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On peut voir par la description météorologique des mois de juin, juillet, août et septembre, que je viens de donner, et dans le cycle desquels s'accomplissent les phases les plus importantes de la végétation de la vigne, que les conditions du temps ont été les plus désastreusement favorables à la production du Peronospora. Aussi quel a été le résultat? La perte définitive de 430,000 hectolitres de vin, représentant une valeur de 15 millions de francs.

Les uns ont voulu mettre la destruction de la vendange de 1886 sur le compte du manque de chaleur estivale, les autres sur le compte de la brime. L'esprit est lent en Anjou à se faire aux idées nouvelles.

La vérité est que depuis le 20 juin, époque à laquelle commence en Anjou, le période de la floraison de la vigne, jusqu'au 20 octobre, terme moyen de la vendange des cépages de seconde époque de maturité, la vigne a bénéficié de 2,457 degrés de chaleur, alors qu'en 1838 et en 1846, années toutes les deux de vins très remarquables, la vigne n'avait obtenu que 2,210 degrés de chaleur en 1838, et 2,357 degrés en 1846. La cause réelle de la perte de la vendange de 1886, est par conséquent bien plutôt due au Peronospora qu'aux intempéries de la saison.

Il convient donc d'envisager les choses sous leur véritable jour et de tirer des faits qui précèdent la conclusion suivante que la température des étés de l'Anjou est ordinairement comprise entre 18° et 35°; que par conséquent, les spores du Mildew se trouvent dans un milieu très favorable à leur développement; qu'en fin de compte le vignoble de Maine-et-Loire est fatalement voué à l'invasion du Mildew, si la défense n'est pas vigoureusement organisée.

IV.

Réceptivité des Cépages cultivés

en Maine-et-Loire.

J'ai eu l'occasion de dire que celui des cépages cultivés en Anjou, qui avait été le premier envahi par le Peronospora, était le Côt à queue verte. Cette faculté de réceptivité ne s'est pas démentie en 1886.

D'ailleurs, le Côt à queue verte réussit assez mal en Maine-et-Loire; le plus souvent, il ne mùrit ses raisins qu'imparfaitement; il serait à rejeter des aménagements viticoles de l'Anjou, s'il ne donnait un vin blanc passable lorsqu'il est soumis au pressurage direct.

Je crois donc pouvoir, d'après les observations que j'ai relevées et qui portent sur les années 1884, 1885 et 1886, dresser l'état de réceptivité des cépages de la manière suivante :

1. CÉPAGES A FRUITS ROUGES

1° Côt à queue verte; Côt à queue rouge;

2o Carbenet sauvignon; Gros plant rouge d'abondance;

3o Carbenet franc; Chenin noir;

4° Tribu des Gamays;

5° Groslot de Cinq-Mars.

2. CÉPAGES A FRUITS BLANCS

1° Muscadet de la Basse-Loire ;

2° Chenin blanc ;

3o Folle verte; Folle blanche:

4° Chasselas d'Angers.

ས.

Résultats obtenus par les traitements.

Des essais nombreux, ont été entrepris dans le Vignoble de Maine-et-Loire, en vue d'arrêter la propagation du Mildew, et sur des points très éloignés les uns des autres.

Aucune application préventive n'a été faite; partout déjà le parasite s'était emparé des pampres'.

Les moyens employés ont été : la Bouillie Bordelaise, l'Eau céleste, la solution de sulfate de cuivre à 2 p. C/0, le soufre sulfaté, la poudre Podechard, l'hydrate de chaux à 30 p. 0/0.

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Arrêt du mal, mais de nombreuses brûlures sur les feuilles et du bullage. Adhérence très remarquable des gouttelettes de liquide.

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Arrêt marqué du parasite; aucun accident sur les pampres, adhérence complète des gouttelettes de liquide.

1 On entend par traitement préventif celui qui est appliqué sur les jeunes pousses de la vigne, avant l'époque ordinaire de l'apparition du Mildew. Tout autre traitement fait sur le vieux bois est inutile, les spores d'hiver séjournant dans les couches superficielles du sol et non sur les ceps.

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Mélange trop épais, n'a enrayé le mal qu'après une seconde application; taches insuffisamment adhé

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Mélange de densité convenable; a donné de bons résultats après la seconde application faite à quinze jours de la première; adhérence insuffisante des taches.

3° Solution de sulfate de cuivre à 2 p. 0/0.

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Dissoudre le sulfate de cuivre dans eau chaude en quantité suffisante; incorporer la solution au soufre; exposer le mélange au soleil pour obtenir la dessiccation complète et tamiser avant l'emploi.

Bons résultats, après trois applications de cette poudre; les feuilles sont restées attachées aux sarments jusqu'à la vendange.

So Poudre Podechard.

Résultats appréciables seulement après la quatrième application dans un cas, et la sixième dans l'autre

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Employer après refroidissement complet. Résultats sans intérêt; est à abandonner.

7° Expérience Deperrière

M. Deperrière, vice-président du Comice Agricole du canton de Saint-Georges-sur-Loire, possède une collection de cépages plantée en espalier. Cet intéressant groupe avait été complètement dévasté par le mildew en 1885.

M. Deperrière songea, en 1886, à préserver son espalier contre une nouvelle invasion du Peronospora. Il voulut bien me demander si en aspergeant avec une solution de sulfate de cuivre, le mur contre lequel est palissée sa collection de vignes, il n'arriverait pas à enrayer le mal. Je l'encourageai dans cette idée, et, après conseil pris auprès de M. Millardet, M. Deperrière fit enduire à neuf son mur avec un mortier de chaux et de sable et projeter sur le revêtement une solution de sulfate de cuivre au dixième. La quantité de sulfate de cuivre employée pour une surface de 225 mètres carrés a été de 14 kilogrammes. Le résultat a été des plus positifs. Cette expérience est à retenir pour préserver les treilles du mildew.

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