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DE LA

SOCIÉTÉ LINNÉENNE

DU NORD DE LA FRANCE

No 377. Mai-Juin 1907. - 36e année. - T. XVIII.

ADRESSER: Les Ouvrages, Manuscrits et Communications intéressant la rédaction du Bulletin, à M. le Président de la Société, 9, rue Cozette, à Amiens.

Les demandes d'abonnement et les cotisations (en timbres-poste), à M. le Dr SPINEUX, rue Saint-Louis, 32, Amiens.

Le Bulletin est envoyé gratuitement à tous les Membres payants; il est adressé aux Sociétés scientifiques par voie d'échange.

SOMMAIRE: Extrait des Procès-Verbaux : Séances générales des 10 Mai et 14 Juin 1907, p. 337. COMMONT. Contribution à l'étude des silex taillés de Saint-Acheul et de Montières (suite), p. 345. - E. GONSE. Excursions botaniques sur le littoral de la - ObservaOuvrages reçus, p. 382.

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Somme (suite), p. 369.
tions météorologiques, pp. 383-384.

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EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX

SÉANCE GÉNÉRALE DU 10 MAI 1907.

Présidence de M. H. DUCHAUSSOY.

CORRESPONDANCE: 1° Le Ministre de l'Instruction publique annonce l'envoi d'ouvrages de Belgique, d'Italie et du Brésil.

2o La Société géologique du Nord fait connaître le programme de son excursion à Amiens, le dimanche 12 mai.

Le Président, retenu à la Société industrielle par un concours de chimie tinctoriale, regrette de ne pouvoir

36° ANNÉE.

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assister à l'excursion; il prie, MM. Delambre, Choquart et Commont, de l'excuser auprès des géologues du Nord.

3° M. C.-Eg. Bertrand offre à la Société Linnéenne une collection complète des Archives botaniques du Nord de la France. Des remerciements sont adressés au généreux donateur.

4° M. Gonse adresse pour le Bulletin des Contributions à la Flore locale, par MM. A. GUILBERT et le Dr CAUSSIN.

5o Le Président donne lecture du compte rendu bibliographique de M. Paul Bertrand, sur la Flore descriptive du littoral picard, par notre collègue, le D' Caussin.

6° M. Duchaussoy rappelle que CHARLES LINNÉ est né le 12 mai 1707 à Rashult, dans le Smoland, en Suède. Dans quelques jours on fêtera le 200° anniversaire de notre illustre parrain. Aussi, il croit utile de résumer l'Etude sur Linné, faite par RENÉ VION, l'un des membres fondateurs, et publiée dans l'un de nos premiers bulletins.

7° M. Commont fait connaître des observations récentes sur la Faune quaternaire.

1° Saint-Acheul.

A Saint-Acheul, carrière Tellier, une deuxième molaire d'E. antiquus a été mise à jour par les ouvriers. Elle provient du sable roux consistant dans lequel a été découvert l'atelier paléolithique dont il a été question précédemment (couche R. fig. 15, p. 24, 25. T. XVIII du Bulletin).

Dans la même carrière, les ouvriers ont découvert l'extrémité d'une défense d'éléphant. Dimensions: long. 065; diamètre à la base: 007, diam. à l'extrémité : 003; l'arc décrit a une courbure de 004. Ce débris se trouve empâté en partie dans un ciment formé de graviers et de sable blanc qu'il a été impossible d'enlever.

Etant donné le peu de courbure de ce fragment terminal, il y a lieu de supposer qu'il appartient à une défense d'E. antiquus.

Le gisement est la base des graviers inférieurs (couche L. fig. 15), sur la craie.

2o Abbeville.

La carrière Carpentier à Abbeville fournit depuis quelque temps des débris d'une faune ancienne très intéressante. Au-dessous des sables aigres se trouve un gravier roux reposant lui-même sur un dépôt de couleur blanche, formé de grains de sable ou de petits galets de silex enrobés dans un dépôt calcaire et constituant des espèces de dragées. La partie inférieure est plus fine, plus sableuse. Cette formation repose sur un dernier gravier roux déposé sur la craie (v. fig. 2, p. 102. T. XVIII du Bulletin où j'ai figuré la coupe de la carrière, mais en indiquant ce dépôt figuré en C par la mention sable aigre; notre courte visite du 25 mars ne m'ayant pas permis d'examiner attentivement la nature de chaque assise).

