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Résurrection des Tardigrades par l'humidité. Ces singuliers êtres, aujourd'hui classés dans les Arachnides, sont surtout cités pour la propriété remarquable que Spallanzani a reconnue en eux, de pouvoir supporter une dessiccation prolongée, et de reprendre leur activité vitale lorsqu'on vient à les humecter de nouveau. On sait que les expériences de Spallanzani furent contestées par Bory de St-Vincent et par Ehrenberg, qui considérait les animaux prétendus ressuscités comme de nouveaux Tardigrades provenant de l'éclosion d'œufs laissés par les premiers. En 1840, Doyère reprit la question et, étudiant sur les Tardigrades l'effet de l'évaporation simple et d'une élévation de température, il prouva l'exactitude des faits avancés par Spallanzani.

Un nouvel observateur, le professeur Jung, a scientifiquement constaté, une fois de plus, ce curieux phénomène. Le Tardigrade sur lequel il expérimentait était un Milnesium, l'un des trois genres établis par Doyère. Le spécimen pris dans un fossé était très vif, et contenait dix-huit œufs. Abandonné pendant cinq heures, jusqu'à complète dessiccation, il ne se présentait plus, malgré un grossissement de 350 diamètres, que comme une petite tache brune sous la lamelle de recouvrement. On fit glisser sous cette lamelle une gouttelette d'eau. Dès qu'elle fut parvenue jusqu'aux restes du Tardigrade, l'observateur remarqua une fine pellicule entourant la tache brune et dessinant le contour général du corps et les œufs; puis il vit paraître la membrane normale enveloppant le contenu de l'intestin, et les plus petits détails de la peau extérieure; au bout de vingt minutes, la bouche avec toutes ses parties, franges, tube mandibules, et les pattes étaient pleinement développées. Enfin apparurent les organes reliant les mandibules à l'œsophage. Pendant les trois heures que durèrent ces observations, M. Jung ne vit aucun mouvement du corps, aucun développement des œufs. La lamelle trop serrée fut alors

relâchée, et l'animal reçut une nouvelle provision d'eau. Mais le lendemain il avait disparu, trouvant sans doute le logement peu confortable.

Les taches de sang. L'examen et la constatation des taches de sang humain sont un des problèmes les plus graves et les plus délicats de la chimie légale. Dussions-nous contribuer à y jeter encore plus d'incertitude, il nous paraît utile de citer les faits reconnus par le Dr Curtman (American monthly Microscopical Journal. 1880.)

Ayant à examiner de prétendues taches de sang, le Dr Curtman songea qu'il serait possible que du sang humain fût transporté par des insectes suceurs, comme le Moustique, la Punaise, etc. En écrasant un de ces insectes, on obtient une tache assez grande. Des Moustiques capturés et nourris de sang humain furent écrasés à des intervalles différents après leur repas. Même après quarante-huit heures, ils offrirent des corpuscules de sang humain, bien reconnaissables à leur couleur et à leur dimension. En effet les globules de sang de l'homme ont, en moyenne, dans la glycérine étendue 7,4 (micromillimètres), dans l'alcool à 80 010. 6,9p, les globules du sang de Moustique ont, respectivement dans les mêmes liquides, 1,8 p et 1,4 p. Les expériences faites sur la Punaise ont montré que le sang humain dont elle se repaît est détruit chez elle beaucoup plus promptement. Douze heures après, on n'a pu trouver trace d'un globule du sang de l'homme.

R. VION.

BIBLIOGRAPHIE

Par le Président de la Société.

Si le travail que je me suis imposé est quelquefois ingrat, il est plus souvent plein d'agrément et d'intérêt. Je ne vous parle point de la partie historique, littéraire, artistique qui

remplit les volumes d'un grand nombre de sociétés qui veulent bien nous adresser leurs publications, et cependant cette partie est loin d'être pour moi sans charme. Mais je dois vous indiquer seulement ce qui concerne l'histoire naturelle et sans plus tarder j'y reviens.

Les Mémoires de la société académique de St-Quentin publient la suite du catalogue méthodique des lepidoptères de l'arrondissement de Saint-Quentin par M. le capitaine Dubos.

Cette suite comprend la 2o tribu, les Chelonides jusqu'à la 25°, les Xylinides, et les n° 656 à 1492, en comptant les espèces. L'auteur donne la synonymie, décrit la chrysalide, la chenille, note le temps et les lieux où on les rencontre, et l'époque des éclosions des papillons. Ces détails sont donnés avec précision, mais suffisants pour aider les lepidoptéristes dans leurs recherches. Le reste du volume est rempli par des travaux historiques et littéraires.

Le tome XXXVII des Mémoires de la Société d'émula- · tion de Cambrai est presque tout historique.

-Vous lirez avec intérêt dans les Bulletins de l'Association scientifique de France un compte rendu des recherches de M. Forel sur les variations périodiques dans l'état des glaciers de la Suisse et une note sur l'élevage des moules dans une partie du golfe de Tarente appelée Mare piccolo.

-Les Annales de la Société scientifique argentine continuent la description des champignons de l'Argentine, du Brésil et de Montevideo de M. Spegazzini.

