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« augmenter de moitié ou plus notre production en « céréales. »

<< Tributaire du Nouveau-Monde pour l'azote qu'il nous fournit sous forme de nitrate de soule, nitrate << dont nous pourrions nous passer, si nous savions ou « voulions utiliser les détritus azotés que fournit l'ali<mentation de l'homme ou des animaux, la France possède, avec la Russie, les plus grands gisements de << coprolithes connus; sachons en tirer parti, faisons au sol une large avance en acide phosphorique, il nous << rendra cette avance au centuple sous forme de récolte.»> Voilà qui vient bien à l'appui de la thèse que nous soutenons aujourd'hui devant nos lecteurs. Il nous reste encore un autre témoignage à emprunter, c'est celui de M. de Thiry, le savant directeur de l'Ecole Mathieu de Dombasle, près Nancy.

Depuis huit ans, M. de Thiry a institué des expériences en vue d'établir la valeur fertilisante des diverses formes d'acide phosphorique.

Voici quelle est la formule de fumure qu'il emploie pour les céréales de la ferme de Mathieu de Dombasle.

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Il est bien certain qu'une grande partie de cette fumure n'a pas été absorbée par la récolte, il reste en provision dans le sol une importante quantité d'engrais pour les récoltes successives. Mais ce qu'il convient de remarquer et de retenir, c'est que M. de Thiry a employé du phosphate fossile et non du superphosphate de chaux pour obtenir de l'acide phosphorique libre. Or, avec cette fumure, dans laquelle le phosphate fossile tient

une certaine place et joue un rôle prépondérant, le rendement du blé s'est élevé de à 41 quintaux. Nous disons quintaux et non hectolitres.

Sans aucun doute, le fumier employé à la dose de 30,000 kilos, conjointement avec le phosphate fossile, a eu une action hative sur l'assimilabilité du phosphate fossile. Dans ce cas, par ses réactions chimiques dans le sol, le fumier a remplacé avantageusement l'acide sulfurique entrant dans la fabrication du superphosphate. Mais nous ne saurions nous plaindre du rôle qu'a pu jouer le fumier mis en présence du phosphate fossile, étant donnée la différence de prix qui existe entre celui-ci et le prix du superphosphate de chaux.

Nous croyons avoir démontré que l'acide phosphorique du phosphate fossile est directement assimilable et que point n'est besoin, pour apporter dans les cultures cet élément essentiel de la végétation, d'avoir recours aux superphosphates qui sont plus du doublé plus chers. D'ailleurs, pour démontrer toute l'économie du phosph tage des terres au moyen du phosphate fossile, il nous suffira de donner l'exemple suivant : Pour phosphater 1 hectare de céréales, il faut par exemple 100 kilos d'acide phosphorique qui, fournis par le phosphate fossile naturel, coûtent 30 francs, et qui, fournis par le superphosphate, coûtent 70 francs.

Dans le premier cas, pour rentrer dans les frais de phosphatage, il suffira d'un excédent de récolte de 350 kilos de blé à 20 francs le quintal.

Dans le second cas, il faudra, au contraire, un excédent de récolte de 350 kilos de blé; 350 kilos de blé à 20 francs le quintal donnant 70 francs.

Tout l'avantage est donc du côté du phosphate fossile naturel. Cela ne se discute pas.

LA BANQUE POPULAIRE D'ANGERS

Par M. HERVÉ-BAZIN, membre titulaire

La situation actuelle. Services rendus depuis
la fondation.

Messieurs,

Vous avez accueilli avec tant de bienveillance, il y a deux ans, les renseignements que je vous avais donnés sur la Banque populaire d'Angers, que je me suis cru autorisé à vous présenter de nouveaux détails. Le développement et les progrès de cette institution populaire intéressent à la fois notre ville et le département de Maine-et-Loire, et il peut être utile de faire connaître à tous nos collègues de la Société les services rendus par la Banque depuis sa fondation.

La Banque populaire d'Angers est, vous le savez déjà, une Société à capital variable, ou, pour parler le langage ordinaire, une Société coopérative de crédit mutuel.

Elle a été fondée, le 28 janvier 1878, par quinze personnes, au premier rang desquelles il faut mettre un capucin, le R. P. Ludovic de Besse, homme d'initiative et de dévouemeut dont nous déplorons le départ. A ce moment, la Société ne disposait que d'un petit capital initial de 4,000 francs; mais, dès le mois de février, ce capital fut porté à 50,000 francs. Nous occupions alors une chambre unique située rue Saint-Gilles, au rez-dechaussée. Ce fut notre premier siège social, transféré depuis cette époque rue des Cloîtres Saint-Martin, où il est encore. Ce modeste début donne un vif intérêt aux développements que j'aurai l'honneur de vous exposer.