Ce sable praliné a fourni de mars à juin deux fortes molaires d'éléphants à lamelles écartées (E. antiquus), une autre petite molaire d'éléphant et un fragment d'une quatrième molaire de Rhinoceros Merckii (collection M. Franquelin) côté du maxillaire inférieur. On a aussi recueilli des molaires de cerf, de grand bœuf et un cheval rappelant celui de Sténon, des cornes de bœuf et de cerf, en fragments trop petits pour qu'il soit possible de les rassembler.

Lors de notre dernière visite, en compagnie de M. Franquelin, nous avons trouvé dans cette carrière une défense d'éléphant mesurant plus de 250, engagée dans le dépôt; nous n'avons pu l'avoir par fragments à cause de son état de décomposition.

3o Cambrai.

Découverte d'une faune quaternaire à Cambrai par l'abbé J. Godon. (Annales S. G. N., T. XXXV, p. 189).

Liste des espèces récoltées par M. l'abbé J. Godon dans une sablière à Cambrai. Les ossements se trouvent à la base de l'ergeron superposé aux sables landéniens :

ELEPHAS PRIMIGENIUS (Mammouth);

Rhinoceros tichorhinus (abondant);

Bos? Equus caballus;

CERVUS TARANDUS (Renne): bois, maxillaires, ossements divers;

Canis? important fragment de crâne (Renard bleu ?);
Putorius vulgaris (Putois);

Putorius fœtidus (Belette);
SPERMOPHILE (très abondant);

Campagnol amphibie.

Ce sont là des débris d'une très belle faune froide bien caractérisée par la présence du Mammouth et de son compagnon Rhinoceros tichorhinus, du Renne et du Spermophile.

D'autre part M. A. Laville (1), à Hautes-Bruyères (Seine), a trouvé également dans l'ergeron, mais à 0-80 seulement de la surface les galeries et ossements de ce dernier rongeur (Spermophitus citillus).

Or, le Spermophile, qui vit actuellement dans les contrées septentrionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord, creuse son terrier à plus de 2 de la surface du sol. On peut donc en induire que cet amateur de graines vivait encore dans notre pays sur le sol constitué par l'ergeron. Nous aurons l'occasion de faire état de ces constatations pour dater l'industrie de la base de la terre à briques.

8° M. Commont donne ensuite les conclusions d'une étude sur l'industrie de la base de la terre à briques, à faciès magdalénien (Saint-Acheul, Montières et Belloy-sur-Somme). D'après notre collègue, l'industrie de la base de la terre à briques est caractérisée par de longues lames dont un grand

(1) Mémoires S. A. P. 23 janvier 1902. listes 1 novembre 1902.

Feuilles des jeunes natura

nombre présentent des écrasements latéraux caractéristiques. Dans bon nombre de ces lames une extrémité a été accommodée pour la production d'un outil déterminé : burin, pointe, tranchet latéral ou oblique, lame à bout abattu, racloir et rabot.

A côté des grattoirs sur bouts de lame on remarque des grattoirs nucléiformes, de très grands racloirs et de très forts éclats employés comme tranchets.

Il semble que ce soient là des outils destinés à préparer des peaux de bêtes, à les racler, les épiler, les découper en lanières ou y percer des trous.

Les considérations qui résultent de la faune de l'ergeron permettent de supposer que ces tailleurs de silex vivaient à une époque froide : le climat de notre région devait alors être le même que celui qui règne actuellement dans les contrées septentrionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord et le sol était couvert de steppes et forêts.

Campées sur les rives de nos cours d'eau, ces tribus chassaient le Bison et le Renne; elle se nourrissaient de leur chair et préparaient leurs peaux pour s'en confectionner des vêtements.

Ces hommes connaissaient le feu, mais nous n'avons trouvé encore ni armes, ni instrument en bois de renne ou en os, ni trace de gravure, permettant de les comparer aux Magdaléniens de la Vézère.

Nous espérons que d'autres observations viendront bientôt préciser et compléter ces quelques notions préliminaires et apporter quelque lumière sur le genre de vie des populations qui, dans le Nord de la France, ont précédé les néolithiques.

9o Le Président rappelle que, d'accord avec M. Romain, bibliothécaire adjoint de la ville, il s'est chargé de mettre en ordre nos collections de livres, brochures, mémoires ou bulletins.

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