forte organisation de notre Société, et à l'encourager de son appui. Les relations de notre Directeur avec M. le Directeur de la succursale d'Angers sont très cordiales et très précieuses pour nous. Nous trouvons là des conseils qui sont de la plus grande utilité.

Pourquoi faut-il que le fisc ait autrement compris le rôle de l'Etat vis-à-vis des institutions économiques faites pour le peuple et par le peuple? Après nous avoir heureusement laissés sept ans tranquilles, il s'est tout à coup précipité sur nous et, malgré nos réclamations, nous a frappés d'une patente énorme, qui aurait assurément tué l'œuvre si elle avait été appliquée dès le début.

Nous espérons qu'un jour cette loi sera modifiée ou interprétée dans un sens qui laisse vivre en paix les institutions mutuelles, charitables, créées sans aucun esprit de luxe, dont les administrateurs travaillent gratuitement et qui n'ont d'autre but que celui de venir en aide aux travailleurs.

Voici maintenant, Messieurs, la situation actuelle et le bilan de la Banque populaire d'Angers. Je ne puis les relire sans me rappeler le temps, déjà éloigné, où nous étions en si petit nombre, dans notre Chambre de la rue Saint-Gilles, attendant des clients qui ne venaient pas ou qui venaient peu, et sans penser au bien que pourraient faire en France, dans tous les départements, des institutions semblables. Je pense, Messieurs, que vous serez comme moi, heureux et frappés des progrès de la Banque :

Prêts en compte courant

107.311 30

...

Provisions aux Trésoriers correspondants.

Débiteurs divers par comptes ...

2.500 >>

2.727 42

TOTAL.

208.088 28

PASSIF

177.050 >>

1.537 37

1.571 01

4.276 98

17.203 20

6.449 72

TOTAL.

208.088 28

Services rendus par la Banque populaire d'Angers depuis sa fondation (1878.)

A côté de cette situation actuelle et prospère, il me reste, Messieurs, à vous faire connaître les services rendus par la Banque à ses actionnaires depuis sa fondation, c'est-à-dire depuis huit années.

Je tiens ces renseignements du Président actuel de la Banque populaire, M. Ravault; du Secrétaire du Conseil d'administration, M. Thérault, et du Directeur, M. Laulaigne, et je les remercie les uns et les autres en votre nom et au mien.

J'espère que ces chiffres, bien propres à montrer la puissance de l'association et de la mutualité, seront de nature à faire réfléchir tous les esprits et à appeler sur notre Société coopérative de crédit l'intérêt et la bienveillance de tous.

ÉTAT par année des Avances faites à ses Actionnaires par la Banque Populaire d'Angers depuis sa fondation

RÉSUMÉ. Ainsi, Messieurs, en huit années, la Banque populaire d'Angers a prêté à ses actionnaires-sociétaires une somme totale de 2,757,134 francs, soit près de trois millions!

N'ai-je pas raison de dire que l'initiative, le zèle et le dévouement de ses fondateurs envers les classes laborieuses ont été récompensés ?

Et bien que l'intérêt des avances soit peu élevé, bien que la Banque ait fait tous ses prêts, sauf quatre ou cinq sans garanties hypothécaires et sans dépôts de titres, elle n'a rien ou presque rien perdu et, chaque année elle a distribué à ses membres un dividende qui a varié de 4 1/2 à 5 1/2 0/0.

J'ajoute, Messieurs, que le crédit agricole entre dans ce chiffre d'affaires pour une certaine part. La Banque, en effet, a des sociétaires et des conseils de paroisse à Segré, à Vern, à Montjean et à La Pommeraye; elle en aura prochainement un autre à Cholet. Partout, ces petits groupes, ayant chacun à leur tête un président local, un secrétaire et un trésorier, se développent, se dédoublent, et répandent les bienfaits de notre institution. Je vous ai indiqué, il y a deux ans, les procédés suivis à l'instar des banques populaires allemandes, du genre Raffeisen, pour le crédit agricole. Je ne reviens pas sur ce sujet ; je me borne à répéter seulement que le problème du crédit agricole ne sera résolu ni par des restrictions apportées au privilège légal du propriétaire, ni par la création de grands établissements financiers; il ne pourra l'être, dans une certaine mesure, que par le développement des Banques populaires basées sur la mutualité, l'association et la liberté.

Je termine, Messieurs, en vous remerciant d'avoir bien voulu écouter ces détails, peut-être un peu arides, et en vous demandant, pour une œuvre angevine qui cherche à se développer, le précieux concours de votre bienveillant intérêt.

M. DE FALLOUX AGRICULTEUR

Par M. A. BOUCHARD, Secrétaire

Il ne nous appartient pas d'apprécier les rôles politique et littéraire de M. le comte de Falloux. Aussi bien tout ce qu'on a pu en dire a été fort bien dit.

Mais il est un côté de la vie de M. de Falloux qui a été laissé un peu trop dans l'ombre, dans tous les articles biographiques qui ont paru au lendemain de sa mort, dans les journaux de Paris et de la province. C'est l'impulsion qu'il a su donner au mouvement agricole de l'Anjou.

De cette impulsion, nous pouvons parler, et l'on verra que dans sa vie d'agriculteur, M. de Falloux a su, comme en politique, être un conseiller prudent, et que ceux qui ont suivi le sillon qu'il traçait devant lui n'ont eu qu'à se louer de l'imiter.

Lorsqu'en 1850, M. de Falloux recueillit l'héritage paternel, il trouva dans les étables du château du Bourgd'Iré trois spécimens de la race de Durham, achetés tous les trois quelques années auparavant par son père, à la vacherie du Pin, sur les conseils de M. Jamet, agronome distingué de la Mayenne et très partisan de la vulgarisation de la race Shorthorn en France.

Ces trois représentants de la race de Durham s'appelaient le mâle, Vendredi; les femelles Laure et Sarah. Vendredi était fils du célèbre taureau anglais Verax.

Dans l'inventaire qui fut dressé, à la mort de M. de Falloux père, pour les arrangements de famille, ces trois animaux furent lotis à M. de Falloux, le mâle pour 400 francs, les deux génisses pour 150 francs l'une. C'est assez dire combien peu la race de Durham était alors estimée des agriculteurs de l'arrondissement de Segré.