Page images
PDF
EPUB

fermentation des raisins frais. Nous avons donc incontestablement le droit de saisir, à la frontière, tout vin fraudé et falsifié, viné avec de mauvais alcools. L'installation, à la frontière, de laboratoire d'analyse s'impose donc naturellement.

Si ces mesures protectrices étaient prises, le Trésor bénéficierait des revenus que lui donnerait l'entrée en France de près de dix millions d'hectolitres de vin, et celle de cent mille tonnes de raisins secs.

Pour un budget en détresse, voilà une planche de salut!

C'est en discutant ainsi, pas à pas, tous les articles du traité de commerce, comme viennent de le faire pour les vins MM. Vialla, Cazalis et Marès, que nous pourrons défendre nos industries et notre fortune compromise par les négociateurs inintelligents ou inconscients de 1871 et 1882.

C'est le 1er février 1892 qu'expirent les conventions malheureuses faites avec la Belgique, la Suisse et l'Angleterre. D'ici là, montrons-nous habiles et fermes avec les puissances dont les traités arrivent à expiration ou peuvent être dénoncés. Obtenons, au moins, avec elles, un système complet de réciprocité et ne nous engageons pas au-delà de 1892.

Déjà, à l'égard de l'Italie, les Chambres françaises ont voté une loi d'une rigueur inaccoutumée pour répondre aux prétentions exagérées de cette puissance.

A sa menace d'appliquer un tarif général, dont elle élevait les chiffres jusqu'à 200 pour 0/0 du tarif précédent, le Parlement a répondu, dans sa séance du 15 octobre 1887, par des mesures aussi arbitraires, mais de bonne réciprocité » et qui nous défendent

contre ses convoitises.

Ces guerres, qui troublent le commerce général, ne peuvent durer, ni à l'égard de l'Italie, ni à l'égard des autres puissances. Il faut à notre pays un tarif général, largement et intelligemment compris, et applicable à toutes les puissances avec lesquelles nous n'aurons pas de traités. Bien mieux, ne faisons plus de traités de com

merce.

Imitons l'Allemagne qui ne s'est enchaînée, par des traités de commerce, avec aucune autre puissance. Aussi, elle n'a eu à nous accorder, comme nous le disions au commencement de ce travail, aucune faveur, en vertu du fameux article 11 du traité de Francfort.

Conservons donc toujours notre pleine et entière liberté, pour modifier nos tarifs douaniers, suivant nos besoins et les exigences de nos industries.

En attendant la date du 1er février 1892, où nous serons entièrement dégagés, nous avons donc à préparer notre tarif général. Voici le projet de tarif déposé, le vendredi 11 février 1888, par le ministre du commerce, pour le traité franco-italien :

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Le droit applicable aux bestiaux italiens serait identique au droit correspondant au tarif général de l'Italie. La soie est au nombre des articles qui restent provisoirement exempts de tout droit.

Comme on le voit, le droit d'entrée sur les chanvres est nul, et le droit sur les vins est exactement celui que, de concert avec la Société centrale d'Agriculture de d'Hérault, réclame la Société Agricole et Industrielle de Maine-et-Loire et d'Angers.

Espérons que ce droit sera finalement accepté par les parties contractantes.

En suite de ce rapport, la Société Agricole et Industrielle d'Angers et de Maine-et-Loire a émis ce vœu qui sera transmis au Parlement :

1o Il ne sera fait, avec les pays étrangers, aucun traité de commerce liant l'agriculture française, qui désire pouvoir modifier, suivant les circonstances, le Tarif général qui la concerne;

2° La clause de la nation la plus favorisée sera, à tout jamais, rayée de nos traités de commerce;

3o Un droit de 20 francs par hectolitre sera mis à la frontière sur tous les vins étrangers;

4o Des laboratoires d'analyse seront installés à la frontière, et tout vin qui ne sera pas de provenance naturelle ou reconnu chargé d'alcool, ne pourra entrer en France.

RAPPORT

SUR LA

SITUATION GÉNÉRALE DU VIGNOBLE EN MAINE-ET-LOIRE

Par M. A. BOUCHARD, Secrétaire

1.

SITUATION GÉNÉRALE DU VIGNOBLE

Au cours du printemps, le mouvement des nouvelles plantations par boutures simples ou par boutures racinées dans des terres neuves ne s'est pas encore ralenti. Des centaines d'hectares ont été acquis au vignoble angevin. Ce n'est peut-être pas très prudent, mais beaucoup de vignerons ont confiance dans l'avenir et se livrent à des aménagements nouveaux, espérant que leurs jeunes plantations échapperont à l'invasion phylloxérique ; que dans le cas où elles seraient envahies, les dispositions nouvelles de culture leur permettraient de les défendre économiquement; on plante aussi de la vigne, parce que son produit est plus rémunérateur qu'aucune autre récolte de la terre.

Il m'a semblé important de consigner ici ce courant des esprits.

Le départ de la végétation a été presque aussi tardif qu'en 1887, mais la température venant à monter, les ceps se sont couverts de bourgeons vigoureux chargés de mannes. Malgré les alternatives de beau et de mauvais

temps, la floraison s'est effectuée dans d'assez bonnes conditions. La coulure si redoutée des vignerons a fait en général beaucoup moins de mal qu'on ne le craignait. Je dois dire cependant qu'il y a eu quelques points plus particulièrement atteints, ce n'est qu'une exception.

Les teignes de la vigne la Pyrale et le Cochylisont été cette année la cause directe de beaucoup de dégâts. Ce ne sont point des maladies nouvelles, mais les teignés occasionnent plus ou moins de pertes, selon que le temps est lui-même plus ou moins favorable à leur éclosion; il en est de même du Rinchytes Bacchus, qui roule la feuille en cigare.

L'Erinéose rend la feuille bullée et résulte de la piqûre d'un petit insecte, le Phytocopes, qui vit sous les vieilles écorces de la vigne pendant l'hiver. Les effets de l'Erineum sont de peu d'importance sur la végétation. Les soufrages appliqués peu après le débourrement modifient le développement du parasite.

Le feutrage des pampres attaqués par le Phytocopes, trompe souvent les vignerons; ils le confondent avec le Mildew, bien qu'il n'y ait aucun rapprochement entre ces deux maladies de la feuille.

Le Mildew qui a détruit une grande partie de la vendange de 1886, et ne s'est montré dans les vignes d'Anjou en 1887 qu'à partir du 20 septembre et n'a pu faire grand mal à la vendange. Il est beaucoup plus précoce cette année. J'en ai constaté la présence le 18 juillet et dans l'arrondissement d'Angers et dans celui de Saumur.

Les traitements préventifs à l'Eau céleste et à la Bouillie bordelaise, ont été exécutés sur d'assez grandes superficies, mais ils n'ont pas eu toute l'importance qu'ils auraient dû avoir, parce que les vignerons ont pensé que leurs vignes bénéficieraient en 1888 de l'immunité relative dont elles avaient joui en 1887. Cette imprudente tranquillité va probablement coûter très cher, parce que le Mildew gagne de jour en jour et viendra compromettre les résultats définitifs de l'abondante vendange qui nous semblait réservée.

L'Oïdium s'est montré presque en même temps que le Mildew, devançant ainsi l'époque de son apparition

« PreviousContinue »