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habituelle. Cette opération, répétée 3 ou 4 fois, en augmentant progressivement la force de la saumure, est suffisante. pour extirper cette maladie parasitaire dans laquelle le poisson paraît recouvert d'une couche de moisissure.

Abri pour les alevins. M. Green a remarqué qu'une trop grande lumière nuit aux alevins : ils recherchent l'ombre en s'entassant les uns derrière les autres, et ne se portent plus aussi bien. Pour les auges du dehors, et pour celles du dedans qui reçoivent les rayons lumineux pendiculairement, il a installé des panneaux à charnières, qu'il ferme plus ou moins hermétiquement suivant les besoins. J'ai remarqué - lorsqu'il en a fait ouvrir devant moi

étaient espacés pour ainsi dire militairement.

que les alevins

Nourriture. La seule nourriture qu'il emploie est le foie de bœuf cru, écrasé en bouillie pour les alevins, et coupé en morceaux pour les truites. Il donne 7 à 8 repas par jour aux alevins, 4 à 5 aux jeunes truites, et 3 aux plus grosses.

Pour la nourriture comme pour tout, du reste on est fort bien partagé en Amérique. En France, un pisciculteur trouverait ruineux, et presque impraticable, d'employer, comme le fait M. Green, 200 livres de foie par jour; mais aux États-Unis, on ne consomme pas les issues des animaux, et, placé près de l'immense cité de Buffalo, M. Green en trouve autant qu'il en veut, au prix de 2 cents (0 fr. 10).

Pour terminer la question des œufs et des alevins, je vous citerai les pertes d'après ses livres.

Sur les œufs, depuis qu'il met plusieurs måles par femelle. il ne perd plus que 5 %.

Sur les alevins, sa perte est de 7 %.

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Qualités de l'eau employée. Aux Etats-Unis, les sources sont abondantes, surtout les sources froides. L'établissement de M. Green est alimenté par des sources de ce genre, qui

ont un tel débit qu'elles forment une véritable rivière. L'eau est d'une limpidité parfaite, et très froide. J'en ai mesuré moi-même la température, et l'ai partout trouvée de 46o à 48o Fahrenheit (soit 8° centig.), et nous étions dans les fortes chaleurs. Il paraît qu'elle n'est jamais plus élevée.

Avec de l'eau offrant ces trois conditions favorables: abon

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dance limpidité et basse température M. Green peut élever de grandes quantités de truites dans des bassins relativement petits.

Grands bassins. Les bassins sont des parallélipipèdes rectangles ayant 7 à 8 de long sur 4 à 5m de large, et 2m environ de profondeur. Ils sont garnis en bois sur toutes les faces; le fond est également en bois. En amont de ces bassins, à l'endroit où l'eau arrive, M. Green a ménagé une partie plus étroite, dont le passage est fermé par un grillage; le dessus est garni de couvercles mobiles et, enfin, le fond est garni de sable et de gravier. Voici les raisons de tout cela M. Green, ayant beaucoup observé les truites au moment de leur ponte, a remarqué que la femelle cherchait toujours, pour cette opération, un endroit sablonneux ou graveleux, puis qu'elle faisait une espèce de trou au-dessus duquel elle pondait ses œufs. Il a donc eu l'idée d'utiliser ces remarques. Il a fait le fond des bassins en bois ce qui rend le nettoyage facile. Au moment du frai, il ouvre la communication du petit bassin; les femelles, cherchant un endroit propice, y entrent avec les måles. On veille bien par les couvercles, et, quand on en voit, on ferme la communication au moyen d'un filet-sac; puis on chasse les truites au dedans. Par ce moyen, on les a à point pour la ponte, et sans beaucoup de peine.

Avec un peu d'habitude on reconnait le male de sa compagne au moment du frai, les deux sujets ont les couleurs plus vives, mais il paraît que celles du måle sont plus bril

lantes; il a, du reste, le museau plus effilé que la femelle. Au commencement de ce récit, je vous disais que j'avais été émerveillé. Figurez-vous l'aspect de cette quantité de bassins peu profonds, remplis d'une eau tellement limpide que l'on voit le moindre mouvement des poissons. Il y a une dizaine d'espèces de différents àges, mais celles que j'ai le plus admirées sont les truites des lacs. Quel splendide coup d'ail! Le bassin contient de 7 à 800 sujets de 5 à 10 ans, pesant de 5 à 15 livres. Et quelle sollicitude pour ces magnifiques poissons! Nettoyage, nourriture, surveillance, rien n'est négligé; et, bien que le braconnage ne soit pas à craindre comme en France, il y a une demi-douzaine de respectables dogs, qui veillent la nuit, et, de plus, un gardien qui couche dans la hatchery, et se tient prêt au moindre bruit.

