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la quantité de cuivre trouvée dans chaque litre de vin varie entre 1 et 3 centièmes de milligramme, quantité qui dans aucun cas ne peut nuire à la santé.

L'empoisonnement du vin par les sels de cuivre est une légende qui ne doit pas s'accréditer dans les campagnes, parce qu'elle ne repose sur aucun fait qui vaille la peine de s'y arrêter et lui donner crédit ou la colporter, c'est s'associer à une action malhonnête et préjudiciable à l'intérêt général.

NOTE

SUR LA

CAUSE DES TREMBLEMENTS DE TERRE DE 1755,

1884 ET 1887

Par M. A. BLAVIER, président.

L'influence de la chaleur solaire ou du froid sur les roches terrestres de nature diverse dont la géologie étudie la formation et la superposition, l'attraction lunaire et solaire sur le rayon central en fusion qui supporte ces roches primitives ou sédimentaires peuvent suffire pour expliquer les vibrations incessantes de cette mince écorce sur laquelle se meut l'espèce humaine. Mais les causes qui agissent d'une façon continue et permanente sont impuissantes à donner la clef des

secousses violentes et intermittentes comme celles qui à Lisbonne en 1755, en Espagne en 1884, en Italie et en France au mois de février dernier, ont causé tant de désastres.

De semblables commotions, avec le bruit souterrain qui les accompagne toujours, sont attribuées à une explosion produite par le brusque contact d'une certaine quantité d'eau de la mer avec le noyau central en fusion.

Mais si telle est probablement la cause immédiate du phénomène, il reste à chercher à quelles circonstances particulières on peut rattacher la dislocation accidentelle de l'écorce terrestre, qui seule peut permettre la communication momentanée et plus ou moins importante entre la mer superposée à cette écorce et le sphéroïde en fusion sur lequel elle repose.

Tel est l'objet de la présente note.

Depuis l'hiver tout à fait exceptionnel de 1879-1880 la région située entre le cercle polaire arctique et le pôle comprenant le détroit de Davis, la baie de Baffin et le Groënland est, selon moi, couverte d'un manteau de glace dont l'épaisseur s'accroît chaque année.

Cette accumulation de glaces tend à détruire les conditions normales d'équilibre de la petite portion de l'écorce terrestre limitée par les méridiens de NewYork et de Paris, en produisant, vers la région polaire de notre hémisphère, une surcharge, dont l'effet, à un moment donué, doit être de provoquer un léger affaissement du sol sous-marin avec fracture possible, s'il existe une zone de moindre résistance convenablement orientée et à faible distance.

Or je trouve une pareille zone de moindre résistance bien accusée vers le 40° degré de latitude nord, dans la partie du parallèle qui traverse l'Océan Atlantique de Philadelphie à Lisbonne et ensuite la Méditerranée sur toute sa longueur.

Je conclus que c'est aux environs de ce parallèle, en

des points différents, suivant des circonstances locales souterraines impossibles à préciser, que devaient se produire les fractures de l'écorce terrestre par lesquelles l'eau de la mer, s'introduisant jusqu'au noyau central en fusion, a amené les explosions, causes immédiates des mouvements sismiques de 1884 et 1887.

Cette explication repose sur plusieurs propositions qu'il importe de justifier.

Je dis d'abord que le régime des glaces dans la région polaire, qui nous avoisine, a dù se modifier depuis le fameux hiver de 1879-1880.

Je n'en puis fournir la preuve directe.

Mais ce n'est pas la première fois que j'appelle l'attention des hommes de science sur ce fait capital auquel se rattachent certains phénomènes météorologiques importants.

Je l'ai signalé en 1879 par une note « sur les mouvements atmosphériques de l'Océan Atlantique » publiée dans le Bulletin de la Société industrielle et agricole de Maine-et-Loire.

J'attribuais, dès cette époque, à l'accumulation des glaces dans le détroit de Davis, la suppression du grand courant marin polaire superficiel qui, dans les conditions. normales, rejette, sur nos côtes océaniennes et celles du Royaume-Uni, la branche dérivée du Gulf-Stream, connue sous le nom de Rennel, et j'expliquais, par la disparition de ce courant d'eau chaude le long de notre littoral, la modification indiscutable qui s'est manifestée, depuis 1880, dans le régime climatologique de la région occidentale de la France.

