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est et sera toujours indispensable dans tout assolement, parce qu'une partie des engrais mis sur le sol n'est pas utilisée par les plantes à racines superficielles. Une portion pénètre peu à peu par une sorte d'infiltration, sous l'influence des eaux pluviales et de la capillarité, dans les couches inférieures, et à des profondeurs d'autant plus grandes que le sol est plus perméable. Elles s'y accumulent, forment un réservoir, absorbent le produit des sources de fécondité provenant des engrais entraînés dans les couches profondes.

La luzerne, le trèfle, le sainfoin, les légumineuses en un mot, ne peuvent donc revenir avantageusement que lorsqu'on aura donné au sol inférieur le temps de s'alimenter suffisamment.

Leur action si profitable et si merveilleuse trouve, dans ces faits, une première explication toute naturelle. On comprendra mieux encore le rôle de ces plantes, quand on saura que les analyses chimiques les plus exactes prouvent que tous les éléments de la constitution des plantes et surtout l'azote combiné, se trouvent dans la profondeur du sol en quantités considérables.

Le tableau suivant, composé d'analyses de M. Boussingault est, à ce titre, plein de précieux renseignements:

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Les chiffres contenus dans ce tableau viennent à l'appui de recherches de M. Berthelot. Ils nous prouvent. que l'azote doit provenir, incontestablement, en grande partie, de l'atmosphère. En voici encore d'autres preuves. En effet, d'analyses faites à Grignon, il résulterait qu'une des terres de cette école d'agriculture renfermerait 22,500 kilos d'azote combiné, sur une profondeur de 150. Une tonne de fumier renfermant 5 kilos d'azote, cette terre a donc reçu 4,500 tonnes de fumier et, comme elle reçoit 10 tonnes de fumier tous les ans, elle renfermerait donc tout l'azote qu'elle a reçu depuis 450 ans, en admettant que la fumure ait toujours été aussi intense que dans ces dernières années. Or, comme on fumait beaucoup moins autrefois qu'aujourd'hui, on peut affirmer que cette terre renferme intégralement tout l'azote contenu dans le fumier qu'elle a reçu depuis 500 ans et cela, tout en fournissant chaque année une récolte abondante, renfermant au moins la quantité d'azote qui existait dans la fumure.

Est-ce possible sans l'intervention de l'azote de l'air? Non, évidemment!

IV

Ces données étant bien établies, il faut conclure et dire comment les plantes légumineuses peuvent, si elles ne fixent réellement pas l'azote de l'air, être une source de bénéfice pour le sol, de ce même azote. Voici nos conclusions.

Nous basant sur les travaux de Truchot, de Schloësing, de Simon, de Boussingault, de Dehérain et de Berthelot, nous pouvons établir trois grands faits indiscutables :

1° Que la proportion d'azote contenue dans le sol est en rapport direct avec la quantité de carbone des composés ulmiques de ces mêmes sols et qu'il y a lieu de penser. avec Truchot et Dehérain, que l'azote atmosphérique se fixe sur ces composés carbonés avant de concourir à la nutrition des plantes.

2o L'excès d'azote que présentent les récoltes sur les fumures est déterminé par un gain que fait directement

la terre arable, gain dont les matières carbonées paraissent être l'intermédiaire nécessaire.

3o Certains terrains argileux possèdent la propriété de fixer, lentement, l'azote atmosphérique libre. Cette aptitude est indépendante de la nitrification aussi bien que de la condensation de l'ammoniaque. Elle est attribuable à l'action de certains organismes vivants. Elle n'est pas manifeste en hiver, elle s'exerce surtout pendant la saison d'activité de la végétation; elle a lieu beaucoup plus activement sous l'influence de la lumière.

Admettant ensuite que les légumineuses ne sont pas des plantes qui fixent directement l'azote de l'air, leur culture offre les avantages suivants :

A. Elles vont chercher dans le sous-sol les quantités considérables d'azote combiné qui s'y trouvent enfouies sans profit et les rendent au cycle de la végétation.

