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cavité devenue vide, qu'elle remplit plus ou moins complètement, et produit une autre moisson de spores; ce procédé se répète une troisième et une quatrième fois, jusqu'à ce que la puissance de végétation soit épuisée. Alors apparaît une seconde forme de fruit, forme qui a été appelée oogonie, parce qu'elle produit des spores qui restent quelque temps endormies comme des œufs, et qui ne sont pas munies d'appendices moteurs. Pour produire les oogonies, il se développe des branches latérales terminées par des sacs globuleux qui, de même que les sporanges, n'offrent pas d'abord de cloison. Cette cloison finit par se produire, et la membrane se trouve percée de nombreuses ouvertures.

Ainsi, cette algue possède plusieurs modes de fructification; elle produit des spores pouvant conserver indéfiniment leur vitalité. De plus, elle n'est pas strictement aquatique, et elle peut se développer hors de l'eau. C'est le même végétal, suivant M. Berkeley, c'est tout au moins une espèce fort analogue qui attaque si souvent les mouches à l'automne, les collant en place pour ainsi dire et les revêtant d'une efflorescence poudreuse. On a donné à ce parasite le nom de Empusa muscæ. Ces champignons sont si funestes aux insectes, et se propagent avec une telle facilité que plusieurs naturalistes. ont récemment proposé de propager ces végétaux parasites pour détruire les insectes nuisibles (voir Bull. no 89 p. 366). Quelle est la cause de l'extension considérable de cette maladie chez les saumons? Il faut, en partie, l'attribuer à l'impureté des eaux, qui reçoivent les résidus des fabriques, et les matières des égouts. Peut-être la pratique, fort répandue dans le sud de l'Écosse, de laver la laine à dos des moutons dans les rivières n'y est-elle pas entièrement étrangère. Enfin, les saumons se trouvent soumis à des conditions anormales, et ne peuvent suivre leurs instincts naturels ; les barrages et les écluses les empêchent de se rendre à la mer où ils trouveraient la nourriture qui leur convient sprats,

harengs, anguilles de sable, frai de poissons de mer, et où le champignon se développerait plus difficilement. L'arrêt et l'accumulation des poissons aux écluses propage le mal, qui est très contagieux. Les précautions prises pour sauvegarder les poissons, et les soins des pisciculteurs contribuent même à répandre le mal, en assurant l'existence d'individus débiles qui deviennent plus facilement la proie de la maladie, et qui la transmettent alors fatalement aux individus plus robustes. Lorsque la surface de la peau présente des écorchures, le parasite doit s'établir aisément; mais, en l'absence même de toute excoration, il est fort probable que les spores mobiles s'introduisent par absorption. C'est d'une manière analogue que se produit chez l'homme cette terrible maladie qu'on appelle le pied fongueux de l'Inde. Ce champignon, qui ressemble à une mucorinée, et qui a reçu le nom scientifique de Chionyphe Carteri, crible de perforations les os du pied, dans lesquels pénètre le mycélium de la plante, et, si l'on n'opère pas promptement l'amputation, la mort survient par épuisement. Suivant M. Carter, cette maladie, fort répandue dans la partie de la population qui marche les pieds nus, se propage par l'introduction,à travers les canaux sudorifères, de spores, à l'état amaboïde, qui prennent dans le corps un développement monstrueux.

Quoi qu'il en soit,il est probable que le meilleur moyen d'entraver la maladie du saumon est d'empêcher la pollution des rivières, et de se rapprocher, autant que possible, des conditions naturelles d'existence du poisson, en supprimant les barrières qui l'empêchent de descendre les fleuves. R. VION.

CHRONIQUE ET FAITS DIVERS.

Ostracodes vivant au sommet d'un arbre. Il n'est pas étonnant que les Broméliacées, dont les feuilles offrent à la fois abri et nourriture, servent d'asile à une multitude d'animaux

de petite taille, à des larves d'insectes, et même à des têtards des grenouilles arboricoles, qui y subissent leurs transformations. Mais il est plus extraordinaire de rencontrer normalement, au sommet de ces plantes, un petit crustacé d'un type allié à des espèces généralement marines. Tel est pourtant le fait que signale dans le « Kosmos » le Dr Fritz Müller. Ce crustacé appartient au groupe des Cythérides, et sa ressemblance avec une espèce fossile du terrain silurien, nommée par Larrande Elpe pinguis, lui a fait donner le nom d'Elpidium bromeliarum. Les valves sont beaucoup plus larges que hautes; le côté ventral est aplati, et les valves sont séparées, de ce côté, par un sillon longitudinal, ce qui donne à l'ensemble l'aspect d'une fève de café. La longueur est d'environ 1,mm3. Grâce à sa forme, l'animal peut ramper le long des larges feuilles, et, lorsqu'il tombe, il se retrouve sur sa face ventrale. L'Elpidium se rencontre jusqu'à 95 kilomètres dans l'intérieur des terres, et son transport d'arbre en arbre doit avoir lieu par l'intermédiaire de coléoptères (Agabus, Hister, etc.), ce qui est d'autant plus probable que les jeunes Elpidium n'ont que 0m2 de longueur. Il est remarquable que l'E. bromeliarum se rencontre sur presque tous les Bromelia, et qu'on ne lui connaît pas d'autre habitat. Il ne se trouve pas dans les étangs avoisinants, qui contiennent pourtant un grand nombre d'entomostracés (Cyclops, Cypris, Chydorus, etc.).

