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ment en Australie et qui prospèrent à merveille, ne se propagent pas d'eux-mêmes. Seuls, le Mélilot à petites fleurs (Melilotus parviflora Desf.) et le Medicago denticulata Wild. se reproduisent spontanément. Ce dernier, que les Australiens. appellent trèfle jaune, est une vraie peste pour les producteurs de laine, les petites épines crochues qui hérissent les graines se fixant avec persistance dans la toison du mouton. Les Vicia sativa L. et V. hirsula Koch. se sont sans doute propagées accidentellement. La Cassia lævigata Wild. et la Casalpinia sepiaria Roxb. ont été involontairement introduites, l'une comme plante d'ornement, l'autre pour former des haies.

Une Papavéracée, l'Argemone Mexicana Tourn., étale dans toute la colonie ses feuilles piquantes d'un gris verdâtre et ses grandes fleurs jaunes. Les Espagnols l'appellent Figue d'enfer, à cause de l'effet narcotique de ses graines, plus stupéfiantes encore que l'opium.

Les Crucifères ont fourni la Sénebière (Senebiera didyma Pers.) et le Cresson d'eau introduit dans l'Australie du Sud par Me Davenport, vers 1842, et qui s'est répandu dans la plupart des ruisseaux. Le Cresson sauvage (Sium latifolium L.) se rencontre si abondamment qu'il paraît être une espèce indigène.

Le Ricin commun prospère parfaitement, et a donné un grand nombre de variétés. L'Ortie grièche (Urtica urens L.) est aussi devenue une plante commune.

Il est souvent difficile de dire si une plante est ou non indigène, surtout lorsqu'il s'agit de Graminées; mais M. Bailey croit pouvoir affirmer que l'Ivraie (Lolium temulentum L.), le Paturin (Poa annua L.) et le Panic (Panicum maximum L.) ne sont pas originaires de Queensland.

R. VION.

CHRONIQUE ET FAITS DIVERS.

Le Journal de la Société royale microscopique de Londres, auquel nous avons déjà fait plus d'un emprunt dans notre Bulletin, est, pour le naturaliste qui veut se tenir au courant des découvertes nouvelles, un des meilleurs recueils à consulter. Grâce au talent et à la consciencieuse exactitude de son rédacteur, M. Frank Crisp, on peut y trouver le résumé fidèle de tous les travaux importants de microscopie, de cryptogamie, d'embryogénie, de zoologie des invertébrés, etc.

Pour la Chronique scientifique de notre Bulletin dont les articles doivent être courts et d'une lecture accessible à tous, nous devons nous borner à choisir quelques-uns des sujets les moins spéciaux et à les résumer largement. Mais pour nos séances de sections séances malheureusement devenues trop rares-la lecture des pages toujours bien remplies de ce savant recueil fournirait un aliment inépuisable, et donnerait naissance à des discussions d'un grand intérêt.

Le sens des couleurs chez les Abeilles. Nous avons cité déjà quelques-unes des curieuses recherches de sir John Lubbock sur les instincts et les mœurs des Fourmis et des Abeilles. L'ingénieux observateur a voulu connaître si les Abeilles sont affectées par les couleurs. Sur de petites lames de verre, il a collé des bandes de papier de couleurs différentes bleu, vert, orangé, rouge, blanc et jaune; il les a disposées sur une pelouse, en les espaçant de trente centimètres, puis sur chacune il a placé une seconde lame de verre portant une goutte de miel; une septième bande de verre non coloré portait également une goutte de miel.

Une abeille ayant été amenée à venir butiner à cette place, sir J. Lubbock enleva successivement les lames de verre du dessus, à mesure que l'abeille les quittait, de façon. à la forcer de les visiter l'une après l'autre; puis, lorsque

l'abeille eut regagné sa ruche, il transposa toutes ses lames en même temps qu'il changeait de place les verres colorés. Toutes les conditions étant ainsi changées, rien ne devait influer sur le choix fait par l'insecte. Sir Lubbock notait les résultats. La première fois, l'abeille s'arrêta sur le verre bleu, puis sur le blanc, et successivement sur le vert, l'orangé, le jaune, l'incolore et le rouge. L'expérience fut répétée 100 fois, avec des abeilles appartenant à deux ruches différentes, et en espaçant les observations. 74 fois sur 100, le bleu fut une des trois premières couleurs choisies; 75 fois sur 100, le verre incolore se trouva dans les quatre derniers choisis. Sir Lubbock en conclut que les abeilles sont affectées par les couleurs, et que le bleu est leur couleur favorite.

D'autre part, sur 2800 observations, (qui donnent une moyenne de 400 pour chaque verre) la lame incolore fut visitée 491 fois, la lame orange 440 fois, la verte 427 fois, la rouge 413 fois, la jaune 403 fois, la blanche 349 fois, et la bleue seulement 275 fois.