J'ai rappelé les effets de cette accumulation de glaces dans une deuxième note communiquée à l'Académie des sciences en 182 (séance du 20 mars), note ayant pour principal objet de rattacher la disette de sardines, constatée depuis 1880 sur le littoral océanien de la France, à la disparition du Rennel dont ce poisson migrateur, à la sortie de la Méditerranée son point de

départ, remonte le cours en quête de la nourriture qu'il apporte des bancs de Terre-Neuve.

J'ajoute que l'existence de glaciers exceptionnels dans la région du pôle boréal, au nord de l'Atlantique, déjà signalée en 1881 par le commandant de la station de pêche d'Islande (Officiel du 14 janvier 1882) se trouve confirmée dans le rapport adressé au Ministre de la marine par le Commissaire général des services administratifs, sur le résultat des pêches maritimes en 1884 (Officiel, du 12 novembre 1885), d'où j'extrais ce qui suit :

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« Retardés par la banquise, tous nos navires n'étaient pas encore arrivés sur les lieux de pèche au commencement de la deuxième quinzaine de juin.

« Vers la mi-septembre la côte Nord-Est était couverte de neige et la baie de la Conception près Saint-Jean, encombrée de glaces au point d'y entraver la navigation.

« Au commencement d'octobre on trouvait encore des icebergs sur le grand banc. »

Je suis donc autorisé à admettre qu'une modification profonde s'est produite, depuis l'hiver 1879-1880, dans l'état des lieux au nord des bancs de Terre-Neuve, et qu'il s'y est formé pendant cette période de huit années une accumulation extraordinaire de glaces.

Dans l'impossibilité absolue d'apprécier l'importance de la surchage correspondant à la production d'un pareil glacier polaire, aucun calcul ne saurait appuyer ou infirmer l'opinion que cette surchage a été suffisante pour détruire dans nos régions l'équilibre peu stable de l'écorce terrestre sous-marine et d'y produire un affaissement avec fracture sur un point d'une ligne de moindre résistance située à faible distance. Mais je partage complètement à cet égard l'opinion émise avec autorité par M. Flammarion qu'une cause quelconque

la plus minime et la plus insignifiante peut provoquer l'explosion, d'où résulte un tremblement de terre.

Ce qui ne me paraît pas contestable, c'est l'existence d'une ligne de moindre résistance de l'écorce terrestre vers le 40me degré de latitude nord, c'est-à-dire à faible. distance du nouveau glacier polaire en formation. Il suffit pour la reconnaître de jeter un coup d'œil sur un globe terrestre.

Il n'est donc pas irrationnel d'admettre que s'il se produit, sous l'influence de la cause que j'ai indiquée précédemment, un léger affaissement du sol sousmarin, c'est en un point de cette ligne qu'aura lieu la fracture plus ou moins importante, permettant à l'eau de la mer, sous l'énorme pression qui existe aux grandes profondeurs de l'Atlantique, de pénétrer en quantité plus ou moins considérable jusqu'au noyau central de la terre en fusion.

Les conséquences de la brusque volatilisation de cette eau, de l'explosion produite à ce contact, seront très variables selon les circonstances; mais elles devront se faire sentir principalement sur les terres formant péninsules comme l'Espagne et l'Italie, que traverse la parallèle correspondant à la ligne de moindre résistance et sur le littoral avoisinant.

Si l'ébranlement sismique se propage sur le continent, ce ne sera que par suite de vibrations secondaires beaucoup moins redoutables. Il pourra se faire sentir également, mais fort atténué, au point de passage de ce parallèle sur la côte américaine, comme M. Daubrée l'a signalé dans la séance de l'Académie des sciences du 28 février dernier, d'après un télégramme annonçant que les secousses ont été ressenties à Philadelphie le 23 février dernier.

Enfin la terminaison de la crise sismique se manifestera par l'activité des volcans du voisinage, soupapes de sûreté naturelles, par où peut et doit s'opérer le dégagement des vapeurs provenant de l'explosion souter

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