte une résolution tendant à réclamer, auprès du Conseil général, la délibération favorable nécessaire pour que la Commission supérieure du phylloxéra, dans sa prochaine réunion, puisse nous accorder la faculté d'employer les moyens les moins onéreux de reconstitution de nos vignobles si gravement menacés d'une destruction complète et prochaine.

ASSOCIATION SYNDICALE TEMPORAIRE CONTRE LE PHYLLOXÉRA

RAPPORT

A M. LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE

OCTOBRE 1888

M. Deperrière, vice-président, donne communication à la Société du rapport qu'il a adressé, en qualité de sous-directeur du Syndicat antiphylloxérique du canton de Saint-Georges-sur-Loire, à M. le Ministre de l'agriculture, sur les travaux de cette association.

Monsieur le Ministre,

Pour répondre à votre circulaire n° 4, en date du 1er août 1888, par laquelle vous nous demandez de vous fournir les renseignements les plus circonstanciés sur les travaux du Syndicat antiphylloxérique du canton de Saint-Georges-sur-Loire, nous avons l'honneur de vous adresser le compte rendu de tout ce qui a été fait par notre association depuis son origine.

Notre Syndicat, Monsieur le Ministre, date du 22 mai 1886, compte 33 adhérents pour 101 hectares 7 ares 57 centiares de vignes syndiquées, et ses recettes en cotisations s'élèvent à la somme de 505 fr. 35.

Au début de notre association, aucune des vignes syndiquées n'était contaminée, aussi l'activité de notre Syndicat se porta simplement sur l'étude et l'application de

procédés préventifs contre le Badigeonnage Balbiani ou le traitement des invasions cryptogamiques tels que le Mildew, par exemple, auquel le climat doux et légèrement humide de l'Anjou est particulièrement favorable.

Nous joignons à ce rapport trois numéros de journaux d'Angers (1), journaux dans lesquels nous avons cru devoir publier des notes concernant le procédé Balbiani et le mildew, où nos publications ont été insérées, ce qui nous a permis de faire distribuer ces dernières en leur temps, avec les frais les plus réduits.

Nos publications furent bien accueillies des membres du Syndicat et même des vignerons étrangers à notre association. Le procédé Balbiani et les traitements contre le mildew, sans se vulgariser absolument, furent appliqués sur de nombreux points, et le Conseil général ayant mis des subventions à la disposition des vignerons et des associations du département qui feraient des applications du procédé Balbiani, le Syndicat lui-même décida l'application de ce moyen de défense aux vignobles syndiqués des deux communes du canton où, à cette époque, le phylloxéra avait été officiellement constaté.

Application du Badigeonnage Balbiani. Ces traitements furent pratiqués une fois seulement en 1887 et ne furent pas renouvelés, nous ne saurions donc pas absolument formuler d'opinion sur leur valeur antiphylloxérique, mais, partout où ils furent appliqués, on remarqua une diminution considérable du nombre des insectes dévastateurs de la vigne autres que le phylloxéra.

La difficulté pratique d'application du procédé Balbiani, le doute qui subsiste sur son efficacité, quand on songe qu'il se peut qu'un seul point échappé au badigeonnage, sur un seul cep, laisse des œufs d'hiver épargnés qui donneront naissance à des colonies de phylloxeras, malgré le traitement; la contiguïté des héritages qui laisse aussi la contamination par voie souterraine toujours possible, et le prix de revient, nous ont fait abandonner la pratique du procédé Balbiani.

1

(1) Petit Maine-et-Loire du 15-16 mars 1886. Progrès de l'Ouest du 13 février 1887. Journal de Maine-et-Loire du 22-23 mai 1887,

Traitement contre le Mildew. Le traitement contre le mildew le plus répandu dans notre canton, et le plus généralement pratiqué par les membres du Syndicat, est le traitement à l'Eau céleste.

Nous n'avons rien à relever à son sujet qui n'ait été dit. Cependant l'un de nos associés a eu, dans un cas particulier, l'idée de joindre à ce traitement un procédé que nous croyons devoir signaler.

Ce membre de notre association possède plusieurs murs d'une longueur totale de plus de 150 mètres, entièrement couverts de vignes.

A la fin de l'hiver, sitôt après la taille, il a fait badigeonuer ses murs avec un lait de chaux, à la consistance ordinaire pour blanchir les intérieurs des maisons d'habitation, additionné d'une solution de sulfate de cuivre. au 1/10 en poids. Il s'est ainsi débarrassé, pour une dépense des plus modeste, 0,10 à 0,12 du mètre carré de mur badigeonné, des limaçons et de nombreux insectes, premier point, puis cette année 1888, deux traitements seulement à l'Eau céleste ont débarrassé presque complètement ses vignes, cultivées sur ses murs badigeonnés, du mildew, qui sévit avec intensité partout ailleurs et là même dans les vignes champêtres où deux traitements ont été pratiqués; car cette année-ci, le nombre des attaques du mal, comme la difficulté de pratiquer les traitements par suite de la fréquence des pluies, ont rendu ceux-ci très difficiles à mettre en œuvre et leur réussite problématique.

En ce qui concerne le mildew, nous ne pouvons retenir sur l'année 1888 que trois observations:

1° La présence du Brown Rot sur quelques grains de raisins, reconnue par M. Prilleux dans une consultation que nous lui avons demandée;

2. L'ordre de réceptivité du mal et de son intensité sur les différents cépages.

Voici cet ordre pour les cépages blancs, les plus répandus dans notre canton, en commençant par les moins résistants :

Gros plant (Folle-Jaune de la Basse-Loire);
Pineau pointu (plant d'abondance);

Pineau blanc de la Loire (plant noble du pays);
Verdello de Madère;

Blanc sémillon ;

Muscadet, presque indemne sur certains points avec un seul traitement ou même sans traitement.

Voici le même ordre pour les cépages rouges, en commençant toujours par les moins résistants :

Les Cots;

Les Gamays;

Le Carbenet ou Petit-Breton ;

Le Rouge Pineau (plant d'abondance);

Le Corbeau, connu ici sous le nom d'Alcantino de Florence;

Le Gros Lot ou Grollot de Cinq-Mars.

A noter également les boutures de l'année de tous cépages montrent une résistance marquée, de même que toutes les vignes plantées en fonds profond et bien cultivées;

3° Notre troisième observation a trait aux époques auxquelles doivent se pratiquer les traitements.

Jusqu'ici, sur les indications et exemples donnés par les vignerons du Midi, nous mettions les traitements en œuvre beaucoup trop tôt pour notre climat.

Nous pensons que, tout en devant agir préventivement et avant l'apparition du mal, aucun traitement ne doit être fait avant la fin de juin ou le 1er juillet.

Il devrait en être ensuite fait deux autres :

Un en août :

Un en septembre.

Avant de clore nos observations sur le mildew, nous croyons devoir signaler un phénomène dont les causes nous sont inconnues, et qui s'est produit cette année 1888 avant toute invasion du mildew lui-même. Nous voulons parler de brûlures observées sur les feuilles de la vigne, et notamment sur les bords des feuilles qui, presque au début de la végétation, se sont trouvées grillées et détruites en partie sans que l'on puisse attribuer le mal à une cryptogame ou à un insecte qui n'ont été découverts ni l'un ni l'autre.

Phylloxera. - C'est en 1887, que le phylloxéra fut

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