Ces truites sont d'ailleurs presque apprivoisées: quand elles voient des visiteurs, elles sortent de dessous l'abri, sachant bien qu'un supplément de nourriture leur sera accordé, et c'est plaisir de les voir arriver à la distribution, comme les petits poussins d'une basse-cour.

Quantité d'œufs par femelle. Chaque femelle de cette espèce donne de 5 à 15,000 œufs, suivant son âge et sa grosseur. Les espèces de moyenne grosseur donnent de 4 à 12,000 ceufs, et pondent à partir de trois ans. Une espèce qu'il vante beaucoup est celle dite de 3/4, obtenue par un deuxième croisement avec une espèce du premier.

Enfin, il met les truites dans les bassins lorsqu'elles sont bien robustes; jusqu'à ce moment, elles sont disposées d'après leur taille dans des auges de plus grandes dimensions placées dehors, toujours avec les précautions citées plus haut: fond de gravier, abris, nettoyage fréquent, etc.

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Abris aux grands bassins. Les grands bassins ont aussi des abris qui consistent en petites terrasses établies sur

pilotis. Au-dessus, pour mêler l'agréable à l'utile - utile dulci

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Température de l'eau. Une des conditions essentielles de l'élevage, celle à laquelle M. Green attache un intérêt capital, est la température de l'eau. En ce qui concerne les truites,, il les a observées à différentes températures; et, dans des aquariums chauffés, certaines espèces ont pu vivre jusqu'à 65° F. (18,5 centig.); mais au-dessus, toutes meurent.

Ainsi, pour résumer les conditions essentielles eau claire, et à basse température, propreté excessive, nourriture abondante. La qualité de la nourriture est secondaire: la voracité des truites permet d'employer bien des sortes de viandes.

Transport des alevins.

Pour ne rien omettre, je vous parlerai aussi du transport des alevins.

Ayant remarqué que M. Green mettait des alevins dont la poche abdominale était à peine résorbée, je lui en demandai la raison; il me dit que c'était le moment le plus propice pour le transport. Il parait que l'alevin peut rester 3 ou 4 jours sans nourriture après cette absorption, et qu'il supporte alors plus facilement le voyage. D'après mes observations sur les poissons que j'ai transportés, je crois que M. Green a raison l'alevin, ayant été nourri par une substance naturelle et bien appropriée à son état, doit certainement être plus vigoureux que lorsqu'il a eu une nourriture pour ainsi forcée. Malgré tous les soins, le foie de bœuf et les autres substances de ce genre ne sont pas l'aliment que la nature leur procurerait dans l'état de liberté, et je crois que ces petites bêtes, alimentées naturellement, sont plus grosses et résistent mieux à la fatigue.

Pour renouveler l'oxygène de l'eau en voyage, M. Green emploie l'espèce de bouteille en fer blanc que je vous ai signalée dans mon dernier rapport. Mais il a un autre moyen,

qui consiste en un cylindre en fer blanc, dont le fond est concave et percé de petits trous dans ce cylindre on met de la glace, puis on le plonge dans le bidon où sont les alevins; par ce moyen, non-seulement l'eau est tamisée, mais elle est encore froide et se répand dans tout le bidon.

Lorsqu'il y a beaucoup d'œufs fécondés, on emploie plusieurs appareils, entr'autres celui-ci, qui tient peu de place. C'est une boite représentant un cube d'un mètre environ; dans l'intérieur on établit un grand nombre de claies superposées, et on renouvelle l'eau en la faisant arriver par un tube de côté qui débouche à la partie inférieure ; l'eau arrive ainsi par le bas, et elle sort par le haut. Le système contient une quantité d'œufs considérable.

Lorsqu'il y a trop d'alevins, on emploie (pour peu de jours) des boites flottantes munies de grillages, que l'on met dans les grands bassins ou dans un courant d'eau quelconque.

A. BRIAND,

Lieutenant en 1e de la Compagnie Transatlantique.

CHRONIQUE ET FAITS DIVERS.

Mouches et Guêpes. Les mouches domestiques que l'on regarde comme fréquentant exclusivement les maisons, se rencontrent partout, même dans les endroits les moins. habités. M. Fr. Huntington Snow rapporte, dans le N° 97 de

((

Psyche », que, dans les vastes plaines du Kansas, aussi bien que dans les défilés perdus des Montagnes Rocheuses, il a vu des Musca domestica Linn. couvrir, en moins de quelques heures, de leurs innombrables taches noires, les toiles des tentes de campement. Dans le canon de Santa Fé (Nouveau Mexique), il les trouva tout à fait intolérables. Rien ne pouvait préserver les voyageurs contre leurs incessantes attaques, lorsque des Guêpes (Vespa occidentalis Cr.) apparurent

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