La Revue de la Société d'instruction de Porto publie la suite des eaux naturelles médicinales du Portugal qui sont fort nombreuses et aussi la suite de la flore phanérogamique de Porto. Cette liste, avec les localités et l'époque des floraisons, va des Scrophulariées aux Polygonacées.

Lisez dans l'Apiculteur, études météorologiques, fin d'une note traduite de l'allemand par M. Thiel.

M. Liron fait connaître, dans le Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de Nîmes, le nombre des plantes croissant naturellement dans le Gard. Il compte 136 familles, 725 genres, 2328 espèces et 297 variétés ce qui fait un total de 2625, sans compter les Mousses, Lichens, Champignons et Algues qui ne sont point encore suffisamment

connus. M. Lombard-Dumas y publie des notes sur les plantes nouvelles pour le Gard avec des observations sur la flore de Poujolz et sur son herbier départemental. J'y vois que les collections n'étaient pas l'objet de soins si actifs, et qu'enfin une administration intelligente et libérale, je copie la phrase, est venue mettre un terme à l'affreux désordre qui régnait dans toutes les collections scientifiques de la ville de Nîmes. Une commission composée en grande partie de membres de la Société d'étude des sciences naturelles est chargée du classement des précieux matériaux abandonnés jusqu'aujourd'hui par l'indifférence désastreuse des administrations précédentes. Nous n'étions donc pas seuls à nous plaindre. Faut-il nous consoler, non certes, mais espérer que les bons jours viendront aussi pour nous.

-Le Bulletin de la Société de Borda, à Dax, poursuit la publication du tableau analytique de la flore des Landes par MM. Landry et Behr. Il va des Rosacées aux Cucurbitacées.-M. Serres y fait connaître qu'un Solanée du Pérou Nicandra phsysaloides, inconnue il y a une douzaine d'années, s'est propagée et se reproduit à St-Vincent de Xaintes sans qu'on sache qui l'a importée.

Je lis toujours avec intérêt dans le Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Dordogne les voyages agricoles en Périgord de M. L. de la Mothe.

- J'appelle l'attention de tous sur le Journal de la société royale de microscopie. Les observations y abondent, aussi variées que pleines d'intérêt.

- Le Bulletin d'insectologie agricole est toujours digne de ce nom et continue son enseignement simple et pratique. Il serait à désirer que ses prescriptions sur l'échenillage fussent plus connues et surtout exactement suivies. Lisez dans ce même bulletin un article de M. L. Pasteur sur le rôle des infiniments petits dans la fabrication des fromages par M. Duclaux.

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Vous trouverez dans le bulletin de la société impériale des naturalistes de Moscou la suite des études de M. Christophe sur les Lépidoptères nouveaux recueillis le long de l'Amour, et de M. de Herder des observations sur les plantes monopétales recueillies par M. Radde dans la Sibérie orientale.

- Aux amateurs d'anatomie et de physiologie entomologi

ques je recommande la dissertation de M. G. Dimmock sur la bouche et l'appareil de succion dans quelques Diptères : Culex, Bombylius, Eristalis et Musca.

- Les géologues liront avec intérêt le premier rapport annuel du Directeur de la Commission géologique des EtatsUnis pour 1880. Ils connaissent déjà plusieurs des travaux exécutés. Ils verront avec quel ordre et quel esprit de suite ce grand et beau travail a été entrepris et continué.

Nous avons reçu trois volumes de la Société scientifique de la Nouvelle Russie à Odessa. Deux sont écrits en langue russe. Le premier est consacré à des études physicomathématiques, le second contient une étude sur le Lombric terrestre et sur les Lichens de Crimée. Le troisième en latin est le premier volume de la flore de Chersonèse par M. de Lindemann. L'auteur fait précéder son travail d'une étude historique sur les travaux qui ont paru avant le sien et de la liste fort nombreuse des auteurs qu'il a consultés. Ce premier volume embrasse dans la classe première des phanérogames les Thalamiflores et les Calyciflores: il va donc des Renonculacées aux Campanulacées inclusivement.

- Enfin nous devons au Département de l'agriculture des Etats-Unis les rapports du commissaire pour 1878 et 1879. Ce grand travail comprend les rapports des chefs de division, du chimiste, du botaniste, de l'entomologiste, du surintendant des jardins des cultures d'essais, du statisticien. Vous y verrez avec quel soin ces rapports, tout précis qu'ils sont, sont composés, quel esprit pratique préside aux recherches, et avec quelle intelligence se répand l'instruction chez les agriculteurs qui ne trouvent point dans ces documents seulement des tableaux arides de chiffres, mais des informations, des résultats d'expériences, d'excellentes figures qui leur montrent et font parfaitement connaître les objets dont on leur parle.

J. GARNIER.

AVIS.

Nous publierons maintenant, à la fin de chaque N°, un Bulletin météorologique du mois précédent. Nous devons ces observations, faites avec le plus grand soin, à l'obligeance de notre confrère, M. QUÉNARDEL, Directeur de l'Ecole normale d'Amiens.

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