Adaptation au milieu dans les Organismes inférieurs. L'étude des êtres inférieurs, à laquelle se consacrent aujourd'hui beaucoup de naturalistes éminents, est peut-être appelée à jeter quelque lumière sur les questions si controversées de la descendance et du transformisme. Elle nous paraît, en tous cas, devoir être bientôt l'auxiliaire indispensable de la science vétérinaire et de la médecine humaine.

Le professeur G.-B. Ercolani, en étudiant deux formes importantes de Vers trématodes, les Distomum hepaticum et D. lanceolatum, a reconnu qu'un même embryon, ou Cercaire, se développant dans deux animaux différents, modifie ses caractères spécifiques et prend la forme adaptée au milieu. Les hôtes habités par le dangereux parasite étaient la Grenouille rousse (Rana temporaria) et la Couleuvre à collier (Tropidonotus natrix).

Le Dr K. Roser a entrepris une série d'expériences sur l'adaptation d'Infusoires marins à l'existence dans des liquides contenant des sels, tels que l'urine, le lait et le sang. Si, examinant au microscope un infusoire flagellé vivant, le Polytoma uvella, on le met en contact avec une goutte d'urine, on voit les cils suspendre leurs mouvements; le contenu de la cellule se contracte et s'éloigne des parois, comme par un effet de dessication. Toutefois, la mort n'a pas lieu, et une goutte d'eau pure ranime l'infusoire, qui peut même reproduire son espèce dans l'eau contenant 1/8 d'urine, mieux que dans l'eau privée de sels. En cinq semaines, il arrive à pouvoir se multiplier rapidement dans le sang pur, ce que le Dr Roser attribue à la faculté d'adaptation à un milieu fortement salé (et non pas, ainsi que le maintient Grawitz, à la présence de principes alcalins).

Le Dr Roser s'est assuré que des graines de pois et de haricot placées dans l'urine, s'y gonflent, mais n'y germent pas; il en conclut que, si les graines qui pénètrent dans les narines ou dans les conduits auditifs n'arrivent pas à y germer, malgré la présence de la chaleur, de l'humidité et de l'acide carbonique, c'est que les plantes desquelles elles proviennent ne sont pas accoutumées à la proportion de sels qui se trouve dans le sang. Pour l'expérimentateur Marbourgeois, aucun champignon parasite ou infectieux ne peut s'implanter dans le corps d'un animal sans avoir été préalablement accoutumé à la proportion de matière saline qu'il trouvera dans le sang. Un organisme qui se rencontre dans une bonne eau potable ne saurait immédiatement s'adapter à un milieu tel que le sérum. Une eau riche en matières salines est, au contraire, très apte à causer l'infection. S'il en est ainsi, l'usage des eaux minérales pourrait n'être pas absolument salutaire. Nous avouerons, toutefois, que la question nous paraît plus complexe, et que bien des circonstances, la température du sang par exemple, doivent

exercer sur le développement des organismes une influence, que M. Pasteur a mise en évidence dans ses admirables recherches, et dont il serait téméraire de ne pas tenir compte suffisamment.

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Le non-parasitisme d'une Monotropée. Le Dr F. Kamienski a étudié avec soin la structure des organes végétatifs de la Monotropa Hypopitys, afin de résoudre la question controversée du mode de nutrition de cette plante singulière. Il prouve qu'elle n'a pas de suçoirs, et qu'elle n'est pas une vraie parasite, mais une plante saprophyte, c'est-à-dire un végétal dépourvu de chlorophylle et vivant de l'humus. Les fibres radicales sont invariablement revêtues d'une trame épaisse formée du mycélium d'un champignon, qui recouvre les extrémités des fibres ainsi qu'une coiffe; il n'est pas, cependant, parasite sur la racine. Ce qui a fait croire aut parasitisme de la Monotropa, c'est que ses racines s'unissent, dans leur croissance, avec les racines des sapins sous lesquels elle pousse, racines qui sont déformées et en partie détruites par un champignon parasite.

R. VION.

BIBLIOGRAPHIE

Par le Président de la Société.

Tous les volumes qui sont déposés sur le bureau ne renferment point de travaux d'histoire naturelle. Si je n'en parle point, c'est qu'il me faut ne point sortir du cercle de nos études. Plusieurs en effet contiennent des travaux historiques et littéraires d'un haut intérêt, et que j'ai lus avec le plus grand plaisir. Je reste donc dans le cadre que je me suis tracé.

Les Mémoires de l'Académie de Clermont-Ferrand donnent la suite du Prodrome de la flore du plateau central de la France par M. M. Lamotte. L'auteur y donne les plantes des

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