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il a reconnu que, pour que cette Eau céleste reste parfaitement limpide avec 400 litres d'eau, qu'il ne se forme. aucun dépôt dans les cuves, dans les tonneaux, dans les pulvérisateurs, et que tout l'oxyde de cuivre reste bien adhérent ou collant sur la feuille, il fallait employer 10 litres d'ammoniaque. De là la formule rationnelle suivante :

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Mais cette formule Audoynaud-Richard, toute perfectionnée et rationnelle qu'elle soit, n'en offre pas moins les dangers qui ont été signalés: la brûlure et la grillade des feuilles; dangers dùs, non pas seulement à sa concentration, mais encore à l'action ultérieure du bisulfate d'ammoniaque, ou du sulfate d'ammoniaque.

Nous nous sommes préoccupé de cette question; nous avons pensé que cette dilution sans cesse croissan'e de l'Eau céleste était imprudente, et qu'il y avait d'autres moyens d'empêcher la brùlure des feuilles, tout en employant les sels de cuivre dans les proportions élevées et nécessaires, indiquées par M. Millardet.

Nous avons extrait complètement du liquide à pulvériser, toute trace de sulfate de cuivre, de sulfate. d'ammoniaque, et conséquemment de bi-sulfate d'ammoniaque, produit signalé le 18 mai 1887, par M. Audoynaud, comme l'agent actif de la désorganisation des feuilles.

Nous avons fait pour l'Eau céleste, cè que M. Millardet a fait pour la Bouillie bordelaise.

En effet, M. Millardet a précipité tout le cuivre du sulfate de cuivre, par l'addition de la chaux; il a annihilé l'action de l'acide sulfurique, en formant du plâtre. Nous rejetons le sulfate d'ammoniaque qui pourra servir d'engrais. Dans la Bouillie bordelaise, la chaux est le ciment qui retient l'oxyde de cuivre; dans notre procédé, le précipité d'oxyde de cuivre est retenu à l'état colloïde par la feuille.

Dans les deux procédés, il n'y a plus de sulfate de cuivre, il n'y a plus de bi-sulfate d'ammoniaque. Nous ne conservons, dans le liquide à pulvériser, que l'agent actif du traitement, l'hydrate d'oxyde de cuivre, que nous dissolvons dans l'ammoniaque, corps complètement inoffensif pour la feuille.

Nous nous établissons également sur les travaux de M. Richard, pour employer 10 litres d'ammoniaque, afin de maintenir en dissolution l'hydrate d'oxyde de cuivre, malgré sa dilution dans les 400 litres d'eau, reconnus nécessaires pour traiter un hectare.

VII

Qu'est-ce que l'hydrate d'oxyde de cuivre ?

C'est un composé soluble dans l'ammoniaque. Il se forme quand on ajoute un grand excès de potasse ou de soude, à du sulfate de cuivre refroidi; on dessèche dans le vide le précipité qui se forme.

Il a une couleur bleue; il est très peu stable, se deshydrate avant 100 degrés, même au sein de l'eau (Frémy, Annales de Physique et de Chimie, t. XXIII, p. 161).

Il existe d'autres procédés pour obtenir ce corps; nous croyons que le système suivant, qui n'est pas rigoureu

sement scientifique, est celui qui est à la portée de tous les viticulteurs.

1° On prend 2 kilos de sulfate de cuivre, et on les dissout dans 20 litres d'eau.

2o On ajoute dans cette liqueur 1 litre d'ammoniaque à 22 degrés; tout l'oxyde de cuivre est précipité.

3o On décante le liquide, après un repos de quelques heures; et on jette sur le fumier le sulfate d'ammoniaque, dans lequel flottait l'hydrate d'oxyde de cuivre. 4° On ajoute 10 litres d'ammoniaque.

On obtient ainsi la liqueur titrée qui servira au traitement complet d'un hectare de vigne. On la mélangera à 400 litres d'eau.

Il est inutile (par crainte d'évaporation de l'ammoniaque), de préparer immédiatement les 400 litres du liquide à pulvériser.

On prendra donc 1 litre de la liqueur titrée et suivant. les besoins de la journée, on y ajoutera 40 litres d'eau. - On recommencera à mesure des progrès du travail. Il est facile de calculer que, par cette méthode qui consiste à employer:

2 kilos de sulfate de cuivre à 50o.
10 litres d'ammoniaque à 80.

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le coût d'un traitement par hectare, sera de 9f. »

Notre procédé à l'hydrate d'oxyde de cuivre, a reçu partout le meilleur accueil. Il a été essayé à TonnayCharente. à Bordeaux, à Montpellier, à Rochefort-surLoire, à Corné ; et partout, on a constaté l'absence complète de brûlures.

C'est le 20 mai que nous l'avons publié, et le 8 juin M. Michel Perret de Tullins, l'appliquait dans tout le département de l'Isère, sous le nom de bouillie Dauphi noise, mais en le perfectionnant et le rendant apte également au traitement de l'oïdium.

Voici comment il opère :

Il reprend le précipité boueux d'hydrate d'oxyde de

cuivre dont nous venons de parler, et y introduit 2 kil. de soufre finement pulvérisé.

Avec le précipité cuivreux ce soufre forme une pâte, à laquelle on ajoute 100 litres d'eau; il faut 400 litres de ce liquide pour mouiller convenablement un hectare de vigne. Dans cette préparation, on peut remplacer l'ammoniaque par la soude, et précipiter un oxyde hydraté ou carbonaté inoffensif, en employant 2 kil. de cristaux de soude pour saturer les 2 kilos de sulfate de cuivre.

Cette bouillie, très claire, s'emploie facilement avec les pulvérisateurs; elle économise le soufre par une répartition uniforme et par l'adhérence que lui communique le précipité cuivreux.

Les résidus, soufre et cuivre, qui peuvent rester sur le raisin, sont neutralisés, en formant dans la cuve du sulfure de cuivre insoluble, et débarrassent ainsi le vin tout à la fois du goût de soufre, et des traces de cuivre qu'il pourrait retenir.

Nous croyons que notre procédé se répandra de plus en plus, et que nous aurons ainsi rendu service aux viticulteurs, qui n'emploient pas, sans une certaine appréhension, des remèdes qui sont ordinairement mal préparés.

Nous terminons ce travail en mettant sous les yeux des membres de la Société, un tableau représentant ce que coûte le traitement simple d'un hectare de vigne, contre le Mildiou; et, quand la maladie sévit dans toute son intensité, ce que coûtent les trois traitements reconnus nécessaires. Le sulfate de cuivre est évalué à 50 centimes du kilo: l'ammoniaque à 80 centimes, la chaux à 2 centimes.

Nous ferons remarquer que la bouillie dite d'application a été reconnue insuffisante par M. Chanzit et qu'il en sera de même, très probablement, de l'Eau céleste Gayon, modifiée suivant les conseils de M. Millardet.

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Composition des remèdes proposés. - Cuivre qu'ils déposent sur les feuilles.- Coût annuel de trois traitements.

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