La Banque populaire d'Angers a été créée sur le modèle des banques populaires fondées en Allemagne par M. Schulze-Delistch, en Italie par M. Luzzatti, et en Belgique par M. d'Andrimont, mais avec des différences. fondamentales, au nombre desquelles je signalerai surtout le mode de recrutement, la division des actionnaires en conseils de quartiers et l'absence de solidarité collective. On compte en Allemagne près de 3,000 banques. populaires, comprenant 1,500,000 membres et faisant annuellement près de 3 milliards de prêts et d'escomptes à leurs actionnaires; il y en a 19 en Belgique et 200 en Italie. Quelques-unes d'entre elles sont devenues de véritables établissements de crédit, comme la Banque populaire de Milan; elles ont toutes fait reculer l'usure et délivré les régions où elles sont établies d'un fléau que les lois et les tribunaux sont impuissants à combattre.

Je ne puis, aujourd'hui, Messieurs, vous exposer en détail l'organisation et le fonctionnement de la Banque populaire d'Angers. Un de ces jours, peut-être, vous demanderai-je la permission d'exposer devant vos yeux et de soumettre à votre appréciation la monographie de notre Société.

Qu'il me suffise de vous dire que les membres de la Société de la Banque populaire se divisent en deux catégories les uns, appelés fondateurs, en très petit nombre, n'empruntent pas et sont en quelque sorte les patrons de l'œuvre, à laquelle ils apportent le concours de leurs lumières; les autres, les sociétaires, empruntent, font des dépôts et apportent leurs effets à l'escompte.

Je me hâte de dire qu'il ne s'agit pas ici de prêts considérables. La clientèle de la Banque est très honnête et très sérieuse, comme l'expérience le prouve, mais elle n'est pas très riche; les emprunts sont en moyenne de 4 à 500 francs. Les opérations sont entièrement simples: les prorogations fréquentes, parce qu'elles constituent le meilleur des services rendus; on l'a dit un jour avec raison c'est une banque qui ne fait pas la banque. C'est le crédit mutuel dans toute sa simplicité et aussi, permettez-moi de le dire, dans toute sa beauté.

N'est-il pas, en effet, Messieurs, un spectacle digne

d'intérêt que celui d'hommes appartenant aux classes moyennes, à la petite industrie, cherchant à se passer de l'Etat et trouvant dans leur union le capital et les ressources dont ils ont besoin? En ce temps où les doctrines du socialisme d'Etat font de si inquiétants progrès, n'estce pas un spectacle digne d'être remarqué? Les entreprises qui ne réussissent que grâce aux subventions de l'Etat peuvent être belles, mais elle manqueront toujours de cette fécondité morale que porte avec soi l'initiative privée.

Par un ingénieux et simple procédé, les sociétaires de la Banque populaire se recrutent eux-mêmes. Seuls, ils sont juges de l'admission ou de l'exclusion des candidats, et les candidats sont toujours connus, car leur demande est renvoyée au Conseil du quartier qu'ils habitent. C'est là, Messieurs, pour le dire en passant, le secret de la sécurité que présentent les opérations de la Banque, car les actionnaires sont sévères; ils ne reçoivent que ceux qui sont dignes de devenir leurs confrères, des hommes dont le passé probe et laborieux est un sûr garant de l'avenir. Un banquier peut être trompé par les renseignements qu'on lui fournit des voisins, des hommes du même métier, ne le sont jamais. Et c'est pourquoi, bien que la Banque populaire ne prenne pas d'hypothèques, n'exige pas de dépôts de titres et prête sur simples signatures d'un ou deux sociétaires, l'institution n'a rien ou presque rien perdu depuis huit ans.

La Banque est administrée par un Conseil composé de quatorze personnes, qui se réunissent tous les vendredis pour statuer sur les demandes, par un Directeur-gérant, dont le dévouement et l'intelligence ne se sont jamais démenties, et enfin par l'assemblée générale qui se réunit tous les ans, une ou deux fois.

Deux mots encore, Messieurs, avant d'aborder la situation actuelle :

Il y a deux ans, la Banque populaire d'Angers a été admise à l'escompte de la Banque de France. C'est un honneur dont vous sentez tout le prix et dont vous connaissez les féconds avantages. Notre premier établissement de crédit n'a pas hésité à reconnaître ainsi la

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