B. Elles laissent, comme débris dans le sol et dans les couches supérieures du sol, des quantités considérables de matières carbonées et d'organismes vivants qui sont les agents principaux et les intermédiaires nécessaires du gain en azote, que fait directement la terre arable.

C. Ces débris augmentent la quantité des matières organiques de la terre, nécessaires à la fixation de l'azote de l'air, fixation déterminée par l'action inductive de l'électricité sur le sol. (Berthelot.)

D. Ces débris augmentent la porosité du sol, porosité indispensable à l'action des organismes vivants qui, suivant le même savant, provoquent dans les argiles et le kaolin un autre mode de fixation de l'azote.

E. Enfin ces débris organiques divisent à l'infini les molécules argileuses et sableuses de la terre, augmentant ainsi les surfaces en contact avec l'air, facilitant conséquemment la fixation de l'azote de l'air et toutes les réactions chimiques qui transformeront les matériaux solubles et insolubles du sol.

V

Cette étude de la fixation de l'azote atmosphérique nous a paru d'autant plus intéressante que l'emploi des engrais verts est destiné à prendre une large part dans la culture de l'avenir.

Le bas prix des bestiaux obligera avant peu la culture, à restreindre la production animale partant. moins de fumier. De là, comme conséquence fatale l'emploi de plus en plus étendu des engrais chimiques. Mais, comme l'emploi exclusif de ces engrais durcit la terre, forme à sa surface une croûte inattaquable par les instruments agricoles, empêche la divisibilité du sol, son ameublissement, son aération, et altère ainsi ses propriétés physiques aussi importantes que sa richesse chimique, il faudra trouver ailleurs la matière carbonée, l'humus! Cet agent actif, si utile au point de vue physique et chimique, qui provoque le nitrification par ses ferments et rend le sol poreux, susceptible d'absorber et de retenir l'eau indispensable à la vie des plantes, sera tout trouvé dans l'engrais vert fourni par des légumineuses qui, semées dans le blé, par exemple, donneront à l'automne une première coupe qui, enfouie immédiatement, remplacera la matière végétale du fumier. L'engrais chimique viendra, comme complément, donner à la terre ce que l'absence du fumier ne pourra lui fournir.

Ce système de culture, qui met en jeu les forces de la nature, les propriétés remarquables des plantes légumineuses et l'action intensive des engrais chimiques, est assurément celui que l'on peut, en ce moment, conseiller avec profit aux agriculteurs aux abois !

SURVEILLANCE DES ÉTALONS EN MAINE-ET-LOIRE

Par M. GUITTET fils, vétérinaire

Voici le résultat des opérations de la commission chargée de la surveillance des étalons en Maine-et-Loire. Cette surveillance a pour but de refuser les étalons atteints de cornage chronique et de fluxion périodique.

A Angers, sur 16 chevaux présentés,
A Baugé, sur 11 chevaux
A Cholet, sur 10 chevaux

A Saumur, sur 6 chevaux

A Segré, sur 48 chevaux

4 ont été refusés.

5 ont été refusés. 3 ont été refusés. 1 a été refusé. 16 ont été refusés.

Vous voyez, Messieurs, par ces résultats, que l'application de cette loi protège l'élevage de l'espèce chevaline au point de vue du cornage et de la fluxion périodique tout au moins.

Parmi les étalons reconnus aptes à faire la monte en 1887, beaucoup sont inférieurs à ceux qui ont été refusés; mais la loi est formelle et ne reconnaît que les deux vices cités plus haut. Plusieurs parmi ces étalons sont défectueux au point de vue des formes, de la constitution. La commission à laquelle j'avais l'honneur d'appartenir n'a eu qu'un regret, c'est de ne pouvoir appliquer la réforme aux chevaux de mauvaise conformation.

La loi, d'une application nécessaire aux étalons, pour

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