MM. E. Erlen

Comment se forme la cire des Abeilles. meyer et A. de Planta-Reichenau ont entrepris une série d'expériences pour constater si la cire que sécrètent les abeilles provient du sucre et des autres hydrates de carbone qui se trouvent dans le nectar des fleurs, ou si elle est tirée des matières azotées qui existent dans le pollen.

Ils ont opéré sur un essaim bien nourri et qui, au commencement des expériences, était dans d'excellentes condi

tions. Un nombre déterminé d'abeilles furent soigneusement pesées et transportées, avec leur reine, dans une ruche d'expérience convenablement installée. La nourriture était pesée dans des capsules tarées; chaque expérience durait quatre jours et quatre nuits, et, pendant un jour entier, les abeilles étaient enfermées dans la ruche. Avant de peser l'essaim,on tua par le chloroforme cinquante abeilles, qui furent employées pour la détermination de la graisse et de l'azote. Les abeilles furent d'abord nourries avec une solution de sucre candi le résultat fut une production remarquable de cire. On pouvait penser que l'albumine de leur corps avait contribué à cette formation, mais l'analyse montra que les quantités de graisse et d'azote n'avaient pas changé. — Un second essai, fait avec du miel, donna une quantité moindre de cire.

La solution de sucre candi, additionnée de 1 pour cent de farine de froment, donna d'excellents résultats. Le miel et la farine de froment donnèrent de bon résultats, mais inférieurs aux premiers. Ces deux essais furent faits simultanément et par une température favorable. La première expérience, répétée par un temps moins beau, donna des résultats bien inférieurs.

En ajoutant à la solution de sucre 0,22 pour cent de gélatine sèche, on obtint de médiocres résultats, tandis qu'avec le miel, une proportion plus forte de gélatine (1,25 pour cent) produisit beaucoup de cire. Une proportion de 5 pour cent de gélatine, employée avec un mélange de 20 parties de miel et de 20 parties de peptone, fut essayée, mais les abeilles refusèrent leur nourriture et moururent en grand nombre. On essaya un mélange de 1,18 partie de peptone glutineuse avec 100 parties de sucre et 60 parties d'eau de rose tout fut mangé, mais il ne se produisit ni cire ni miel; les corps des abeilles étaient gonflés, leurs vésicules à miel étaient pleines, mais leurs

estomacs vides. -Un mélange de 342 grammes de sirop de sucre et de 28 grammes d'albumine d'œuf fut promptement consommé, mais sans amener la production de miel ou de cire. Un autre mélange (24 parties de jaune d'œuf avec 414 parties de sirop) ne produisit qu'une petite quantité de cire.

Comme résultats généraux, les auteurs croient que la nourriture des abeilles ne doit pas être trop fortement azotée, et que la cire se forme de substances non azotées, et spécialement de sucre. M. Erlenmeyer croit, en outre, que la graisse du corps de l'abeille est formée seulement d'hydrate de carbone, les substances albuminoïdes servant à nourrir les organes actifs, à les maintenir en bon état, et à réparer les pertes des tissus.

(D'après le Journal of the royal microsc. Soc.)

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Diffusion du cuivre dans le règne animal. On a déjà constaté, chez quelques animaux, la présence normale de quantités minimes de cuivre. Le Dr Giunti ajoute à ces cas isolés un certain nombre d'exemples nouveaux, que M. Norton a signalé dans le journal anglais « Nature, »> d'après la << Gazetta chimica Italiana. »

Le Dr Giunti a été amené à faire ces recherches, par la découverte que des dépôts de guano formés dans des cavernes d'Italie, et provenant de chauves-souris, contenaient plus de 0,0033 (0,33 pour cent) de cuivre. En incinérant cés animaux, il reconnut que leurs cendres contenaient environ 0,0004 d'oxide de cuivre. Voulant remonter jusqu'à la cause de la présence du métal, le D' Giunti soumit à l'analyse les insectes qui forment la nourriture de la chauve-souris partout il trouva le cuivre présent en quantité plus ou moins grande. Les insectes aquatiques en renferment moins que les insectes terrestres. Les cendres de l'Anomala vitis, par exemple, contiennent 0,001 d'oxide de cuivre, et celles de

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